#1137 – Recreativo de Huelva : el Decano

Le doyen. Le sens de ce surnom s’explique assez simplement. Le Recreativo est le club le plus ancien du football espagnol, avec en outre une activité ininterrompue depuis sa fondation. Comme dans beaucoup de pays et comme avec de nombreux clubs, l’expansion économique britannique au XIXème siècle favorisa le développement du sport. Les industriels britanniques exportèrent leurs capitaux et savoir-faire et immigrèrent à travers le monde. Dans leurs bagages, ils emmenèrent leur mode de vie et naturellement pour se divertir, les nouveaux sports qui émergeaient dans leur île.

Le boom économique lié à la Révolution Industrielle nécessita l’accès à d’importantes et nouvelles sources de matières premières. La région de Huelva était connue dès l’antiquité pour ses gisements de minéraux, qui en faisait à cette époque, l’une des grandes zones minières du monde romain. En 1873, les finances de la République espagnole, qui vient à peine d’être fondée, n’était pas flamboyante et cette dernière céda à un consortium d’investisseurs (britanniques et allemands) les réserves de cuivre, de pyrites et de chalcopyrite de la région de Huelva. Le consortium fonda alors la société britannique Rio Tinto Company Limited pour exploiter les mines. Le développement des mines (et des infrastructures associées – chemin de fer, port) engendra l’implantation d’une communauté britannique dans la ville de Huelva, qui chercha des loisirs pour ses temps libres. Résultat, le 18 décembre 1889, à l’initiative du médecin écossais William Alexander Mackay et avec le soutien de l’anglais Charles Adams et de l’entrepreneur allemand Wilhelm Sundheim, Huelva Recreation Club naquit et regroupait les travailleurs de la Rio Tinto pour pratiquer le football ou le cricket. Comme il n’existe pas de document permettant d’identifier un club ayant une date de fondation antérieure, le Recreativo de Huelva apparaît comme le premier club de football espagnol.

Ceci donne également lieu à un autre surnom, el abuelo (le grand-père), qui a été retenu pour le nom de la mascotte.

#1130 – Lima CFC : el Decano de América

Le doyen des Amériques. Plongé dans l’histoire de ce club péruvien, c’est revenir au source du football sud-américain. C’est décrire une histoire commune à de nombreux clubs d’Amérique Latine. Au XIXème siècle, le football moderne s’émancipa en Angleterre et se répandit rapidement chez ses voisins britanniques. Pour conquérir le reste de la planète, le football s’appuya sur la puissance du commerce anglais, qui inondait le monde de ses produits et ses inventions. Notamment, les ingénieurs et ouvriers anglais investirent l’Amérique du Sud pour poser les rails du réseau ferré et en profitèrent pour y exporter également leur culture et leur pratique sportive. Ce fut le cas pour un certain nombre de clubs comme le Peñarol en Uruguay (#62), le CA Douglas Haig (#1091) et le Ferro Carril Oeste en Argentine (#665).

Ce fut également le terreau du Lima Cricket and Football Club. En 1859, les anglais immigrés à Lima et Calla étaient près de 1 400 et travaillaient pour la plupart à la construction du chemin de fer. Ces derniers souhaitaient pratiquer les sports qu’ils connaissaient en Angleterre, comme le football, le rugby et le cricket, mais qui étaient inconnus au Pérou au milieu du XIXème siècle. Résultat, la communauté de Lima fonda son propre club le 9 septembre 1859 sous le nom de Lima Cricket Club. En 1885, il fusionna avec le Lima Lawn Tennis Club et se rebaptisa Lima Cricket and Tennis Club. Bien que ses membres pratiquaient le football depuis ses origines, le premier match de football enregistré eut lieu le 7 août 1892. Suite à cet événement, le club se dota officiellement d’une section football en 1893. En 1906, le nombre de pratiquants de football prenant de l’importance, le club adopta son nom actuel. Le plus important à noter est que l’histoire du club débuta en 1859. Or, sur le continent sud-américain, les clubs apparurent plutôt dans les années 1880-1890 (Gimnasia y Esgrima Buenos Aires en 1880, Quilmes et Gimnasia y Esgrima La Plata 1887, São Paulo AC 1888, Rosario Central en 1889, Albion FC et Peñarol en 1891, Santiago Wanderers en 1892, CR Flamengo et Banfield en 1895, Oruro Royal en 1896) et ainsi Lima CFC est le plus ancien des clubs d’Amérique Latine.

