#1163 – Véria NFC : Κυανέρυθροι

Les bleu et rouge. Après une relégation en seconde division à l’issue de la saison 2016-2017, le club historique de la ville de Véria, le GAS Véria, rencontra de graves difficultés financières qui conduisirent au non-paiement de deux de ses joueurs, Antonio Tomás et Roberto Battión. La sanction par la ligue fut immédiate avec un retrait de 6 points. En février 2018, empêtrée dans la crise, la direction fut contraint de retirer le club du championnat, entrainant une réaction forte, conformément au règlement, du conseil de discipline de la ligue : la relégation du GAS dans les lointaines divisions amateurs grecques. Cette sanction sonna le glas du football professionnel à Véria et du GAS. Un an plus tard, le 17 juillet 2019, une initiative permit la création d’un nouveau club professionnel à Véria, sous le nom de Véria NFC.

Mais, pour éviter d’éventuels problèmes juridiques liés aux droits du GAS sur son logo et ses couleurs (le bleu et le rouge), la ligue, sur recommandation de la FIFA, imposa au NFC une refonte de l’emblème de l’équipe et un changement des couleurs, afin de ne pas créer de lien avec le GAS. Par conséquent, Véria adopta un nouvel écusson reposant sur les couleurs blanc, noir, gris et or. Le noir représentait le dynamisme de l’équipe dans la nouvelle ère qui commence, le blanc les valeurs de pureté et la santé financière du nouveau club, le gris, l’âme de l’équipe qui était les supporteurs et l’or le rayonnement, le prestige et le glamour de la nouvelle association. Mais, finalement, lors de la saison 2022-2023, le club retrouva les couleurs traditionnelles de son prédécesseur, et finalement aussi son surnom.

En 1959-1960, la fédération grecque parvint enfin à refondre l’organisation du football d’élite et créa une première division nationale unique. Dans ce contexte, l’idée de fusionner les deux équipes de Véria, PAO Véria et ΑΟ Hermès, fit son chemin afin de créer une entité sportive capable de batailler dans cette nouvelle compétition nationale. La fusion eut lieu en juillet 1960, donnant naissance au GAS. Pour cette nouvelle aventure, et afin de ne pas privilégier les supporteurs d’un club au détriment des autres, la décision fut prise de reprendre ni les couleurs du PAO (jaune et noir), ni celles de Hermès (vert et blanc). Le joueur et entraîneur du PAO Kostas Sotiriadis dit Kostaras proposa de prendre les couleurs restantes du spectre chromatique, le bleu et le rouge, qui étaient surtout celles de l’équipe dans laquelle il avait évolué auparavant, Panionios (cf. #944).

#944 – Panionios Athènes : Κυανέρυθροι

Les rouge et bleu. Dès le XIVème siècle et pendant de nombreuses années, la Grèce viva sous le joug ottoman et une importante communauté grecque habitait en Asie Mineure, territoire naturelle de la Sublime Porte. Pendant cette cohabitation, la culture grecque fut à la fois intégré dans la culture ottomane qui fut elle-même influencée par celle des grecs. En outre, le statut du millet, qui protégeait les minorités de l’Empire, permit à la langue grecque et à la religion orthodoxe de cimenter l’identité grecque. Au XIXème siècle, alors que le trop grand Empire Ottoman déclinait, la nationalisme grecque retrouvait une certaine vigueur qui conduisit en 1830 à l’indépendance de la Grèce. Les grecs d’Asie Mineure continuèrent à vivre à Constantinople ou Smyrne. Pour défendre leur identité, ils créèrent des associations culturelles qui dévièrent par la suite vers le sport. Ainsi, le 14 septembre 1890, des jeunes des éminentes familles grecques de Smyrne (Izmir) décidèrent de créer une association dénommée « Orphée ». Mais, après la défaite militaire des Grecs face aux Turques, les populations grecques d’Asie Mineure (1 300 000 personnes) émigrèrent vers la Grèce. Ils se regroupèrent et refondèrent rapidement leurs associations culturelles et sportives dans leur nouvelle patrie. Les membres de Panionios se retrouvèrent ainsi à Athènes et poursuivirent leurs activités dès le 20 novembre 1922

