#990 – Beijing Guoan FC : 御林军

Les gardes impériaux. Le 29 décembre 1992, dans le cadre de la promotion par le régime communiste d’un football professionnel chinois, la Commission municipale des sports de Pékin, l’école de technologie sportive de Xiannongtan et la société CITIC Guoan établirent conjointement le club de football Beijing Guoan Football Club, qui offrait à la capitale chinoise sa propre équipe de football professionnelle. Les racines du club se cherchent dans une équipe de Pékin dirigé par la Commission municipal des sports et fondé en 1955. Cette première association représenta brillamment la capitale en remportant 5 fois le championnat national (1957, 1958, 1973, 1982, 1984) et 1 fois la coupe nationale (1985). Bénéficiant de l’aura du premier club et participant à la création de la Super League chinoise, Beijing Guoan est devenu l’unique représentant historique et régulier de la capitale chinoise. Le club se devait donc de s’appuyer sur ce lien étroit avec la cité pour étendre son influence et opter pour des symboles marquants de la ville.

Si Guoan était le nom de son fondateur et sponsor, l’idéogramme 国安 (qui correspond à Guoan) signifie aussi « sécurité intérieure ». Il s’agissait également du nom de la Garde Impériale, les forces militaires d’élite chargées de protéger la Cité interdite ainsi que l’Empereur et sa famille des dynasties Ming et Qing. La Cité interdite était le complexe palatial qui abritait l’Empereur et sa famille, et située au cœur de Pékin, constitue l’un des monuments les plus emblématiques de Chine et de la Capitale. Ce surnom reflète également l’ambition de l’équipe de devenir le meilleur club de football de Chine et à défendre ses cages comme les gardes impériaux représentaient des troupes d’élite chargées de défendre l’Empereur et la Cité interdite. Pour continuer dans ce registre, la mascotte est un lion. Or, les lions de Fo, ou lions gardiens impériaux, sont les deux statues de bronze qui gardent la porte de l’harmonie suprême, qui sépare la cour dite de la rivière aux eaux d’or, de la cour du palais de l’harmonie suprême, le principal palais de la Cité interdite. Ces deux lions sont le signe de la puissance impériale et la Garde Impériale s’identifia naturellement au Roi des animaux, protecteur de la Cité. On les retrouve également à l’entrée de nombreux autres palais chinois avec le même rôle et symbolique. Enfin, l’hymne du club, créé en 1995, s’intitule « 国安永远争第一 » (Guoan combat toujours pour être le premier).

#989 – Montrose FC : the Gable Endies

Dans une traduction approximative, nous pourrions dire « ceux qui vivent à l’extrémité des pignons ». Surnom à rallonge mais caractérise bien le club et qui s’appuie sur l’histoire de la ville. Le stade de Montrose se situe à la fin des ruelles du centre-ville qui comptent de nombreuses maisons à pignon. C’est ce qui explique ce surnom. Un pignon constitue la partie triangulaire supérieure d’un bâtiment, donnant à un toit des versants. Ce style de maison est assez peu commun en Ecosse sauf dans la ville de Montrose où vous pourrez admirer nombres de maisons en brique de style hollandais qui datent du XVIIème siècle ou après.

Pourquoi cette cité écossaise s’est embellie de ce style architectural ? Montrose est une ville côtière, bénéficiant d’une situation privilégiée. D’un côté, elle baigne là où les embouchures des rivières North et South Esk rencontrent la Mer du Nord. De l’autre côté, l’arrière pays demeure agricole, avec des terres et une production riches. Montrose devint au fil des ans un port naturel d’exportation de la production des terres voisines et d’importation des richesses des autres villes européennes. Au Moyen-Âge, Montrose faisait déjà commerce de peaux, de cuirs et de saumon fumé. Au XVIIème siècle, les échanges économiques devenaient importants avec la Ligue hanséatique. La cité exportait du blé et de l’orge tandis que le port importait du lin et du bois de la Baltique. Mais, ces flux ne se limitèrent pas à l’importation de denrées, la culture écossaise s’imprégnant également de celles des villes de la Baltique. Cette activité économique fit la richesse de familles de marchands et de propriétaires terriens, qui construisirent de nombreux édifices privés et publics. Ces derniers s’inspirèrent alors de l’architecture de leurs clients/fournisseurs hollandais pour établir des demeures à pignon, donnant à la ville une partie de son aspect élégant actuel.