#1087 – Club Guaraní : el Legendario

La légende. Le club paraguayen constitue une légende à double titre. Tout d’abord, Club Guaraní, qui fête ses 120 ans cette année (fondé le 12 Octobre 1903) est l’un des doyens du football paraguayen. S’il existe plusieurs versions sur l’arrivée du football au Paraguay, elles se rejoignent sur le fait que vers 1901, la pratique se développait sur une ou plusieurs places à Asunción. Le néerlandais William Paats, qui joua un rôle dans l’importation du football dans le pays, contribua à la création du premier club, Olimpia, le 25 juillet 1902. Le Club Guaraní fut donc fondé un peu plus d’un an plus tard. L’emballement se poursuivit et le nombre de clubs s’accrut en 1906. La fédération paraguayenne voyait alors le jour la même année. Aujourd’hui, Olimpia et Guaraní sont les plus anciennes associations du pays.

Le palmarès et les exploits du Club Guaraní participèrent à fonder également sa légende. Certes, parmi les quatre grands clubs du pays (Olimpia, Cerro Porteño, Libertad et Guaraní), Guaraní ne présente pas le palmarès le plus fourni. Le club compte « seulement » 11 titres de champion (contre 46 pour Olimpia, 34 pour Cerro Porteño et 24 pour Libertad). Au delà des titres, le club était l’un des fondateurs de la Fédération paraguayenne de football en 1906. Dans la foulée, Guaraní marqua les esprits en remportant le premier championnat de première division qui se déroula la même année et en demeurant invaincu face aux 5 autres clubs (obtenant 18 sur 20 points possibles, avec 32 buts marqués et seulement 2 encaissés). Pas rassasié, le club réédita l’exploit la saison suivante, en ne perdant aucun match. Aujourd’hui encore, il est le seul club à avoir réalisé le doublé sans défaite. La récolte de titres de l’équipe se poursuit en 1921, 1923 et 1949. L’âge d’or de Guaraní se produisit dans les années 1960 avec 3 titres (1964, 1967 et 1969). Ces deux derniers championnats furent les plus mémorables, le gardien du club, Raimundo Aguilera, battant les records d’invincibilité (1 019 et 1 017 minutes respectivement).

#888 – HNK Segesta Sisak : Stara Dama

La vieille dame. Comme dans la plupart des pays du monde, le football (nogomet en croate) fut introduit par les immigrés anglais qui travaillaient dans les usines locales. Le premier match de football se déroula à Rijeka en 1873, à l’initiative du britannique Robert Whitehead, ingénieur et propriétaire de l’usine Torpedo. Le match opposa une équipe composée d’employés des chemins de fer hongrois à celle regroupant des marins et ouvriers anglais. Des habitants prirent également part à ce match. En 1890, le football devint obligatoire à Rijeka dans toutes les écoles de la ville, donnant l’impulsion à la création des premiers clubs scolaires dédiés au football. Puis, le football se diffusa dans tout le pays grâce à l’écrivain Franja Bučar à partir 1893. Ce dernier, considéré comme le père du sport et de l’olympisme croate, facilita la découverte et l’apprentissage de nombreux sports tels que la gymnastique, le patinage, le ski alpin, le hockey sur glace et l’escrime en écrivant des manuels. Ce fut également le cas pour le football. La première édition des « Règle du jeu » en croate apparut en 1896 à Zagreb.

Au départ, le football se jouait donc au sein des écoles qui furent rapidement relayés par l’organisation politique panslave Sokol, qui voyait dans l’éducation sportive une voie de raviver et fédérer les identités slaves et de diffuser ses idées indépendantistes. Mais, à la fin du XIXème siècle, face à l’engouement provoqué par ce nouveau sport, les premières structures extra-académiques commencèrent à se créer. Les premiers clubs de football furent ainsi fondés dans le port militaire de Pula vers 1899. Les clubs omnisports de Club Iris et Veloce Club furent les premiers à développer une section football. A Zagreb, en 1903, un section football apparut au sein du HAŠK (Club Sportif Académique Croate). Puis, la même année, le premier club dédié au football fut fondé à Zagreb sous le nom de PNIŠK. A Rijeka, les clubs du CS Olimpia en 1904, Fiumei Atletikai Club en 1905 et Giovine Fiumea en 1906 furent créés. En 1905, Split admirait déjà les joueurs du club dénommé Šator. Karlovac accueillit le club d’Olimpija Karlovac en 1908. En 1910, la section football du club de gymnastique Forza e Coraggio fut fondée à Dubrovnik et, à Zagreb, la Società Ginnastica e Scherma vit le jour. Enfin, en 1911, les deux plus grands clubs croates actuels furent créés : Hajduk à Split et le prédécesseur du Dinamo, HŠK Građanski, à Zagreb.

