#650 – FC Gueugnon : les Forgerons

Fondé en 1940, le club tire son surnom de l’activité économique qui forgea la réputation et la vie de la ville de Gueugnon. En 1724, dans un méandre de l’Arroux, le marquis Jean Hector de Fay de La Tour-Maubourg créa la première usine métallurgique de la région, limitée à une dizaine d’ouvriers, d’un haut-fourneau, d’une forge et d’une fonderie. La présence du bassin houiller de Blanzy ainsi que les ressources en eau offraient à la Saône et Loire les deux principaux éléments nécessaires aux activités métallurgiques. En 1845, un nouveau souffle fut trouvé avec la reprise du site par la société Campionnet et Compagnie qui exploitait déjà une usine à Mornay, à une trentaine de kilomètres de Gueugnon. L’usine fut modernisée et se développa notamment dans le laminage à chaud (afin de produire de la tole noire jusque dans les années 1970). Les effectifs suivirent passant de 80 salariés en 1845 à plus de 600 salariés en 1888. La vie de l’usine se confondait alors avec celle de la ville de Gueugnon. En 1888, près de 20% de la population travaillaient aux Forges. Ces dernières, dans l’esprit paternaliste du capitalisme français, façonnèrent l’urbanisme de la ville en construisant des maisons ouvrières. Enfin, les différents membres de la famille Campionnet dirigeaient les Forges et également le destin de la ville en étant Maire entre 1852 et 1919. Pendant la Première Guerre mondiale, la production de l’entreprise décupla pour répondre à l’effort de guerre pendant. Néanmoins, l’âge d’or des forges survint entre les années 1950 et 1970 avec des investissements dans le laminage à froid qui permit aux forges de devenir numéro 1 mondial de l’acier inoxydable (inox). 3 750 salariés au début des années 1960 travaillaient dans l’usine. La crise sidérurgique, en 1973, n’épargnera pas Gueugnon et marqua le début du déclin de l’usine. Aujourd’hui, après avoir été racheté par le géant Arcelor Mittal, elle appartient à Aperam, produit près 400 000 tonnes par an avec moins de 800 salariés. Mais, le transfert de près du tiers de sa production vers une usine à Genk en 2022 menace de nouveau l’existence des Forges de Gueugnon.