#1171 – CS Independiente Rivadavia : Azul del Parque

Le bleu du parc. Le club de Mendoza prend ses racines en 1902 avec la fondation d’un de ses prédécesseurs Club Belgrano, qui en 1908 devint le CA Belgrano. Mais, subissant régulièrement les foudres de la fédération de football locale, le CA Belgrano disparaît en 1913 au profit d’un nouvelle entité du nom de CA Independiente. Le CA Belgrano évoluait dans un maillot vert « mousse ». En 1913, le CA Independiente le transforma en un uniforme tricolor : manche blanche, et poitrine arborant des rayures verticales blanches, rouges et vertes. En 1919, le club fusionna avec le CS Rivadavia et la décision fut prise de changer de couleurs. Le président du club, Bautista Gargantini, originaire d’Italie (comme beaucoup d’Argentin), décida de retenir le bleu foncé, couleur de l’équipe nationale de l’Italie. Pour rappel, la fédération italienne choisit le bleu en 1911 lors d’un match contre la Hongrie afin de rendre hommage à la Maison de Savoie, famille régnante.

En 1861, Mendoza fut dévasté par un terrible tremblement de terre, qui fut suivi par d’importantes épidémies de diphtérie, de choléra et de rougeole. Lors de la reconstruction, les problématiques de santé publique apparurent essentiels pour les autorités et la décision fut prise de boiser la partie Est, afin de protéger la cité des inondations. La municipalité embaucha l’architecte et paysagiste français Charles Thays qui conçut le parc de San Martín ouvert à la fin du XIXème siècle. S’étendant sur 393 hectares, le plus grand parc de la ville abrite notamment l’Université Nationale de Cuyo, l’amphithéâtre Frank Romero Day, le Musée d’anthropologie et de sciences naturelles, un théâtre, un hippodrome, une piste d’athlétisme, un golf, un vélodrome, un jardin botanique et le parc zoologique. Le football n’y est pas banni puisque le parc abrite le stade Malvinas Argentinas, qui accueillit des matchs de la Coupe du monde de football de 1978. Mais, ce n’est pas la seule enceinte de football du parc qui est le siège des deux clubs les plus prestigieux de la cité. D’un côté, le CA Gimnasia y Esgrima évolue dans son antre du stade Víctor Antonio Legrotaglie (au Nord du parc). De l’autre, le stade Bautista Gargantini (à l’Est du parc) accueille le CS Independiente Rivadavia.

#1142 – CA Barracas Central : el Guapo

Le beau gosse. Situé dans le quartier de Barracas à Buenos Aires, ce club possède une longue histoire puisqu’il a été fondé le 5 avril 1904. Il est né la même année que River Plate, Ferro Carril Oeste et Atlanta et un an avant Independiente et Boca Juniors. Entre 1920 et 1930, Barracas jouait dans la catégorie la plus élevée du football argentin. Lorsque le professionnalisme fut établi en 1931, il fit le choix de rester du côté amateur et participa aux tournois de la Fédération Argentine de Football (AFA). En 1932, il obtient la deuxième place du championnat amateur. Mais, les tournois professionnels et amateurs fusionnèrent en 1934 et Barracas rejoignit la deuxième division dont il fut relégué en 1941. Puis, il s’enfonça pendant de nombreuses années dans les profondeurs des ligues argentines. En 2001, Claudio Tapia prit la présidence de ce petit club de quartier qui zonait en 4ème division et qui était couvert de dettes. Après quelques investissements, Barracas Central grimpa de 3 divisions en une décennie et revint jouer parmi l’élite après 87 ans d’absence.