Dans ce contexte, le football se popularisa dans la ville Sisak via l’écrivain Ferdo Hefele et le professeur de gymnastique Stjepan Sebastijan, qui était un disciple de Franjo Bučar. En 1908, la cité vit apparaître un club du nom de Victoria en 1908. La naissance de Segesta se déroula dans les mêmes années mais elle est plus trouble. Il est souvent présenté que fin juin ou début juillet 1906, un étudiant de treize ans, dénommé Ivo Stipčić, qui possédait un ballon de football, avec une vingtaine de ses amis se réunirent dans l’auberge de sa tante pour fonder un club de football. Le nom choisi était « Segesta », d’après le nom de l’ancienne colonie céltico-illyrienne dans la région de Sisak nommée Ségestique. Mais, il n’existe pas de documents ou de preuves sur la fondation du club, et cette histoire se base sur des vieux témoignages oraux des fondateurs. Une autre date de fondation peut être avancée : 1907. En effet, le journal « Hrvatske novine » dans son édition du 21 mai 1927 relatait que le club allait fêtait son 20ème anniversaire du 26 au 29 juin 1927. Enfin, les premiers rapports de match conservés remontent à 1909 (le premier serait daté du 8 août 1909 et porterait sur un match joué contre le Concordia Zagreb) , attestant au moins qu’à cette date le club existait. Quoi qu’il en soit, la plupart des clubs cités dans le paragraphe ci-avant ont disparu, ne résistant pas notamment à l’avènement du communisme en Yougoslavie. Or, Segesta existe toujours et apparaît aujourd’hui comme l’un des plus vieux clubs de football en Croatie. Comme souvent dans ce cas là, le doyen est appelé la vieille dame.

#786 – RFC Liège : le Great Old Wallon

Le grand ancien wallon. Le RFC Liège retrouve enfin cette année la seconde division belge, quittant les bas fonds du football amateur belge qu’il cotoyait depuis près de 20 ans. Le géant endormi à l’air de se réveiller et pourrait peut-être à terme aller titiller l’ogre du Standard. Mais, à une autre époque, non seulement le RFC Liège inspira le Standard (cf. #31) mais surtout il trustait les premières places au sein de l’élite belge et même en Coupe d’Europe. Le football commençant à se diffuser dans les grandes villes du pays (principalement Bruxelles, Bruges, Gand et Anvers), Liège n’échappa pas au mouvement grâce à sa communauté britannique et rapidement une association fut formée. En 1892, les membres du Liège Cyclist’s Union fondèrent ainsi le FC Liège afin de s’occuper pendant les périodes hivernales (ils étaient si inspirés qu’ils créèrent également la course cycliste, Liège-Bastogne-Liège, Doyenne des Classiques). Trois ans plus tard, le club participa à la création de la Fédération belge de football (UBSSA, future URBSFA) et le matricule n°4 lui fut attribué. Le RFC Liège apparaît alors comme le plus ancien club de Wallonie.

Par ailleurs, alors que le Standard était balbutiant jusqu’à son premier titre en 1958, le RFC Liège se forgea rapidement un très beau palmarès. Le club remporta le premier championnat de Belgique en 1896. S’en suivit 2 autres titres en 1898 et 1899. Les équipes bruxelloises prirent alors la domination du championnat avant que les clubs flamands de Bruges et d’Anvers ne vinrent à leur tour inscrire leur nom au palmarès. Il fallut attendre 1952 pour voir de nouveau un club wallon remporter le championnat. Bien entendu il s’agissait du RFC Liège qui doubla la mise l’année suivante (1953). Jusqu’en 1958 et le succès du Standard, le FC Liége était le seul club wallon champion de Belgique. Il s’adjugea également une Coupe de Belgique en 1990 et une Coupe de la Ligue en 1986. Il atteignit aussi les demi-finales de la Coupe des Villes de Foire (ancêtre de l’Europa League) en 1964. Au nombre de titres cumulés, il est le 8ème club du plat pays encore en activité et à la 5ème place des collectionneurs de championnat de Belgique. Les supporteurs du club aiment à rappeler que si le RFC Liège gagnait un nouveau championnat, il serait le seul club à l’avoir remporté sur 3 siècles différents. Enfin, il est le seul club belge à évoluer en séries nationales sans interruption depuis 1895.

