#1173 – Incheon United FC : 파랑검정

Bleu et Noir, les couleurs traditionnelles de l’équipe de la ville coréenne d’Incheon. Après l’engouement suscité par la Coupe du Monde 2002 où Incheon avait accueilli un stade flambant neuf, les autorités de la ville prirent la décision de créer une équipe de football pour évoluer dans une première division, K-League, en cours de mutation. Fin 2003, Icheon United vit le jour, avec immédiatement pour couleurs, le bleu et le noir. Aucune explication n’a subsisté jusqu’à aujourd’hui, mais il se pourrait que le bleu représente le ciel et le noir la mer. Pas étonnant pour une ville côtière qui se développa autour de son port, deuxième plus grand de Corée du Sud. Pour célébrer sa fondation, le 1er mars 2004, Incheon United invita les japonais de Gamba Osaka, qui évolue également en noir et bleu.

Au fil des années, les couleurs ne changèrent pas, la seule modification étant l’introduction dans le maillot de rayures verticales. Ces dernières sont devenues une part de l’identité du club. Pourtant, en 2012, en proie à des difficultés financières, le club signa un nouveau partenariat avec l’équipementier français, Le Coq Sportif. La direction marketing décida alors de créer une nouvelle tenue intégralement bleu avec des parements rouges. L’idée était de donner une teinte plus vive au maillot que le mariage noir et bleu qui était jugé trop sombre, notamment pour les matchs nocturnes. Ce choix suscita une forte controverse, les supportèrent considérant que le club manquait de respect à ses traditions. Pour le défendre, l’entraineur Heo Jung-moo eut des mots malheureux « 바뀌었다고 해서 문제 될 건 없다. 세계적인 클럽들의 유니폼도 디자인과 색상이 자주 바뀐다! » (Il n’y a aucun problème avec le changement. Les designs et les couleurs des uniformes des grands clubs mondiaux changent fréquemment !) et surtout « 검정색과 파란색이 우리의 전통이라고 하는데 누가 정한 것인가 » (On dit que le noir et le bleu sont nos traditions, mais qui a décidé cela ?). Le club également tenta de défendre ce changement en indiquant que le nouveau maillot calquait le premier porté par les joueurs en 2004. Seulement, si le premier maillot était effectivement un uni bleu, les parements comme le short étaient noirs. Face à la fronde des fans qui boycottèrent le merchandising, le maillot traditionnel à rayures noires et bleues refit son apparition la saison suivante.

#1111 – Suwon Samsung Bluewings : 청백적

Les bleu, blanc, rouge ou le corps bleu, blanc, rouge (청백적 군단). Si les couleurs du club coréen copient celle de notre étendard, la France n’a pas inspiré les fondateurs de Suwon. Selon le site du club, le rouge et le bleu portent des symboliques précises. Le rouge représente la passion et le défi, exprimant le dynamisme du club. Tandis que le bleu symbolise la jeunesse et l’enthousiasme. Enfin, selon d’autres sources, le blanc représente la pureté et le fair play. L’origine du choix de ses couleurs n’est pas expliquée mais, on peut légitiment se dire que, comme son nom l’indique, son lien avec le conglomérat Samsung modela la symbolique du club.

Car le conglomérat coréen s’affiche en bleu et blanc. La marque d’électronique grand public apparut pour la première fois en 1938. À cette époque, le terme Samsung s’écrivait en utilisant les caractères chinois « 三星 », qui littéralement signifiait « trois étoiles ». Le fondateur Byeong-cheol Lee déclarait « 하늘의 별처럼 크고 강력하고 영원하라 » (Soyez grand, puissant et éternel comme les étoiles dans le ciel). Ces trois étoiles apparurent sur le logo de 1938 à 1979 en noir et blanc. Puis, en 1980, le logo évolua. Les 3 étoiles étaient toujours présentes mais se distinguèrent en étant blanches dans des cercles rouges. En 1992, alors que l’entreprise devint une marque mondiale, le rouge et les étoiles disparaissent au profit d’un grand oval bleu. Samsung explique que le fond bleu symbolise le ciel et la mer, et que l’ovale incliné symbolise l’univers. Le bleu représente également la technologie et l’innovation. Finalement, tout au long de son existence, le blanc est demeurée une des couleurs de l’entreprise. Et les 3 couleurs bleu, blanc et rouge ont fait partie de son histoire.