Pour en revenir à la fondation du club, un garçon de 20 ans s’appellant Silvero Ángel Gardella, plus connu sous le sobriquet de Saquito, convainquit les jeunes de son quartier à créer une association de football. Dans la cuisine de sa maison du 2745 de l’avenue Suárez, le rêve prit forme. Pour le nom, les fondateurs hésitèrent entre « Estrella del Sud » , « Estrella de Barracas » et retinrent finalement « Barracas Central del Sud » . Les couleurs du maillot (rouge et blanc) et les rayures s’inspirèrent de celles d’un autre club, Alumni Athletic Club. Le premier espace de jeu fut le terrain vague, propriété du père de Saquito, et la cuisine faisait office de club-house. Né en 1884, Saquito était un homme mince, d’environ 1,70 m, aux cheveux bruns avec une moustache. Son sobriquet indiquait qu’il portait toujours un sac. Il était connu pour être élégant et sa belle apparence donna le surnom de guapo au club.

#1117 – CA Unión Santa Fe : los Tatengues

Dans l’argot argentin du début du XXème siècle, il existait ce mot, tatengue. Ce terme désignait les personnes appartenant à la bourgeoisie, l’élite et qui étaient raffinés. La traduction n’existe pas mais nous pourrions dire « bien-né » ou « snob ». Pour certain, l’équivalent actuel serait le mot cheto qui est utilisé dans de nombreux pays sud-américains pour désigner péjorativement quelque chose ou quelqu’un de distingué, de snob, de « m’as-tu-vu » . Pour comprendre, pourquoi les supporteurs de l’Unión sont appelés ainsi, il faut aussi se reporter au surnom de son grand rival, le CA Colón. Car, comme pour les deux grands rivaux de Rosario, CA Newell’s Old Boys et le CA Rosario Central (cf. #104 et #681), les surnoms de l’Unión et de Colón se lisent en miroir.

Colón était moqué par les fans adverses de l’Unión avec le sobriquet los sabaleros. Ce terme provient de l’argot sabalaje, qui désigne de manière péjorative un groupe d’individus pauvres, venant des banlieues ou vivant dans la boue, à l’image du club de Colón qui résida et réside toujours dans les quartiers périphériques de la ville de Santa Fe et dont les supporteurs viennent des classes populaires (cf. #692). A l’inverse, le club de l’Unión fut fondé le 15 avril 1907 par un groupe d’amis qui avaient quitté le Santa Fe FC et étaient arrivé à la conclusion qu’aucun club ne les accepterait. Les fondateurs dirigés par Belisario Osuna se rencontrèrent alors dans la maison familiale d’un des membres (Antonio Baragiola), située dans la rue Catamarca (aujourd’hui Avenue Eva Perón), au cœur du centre ville. Le siège du club comme le stade où il jouait dans ses premières années se situaient également dans le centre ville. Même si le club se déplaça, cette position géographique centrale ne changea pas jusqu’à aujourd’hui. Ces quartiers du centre étaient ceux des classes sociales aisées. En les surnommant tatengues, les fans des équipes adverses insultaient ceux de l’Unión mais comme souvent, le sobriquet devint un motif de fierté, une composante de l’identité du club. Ainsi, la rivalité entre l’Unión et Colón synthétise l’affrontement entre ceux vivant dans le centre et ceux des quartiers périphériques, les riches contre les pauvres.

Un autre surnom en est dérivé : el Tante.

#1091 – CA Douglas Haig : los Fogoneros

Les chauffeurs. Prendre pour nom celui d’une personne célèbre demeure une tradition principalement sud-américaine (CA San Lorenzo de Almagro en Argentine, CD Jorge Wilstermann en Bolivie, Colo Colo et CD Arturo Fernández Vial au Chili, General Caballero SC et Club General Díaz au Paraguay, Coronel Bolognesi au Pérou) et les héros militaires constituent la principale source d’inspiration. Ce club argentin ne fait pas exception mais cette fois, la référence est étrangère.