#988 – SKS Bałtyk Gdynia : Kadłuby

Les coques. 12ème ville de Pologne, avec une population de près de 250 000 habitants, Gdynia est une ville située sur la côte de la Mer Baltique (d’où le nom du club Bałtyk) et constitue un important port polonais. Village de pêcheur à compter du XIIIème siècle, la cité de Gdynia devint également une station balnéaire à la fin du XIXème et au début du XXème siècle. Puis, un port fut bâti en 1924 donnant une impulsion décisive à son développement économique et urbain. Situé dans la baie de Gdańsk, le port de Gdynia était devenu le plus grand port de la Mer Baltique et l’un des plus grands ports d’Europe avant la Seconde Guerre Mondiale. Il offrait à la Pologne un accès aux routes maritimes et une base navale face à la situation incertaine dans la ville libre de Dantzig. Après avoir été bombardé par les alliés (car il était devenu une base de la marine allemande), le port redevint une place maritime importante en Mer Baltique. Au delà du trafic de marchandises et de passagers ainsi que des activités traditionnelles de pêche, la construction navale constitua l’une des principales industries de Gdynia.

En 1922, la société Stocznia Gdynia débuta la rénovation de bateaux de pêche et plusieurs navires marchands (une cinquantaine de bateaux furent rénovés ou réparés sur les premières années). La même année, l’autre société Stocznia Marynarki Wojennej démarra également son activité. En 1927, une troisième compagnie ouvrit, Stocznia Remontowa Nauta. A cette date également, des investissements (grue, quai, cale de mise à l’eau …) furent réalisés par les deux premières sociétés pour passer de la rénovation à la construction de navires. Le 17 Septembre 1931, la première embarcation à moteur conçue et construite à Gdynia fut lancée et était un bateau sanitaire dénommé « Samarytanka » (Samaritain). Dans les années 1930, les chantiers navals de Gdynia produisirent ainsi plusieurs paquebots et bateaux de commerces. En 1939, le premier cargo général à vapeur appelé « Olza » d’une capacité de charge de 1 250 tonnes fut officiellement lancé. A la fin des années 1950, l’usine Stocznia Gdynia fut modernisée, avec une cale sèche, pour construire des coques modernes. Dans les années 1960 et 1970, l’industrie de la construction navale attint son apogée, avec plusieurs grands navires construits dans la ville, notamment des pétroliers, des vraquiers, et des chalutiers de pêche. Les meilleurs ambassadeurs du chantier furent le « Manifest Lipcowy », un vraquier de 55 000 tonnes, ainsi que le cargos polyvalent « Marstial Budyonnyy » (105 000 tonnes), construit pour un armateur soviétique, premier grand navire construit dans l’industrie polonaise. Le 30 octobre 1976, une deuxième cale sèche fut mise en service, où des navires d’une capacité de charge allant jusqu’à 400 000 tonnes pouvaient être construits. Dans les années 1980, l’industrie de la construction navale en Pologne commença à décliner face à la concurrence des pays asiatiques notamment. De nombreux chantiers de Gdynia furent privatisés ou fermés, entraînant des pertes d’emploi et des difficultés économiques dans la ville. Stocznia Gdynia fit faillite en 2009 et Stocznia Marynarki Wojennej en 2017. Seule Stocznia Remontowa Nauta continue son activité de rénovation navale aujourd’hui.

Les ouvriers des chantiers navals étaient communément appelés kadłubiarze ou kadłuby, ce qui signifiait « constructeurs de navires » ou « coques ». Or, ces derniers jouèrent un rôle important dans le développement du football à Gdynia et furent les premiers à s’associer avec des ouvriers du bâtiments et des chômeurs pour former un club de football, qui devint Bałtyk Gdynia. Par la suite, les relations avec les chantiers navals s’intensifièrent (avec du sponsoring et des membres du conseil d’administration qui venaient de cette industrie). Puis, avec l’instauration d’un régime communiste, le club intégra les syndicats du chantier naval de Gdynia. En conséquence, Bałtyk Gdynia était étroitement associé à l’industrie de la construction navale et le surnom kadłuby s’est imposé naturellement à l’équipe et ses supporteurs, reflétant ses racines et l’histoire de la ville.