Premier club de wallonie, possédant un palmarès faisant envier plus d’un club belge et ayant longtemps était le seul à porter haut les couleurs de la Wallonie, le RFC Liège mérite son surnom de Great Old Wallon.

#697 – CD Santiago Wanderers : el Decano

Le doyen. Vous savez d’où vient ce surnom. Le club de Santiago Wanderers est le doyen du football chilien. Selon l’histoire du club, il fut fondé le 15 août 1892 par 27 jeunes garçons créoles de la ville (pour d’autres 30). Toutefois, cette date demeure débattue car, après le tremblement de terre, qui frappa Valparaiso en 1906, détruisit le siège du club et fit disparaître les documents officiels de sa création. Certains chercheurs avancent donc que le club fut créé plutôt autour de 1895 ou 1896. Santiago Wanderers n’est pas le premier club créé au Chili. Il semblerait que la première association s’établit également à Valparaiso mais au sein de la communauté britannique. Au début du XIXème siècle, Valparaiso était une simple crique mais avec l’indépendance qui gagna le continent sud-américain au milieu du XIXème siècle les marchands britanniques s’établirent au Chili. Ils industrialisèrent le jeune pays, notamment en développant Valparaiso, qui devint le premier port du pacifique. Dans leurs bagages, cette immigration britannique amena aussi ses coutumes et les sports qui émergèrent outre-manche, dont le football. Ainsi, au sein de l’école The Mackay and Sutherland School de Valparaiso naquit la première équipe de football du Chili, Mackay and Sutherland Football Club, en 1882. Dans la foulée, d’autres clubs portés à la communauté britannique apparurent en particulier à Valparaiso (Valparaíso FC, Valparaíso Wanderers, Chilian FC). Les créoles observèrent ces nouvelles pratiques et furent séduits. Santiago Wanderers émergea donc en 1892, en étant le premier club où les joueurs chiliens étaient majoritaires. De plus, il se démarqua pour être l’une des premières entités sportives à rédiger tous ses procès-verbaux et publications en espagnol, alors que les autres clubs de l’époque le faisaient en anglais (du fait de leur origine et direction britannique). Enfin, les fondateurs auraient opté pour le nom de Santiago (le nom de la capitale chilienne alors que le club réside à Valparaiso) pour lui donner une attache, une identité nationale. Aujourd’hui, les autres clubs fondé avant les Wanderers ont disparu, souvent dans les années 1910. Pour certains, comme leurs membres et joueurs étaient issus de la communauté britanniques, ces derniers partirent combattre avec l’armée de leur pays lors de la Première Guerre Mondiale. Malheureusement, les clubs ne se relevèrent pas de ces départs et surtout de leurs décès.

#659 – Albion FC : el Decano

Le doyen. Le football fut introduit en Uruguay, comme dans beaucoup de pays, en particulier sud-américain, par des immigrés britanniques dans les années 1880. Le premier match de football connu en Uruguay fut celui joué en 1881 entre le Montevideo Rowing Club (club d’aviron fondé en 1874) et le Montevideo Cricket Club (club de cricket créé en 1861). Toutefois, ces deux institutions sportives n’étaient pas dédiées au football et il fallut attendre 1891 pour que le premier club de football naisse. Un professeur britannique nommé William Leslie Poole arriva en Uruguay en 1885 en provenance de l’université de Cambridge pour enseigner l’anglais au sein de la English High School à Montevideo. Au delà de son statut d’enseignant, Poole était un sportif exemplaire qui pratiquait le football, l’aviron, le cricket et le rugby. Il entraina ses élèves à ses différentes disciplines nouvelles et inspira l’un d’eux, Henry Candid Lichtenberger Levins, qui convainquit 22 autres camarades de fonder le premier club exclusivement dédié au football, sous le nom de Foot-ball Association, le 1er juin 1891. Le premier match se déroula le 2 août 1891 contre le Montevideo Cricket Club et se conclut par une défaite 3 buts à 1. Le 21 septembre 1891, lors d’une réunion tenue dans les locaux de la caserne anglaise, sur proposition de deux membres (Pepper et Clark), le nom du club fut changé en Albion Foot Ball Club (Albion est un nom alternatif de la Grande-Bretagne depuis Ptolémée), en hommage à la patrie des créateurs de ce sport et certainement aussi car les membres étaient tous des descendants de la communauté britannique de Montevideo. En 1900, avec 3 autres clubs, l’Albion participa à la création du championnat d’Uruguay et de la Uruguay Association Foot-ball League, prédécesseur de la fédération actuelle. En 1901, l’équipe d’Albion, rejointe par 2 joueurs du Club Nacional, joua contre une équipe d’Argentine, ce qui est aujourd’hui considéré comme le premier match de l’équipe nationale d’Uruguay. Aujourd’hui, le club existe toujours et navigue entre la seconde et la première division. Il demeure à jamais le doyen du football uruguayen.