#1066 – Gimcheon Sangmu FC : 불사조

Le phénix. L’histoire de ce club coréen se confond avec l’association sportive de l’armée de Corée du Sud. Avant 1982, chaque corp d’armée avait sa propre association de sportifs : celle de l’armée de terre se dénommait 충의 (Loyauté), celle de la Marine était 해룡 (Dragon des mers) et celle des forces aériennes se nommait 성무 (Nébuleuse). Puis le Ministère de la Défense réunifia les 3 unités et le 4 janvier 1984 apparaissait 국군체육부대 (Corps d’athlétisme des forces armées), avec 21 sports pratiqués et 400 athlètes. Sachant que la durée du service militaire était de 18 mois, l’objectif de cette institution était de permettre aux sportifs de haut niveau de ne pas suspendre leur carrière le temps de leur obligation militaire en participant aux compétitions nationales. La nouvelle entité prit le nom de 상무 (Directeur) et le phénix (불사조) comme symbole (noir sur fond orange). Cet animal extraordinaire apparait dans de nombreuses cultures de l’antiquité et à travers le monde. Il s’agit d’un oiseau à la longue longévité et qui a la particularité de de renaître soit de son propre cadavre, soit après s’être consumé dans les flammes. Ainsi, pour l’institution, l’animal mythologique représente, en tant qu’espèce immortel, l’esprit brave, indestructible et sacrificiel d’un soldat qui protège son pays. Il traduit un célèbre proverbe coréen 칠전팔기 qui signifie au travers de ces 4 caractères Hangeul « Même si vous tombez sept fois, relevez vous une huitième fois ».

Dans la foulée de la création du 국군체육부대, plusieurs clubs furent fondés afin de permettre aux sportifs évoluant dans des sports collectifs de participer aux compétitions nationales. Ainsi, apparut le club de football de Sangmu FC, le 11 janvier 1984. Le club reprit alors, comme toutes les autres sections sportives, les symboles dont le phénix. Il trône sur l’emblème du club.

#1026 – Suwon FC : 막을 수 없는 공격

Attaque imparable. Face à son grand rival du Suwon Samsung Bluewings, le second club de la ville de Suwon existe tant bien que mal. Son ascension parmi l’élite coréenne n’était d’ailleurs pas prévu. Le club fut fondé en 2003 par la volonté de la municipalité de Suwon qui souhaitait qu’il y ait une équipe amateur faisant le lien entre les équipes scolaires et universitaires de la ville et le club professionnel des Bluewings. Mais, au fil des années, le Suwon FC gravit les échelons et fut finalement autorisé à obtenir le statut professionnel en 2012. A cette époque, le club venait de nommer son directeur de la formation, Cho Deok-je, au poste de manager de l’équipe première. Il restera en poste jusqu’en 2017 et, sous ses ordres, l’équipe connut une période riche. Dans le cadre d’une restructuration de la ligue coréenne, le Suwon FC fut promu en 2013 en K League Challenge (seconde division nationale). L’équipe enregistra de bons résultats (4ème en 2013, 6ème en 2014 et 3ème en 2015) et, après avoir participé au play-off/in, il toucha le graal en accédant à la K League pour la première fois en 2016. L’apprentissage fut rude, Suwon terminant à la dernière place et connaissant donc une relégation. Toutefois, Suwon FC récolta 39 points (10 victoires, 9 nuls, 19 défaites) cette saison, la meilleure performance d’une équipe reléguée. 

Pendant tout son règne, Cho Deok-je imposa un style offensif à son équipe, basée sur le 4-3-3. Malgré parfois la faiblesse de son effectif, il n’utilisait pas de tactiques axées sur la défense, même face à des équipes réputées plus fortes. Comptant parmi les meilleurs attaques du championnat chaque année, l’équipe fut prolifique en termes de buts mais sa défense laissa souvent à désirer. Les attaquants tels que Jung Gi-woon, Kim Byung-oh, Lim Seong-taek, le belge Marvin Ogunjimi, le monténégrin Bogdan Milić et le brésilien Japa purent exprimer leurs talents. Le public apprécia ce jeu offensif et la fréquentation du stade augmenta. En 2015, le monde du football applaudit ces guerriers méconnus, au jeu audacieux, et l’entraineur Cho remporta le prix du manager de l’année de la K League Challenge. Cho qualifia son style de jeu 막을 수 없는 공격, devenu la marque de fabrique du club. Depuis, ce dernier poursuit cet héritage en étant plutôt tourné vers l’attaque.

