#985 – ADO La Haye : de Residentieclub

Le club de la résidence. Pour un français, vivant dans un Etat jacobin où Paris concentre l’ensemble des pouvoirs, l’organisation administrative des Pays-Bas peut lui apparaître baroque. L’article 32 de la Constitution du Royaume des Pays-Bas établit que la capitale est Amsterdam. Pourtant, l’ensemble des institutions gouvernementales — exécutives, législatives et judiciaires — siègent à La Haye. D’un côté, Amsterdam est dans les faits le centre économique et culturel des Pays-Bas, abritant la Bourse d’Amsterdam (AEX) et le siège de grandes entreprises (AkzoNobel, Heineken, ING, Ahold …). De l’autre côté, La Haye constitue le centre de la politique néerlandaise, acceuillant le gouvernement et le parlement néerlandais ainsi que la résidence de la famille royale néerlandaise.

L’actuelle cité existe depuis 1230, lorsque le comte Floris IV de Hollande fit construire un modeste château, qui lui servait de résidence de chasse. Cette résidence, dénommée Ridderzaal, fut agrandie par son fils Guillaume II, roi des Romains (ie roi du Saint Empire romain germanique entre 1248 et 1256), ce qui donna du lustre à la ville. Par la suite, La Haye devint le centre administratif des Comtes de Hollande, avec la résidence du Comte. Ce statut fut confirmé avec les Ducs de Bourgogne et les Habsbourg. À partir de 1585, après avoir déclarée son indépendance dans la cité (Acte de La Haye), la République des Sept Provinces-Unies des Pays-Bas (Provinces-Unies) poursuivit cette pratique. La Haye était alors le lieu où se trouvait la plus haute instance gouvernementale, les États généraux (une assemblée des 7 provinces qui prenaient des décisions communes concernant les politiques militaires et navales ainsi que la diplomatie) ainsi que la cour du Stathouder (un des représentants des Provinces-Unies). Même si La Haye ne devint officiellement une ville qu’en 1806, son rôle politique était alors établi et se transmit jusqu’à nos jours, au travers de son complexe bâtimentaire, le Binnenhof.

Le Binnenhof abrite aujourd’hui notamment les deux chambres du Parlement (Sénat et Etats Généraux), les bureaux du Premier ministre (dans le bâtiment nommé Torentje), le ministère des Affaires générales ainsi que le Conseil d’Etat, la plus haute autorité administrative. Le Ridderzaal s’y trouve aussi, où le Roi des Pays-Bas prononce son discours annuel. A côté de ces instances politiques, la vie royale s’organise aussi à La Haye. Après avoir constitué la résidence royale entre 1817 à 1940, le Palais Noordeinde, également connu sous le nom de Het Oude Hof (La Vieille Cour), est le palais de travail du roi des Pays-Bas depuis 1984. Enfin, le palais de Huis ten Bosch (Maison au Bois) est la résidence principale du roi des Pays-Bas. D’où, en abritant la résidence royale, La Haye a hérité du surnom De Residentie (la résidence).

En plus d’être le centre politique nationale, La Haye compte au niveau international. En 1899 et en 1907, la ville accueillit deux conférences de paix. Aujourd’hui, elle abrite plus de 100 organisations internationales dont la Cour Pénale Internationale, la Cour Internationale de Justice, la Cour d’Arbitrage International, Europol, Eurojust …

#984 – Instituto AC Córdoba : la Gloria

La gloire. Le club, qui a vu passé à leurs débuts Mario Kempes et Osvaldo Ardiles ou plus récemment Paulo Dybala, retrouve cette saison l’élite argentine, qu’il ne connut que 17 ans sur ces 104 ans d’existence. Son palmarès demeure limité, avec seulement des titres de seconde division nationale (1999, 2004). Mais, si l’Instituto possède ce surnom, c’est qu’il traversa au moins une période faste.

