#1079 – CD Irapuato : la Trinca Fresera, los Freseros

Le trio fraise, les fraises. Lorsqu’en 2021 les autorités du football mexicain fermèrent les portes de la Liga de Expansión MX au nez du club bien qu’il eut remporté la Serie A de l’Etat de Mexico, CD Irapuato faillit ne jamais s’en remettre. Mais, après deux ans sans terrain et équipe, il revit le jour en 2023 avec de nouveaux propriétaires. Il ne pouvait en être autrement pour un club historique malgré un faible palmarès. Même s’il fut fondé sous son nom en 1948, par la fusion de plusieurs entités sportives de la cité d’Irapuato, les origines du club remonte à 1911.

Evidemment que la couleur rouge des maillots amena au surnom lié au fruit rouge. Néanmoins, impossible de dire lequel à influencer l’autre. En effet, l’histoire de la fraise à Irapuato débuta au milieu du XIXème siècle quand Nicolás de Tejada, alors chef du district d’Irapuato, ramena de France la célèbre plante. En 1852, il acheta un terrain vers Carrizalito où furent enregistrées les premières plantations de fraises (avec seulement 24 plants au départ). Puis, l’Allemand Oscar Droege forma les agriculteurs aux techniques de production de la plante. Avec l’arrivée du chemin de fer, la production s’intensifia et en 1883, la fraise d’Irapuato s’exportait vers le Texas, le Nouveau-Mexique et à Laredo. En 1900, la première entreprise de confiture et de fraises confites, du nom de Fresva, vit le jour. Avec le temps, la fraise prit une place centrale dans l’économie de la ville et avec l’importance et la bonne qualité de sa production, Irapuato gagna le surnom de Capitale mondiale de la fraise au XXème siècle. Aujourd’hui, plus de 1 200 hectares sont dédiés à cette culture, donnant une production d’environ 80 000 tonnes à l’année. 60% est exporté. Ce pan de l’économie locale génère 22 000 emplois et plus de 8 000 emplois dans le secteur agro-alimentaire. Evidemment, la vie culturelle de la cité tourne autours de la fraise avec notamment un grand festival organisé en été (Festival de la Fresa) qui attire plus de 5 000 personnes. La gastronomie locale aussi s’inspire du fruit rouge avec les Fresas con crema (fraises à la crème) et les Fresas cristalizadas (fraises confites).

Le trio, lui, naquit en 1949. Malgré sa relative jeunesse (le club n’était pas encore professionnel), le club fut invité à un tournoi à Mexico qui regroupait les brésilien du Vasco da Gama, le FC Léon et les Reboceros de La Piedad. A cette époque, Vasco da Gama produisait un des plus beaux football du continent sud-américain avec une équipe connue sous le surnom de Expresso da Vitória (Express vers la victoire) et disposait d’une ligne d’attaque de feu, connue sous le nom de la trinca infernal (le trio infernal). A noter que si le Vasco avait effectivement une magnifique attaque, ce surnom de trinca infernal ne semble pas avoir été utilisé à l’époque. D’ailleurs, elle ne se limitait pas à 3 joueurs offensifs puisque la tactique reposait sur un 4-2-4. On comptait alors comme force offensive en 1949 Ademir de Menezes, Heleno de Freitas, Ipojucan, Maneca, Francisco Aramburu dit Chico et Friaça. Toutefois, la légende raconte que le commentateur Agustín González, connu sous le nom de Escopeta (fusil de chasse), assista à la rencontre entre Irapuata et La Piedad, qui fut un sublime match. Alors qu’il rédigeait la chronique du duel entre León et Vasco da Gama, il déclara « ¡Si el Vazco da Gama tiene una Trinca Infernal, el Irapuato es la Trinca fresera! » (Si Vasco da Gama a un trio infernal, Irapuata a un trinca fraise). Toutefois, comme vous l’avez noté, il semblerait que cette histoire repose sur un trinca qui n’aurait pas existé. D’où, une version marginale avance que si Agustín González serait toujours à son origine, il l’aurait en revanche donné suite à un affrontement contre Querétaro au stade de la Revolución en 1950. Il déclarait « hoy he visto nacer a La Trinca Fresera del Irapuato, que bonito Juegané » (aujourd’hui j’au vu naître la Trinca Fresea d’Irapuato, qu’ils jouent bien).