#452 – Olympiakos Le Pirée : γαύρος

Les anchois. Autant le dire tout de suite, ce surnom, attribué aux supporteurs de l’Olympiakos par ceux du Panathinaikos, n’est pas flatteur. L’objectif est clairement de se moquer des rouges et blancs. Le Pirée est situé à 8km au Sud-Ouest d’Athènes et est connu pour être le plus grand port maritime de Grèce et l’un des plus importants du bassin méditerranéen. Exploité dès l’antiquité, le port voyait transiter en 2019 près de 5 millions de conteneurs, devenant le premier en Méditerranée, et 17,4 millions de passagers. Au début des années 20, les habitants du Pirée travaillaient donc principalement au port et étaient à l’opposée de la bourgeoisie athénienne, représentée par le Panathinaikos. Ainsi, naquit l’Olympiakos, afin de représenter la classe laborieuse du port. Cette distinction sociale fut le marqueur initial de la rivalité entre les deux clubs. Les fans du Panathinaikos ont donc souhaité ramener ceux de l’Olympiakos à leur condition en prenant l’anchois, petit poisson, pullulant en Méditerranée, comme symbole. A un journaliste du magazine anglais FourFourTwo, un supporteur du Panathinaikos indiquait « la majorité des fans de l’Olympiakos ont des mères qui sont des prostituées qui travaillent près du port. Leurs pères sont de jeunes marins qui ont couché avec une prostitué ». Poésie quand tu nous tiens …

#67 – Malaga CF : los Boquerones

Les anchois. Malaga et sa Costa del Sol ne sont pas seulement des stations balnéaires et une destination touristique. Avant l’essor débuté dans les années 1970, Malaga a été et reste un des grands ports espagnols, à la fois port de plaisance, de passagers, commercial et aussi de pêche. Il remonte aux origines de la ville fondée par les phéniciens et la pêche a constitué une forte activité économique. En particuliers celle de l’anchois. L’anchois de Malaga, anchois « vitoriano » ou « victoriano » , est la star des assiettes de la ville. Son nom provient de la période à laquelle est péché ce poisson, proche des fêtes de la vierge de la Victoria, patronne de la ville. Il existe plusieurs façon de le cuisiner mais sans aucun doute que sa version la plus simple, en friture (appelé « pescaíto frito » ou poisson frit), est la plus commune et appréciée. La préparation traditionnelle consiste à attacher 4 ou 5 anchois par la queue, les saler légèrement puis les enrober de farine et enfin les faire frire dans un bain d’huile d’olive brûlante. En rajoutant du safran, de l’origan, du cumin, de l’ail, de l’huile, du vinaigre et des condiments, et après l’avoir mis au frigo pendant 24 heures, on obtient une autre variante appelé anchois en escabèche. Dans une autre version, les habitants les laissent macérer dans du jus de citron puis les font frire dans beaucoup d’huile d’olive.

Chaque année, le deuxième dimanche du mois de septembre, la petite ville voisine de Rincón de la Victoria célèbre ce poisson argenté lors du Día del Boquerón Victoriano (Jour du Boquerón de la Victoire), ce qui conclut la saison touristique estivale. En outre, à la fin du carnaval, les habitants de Malaga fabriquent un anchois géant qu’ils emmènent en procession jusqu’à la plage où ce totem est finalement brulé.

Dès le XVIIème siècle, l’abondance de ce poisson dans la baie de Malaga et sa pêche étaient mentionnées. De nombreux témoignages de poètes et d’écrivains tout au long du XIXème siècle firent l’éloge de sa qualité et décrivaient son imprégnation dans la culture et l’identité de la ville. L’écrivain espagnol Pedro Antonio de Alarcón déclara « Malaga, patrie des meilleurs anchois au monde » et l’essayiste et gastronome Dionisio Pérez dira : « les anchois, il n’existe que ceux qui se pêchent d’Estepona à Malaga ». Les habitants de la ville, comme les joueurs du club, sont donc devenus los boquerones. Il n’est pas rare d’entendre le slogan « Somos Malagueños, somos Boquerones » (nous sommes malaguènes, nous sommes des anchois).