#975 – FC Seongnam : 까치 군단

Le corps de pie. Dans sa volonté de prosélytisme, Sun Myung Moon, le fondateur de la secte moon (officiellement Église de l’Unification) envisageait dès 1975 de fonder un club de football. Les liens avec la secte, au travers de son chaebol (conglomérat industriel), Tongil Group, effrayèrent la ligue coréenne ainsi que nombre de municipalités pour accueillir son équipe. Finalement, les Jeux Olympiques de 1988, qui se déroulèrent à Séoul, furent l’impulsion pour passer à l’acte et le 18 Mars 1989, le Ilhwa Chunma FC vit le jour à Gangbuk, district de Séoul. Le club rencontra vite le succès, remportant son premier titre seulement 4 ans après sa création (Coupe de la Ligue en 1992). Derrière, suivirent 7 titres de champion (1993, 1994, 1995, 2001, 2002, 2003, 2006), 3 Coupes de Corée du Sud (1999, 2011, 2014) et deux autres Coupes de la Ligue (2002, 2004). Ilhwa marqua de son empreinte également l’Asie avec 2 ligue des Champions (1995, 2010), une Super Coupe d’Asie (1996) et une Coupe A3 (2004). Après avoir déménagé dans la ville de Seongnam en 2000, la mort de Sun Myung Moon en 2013 faillit emporter le club. Son fils, Moon Kook-jin, n’était pas séduit par la perspective de gérer un club de foot. Il envisagea de le céder et le déménager à Ansan. Mais, impossible pour la ville de Seongnam de se voir déposséder de son club phare au riche palmarès. Son maire, Lee Jae-myeong, décida de le racheter pour le rendre areligieux et en faire un club-citoyen.

L’acquisition se finalisa le 2 octobre 2013. Pour se débarrasser de sa mauvaise image religieuse et pour augmenter le sentiment d’appartenance à la ville, l’ensemble des symboles furent modifiés. La tenue traditionnelle jaune (une des couleurs de la secte) devint noire et la pie fit son apparition sur le nouveau blason. Pourquoi la pie ? Tout simplement car l’oiseau est le symbole de la cité de Seongnam, comme l’azalée pour la fleur et le ginkgo pour l’arbre. La pie représente l’esprit accueillant de la ville envers tous les peuples. Symbole œcuménique en ligne avec la volonté de la ville de rompre avec l’image contrastée ou excluante des anciens propriétaires. Pour le club, la longue queue de la pie devait également représenter son dynamisme et son avenir radieux.

Dans la culture du pays du Matin Calme , la pie n’est pas vue comme voleuse mais comme annonciatrice de bonnes nouvelle, porteuse de chance. Elle se trouve dans de nombreuses chansons folkloriques ainsi que des légendes et contes. Un dicton dit même « 한 해가 시작되는 설날 아침에 까치 소리를 가장 먼저 듣는 사람에게 큰 행운이 찾아든다 » (la grande chance vient à la première personne qui entend le son d’une pie le matin du jour de l’an) tandis que des superstitions indiquent que si une pie touche l’eau, le jour sera clair et si vous construisez une maison sous un arbre avec le nid d’une pie, vous deviendrez riche. On raconte aussi aux jeunes coréens que s’ils jettent en chantant sur le toit une dent qu’ils viennent de perdre, la pie lui ramènera une nouvelle dent. Les peintures anciennes dénommées 작호도 mettaient en avant une pie gazouillant et un tigre (généralement sous la pie et assis). Les deux animaux représentaient des porte-bonheurs, annonçant les bonnes nouvelles pour l’oiseau et chassant les catastrophes pour le félin. Cette image de la pie remonte aux premiers temps des royaumes coréens. Selon le Samguk Sagi, une chronique historique, Talhae, le 4ème roi de Silla, l’un des Trois Royaumes de Corée serait né sous la forme d’œuf. Son père, considérant que c’était un mauvais présage, fit mettre l’enfant dans une boîte et l’abandonna en mer. La boite dériva près de la côte et les bruits de pie qui l’accompagnaient attirèrent des villageois. Ces derniers découvrirent un beau garçon qui devint plus tard le roi de Silla, aimé par son peuple.

Le surnom était donc évident pour le club. Néanmoins, il apparût seulement en 2015 et après un concours mené auprès des supporteurs (toujours dans l’optique de partager la vie et les choix du club avec les citoyens). 236 personnes participèrent et ce fut 까치 군단 qui fut choisi, logique oblige. Park Hong-geun, le vainqueur, repartit avec 3 millions de won (environ 2 500 euros) et deux abonnements au stade.

