#991 – Bnei Yehoudah Tel-Aviv FC : השכונה

Le quartier. Dans un football israélien qui n’a pas été épargné par la vague de sport business, où les clubs appartiennent à des fonds ou de riches hommes d’affaires, Bnei Yehoudah fait figure d’exception. Comme le déclarait en 2014 le comédien, Shaul Badishi, ardent fan du club, dans le quotidien Yisrael Hayom, « Bnei Yehuda is the only team in the Premier League that is associated with a neighborhood. Bnei Yehuda reminds us of our lost innocence. With all the oligarchs and people with money coming and going in Israeli soccer, Bnei Yehuda is the only team that is still unpretentious and likable. If Israeli soccer is a big shopping mall, Bnei Yehuda is that little old falafel stand behind the mall. » (Bnei Yehuda est la seule équipe de Premier League associée à un quartier. Bnei Yehuda nous rappelle notre innocence perdue. Avec tous les oligarques et les gens riches qui vont et viennent dans le football israélien, Bnei Yehuda est la seule équipe qui reste sans prétention et sympathique. Si le football israélien est un grand centre commercial, Bnei Yehuda est le petit stand de falafels derrière le centre commercial ».

Il est vrai que sa forte identité lui permet de résister même si cela lui coute sportivement. Le club fut créé en Janvier 1936 par les membres de la communauté juive yéménite vivant dans le quartier d’Hatikva au sud de Tel Aviv. Il débuta par des matchs contre les autres quartiers de la ville, ce qui renforça encore son identification à Hatikva. Il finit tout de même par devenir un club professionnel. Mais, face aux deux grands de la ville, le Maccabi et l’Hapoël, Bnei Yehoudah apparaît comme le petit poucet qui a pu grandir et se faire une place grace à ses liens qui ne distendirent pas avec le temps avec ce quartier d’Hatikva. Le club finit même par remporter le titre suprême de champion d’Israël lors de la saison 1989-1990. Quartier ouvrier et pauvre dans les années 1930, sa population et son atmosphère n’ont pas bougé depuis. Bien qu’éloigné de quelques minutes de route seulement du centre-ville florissant de Tel-Aviv, le développement de la cité n’a pas atteint le quartier. Résultat, à chaque fois que l’équipe rentre sur le terrain, les habitants de Hatikva lèvent la tête avec un sentiment de fierté. Mais, en cas de défaite, le lendemain, le quartier rentre en deuil. Alors quand le club remporta le championnat, l’explosion de joie fut totale dans le quartier. Réactions facile à comprendre car comme le racontaient les supporteurs, « Here in the Hatikva neighborhood, everything revolves around soccer. If you take soccer away from this neighborhood, there is no neighborhood. There’s no reason to live. It’s all we had […] We live for moments like that. What else is there in this neighborhood besides that? Look around you. All you see is poverty. All we have is misery » (Ici, dans le quartier de Hatikva, tout tourne autour du football. Si vous éloignez le football de ce quartier, il n’y a pas de quartier. Il n’y a aucune raison de vivre. C’est tout ce que nous avions […] Nous vivons pour des moments comme ça. Qu’y a-t-il d’autre dans ce quartier à part ça ? Regarde autour de toi. Tout ce que vous voyez, c’est la pauvreté. Tout ce que nous avons, c’est la misère). Pourtant, Hatikva signifie « espoir » en hébreu.