Le monde ferroviaire constitua le terreau favorable à l’émergence de ce club en 1918. A cette époque, la masse des ouvriers constituait un vivier important qui avait besoin de se divertir après de longues semaines de travail. Le sport en faisait parti. Puis, le réseau ferroviaire se développa en Amérique Latine avec le soutien des experts en la matière, les britanniques. Nombre d’ingénieurs et de cheminots anglo-saxons émigrèrent dans les contrées sud-américaines et emmenèrent avec eux leur savoir-faire et leurs nouveaux loisirs tels que le football. Ainsi, 18 Novembre 1918, un groupe de cheminots de la compagnie ferroviaire Ferrocarril Central Argentino décidèrent de fonder le club. La Ferrocarril Central Argentino était une entreprise britannique qui avait obtenu du gouvernement argentin la concession du réseau ferré entre Santa Fé et Cordoba. A Pergamino, la compagnie était dirigée par le britannique Ronald Leslie qui soutint la fondation du club à la condition que ce dernier se nomma en l’honneur du général britannique Douglas Haig qui s’illustra durant la Première Guerre mondial (le club était fondé seulement 1 semaine après l’armistice).

Le fogonero était le chauffeur dans une locomotive à vapeur. Son rôle était d’alimenter en charbon et en eau la chaudière de la locomotive. Le surnom rappelle le lien fort du club avec le monde ferroviaire.

#1069 – CA Chaco For Ever : Albinegro

Les blanc et noir. Le club argentin de la ville de Resistencia, située dans la province du Chaco, fut fondé le 27 juillet 1913, par des jeunes qui décidèrent de quitter le CA Sarmiento et de créer une nouvelle institution sportive. Depuis, les deux clubs sont les grands rivaux de Resistencia. Le choix du nom était important pour les fondateurs car ils voulaient qu’il soit agréable et s’inscrive dans le temps. Une connaissance des fondateurs, d’origine anglaise et surnommée « Mister King », il suggéra « Chaco for Ever » (Chaco – le nom de la province – pour toujours), un cri identitaire et fière. Le choix des couleurs releva finalement du hasard. En effet, un jour, l’équipe fut rejoint par un étudiant en droit nommé Maistegui. Il se présenta sur le terrain avec un maillot rayé noir et blanc qui fit forte impression auprès des autres joueurs. Il s’agissait d’un maillot du club CA Estudiantes de Buenos Aires. Tous les joueurs décidèrent d’opter pour ce maillot qu’ils considéraient élégant mais aussi dont les couleurs rappelaient les richesses de la province : le blanc pour la culture du coton et le noir pour le charbon.

L’agriculture constitue une des principales activités de la province du Chaco. En particulier, la filière du coton. Historiquement (culture développée dès le début du XXème siècle), le Chaco était le principal producteur national de coton depuis les années 1950 même si sa position fut remise en cause ces dernières années avec la réduction de la surface cultivée de coton en raison de la concurrence des céréales et des oléagineux (principalement maïs, tournesol et soja …). Toute la filière (égreneurs, filatures, ateliers de tissage, fabrication de produits textiles) s’est développée dans le Chaco. La culture s’étend dans pratiquement toute la province et les égreneurs représentent 60 % de la capacité argentine. En 2019-2020, la superficie plantée était de 185 000 hectares, avec une production de 338 000 tonnes, principalement tournée vers le marché intérieure, soit respectivement 42% et 32% de la part nationale. En 2021-2022, la production monta à 379 000 tonnes. L’industrie textile représentait 21,3% de l’emploi total de l’industrie manufacturière. En 2019, 36 usines d’égrenage étaient en activité, avec une capacité totale d’égrenage de 890 500 tonnes.

Dans la province du Chaco, la production de charbon ne provient pas de mines car il s’agit de charbon végétal (et non minéral). En effet, la région comprend de vastes forêts de quebracho. Cet arbre, symbole du Chaco, présente un bois extrêmement dur et durable, qui est exploité pour réaliser des meubles, des tanins et du charbon de bois. Dans les années 1950 et 1960, cette production de charbon de bois trouvait un débouché naturel vers la province de Jujuy où étaient situées des usines sidérurgiques en demande de coke. En 1967, le Chaco produisait 11,58% de la production nationale de charbon (environ 50 000 tonnes). Désormais, en 2018, la production de charbon de la province s’élevait à 272 000 tonnes par an et le Chaco représentait 80 % des exportations argentines.

