#655 – Club América : Millonetas

Les millionnaires. Au cours des années 1940 et d’une partie des années 1950, alors que le football mexicain se professionnalisait, le club connut une de ses pires périodes. Il fleurtait avec les dernières places en championnat et enregistra ses pires records. Il encaissa 101 buts lors de la saison 1945-46, connut une série de 15 matchs consécutifs sans victoire, dont 6 défaites consécutives en 1946-47 et s’effondra devant Atlas pour sa pire défaite de l’histoire en championnat (2-9) le 3 novembre 1946. Le club finit quasiment en faillite à la fin des années 1940. Durant la décennie suivante, le club alterna le bon et le mauvais. Surtout, il commença à se structurer et recevoir des soutiens importants qui lui permit de se reconstruire. L’année 1956 marqua le premier tournant dans l’histoire de l’América. L’entrepreneur Isaac Bessudo, propriétaire de la marque de boissons rafraîchissantes Jarritos, racheta le club et offrit au club une aura médiatique qui lui permit de dégager des ressources.

Une nouvelle étape fut franchit 3 ans plus tard avec la reprise du club par Emilio Azcarraga Milmo, propriétaire du groupe de média Telesistema Mexicano (aujourd’hui connu sous le nom de Televisa). A cette occasion, il déclara le jour du rachat « Compramos al América porque nuestra meta es conseguir la sede para México del Mundial de 1970. Si no estamos dentro del fútbol no podremos hacerlo. Yo no sé nada de fútbol, pero si sé de negocios y voy a convertir a América en un negocio exitoso y redituable. Me han dicho que el mejor directivo es Guillermo Cañedo, que el mejor técnico es Ignacio Trelles y que los mejores jugadores son argentinos y brasileños. Sobre esa base voy a construir al América del futuro » (Nous avons acheté l’América parce que notre but est d’obtenir que le Mexique accueille la Coupe du Monde 1970. Si nous ne sommes pas dans le football, nous ne pourrons pas le faire. Je ne connais rien au football, mais je connais les affaires et je vais faire d’América une entreprise prospère et rentable. On m’a dit que le meilleur manager est Guillermo Cañedo, que le meilleur entraîneur est Ignacio Trelles et que les meilleurs joueurs sont argentins et brésiliens. C’est sur cette base que je vais construire l’América du futur). Avec sa puissance financière, il appliqua cette politique qui voulait faire d’América un rival de Chivas, le grand club de l’époque, afin de générer de l’audience. En 1961, la présidence du club fut confiée comme prévu à Guillermo Cañedo, qui venait d’accomplir un excellent travail au club de Zacatepec (en remportant deux championnats, deux coupes et un titre de champion des champions), et les clés de l’équipe à Ignacio Trelles (qui était l’entraineur de Zacatepec que Cañedo dirigeait). Cañedo décida alors, afin de reconstruire sportivement et financièrement le club, d’acquérir des joueurs étrangers et mexicains renommés et donc coûteux. Ainsi, débarqua à l’América des joueurs comme les brésiliens Francisco Moacyr, Ney Blanco de Oliveira, Urabato Nuñez, José Alves Zague, Arlindo dos Santos et Vavá (champion du monde en 1958 et 1962 et meilleur buteur du tournoi en 1962), les milieux mexicains Antonio Jasso et Alphonse Portugal ainsi que le gardien de but péruvien Walter Ormeño. Ces investissements massifs donnèrent évidemment des résultats : 2 Coupes du Mexique en 1964 et 1965 et surtout un titre de Champion du Mexique lors de la saison 1965-1966, après 38 ans de disette. Cette richesse et le traitement privilégié des média à l’encontre du club le rendit à la fois populaire et détesté. Selon un sondage réalisé par Consulta Mitofsky et publié en janvier 2021, América est le club préféré des mexicains (23,9% des sondés) mais aussi le plus détesté, par 31,4% de l’échantillon. Cela pourrait avoir une ressemblance avec un club parisien à la différence que ce dernier n’est pas le club préféré des français mais sans aucun doute le plus détesté.