#646 – Ceará SC : Vovô, Vozão


Grand-père, papy. Fondé le 2 Juin 1914, Ceará SC est le plus vieux club de l’Etat du Ceará. Facile alors d’imaginer que son surnom provient de son statut de doyen régional. Seulement une autre histoire est avancée par Aníbal Câmara Bonfim, l’un des fondateurs du club. Selon lui, des enfants venaient jouer sur le terrain du Ceará. Le président du club, Meton de Alencar Pinto, les accepta et les appela même meus netinhos (mes petits-enfants). Les enfants commencèrent alors à désigner le stade du Ceará comme lá no vovô (là-bas chez grand-père). Toutefois, selon le site du club, cette histoire n’est pas vraisemblable et le club base sa réflexion notamment sur un article paru le 19 Novembre 1936 dans le journal A Razão. Premièrement, dans cet article, le journaliste écrivit « do nosso mais velho quadro do Foot-ball, o veterano dos nossos clubs, o Vovô, como é conhecido o Ceará Sporting Club » (de notre plus ancienne équipe de football, le vétéran de nos clubs, Vovô, comme le Ceará Sporting Club est connu). Deuxièmement, étant donné que l’article date de 1936, cela suppose que l’histoire avec Meton de Alencar Pinto se serait déroulée avant 1936. Or, né en 1897, Meton de Alencar Pinto aurait qualifié des enfants de « petits-enfants » et lui de « grand-père » alors qu’il avait moins de 39 ans. Ceci d’autant plus que son fils ainé n’avait alors que 5 ans. En outre, ces jeunes joueurs étaient censés jouer sur le terrain du club. Or, le club n’acquerra le terrain de son siège actuel qu’en 1944. Il serait donc probable que Meton de Alencar Pinto joua avec ces enfants après 1944. S’il n’était plus président, il était encore un membre influent du club, en tant que mécène. En outre, il avait plus de 47 ans et sans être un grand-père, il pouvait apparaître comme vieux pour ces enfants. Surtout, le surnom Vovô était alors forcément connu et il était facile de pour ces enfants de l’attribuer à Meton de Alencar Pinto. Voilà donc que l’explication de l’ancienneté s’impose. En tout cas, ce surnom a donné naissance à la mascotte (un petit vieux) ainsi qu’à la marque de vêtement propre du club.