Fondé le 8 août 1918 par un groupe de cheminots des Ferrocarril Central Córdoba, le club s’affilia immédiatement à la Liga Cordobesa de Fútbol et débuta en seconde division. L’ascension du nouveau club fut rapide puisque en 1919 et en 1920, il remportait déjà l’antichambre de l’élite de Córdoba. Puis, l’équipe de l’Instituto mit la main sur le football local, en remportant le championnat de première division de la Liga Cordobesa de Fútbol, 4 année du suite (de 1925 à 1928). Après le premier titre de 1925, l’équipe le conserva la saison suivante en étant invaincue (11 victoires et 3 nuls). Lors de cette campagne, à l’avant dernière journée, l’Instituto restait à 5 points de Talleres mais comptait 3 matchs de retard. Il remporta ces 4 derniers matchs pour s’adjuger le titre. Le 3ème titre, en 1927, fut le plus difficile à gagner. A l’issue des 16 matchs de championnat, l’équipe comptait 10 victoires, 5 nuls et 1 défaite (avec 39 buts pour et 17 contre) mais se retrouvait pourtant à égalité avec Talleres à la tête du championnat. Le match pour les départager se joua le 6 novembre 1927 et l’Instituto écrasa Talleres 4 buts à 1. Enfin, la campagne de 1928 fut certainement la plus aboutie et facile. Le club termina avec 7 points d’avance sur le second, Talleres, remportant 14 matchs sur 16 (dont 7 d’affilée), soit 29 points sur 32 possible. Cette domination à Córdoba convainquit plusieurs des meilleurs clubs du pays à affronter l’Instituto. En 1927, Newell’s Old Boys réussit, ce qui semblait impossible, à vaincre l’Instituto 6-3 à Córdoba. Mais au match retour, l’Instituto prit sa revanche avec une victoire 4-2 à Rosario. En 1928, à Rosario, le club les battit à nouveau 5 buts à 2.

Ces quatre titres ont conduit Instituto à recevoir le surnom de Los Gloriosos, simplifier plus tard en La Gloria. De cette époque glorieuse, les noms de José María Lizondo, Pedro Saldaño, Manuel Zárate, Atilio Pedrotti, Rosendo Cepeda, Félix Pacheco, Roberto Devoto et Tomás Tapia ressortent.

#983 – FK Dunav Ruse : Драконите

Les dragons. Fondé en 1957 par la fusion de clubs locaux, le FK Dunav représente la ville de Ruse, dont le surnom est Малката Виена (la petite Vienne), en raison de sa présence le long du Danube. D’où, en 1957, quand les 5 clubs, Torpedo, Septemvri, Drapeau Rouge, SKNA et Spartak, décidèrent de s’unir, la nouvelle association prit le nom de Dunav qui signifie Danube. L’origine de son surnom est très incertaine mais il est très utilisé. Tout d’abord, le football s’implanta en Bulgarie au début du XXème siècle lorsqu’un enseignant suisse, Louis Ayer, contribua au développement du sport en général dans le pays. A Ruse, selon certains, la culture « football » avançait rapidement grâce au Danube qui draguait de nombreux marins étrangers qui tâtaient le ballon dans la ville dès la fin du XIXème siècle. Le premier club serait créé en 1901 sous le nom de Torpedo. En 1911, un premier club dénommé Danube apparaît. Ces origines sont plutôt floues mais, des journalistes avancent que ce premier Dunav fut fondé par la fusion de 3 clubs locaux dont le plus célèbre s’appelait Dragon. Néanmoins, ce Dunav disparaît au gré d’absorption par d’autres associations sportives qui se désagrégèrent pendant la Seconde Guerre Mondiale. Donc, il n’y a pas de lien direct avec le club actuel. Donc il est peu certain que cette explication soit juste.

D’autres avancent que le club a souvent battu de grosses cylindrés, à l’image d’un dragon qui dévorait ses adversaires. Néanmoins, cette version semble tiré du phantasme de certains supporteurs. En effet, le palmarès du club est assez famélique avec seulement une finale de Coupe de Bulgarie en 1962 et peu de saison parmi l’élite. En cherchant bien, il m’a été impossible de retrouver de grands matchs ou épisodes où Dunav s’imposa face aux grands clubs bulgares. Le Dunav met d’ailleurs encore maintenant en avant un seul grand match : son premier tour de Coupe de l’UEFA en 1975 quand il battit l’AS Roma à domicile (1 but à 0), sachant que la Roma avait remporté le match aller 2 buts à 0.