Quand les joueurs évoluaient encore à Izmir, les couleurs du club étaient le rouge et le blanc. Soit un maillot rouge avec un short blanc. Soit maillot et short blancs, traversé par une diagonale rouge. Le déracinement et la renaissance du club à Athènes amenèrent à changer les couleurs pour les actuelles, bleu et rouge. L’explication la plus probable sur ce choix demeure la référence à leurs origines anatoliennes. En effet, ces deux couleurs furent longtemps associés à la communauté grecque d’Asie Mineure. Par exemple, au début du XXème siècle, leurs navires arboraient une enseigne dite « gréco-ottomane » (Γραικοθωμανική παντιέρα) composée de deux bandes horizontales rouges en haut et en bas et, entre, une bande bleu horizontale. De même, la Principauté de Samos, une île grecque indépendante mais sous domination ottomane entre 1832 et 1913, qui se situe au Sud d’Izmir, avait pour drapeau une croix blanche, avec les deux quartiers inférieurs bleus et les deux supérieurs rouges. Avant son rattachement à la Grèce en 1908, la Crète avait un drapeau similaire à celui d’Izmir (croix simple blanche, avec le quartier supérieur gauche en rouge (incluant une étoile blanche à cinq branches), symbolisant la suzeraineté ottomane, et les autres quartiers en bleu). Pour tous ces drapeaux, le bleu rappelait la Grèce (il s’agit de la couleur du drapeau national) et le rouge l’Empire Ottoman (de même pour le rouge du drapeau de la Sublime Porte). Grèce et Empire Ottoman, les deux racines de cette communauté. Pour le club de Panionos, on donna une signification supplémentaire à ces deux couleurs : le bleu est la couleur de la mer et le rouge du sang des réfugiés.

Il existe de nombreuses versions différentes, qui tentent de déchiffrer la signification et l’origine du bleu dans le drapeau grec, communément appelé Γαλανόλευκη (le bleu et blanc). Le bleu pourrait faire référence à la géographie et climat de la Grèce (le ciel et la mer qui entoure la Grèce) ou aux valeurs morales des grecs (la justice, le sérieux et la loyauté) mais se rattacherait également à l’histoire riche du pays. En effet, le blanc et le bleu étaient (i) les couleurs du voile liturgique de la déesse Athéna, (ii) des motifs du bouclier d’Achille, (iii) de certaines bannières des armées d’Alexandre le Grand, (iv) des toges habituellement portés par les grecs dans l’antiquité et (v) des armoiries, drapeaux et emblèmes de certaines dynasties royales et familles nobles byzantines dont la dynastie macédonienne (IXème – XIème siècle) ou la puissante famille crétoise des Callergis (leur emblème étant d’ailleurs très proche du drapeau de la Grèce) qui prétendait descendre de l’empereur byzantin Nikephoros II Phokas. Du côte de l’Empire Ottoman, son drapeau était le même que celui de la Turquie actuelle, dont l’un des noms est Al bayrak (drapeau rouge) ou encore Al sancak (bannière rouge). L’origine de la couleur rouge n’est pas documentée mais il est possible que le rouge de la bannière tétragrammatique des Paléologues soit une des sources. D’autres avancent que le rouge était souvent utilisé dans la croyance chamanique, avant l’islamisation des populations turcophones.

#146 – Panionios Athènes : Ιστορικός

L’historique. L’origine la plus lointaine du Panionios est le club fondé par la communauté grec d’Izmir, en Turquie actuel. En effet, le 14 septembre 1890, des jeunes des éminentes familles grecques de Smyrne (Izmir) décidèrent de créer une association dénommée « Ορφεύς Σμύρνης » (Orphée de Smyrne) dans le but d’éduquer ses membres à la musique et la gymnastique. En 1894, certains membres d’Orphée férus de sport formèrent une organisation distincte, Γυμνάσιον Σμύρνης (Gymnasium Club), et créèrent la véritable première équipe de football à Smyrne en 1895. En 1898, ces deux associations fusionnèrent pour donner naissance à Panionios. Ce dernier poursuivit l’oeuvre de ces deux prédécesseur qui visait à promouvoir l’éducation culturelle et sportive de la communauté grecque de Smyrne (Izmir) dans l’Empire Ottoman afin de défendre l’identité grecque. Panionios organisait des championnats ouverts à tous et donna l’impulsion à l’Etat pour rendre obligatoire la gymnastique dans les écoles. Mais, en 1922, après une guerre de 3 ans entre la Grèce et la Turquie, la Grèce perdit la guerre et certains territoires. Cette défaite entraîna aussi un grand échange de population : 1 300 000 Grecs de Turquie émigrèrent vers la Grèce tandis que 385 000 Turcs quittèrent la Grèce pour la Turquie. Arrivée en Grèce en 1922, ces grecs de Turquie se retrouvèrent en créant des associations culturelles et sportives, telles que l’AEK Athènes et le PAOK Salonique (cf articles #74, #118 et #234). Si la plupart furent de nouvelles associations, les membres de Panionios s’installèrent à Athènes et poursuivirent l’oeuvre débutée en 1890. Cette continuité fait qu’aujourd’hui, le Panionios est le doyen des clubs de football grec et donc le club historique.