#1000 – Boca Juniors : el Único Grande

L’unique grand. Il y a 3 ans, je démarrais ce site avec Boca Junior et son surnom spécifique de Xeneize. Depuis, de nombreux autres clubs et surnoms l’ont enrichi mais, pour le millième article, je devais revenir à Boca, qui ne manque pas de surnoms, et en présenter un qui soit à la hauteur. Si le club, par ses présidents et ses supporteurs, s’est autoproclamé el Único Grande, il ne s’agit pas d’un vol. Certes, ses détracteurs et rivaux ne manqueront pas d’invalider ce titre non-officiel mais en regardant le palmarès et la popularité de Boca, on ne peut pas dire que ce n’est pas mérité.

De base, Boca fait parti des 5 grands. Dans le football argentin, les clubs de Boca Juniors, Independiente, Racing Club, River Plate et San Lorenzo de Almagro sont considérés comme les cinq principaux clubs du pays. A ce titre, on les nomme los cinco grandes del fútbol argentino (les cinq grands du football argentin). Pour illustrer ce propos, ces 5 clubs ont remporté environ les 2 tiers des championnats d’Argentine et concentre près des 3 quarts des Copa Libertadores gagnés par l’Argentine.

Sur le plan national, Boca n’est pas le champion le plus titré, devancé par son rival de River mais le club affiche tout de même 35 championnats argentins au compteur (le premier gagné en 1919, deuxième détenteur de titres de champion). Surtout, parmi les 5 grandes, et depuis la relégation de River en 2011 et d’Independiente en 2013 en seconde division, il est le seul à ne pas avoir quitté l’élite argentine depuis son accession en 1914. Du côté de la Coupe nationale, Boca remporta la première édition en 1969 et 3 autres suivirent (en 2012, 2015 et 2020), en faisant le recordman de titres. Le club détient aussi le record de SuperCoupe d’Argentine remporté avec deux victoires (2018 et 2022) ainsi que de Coupe de la Ligue avec également deux trophées (2020 et 2022). Sur le plan international, Boca peut se vanter d’avoir conquis 3 Coupes Intercontinental (1977, 2000 et 2003 face respectivement au Borussia Mönchengladbach, au Real Madrid et au Milan AC), 6 Copa Libertadores (1977, 1978, 2000, 2001, 2003 et 2007 auquel s’ajoute 5 finales perdues), 2 Copa Sudamericana (2004 et 2005 – record de la compétition), 4 Recopa Sudamericana (1990, 2005, 2006 et 2008 – record de la compétition), 1 Supercopa Sudamericana (1989), 1 Copa Máster de Supercopa (1992) et 1 Copa de Oro Nicolás Leoz (1993). Boca Juniors est le club sud-américain qui a disputé le plus de finales de compétitions internationales, avec un total de 29 finales. A cela s’ajoute une multitude de tournois régionaux.

Il a été désigné comme le meilleur club d’Amérique du Sud du 21ème siècle par la Fédération internationale de l’histoire et des statistiques du football (IFFHS) en 2011, club le plus mythique de l’histoire de l’Amérique et le huitième plus mythique du monde selon le magazine allemand Kicker en 2014 et club de football le plus emblématique du monde pour le magazine anglais FourFourTwo en 2015. Boca Junior est le club argentin qui compte le plus grand nombre de peñas (clubs de supporters) en Argentine, avec 269 recensés, ainsi que dans divers pays du monde (Brésil, Mexique, États-Unis, Canada, Espagne, Italie, Israël et Japon). Selon de nombreux sondages, le club est le plus populaire d’Argentine, adoré par environ 35%-40% des fans argentins de football, devant River et loin devant les autres.