Enfin, un journaliste, Georgi Hristov, donna sa vérité dans un article du journal YTPO. Le surnom serait apparu en 1992, quand après la chute du communisme, les clubs bulgares auraient adopté les traditions occidentales en adoptant un surnom (même si certains en possédaient déjà un avant). Le directeur du journal Русенски новини demanda à ses journalistes de chercher un surnom pour le club de Ruse. Georgi Hristov indique qu’il chercha un club qui évoluait dans les mêmes couleurs de Dunav (bleu et blanc) et il pensa à Porto. Or, l’emblème de Porto est le dragon (cf. #6). Selon lui, le surnom eut du mal à s’imposer car si les supporteurs l’aimaient bien, la presse ne voulut pas l’utiliser pour ne pas donner un écho à une innovation d’un concurrent. Finalement, le surnom serait réapparut il y a une dizaine d’année par nostalgie.

#982 – SK Dinamo Tbilissi : ლურჯ-თეთრები

Les bleu et blanc. Ces deux couleurs sont celles traditionnelles du plus grand club géorgien. Il joua de 1936 à la fin de son existence dans l’élite soviétique, se constituant, en dehors des clubs moscovites et du Dynamo Kiev, l’un des plus beaux palmarès de l’ère soviétique avec deux titres de champion de l’Union soviétique, 5 fois vice-champion et treize fois 3ème auxquels s’ajoutèrent 2 Coupes de l’Union Soviétique ainsi que 6 finales. Le paroxysme fut la victoire en Coupe des Vainqueurs de Coupe en 1981. Avec la fin de l’URSS et l’indépendance de la Géorgie, le Dinamo intégra le championnat de première division nationale et le domine depuis (19 titres de champion).

L’organisation sportive des forces de police de l’URSS, en particulier de la police politique, la GPU (prédécesseur du terrible KGB), naquit officiellement le 18 avril 1923, à l’initiative de Félix Dzerjinski. Après avoir fondé le club de Moscou, l’organisation essema dans toute l’Union Soviétique des structures « Dinamo » dont l’objectif était de développer l’activité sportive des agents. Ainsi, à l’automne 1925, la décision fut prise de fonder un club à Tbilissi. Naturellement, la nouvelle structure reprît les symboles de l’organisation mère dont les couleurs bleus et blanches. Selon, son créateur, Félix Dzerjinski, le bleu représentait l’électricité (que crée une dynamo) et le blanc, les pensées brillantes et pures des policiers. Mais, il se pourrait que ces teintes proviennent du club disparu avec la révolution russe mais dont les structures servirent de fondation à la création du Dynamo Moscou. L’Orekhovo Sports Club fut fondé au XIXème siècle par des anglais, fans de Blackburn Rovers, et qui fournirent donc l’équipe avec des maillots bleu et blanc.

#981 – EC Juventude : Papada, Papo

Les parleurs, bavards. Le 29 juin 1913, un groupe de 35 jeunes de la ville de Caxias do Sul, membres d’une association culturel et sportive dénommée « Recreio da Juventude » , décidèrent de fonder un club de football. Le club connut rapidement une belle première période dans les années 1920 quand la Fédération de football de Riograndense (aujourd’hui Gaúcha) créa un championnat officiel réservé aux équipes de Caxias do Sul. La Juventude remporta six titres de champion de la ville entre 1920 et 1926. Cette période fut couronnée par le titre de champion de la région en 1926. Ce palmarès consacra la supériorité locale de la Juventude et accroissait son prestige dans tous les coins de l’État. Mais, avant 1920, les débuts de Juventude furent précaires sur le plan sportif et financier. Résultat, les adversaires du club n’hésitaient pas appeler le club, ses joueurs et ses supporteurs papada. Ce sobriquet péjoratif signifiait que les joueurs comme les supporteurs parlaient beaucoup mais peu de football. En clair, ils étaient « grandes gueules », tchathaient mais sur le terrain cela ne suivait pas ou ils ne connaissaient pas le football. Avec le temps, les supporteurs s’approprièrent le terme pour devenir leur surnom. D’ailleurs, deux groupes de fans s’appellent officiellement ainsi (Papada et Os Loucos da Papada (le fous de papada)).