#780 – Ulsan Hyundai FC : 아시아의 깡패

Les voyous asiatiques. Le club d’Ulsan, propriété du chaebol Hyundai, gagna ce surnom lors de sa victoire à la Coupe des Champions A3 en 2006. Cette compétition réunissait chaque année les champions de 3 pays, la Corée du Sud, le Japon et la Chine. Vainqueur du Championnat national, Ulsan représentait la Corée du Sud. Lors du premier match, Ulsan tomba face au japonnais de Jeff United, sur le score de 3 buts à 2. 3 jours plus tard, Ulsan affrontait le Gamba Osaka, vainqueur de la J-League l’année précédente, et fut sans pitié en passant 6 buts aux japonnais. Au match suivant, Ulsan était opposé à Dalian Shide, qui avait remporté son 8ème titre national. Les attaquants d’Ulsan marquèrent 4 buts (dont 3 en un quart d’heure) aux chinois. Le club coréen remporta cette édition de l’A3 et Lee Chun-soo devint le meilleur buteur de la compétition, marquant 6 buts en 3 matchs, ainsi que MVP du tournoi. Les autres attaquants de l’équipe, le brésilien Leandrão et Choi Sung-Kuk, terminèrent également respectivement à la seconde et troisième place du classement des buteurs. Sa puissance de feu s’exprima de nouveau en Ligue des Champions asiatique, notamment lors de sa victoire en quart de finale aller face au club d’Al-Shabab, 6 buts à 0. Mais, cette fois, son rival local de Jeonbuk Hyundai Motors fut le vainqueur de la coupe, en éliminant Ulsan en demi-finale. Néanmoins, son attaque impitoyable, sans pitié, estimée comme la meilleure de tous les temps du club, amena le surnom des voyous asiatiques.

#766 – Jeonbuk Hyundai Motors FC : 어우전

A Prononcer Uojeon, une sorte de mot-valise qui réduit la phrase 어차피 우승은 전북, qui signifie « le gagnant était Jeonbuk de toute façon ». On est dans l’état d’esprit de la célèbre maxime prononcée par l’ancien attaquant anglais Gary Lineker en 1990 « Et à la fin, les Allemands gagnent toujours » qui illustrait la supériorité de l’Allemagne dans le monde du football. Fondé en 1993, ce club coréen connut des premières années difficiles, confroté à des problèmes financiers récurrents. A peine un an après, le groupe Hyundai Motors reprit le club mais, dans les premières saisons de cette renaissance, les résultats ne suivirent pas à quelques rares exceptions, notamment en Coupe nationale. La nomination de l’entraineur Choi Kang-hee modifia radicalement le club. Dès sa première saison en 2005, il remporta la Coupe de Corée du Sud puis l’année d’après, l’équipe réalisa l’exploit de gagner la Ligue des champions de l’AFC. Grâce au soutien de son ambitieux propriétaire et un jeu offensif, les titres s’enchaînèrent avec en 2009 le premier championnat du pays. Sur les 13 dernières années, Jeonbuk remporta 9 championnats, dont 5 titres consécutifs de 2017 à 2021. A ce palmarès s’est ajouté une Coupe nationale en 2020 et surtout une Ligue des champions de l’AFC en 2016. Jeonbuk est devenu la plus forte formation coréenne, qui imposa sa griffe sur la compétition continentale et établit sa suprématie sur la K-League.

#731 – Pohang Steelers : 강철전사

Guerrier d’acier. Au vue de son nom, steelers, ce surnom apparaît logique. Mais il est encore plus logique quand on connaît les origines du club. Fondé le 1er avril 1973, ce dernier était une association corporatiste d’un chaebol (les fameux conglomérats coréens) dénommé POSCO. Lors de la création du championnat coréen en 1983, il fut l’un des 5 membres fondateurs. Vainqueurs de 5 championnats et de 3 ligues des champions asiatiques, il demeure l’un des grands clubs du jeune football coréen. Mais, pour revenir au début, l’équipe fut montée par la volonté de Park Tae-joon, alors président de POhang iron and Steel COmpany dit POSCO. POSCO n’avait alors que 5 ans d’existence car, dans les années 1960, l’administration sud-coréenne considéra que le développement économique du pays passait par l’indépendance dans la production d’acier. En 1968, POSCO vit donc le jour avec le soutien financier du Japon et du gouvernement. POSCO concentra sa production pour alimenter les besoins des entreprises nationales avec de l’acier compétitif. La croissance du groupe accompagna le développement des chaebols coréens tels que Samsung ou Hyundai. A la fin des années 1980, elle était la 5ème plus grande entreprise sidérurgique au monde, avec une production annuelle approchant les 12 millions de tonnes. Aujourd’hui, POSCO demeure l’un des plus grands sidérurgistes mondiaux, 4ème producteur avec 42 000 millions de tonnes en 2015. Le club de football, qui appartient toujours à POSCO, a suivi le développement de l’entreprise. Initialement semi-professionnel , le club opta pour le statut professionel en 1984 et changea son nom en POSCO Dolphins. Un an plus tard, il fut renommé POSCO Atoms. Enfin, en 1997, le club adopta le nom de Pohang Steelers. Quelques soit le nom du club, son logo comme sa mascotte firent toujours référence au propriétaire du club, au steelers. Les mascottes sont Soedori et Soesooni, personnages mi-humains mi-robots avec un corps en acier, une tête qui symbolise les vagues bleues de la mer de Pohang, et une marque V sur le front, signe de victoire.