#984 – Instituto AC Córdoba : la Gloria

La gloire. Le club, qui a vu passé à leurs débuts Mario Kempes et Osvaldo Ardiles ou plus récemment Paulo Dybala, retrouve cette saison l’élite argentine, qu’il ne connut que 17 ans sur ces 104 ans d’existence. Son palmarès demeure limité, avec seulement des titres de seconde division nationale (1999, 2004). Mais, si l’Instituto possède ce surnom, c’est qu’il traversa au moins une période faste.

Fondé le 8 août 1918 par un groupe de cheminots des Ferrocarril Central Córdoba, le club s’affilia immédiatement à la Liga Cordobesa de Fútbol et débuta en seconde division. L’ascension du nouveau club fut rapide puisque en 1919 et en 1920, il remportait déjà l’antichambre de l’élite de Córdoba. Puis, l’équipe de l’Instituto mit la main sur le football local, en remportant le championnat de première division de la Liga Cordobesa de Fútbol, 4 année du suite (de 1925 à 1928). Après le premier titre de 1925, l’équipe le conserva la saison suivante en étant invaincue (11 victoires et 3 nuls). Lors de cette campagne, à l’avant dernière journée, l’Instituto restait à 5 points de Talleres mais comptait 3 matchs de retard. Il remporta ces 4 derniers matchs pour s’adjuger le titre. Le 3ème titre, en 1927, fut le plus difficile à gagner. A l’issue des 16 matchs de championnat, l’équipe comptait 10 victoires, 5 nuls et 1 défaite (avec 39 buts pour et 17 contre) mais se retrouvait pourtant à égalité avec Talleres à la tête du championnat. Le match pour les départager se joua le 6 novembre 1927 et l’Instituto écrasa Talleres 4 buts à 1. Enfin, la campagne de 1928 fut certainement la plus aboutie et facile. Le club termina avec 7 points d’avance sur le second, Talleres, remportant 14 matchs sur 16 (dont 7 d’affilée), soit 29 points sur 32 possible. Cette domination à Córdoba convainquit plusieurs des meilleurs clubs du pays à affronter l’Instituto. En 1927, Newell’s Old Boys réussit, ce qui semblait impossible, à vaincre l’Instituto 6-3 à Córdoba. Mais au match retour, l’Instituto prit sa revanche avec une victoire 4-2 à Rosario. En 1928, à Rosario, le club les battit à nouveau 5 buts à 2.

Ces quatre titres ont conduit Instituto à recevoir le surnom de Los Gloriosos, simplifier plus tard en La Gloria. De cette époque glorieuse, les noms de José María Lizondo, Pedro Saldaño, Manuel Zárate, Atilio Pedrotti, Rosendo Cepeda, Félix Pacheco, Roberto Devoto et Tomás Tapia ressortent.

#974 – CA Chacarita Juniors : Tricolor

Le tricolor. Surnom qui n’a rien d’étonnant étant donné que les joueurs du club arborent un maillot avec 3 couleurs, rouge, noir et blanc. Précisément, il s’agit d’une tunique rayée de ces 3 couleurs. Le dessinateur et écrivain argentin, Roberto Fontanarrosa, passionné de football et supporteur de Rosario Central, exprimait dans son livre référence sur le football argentin « No te vayas campeón » son amour pour le maillot de Chacarita « Qué linda es la camiseta de Chacarita. Es más, si algún día me hacen uno de esos tontos reportajes llamados “ping-pong”, cuando me pregunten por “una camiseta”, diré: “La de Chacarita”. Es la que más me gusta (…) la de Chacarita tiene, si se quiere, un toque de sofisticación, de ingenio. Y yo creo que ese toque reside en esa línea finita, blanca, que se ha colado entre las rojas y las negras, más anchas y prepotentes. Esa línea delgada y blanca aporta un trazo de distinción, brinda luz, relieve, cierto brillo. » (Qu’elle est belle la chemise de Chacarita. D’ailleurs, si un jour ils font un de ces interviews « ping-pong » à la con, quand ils me demanderont « une chemise », je dirai : « Celle de Chacarita ». C’est celle que j’aime le plus (…) Chacarita’s a, si vous voulez, une touche de sophistication, d’ingéniosité. Et je pense que cette touche réside dans cette fine ligne blanche, qui s’est glissée entre les lignes rouge et noire, plus larges et plus imposantes. Cette fine ligne blanche apporte une touche de distinction, de lumière, de relief, un certain éclat.).