#980 – AS Roma : Giallorossi

Les jaune et rouge. A mon gout, la tunique romaine est l’une des plus belles alliances de couleurs dans le football : le pourpre et l’or. Elle a été réduit au rouge et au jaune car la teinte de ces deux couleurs a varié dans le temps. Mais, je trouve qu’elles soutiennent une idée de beauté et de noblesse, sensation pas si éloignée de la volonté originelle des influenceurs de ces deux couleurs. Petit voyage dans le temps. En 1927, l’AS Roma naquit de la fusion de trois clubs de football romain (Fortitudo Pro Roma, Alba Audace et Roman). Le projet était porté par deux personnalités politiques influentes de l’époque : Italo Foschi , président du Fortitudo, mais aussi secrétaire de la section de Rome du Parti Fasciste et membre du CONI, et Ulisse Igliori, président d’Alba Audace et membre du Conseil du Parti Fasciste. L’objectif était de créer un grand club portant haut les couleurs de la capitale afin de s’opposer aux clubs du nord du pays. Pour conserver la base de supporteurs des 3 clubs comme élargir l’audience à toute la ville, les fondateurs comprirent que la symbolique allait jouer un rôle crucial. Tout d’abord, le choix simple de retenir le nom de la ville comme nom du club. Puis, l’adoption de la louve du capitol qui renvoie au mythe fondateur de la Cité éternelle, Romulus et Remus (cf. #65).

Enfin, il ne pouvait en être autrement pour les couleurs. Les fondateurs reprirent les couleurs des bannières de l’Empire Romain et du Capitole (l’une des 7 collines de Rome, centre religieux de la ville sous l’antiquité et dont le nom Capitole provient de Caput Urbis, signifiant « l’endroit principal de la ville ») : le pourpre et l’or. Pour s’identifier à la ville, il n’y avait pas mieux que se référer aux grandes heures antiques et à la colline « centrale » de la ville. Ces deux couleurs avaient des significations particulières pour les romains. D’une part, le pourpre (ou rouge impérial) était associé à Mars, Dieu de la Guerre (qui renvoyait donc une image de puissance et de pouvoir) et père des jumeaux, Romulus et Rémus (les fondateurs de la cité romaine). Même si le rouge était une teinte facile à obtenir pour colorer les tissus, cette couleur était attachée à l’aristocratie. L’or ou l’ocre reflétait la puissance divine, la gloire, la richesse puisqu’il s’agissait de la couleur du soleil et des éclairs comme de l’or. Sa présence sur les bannières romaines annonçait aux barbares ce que la civilisation romaine allait leur apporter ie la puissance et la lumière divines qui perçaient les ténèbres. Autant dire que ces couleurs portaient une charge symbolique double et forte (le lien avec le monde antique et les valeurs qu’elles véhiculaient) qui convenaient aux fondateurs. L’expression que j’utilisais au début de l’article (créer un grand club portant haut les couleurs de la capitale) était donc plus qu’appropriée.

Même si les teintes ont variées du plus clair au plus foncé (avec parfois un rouge ou jaune qui ont viré vers l’orange), la tunique romaine s’est quasiment toujours résumée à un maillot rouge aux parements jaunes (col et bords de manche généralement).

#979 – USM Bel Abbès : les Verts, les Vert et Rouge

En Algérie, comme souvent lors de l’émergence d’un mouvement nationaliste dans d’autres contrées, le football fut le catalyseur de la contestation de l’ordre colonial même si finalement ce sport fut importé par les français au XIXème siècle. Pour l’USM, l’histoire débuta comme souvent par une frustration. Il semblerait qu’un certain Sellam Ali se vit refuser l’entrée au Stade Paul André car ce jeune garçon n’était pas affilie à une association agréée. Se sentant victime d’une oppression des autorités européennes, il décida avec l’aide d’une quinzaine d’amis la création d’un club musulman qui se concrétisa le 7 février 1933 et dont le premier président était Lassou Li Ali. Le club est notamment connu pour avoir accédé à la finale de la coupe d’Afrique du nord en 1956 face à son rival européen du SC Bel-Abbés, qui ne put se dérouler. En outre, en 1953, la « perle noire » franco-marocaine, Larbi Ben Barek, qui fit les beaux jours de l’Atlético Madrid et l’Olympique de Marseille, signa au sein de l’USMBA en qualité de joueur-entraîneur.