#547 – Anórthosis Famagouste : Μεγάλη Κυρία

La grande dame. Le football à Chypre se développa comme dans d’autres pays, avec l’immigration anglaise. Il commença à s’infuser dans la jeunesse chypriote à la fin du XIXème siècle via les écoles anglaises de l’ile. Puis, vers 1910, les premières clubs commencèrent à se créer dans les grandes villes (Nicosie, Larnaca et Limassol). Le 30 janvier 1911, Anorthosis fut fondé dans la ville de Famagouste mais, dans les premières années, l’association se concentra dans les activités culturelles et sociales. D’ailleurs son nom était au départ Αναγνωστήριο Ανόρθωσις (Anórthosis Salle de Lecture) et dans les premières années, sa section musicale était la plus reconnue. Dans une île qui n’était pas indépendante et pire, passait du statut de protectorat à celui de colonie britannique, l’association avait des revendications nationalistes. Ainsi, des discours patriotiques et des commémorations nationales étaient organisés dans le bâtiment d’Anorthosis. Au début des années 1920, des jeunes de la ville avaient formé une équipe de football appelée POEB. Cette équipe devint la base de la section football d’Anórthosis en 1929, au moment où l’association changeait de nom, d’emblème et cherchait à se développer. Le département football commença à glaner quelques titres locaux et à acquérir une petite renommée. Résultat, il participa à la création de la Fédération chypriote de football en 1934. Ainsi, sans être le doyen, le club est l’un des plus anciens de l’île et à ce titre est qualifié de grande dame. Sa particularité est de ne plus résider à Famagouste. En effet, en 1974, suite à la partition de l’île, Famagouste fut annexé par la Turquie. La section de football se réfugia à Larnaca (et y évolue encore aujourd’hui). Les autres départements éclatèrent dans d’autres villes de la partie grecque de Chypre : à Limassol pour le volley-ball masculin et à Nicosie pour le volley-ball féminin. Malgré cela, Anorthosis a remporté 13 championnats chypriotes, 11 coupes nationales et 7 super coupes, possédant le 3ème plus beau palmarès de Chypre. Lors de la saison 2008-2009, il réussit l’exploit d’être le premier club chypriote à jouer les phases de poule de la Ligue des Champions.

#499 – Juventus Turin : la Vecchia Signora

La vieille dame. L’attribution de ce surnom remonterait aux années 1930. Si l’explication la plus logique et souvent avancée concerne le fait que la Juventus est l’un des doyens, d’autres origines existent également.

Si des jeux similaires au football ont été pratiqué en Italie avant le XIXème siècle, la variante moderne (et connu aujourd’hui) aurait été introduite en Italie dans les années 1880 par un ouvrier marchand de l’industrie textile britannique, Edoardo Bosio. Ce dernier avait visité l’Angleterre (il travaillait dans l’ usine textile Thomas & Adams à Nottingham) et découvert le football. Revenu à Turin, il diffusa le football dans son pays natal, en créant le club du Torino Football and Cricket Club en 1887. Turin était donc le berceau du calcio. Un autre club turinois suivit en 1889, Nobili Torino. Les clubs se multiplièrent alors dans la capitale piémontaise (FBC Torinese en 1894) mais également dans les autres villes marchandes du nord-ouest italien, ayant tissé des liens commerciaux avec l’Angleterre (Genoa CFC en 1893). Fondé à l’automne 1897, la Juventus n’est donc pas le plus ancien club de Turin et de la péninsule italienne mais la plupart des clubs plus anciens disparurent rapidement après leur création. Finalement, des clubs nés avant la Juventus, il ne reste aujourd’hui que le Genoa. Cette « vieille dame » saluerait donc son ancienneté.

Club certainement le plus supporté en Italie, son emprise sur le football italien suscita également de la jalousie et les adversaires ne manquèrent pas de se moquer. Ainsi, « vieille dame » pourrait aussi être un jeu de mot avec le nom du club. En effet, Juventus signifie en latin « jeunesse » et donc l’attribution du sobriquet vieille serait ironique.

Par ailleurs, de 1930 à 1935, la Juventus remporta 5 titres d’affilé de Champion d’Italie. Pour ce faire, la direction fit confiance à des anciens, ie des joueurs trentenaires, du nom de Gianpiero Combi, Virginio Rosetta, Umberto Caligaris, Giovanni Vecchina, Luis Monti et Raimundo Orsi. Cette équipe de « vieux » aurait donc inspiré le surnom.

Enfin, en 1923, la famille Agnelli, propriétaire du constructeur automobile FIAT, basé à Turin, racheta le club de la Juventus. À cette époque, la classe ouvrière appelait l’élite et les hommes d’affaires riches du pays « vecchios signores » (les vieux monsieurs) et pour cette raison, la Juventus qui appartenait à la famille bourgeoise Agnelli hérita de ce surnom. Mais, ce surnom est féminisé, comme d’ailleurs de nombreux sobriquets de la Juventus. La raison est simple. Le football dans les années 20 et 30 étaient une affaire d’hommes. Les supporteurs de la Juve aimait alors tellement le club que ce dernier était devenu en quelque sorte leurs moitiés, leurs amantes. C’était leur femme .

Ce surnom de Vieille Dame est parfois moqué par les supporteurs adverses puisque dans différentes régions d’Italie, les femmes qui possèdent des bordels et des clubs d’hôtesses sont connues sous le nom de « vecchias signoras » .