La tradition raconte que ces couleurs faisaient référence à leurs origines. Le club fut fondé le jour de la fête du travail, le 1er mai 1906, par une bande d’amis, dans les bureaux de la section 17 du Parti Socialiste local. Dans ce quartier populaire, les membres étaient tous proches des idées socialistes d’où le choix du rouge. Le noir pourrait laisser penser à une autre tendance politique de gauche, l’anarchisme de la puissante Federación Obrera Regional Argentina (Fédération Ouvrière Régionale Argentine – FORA), rattachée à la Première Internationale. Mais, il est plus communément admis que le noir représenterait le cimetière qui rythme la vie du quartier de Chacarita depuis le XIXème siècle et demeure l’un des plus grands du monde (cf. #855). Enfin, le blanc signifierait la pureté qui caractérise la jeunesse, le lien avec le terme « junior » dans le nom du club.

Toutefois, initialement, le club n’évolua pas dans ces couleurs devenues traditionnelles. Tout débuta avec un maillot bleu ciel avec une bande blanche horizontale sur la poitrine. Mais, à partir de 1911, certains des joueurs désertèrent vers d’autres clubs voisins et la section football perdit de sa splendeur. En 1919, une nouvelle direction décida de donner une nouvelle impulsion avec une « refondation » . Cette renaissance serait passée par le nouveau maillot tricolore. Toutefois, aucun document ou témoignage permet de prouver les raisons de ce changement, ni de le dater. D’ailleurs, l’acte de refondation ne mentionnait ni les couleurs ni les maillots.

Avant même le maillot bleu ciel, selon l’un des fondateurs, José Manuel Lema, le premier équipement porté par l’équipe consistait en une veste blanche avec un petit bouclier en guise de poche et était un cadeau de la sœur d’un des membres, Alfredo Palacios. Le 18 avril 1907, le journal « La Argentina » publiait un article qui décrivait le maillot du club comme rouge et blanc accompagné d’un pantalon blanc. Le 2 mai 1908, le journal « El Mundo » rapportait un changement de tenue avec une chemise rayée verte et blanche ainsi qu’un short bleu marine. Le 9 août 1922, le journal « La República » mentionnait un match entre Chacarita Juniors et Vida y Acción où le club évoluait avec une tenue bleue. Finalement, le fameux tricolore serait apparu en 1924. Le 12 avril de cette année, une publication de « Última hora » annonçait que Chacarita changeait ses couleurs. Selon le journal, Chacarita Juniors s’était fourni auprès d’une entreprise européenne après que les dirigeants de l’institution décidèrent ce changement afin de se distinguer des nombreux clubs qui portaient du bleu. Ces 3 couleurs proviendraient d’un maillot porté par l’un des acteurs de la refondation, Nicodemo Perticone. Selon son fils, le tissu de ce maillot aurait été offert à la mère de Nicodemo par une autre immigrée d’origine arabe sur le bateau qui les emmenaient vers l’Argentine. Mais, le tissu étant trop coloré pour la mode de l’époque, la mère de Nicodemo aurait confectionné un maillot pour que son fils pût jouer au football. Nicolás Caputo, un autre pionner de la refondation, fut séduit par les couleurs originales du maillot de son compère et les proposa à la direction.