Dans ce contexte de la montée du nationalisme algérien et de la volonté des fondateurs de s’opposer aux autorités, la direction opta pour des couleurs qui n’étaient pas anodines, le vert, le rouge et le blanc. Le vert et le blanc étaient censées représenter les espoirs du peuple algérien. Ces teintes étaient aussi celles des musulmans, religion dont le club se réclamait (puisque à la création USM signifiait Union Sportive Musulmane et l’objectif du nouveau club était de réunir sous une même structure les associations sportives musulmanes de l’époque). Le rouge portait la charge symbolique de l’amour de la nation ainsi que celle usuelle du sacrifice. L’avantage de ces 3 couleurs était qu’elles étaient celles du mouvement nationaliste algérien et qui donnèrent lieu au drapeau actuel de l’Algérie. Lors de manifestations syndicales le 1er mai en 1919 et 1920, des indigènes déployaient un drapeau vert et blanc marqué d’une étoile et d’un croissant rouge.

#978 – RCC Schaerbeek : les Ânes

Dans la capitale belge, le football est monopolisé par le grand Sporting (Royal Sporting Club d’Anderlecht) qui truste les trophées. Mais, évidemment, d’autres clubs existent et ont connu quelques heures de gloires. Le Crossing Schaerbeek est peut-être le plus méconnu des clubs bruxellois mais, à la fin des années 1960, après une fusion avec un autre club de la banlieue, le Crossing Molenbeek, accéda à la seconde division belge, en comptant dans ses rangs, la légende tchécoslovaque Josef Masopust. L’accumulation des dettes conduisit malheureusement le club à redescendre rapidement dans les divisions inférieures. En 1983, le club fusionna avec le club d’Elewijt et déménagea dans cette ville. Orphelin de leur club, un nouveau Crossing apparait en 2011 pour ranimer l’histoire. La jeune association grimpa petit à petit les étages pour enfin revenir à l’échelon national en 2021. Avec ce retour, la décision fut prise de revenir au blason historique, pour le grand bonheur des supporteurs. Celui-ci présente un âne avec une cerise entre ses dents.

La présence de cet équidé rappelle que la ville de Schaerbeek est surnommé la cité des ânes. En 1136, la ville de Schaerbeek comptait de nombreux meuniers et maraîchers, en particulier des producteurs de cerises. Le Duc de Brabant autorisa ces derniers à venir vendre leur production à Bruxelles en la transportant à dos d’ânes. Les cerises de Schaerbeek étaient fameuses car leur goût aigrelet contribuait au succès de la kriek lambiek, une bière typiquement bruxelloise. Ainsi, chaque matin, une caravane d’ânes lourdement chargés quittaient Schaerbeek pour rejoindre le centre de Bruxelles, via une voie qui se dénommait l’Ezelweg (le chemin des ânes). Seulement, ce troupeau dont les sabots heurtaient le pavé réveillaient les bruxellois qui s’écriaient, avec un peu de mépris, « Hei! doë zên die êzels van Schoerebeik » (en dialecte flamand de Bruxelles : Tiens, voilà les ânes de Schaerbeek !). Cette tradition déteind sur la devise de la ville « Pertinax sed Fructifer » (Obstiné et Fertile) : Obstiné comme l’âne et Fertile comme la terre sur laquelle poussent les cerisiers.