#987 – Diambars FC : Diambars

Les champions, les guerriers en wolof. Le sens du terme n’est pas celui de la guerre, de la compétition et la victoire potentiellement associée. Un diambar se dit d’une personne déterminée, qui ne baisse pas les bras, qui veut atteindre ses rêves. Cette rage de vaincre est pour lui-même car accompagnée d’humilité et de respect. Le nom du club a donc du sens, une signification chère et voulue par les 4 fondateurs du club (qui désignèrent spécifiquement le club ainsi). Dans les années 1990, le gardien international français Bernard Lama et le défenseur international béninois Jimmy Adjovi-Boco évoluaient au RC Lens et souhaitaient rendre à la jeunesse africaine ce que le football leur avait donné. Leur volonté était de créer une structure qui permettrait à la jeunesse africaine de s’éveiller par le football. Ainsi, cet institut ne devait pas être simplement une filière de formation d’excellence pour alimenter le football européen mais il devait offrir une formation sportive aux enfants tout en leur permettant d’avoir accès à un niveau d’éducation et de culture suffisant. Pour les deux compères, le centre devait aussi bien promouvoir des footballeurs professionnels que des avocats et des médecins.

Leur rêve prit forme en 2003 à Saly, à 80 km de la capitale sénégalaise, Dakar, avec l’aide de l’entrepreneur local Saer Seck et du milieu international français (d’origine sénégalaise) Patrick Vieira et co-financé par la région des Hauts-de-France, l’Etat français et le conseil général des Hauts-de-Seine. Aujourd’hui, le centre compte plus d’une centaine d’élèves, 5 terrains synthétiques, un terrain en herbe, 2 terrains de basket … . Après avoir dominé les championnats régionaux, l’équipe première obtint le statut professionnel en 2009, remporta le championnat de 2ème division en 2011 et enfin toucha le graal, le titre national en 2013. L’institut multiplie les projets aussi bien sur le sol africain (Afrique du Sud) comme en France. Tous les élèves rêvent de suivre les pas d’Idrissa Gueye, le premier alumni à avoir signer un contrat professionnel en Europe et connaître une grande carrière (LOSC, Aston Villa, Everton, Paris). Et si l’objectif n’était pas d’être une usine à champion, une vingtaine de jeunes poursuivent aujourd’hui une carrière professionnelle en Europe et les autres possèdent une base de connaissances solide pour évoluer vers d’autres métiers. Tous se battent pour atteindre leurs rêves. Ce que voulaient Jimmy Adjovi-Boco et Bernard Lama au début des années 90.

#986 – FC Dieppois : les Harengs

La cité normande est surnommée « la ville aux quatre ports » car elle accueille un port de passagers (ferry transmanche), un port de commerce, un port de pêche et un port de plaisance. La présence de tant de ports témoigne du lien privilégié entre la cité et la mer. Même s’il existait un camp romain à proximité de la ville actuelle, ce sont surtout l’implantation de vikings vers 910 qui démarra l’histoire de Dieppe. L’emplacement présentait un environnement privilégié, au bord d’une rivière « profonde », la Tella, qui se jetait dans la Manche. Une digue naturelle de galets permettait aussi d’accéder au port à marée haute comme à marée basse. La ville fut officiellement fondée en 1015 par le duc de Normandie Richard II, avec l’objectif de s’offrir une débouchée marine. Comme souvent au Moyen-Âge, pour les villes de la Manche, de la Mer du Nord et de la Mer Baltique, la pêche et le commerce du hareng devinrent l’activité principale. En particulier, chaque année d’octobre à décembre, les harengs migrent de la Mer du Nord vers l’Atlantique et, au large et au proche des côtes Normandes, entre Fécamp et Dieppe, les harengs se reproduisent. Les pêcheries et salines s’installèrent donc rapidement dans la région et leur production s’expatria sur les étals parisiennes et rouennaises grâce aux chasse-marées. Au XVIIIème siècle, à Dieppe, la flotte consacrée à la pêche aux harengs fut la plus importante de la côte avec 60 bateaux. Le poisson, qui fut surnommé « poisson roi » fit la richesse de la ville jusqu’au XXème siècle. Aujourd’hui, le port de pêche se concentre avant tout sur la coquille Saint Jacques, avec 3 000 tonnes débarquées chaque année. La ville célèbre cette tradition ancestrale avec la Foire aux Harengs et à la Coquille Saint-Jacques, tous les troisièmes week-ends de novembre.

D’autres versions viennent expliquer ce choix ou plus exactement renforcent le surnom. Ainsi, au début du XXème siècle, les joueurs étaient connus pour leur agilité et leur vitesse sur le terrain. Les supporteurs comparèrent ce style de jeu aux mouvements des harengs dans l’eau. Une autre théorie suggère que le surnom fut inspiré par le traditionnel maillot du club. Ce dernier est rayé bleu et blanc (on retrouve les rayures sur le blason du club), qui ressemble au hareng (bleu sur le dos et blanc argenté sur le ventre).