#970 – CA Palmira : Jarillero

Larrea, une famille de plante originaire du continent américain et dont les espèces d’Amérique du Sud se dénomme localement jarilla. Que vient faire cette plante pour ce club de la ville de Palmira ? Comme souvent, l’industrie ferroviaire constitua un terreau fertil pour l’éclosion et le développement du football. La construction de chemins de fer permit à de nombreux ingénieurs et ouvriers anglais d’exporter le football à travers le monde. Puis, l’entretien et l’exploitation de ces lignes nécessitaient de nombreux cheminots qui devaient bien s’occuper pendant leur temps libre. En 1912, un groupe de cheminots décidèrent de passer du loisir à un club de football qu’ils dénommèrent Tracción Talleres (Ateliers de traction). Le premier terrain de l’équipe se situait naturellement proche d’une voie ferrée. Seulement, lorsque les trains passaient, les rejets de la locomotive à vapeur polluaient l’environnement du terrain et notamment la terre. Résultat, le gazon ne réussissait pas à pousser. Néanmoins, un buisson dur et sec parvenait à résister et avait envahi le terrain et ses alentours, le jarilla.

#946 – CA Aldosivi : el Tiburón

Le requin, qui, dans un style simplifié, trône fièrement sur la gauche du blason. Ce club argentin de Mar el Plata a une connexion particulière avec la France. Le gouvernement argentin lança le 12 décembre 1909 un appel d’offres pour la construction d’un port à Mar del Plata et, le 26 novembre 1910, ce fut la solution des ingénieurs entrepreneurs français Allard, Dolfus, Sillard et Wirriot qui remporta ce concours. Leurs ouvriers décidèrent de créer un club de football pour s’adonner à leur nouveau loisir. Pour le nom de leur association, ils prirent les premières lettres de leur employeur ALlard, DOlfus, SIllard et WIrriot.

Le surnom du club est tiré à la fois de la situation géographique de la ville de Mar el Plata ainsi qu’au tempérament prétendu ou réel de l’équipe. Située sur la côte Atlantique, au bord de la Mer d’Argentine, Mar el Plata est un important port et une station balnéaire renommée. L’objectif initial de ce port était d’exporter la production des riches plaines fertiles de l’intérieur du pays vers les pays consommateurs européens. Aujourd’hui, il est principalement tourné vers les activités de pêche (en 2007, 44 000 tonnes de poissons transitaient dans le port) tandis que le transport de céréales et l’importation de pétrole demeurent des activités secondaires. Le tourisme s’est également développé. Ainsi, le port accueille une réplique de la grotte de Lourdes. Surtout, une réserve d’otaries, située sur une plage de la côte intérieure de la digue sud, abrite une colonie de 800 spécimens mâles. Le conseil municipal déclara l’animal « monument historique » de Mar del Plata. Mais, pour représenter le lien de la ville, de son club de foot avec la mer, l’otarie apparaissait peut-être trop gentil. Ce fut donc un autre animal maritime et endémique qui inspira le surnom, le requin. En effet, en Mer d’Argentine, il existe une trentaines d’espèces de requins, présents à la fois sur les côtes, en pleine mer et dans les profondeurs. Beaucoup d’entre eux sont migrateurs. Les plus communs sont le requin épineux et la roussette, qui peut atteindre un mètre et demi. Les plus grands sont le requin cuivre, requin-taureau ou le requin plat-nez, avec environ 3 mètres de long.

Le surnom apparût en 1975 quand le club remporta 3 titres consécutifs dans la ligue régionale (1973, 1974 et 1975) et joua ces 3 mêmes saisons en première division. Lors de cette dernière saison, il remporta même un match face à Boca Junior, 2 buts à 1. Le surnom devait donc se rapporter au port mais surtout le requin est le roi des mers (comme le lion l’est sur terre). Or, l’équipe semblait dévorer ses adversaires comme le requin.

Aujourd’hui, si le requin apparaît sur l’écusson, le club possède également une réplique de requin de 20 mètres de long qui se ballade sur le terrain à chaque match à domicile. En outre, en 2015, l’équipementier du club sortit un maillot gris, avec pour motif, la peau d’un requin.