#977 – Shamakhi FK : şirlər

Les lions. Double vainqueur du championnat azéri (2008 et 2010) et double vainqueur de la coupe nationale (2018 et 2021), le club fut fondé en 1997 au sein de l’Université de Khazar, l’un des établissements d’enseignement supérieur privés d’Azerbaïdjan, situé dans la capitale du pays, Bakou. Deux ans après sa fondation, la formation amateur intégra la ligue nationale. En 2004, la banque d’Etat Azərbaycan Beynəlxalq Bankı (ABB – Banque Internationale d’Azerbaïdjan) racheta les droits du club pour créer l’Inter Bakou. Le club connut ses belles heures en produisant un football offensif. Mais, à compter de la saison 2015-2016, l’Inter fit face des difficultés financières, le soutien de la banque diminuant. Fin 2017, la banque annonça la fin de son partenariat avec le club, qui amena un changement de nom pour Keşla FK. Parallèlement, en 2020, la construction d’un nouveau stade, d’une capacité de 2 200 places, fut lancée dans la ville de Shamakhi, financée conjointement par la fédération azéri, la ville de Shamakhi et l’UEFA. L’inauguration eut lieu le 1er novembre 2021 et, afin d’exploiter régulièrement ce nouveau stade et de soutenir le développement du football dans les régions, il fut proposé à Keşla FK de représenter la ville de Shamakhi. Le club répondit positivement à cette idée, lui permettant de se développer dans une grande ville régionale et sans concurrence. Ainsi, en 2022, le club déménagea et changea de nouveau de nom pour Shamakhi FK.

Avec le changement de nom, un nouveau logo fut dévoilé. Il représentait deux lions se faisant face et séparé par un ballon de football. Cette représentation faisait directement référence aux armoiries de l’Etat des Chirvanchah. Ces derniers présentaient deux lions se faisant face avec une tête de taureau qui s’y intercalait. L’Etat des Chirvanchah existait dans le Caucase du Sud-Est entre 861 et 1538 et couvrait principalement l’actuelle République d’Azerbaïdjan. Fondé par une dynastie arabe, les Mazyadides puis développé par une autre, les Yazidide, cet Etat vécut en étant le vassal des différentes empires voisins (Seldjoukides, Mongols, Timourides, Séfévides et de l’Empire ottoman). Shamakhi fut la capitale de cet Etat de 918 à 1192, puis en raison des récurrents séismes que subissait la cité, le pouvoir se partagea entre Shamakhi et Bakou. L’emblème de cet Etat serait apparu au Xème siècle et les lions étaient un symbole du pouvoir et de la puissance de l’État de Shirvanshah tandis que la tête de taureau était un symbole d’abondance pour le pays. Pour le club, les lions étaient également symbole de puissance mais aussi de pratique d’un football offensif.

#976 – CD Universidad Católica : la Franja

La bande. Le maillot blanc de la Católica se distingue par une bande horizontale bleue au niveau de la poitrine. C’est devenu l’un des déterminants de l’identité du club. Mais, elle n’apparut pas aux origines du club. Les prémices de la section football de l’Université se trouvent dans la participation d’une équipe dénommée Universidad Católica FC à la première division de l’Asociación Nacional de Football (une des ligues chiliennes existant au début du XXème siècle) en 1908. Un an plus tard (1er novembre 1909), l’Universidad Católica disputa l’un des premiers Clásico Universitario face à l’Universidad de Chile avec, semble-t-il, un maillot vert.

En 1927, l’équipe devint membre de la fédération sportive de l’Universidad Católica, qui regroupait les différentes disciplines sportives pratiquées à l’université, qui fut fondée le 30 août de la même année. Il s’agissait d’une première officialisation administrative du club. Les symboles des différentes sections furent définis et institutionnalisés par la fédération le 19 novembre 1927, dont les couleurs évidemment. 3 teintes furent choisies : blanc, bleu et rouge. Le blanc symbolise la pureté immaculée, la vertu et la morale tandis que la croix de couleur bleue représente Jésus-Christ et son royaume céleste. Enfin, les initiales en rouge rappelle le sang divin qui rachète l’homme. Ces 3 couleurs étaient également celles du drapeau chilien et l’Université avait donc la volonté de rappeler son engagement religieux et nationale. A cette date, le maillot devint paré de rayures verticales blanches et bleues. Auparavant, il était plutôt uni et varié du bleu au gris en passant par le rouge ou le blanc.

En 1930, la branche football, dirigée par l’ancien joueur Enrique Teuche, commencait à disputer des matchs amicaux contre des équipes semi-professionnelles et professionnelles de la Asociación de Fútbol de Santiago. Le club rejoint également la Club Universitario de Deportes et participa aux Jeux olympiques universitaires. Lors de cette compétition, l’Universidad Católica affronta l’Universidad de Chile et porta pour la première fois une tunique blanche avec une bande horizontale bleue. Ce fut le point de départ de la tradition.