#1143 – Ismaily SC : الدراويش

Les derviches. Fondé en 1921 sous le nom de Renaissance de la Jeunesse Egyptienne, le club devint ensuite le Club Ismaïl, du nom du Khédive Ismaïl Pacha. En 1947, le nom fut de nouveau changé pour définitivement devenir Ismaily, du nom de la cité d’Ismaïlia. Le surnom de derviches est certainement l’un des plus célèbres pour le 3ème plus grand club égyptien. Il fait référence à la famille درويش (Darwish) qui dans les années 1960 et 1970, évoluèrent pour Ismaily. Les principaux membres comprenaient Bijou, Amin (dit Mimi) et Hassan. A cette fratrie s’ajoutait également un autre homonyme Mostafa Darwish. Tous participèrent à l’âge d’or du club, qui se conclut par le premier titre de champion d’Egypte du club lors de la saison 1966-1967 (alors que le championnat avait jusque là était remporté que par des clubs du Caire et d’Alexandrie) et surtout la première victoire d’un club égyptien et arabe en coupe d’Afrique des clubs champion en 1969 (empêchant alors le TP Mazembe de réaliser un triplé historique). Les plus célèbres Darwish, Mini et Hassan, étaient des défenseurs élégants et il n’étaient pas rare que, par leurs jeux et leurs dribbles, les Darwish fissent tourner leurs adversaires comme des toupies. A l’image des danseurs derviches. Le journaliste sportif Naguib Al-Mestakawi, qui donnait souvent des surnoms, le fit pour Ismaily en faisant la comparaison entre les Darwish et les derviches.

Les derviches sont des ascètes, membres d’une fraternité soufie. Le nom derviche dériverait du mot perse در (dar – la porte) et signifie « celui qui ouvre la porte » . Mais, il pourrait descendre d’un mot proto-iranien comme drigu- qui désigne un nécessiteux, un mendiant. Les derviches mendiaient en allant de maison en maison et l’abandon des besoins matériels comme les valeurs d’amour et de service sont les bases de leur spiritualité pour atteindre Dieu. Ils sont particulièrement connus en Occident au travers d’une attraction touristique en Turquie, les derviches tournants. Ces derniers, appartenant à l’ordre de Mevlevi, fondé au XIIIème siècle par Jalal al-Din Rumi à Konya, dansent en tournoyant, avec leurs jupes qui se soulèvent, lors d’une cérémonie formelle connue sous le nom de Samā‘. Danse extatique, elle s’accompagne d’une récitation d’une prière islamique dévotionnelle. En Égypte, la pratique du tournoiement soufique est connue sous le nom de التنورة (el-tanoura).

#1065 – SD Aucas : Papá Aucas

Le papa Aucas. Le club de la capitale équatorienne a gagné une aura paternelle auprès de ses fans dès ses premières années d’existence. En 1945, Marius J. Federicus Hulswit, cadre néerlandais de la Royal Dutch Shell en Équateur, avait l’ambition de créer la meilleure équipe. Il reçut le soutien de son employeur et le SD Aucas vit le jour. Pour le choix du nom, Enrique Illingworth Quevedo, directeur de la compagnie pétrolière, suggéra Aucas. Il s’agit du nom donné par le peuple Quichua aux Huaorani, des indigènes d’Amazonie connus pour être des guerriers intrépides et des chasseurs extraordinaires. Cette réputation, entretenue par leur agressivité vis-à-vis des autres peuples indigènes et des envahisseurs blancs, engendra ce terme péjoratif d’auca qui signifie en langue quichua « sauvage ». Or, lorsque la compagnie pétrolière Shell réalisa des prospections dans la forêt amazonienne, elle subit la résistance des Huaorani et, convaincu que cet état d’esprit devait inspirer les joueurs mais aussi pour redorer l’image de sa compagnie, Enrique Illingworth Quevedo suggéra donc ce nom.

Avec le fort soutien financier de Shell, Aucas s’imposa rapidement comme l’une des meilleures équipes équatoriennes dans les années 1940 et 1950. En 1945, elle remporta son premier championnat de la province de Pichincha (celle de Quito). Mais la puissance de l’équipe fut telle qu’elle gagna également les championnats en 1946, 1947, 1948 et 1949. Alors que le championnat national n’existait pas encore, elle fut considérée comme le champion du pays en 1946 quand elle fut vainqueur de la meilleure ligue régionale et demeura invaincu lors des matchs qui l’opposa aux champions des autres provinces. La fédération la retint même pour des matchs internationaux. Résultat, le club devint l’idole de la capitale avec une base de fans qui ne cessait d’augmenter. Cette aura remplissait les stades où le club évoluait. Le professionnalisme n’existait pas encore d’où les recettes importantes générées par Aucas étaient redistribués aux autres équipes de la région de Pichincha. La solidarité du club s’exprima aussi dans sa participation gratuite à des matchs caritatifs. Il contribua ainsi à la récolte de fonds pour les victimes du tremblement de terre d’Ambato, de l’incendie de Durán, de l’incendie de Santa Ana de Manabí, de l’incendie d’Archidona, pour les joueurs blessés de toutes les équipes … Cette générosité et cette bienveillance envers toutes les équipes lui fit gagner le surnom de Papá.

#809 – Maccabi Petah-Tikva : הלוזונים

Les luzons. Ne cherchez pas dans un dictionnaire la définition d’un luzon car il ne s’agit pas d’un nom commun. Le surnom vient ici souligner l’identification du club avec son propriétaire, Avraham Luzon. Le club constitue un des plus anciens représentants du football en Israël. Moins de 10 ans après l’apparition du Maccabi Tel Aviv, des étudiants juifs de Constantinople fondèrent en 1912, à l’époque de l’occupation ottomane, le club de Petah-Tikva. Même s’il fit plusieurs fois l’ascenseur entre l’élite et la seconde division (première relégation en 1966), il demeura un club historique et faisant parti du paysage du football israélien avant l’arrivée d’Avraham Luzon. Toutefois, le palmarès était plutôt léger. En 1991, Avraham Luzon, cadre supérieur de l’Israel Discount Bank, avec son frère Amos Luzon, prirent le contrôle du club. L’effet fut immédiat avec une remontée en première division l’année. En même temps qu’Avraham Luzon prit des responsabilités au sein des instances israéliennes (vice-président, trésorier puis président de la fédération de 2007 à 2014) et européennes (Membre du Comité Exécutif depuis 2009 ainsi que président de la Commission des médias et vice-président de la Commission futsal et beach soccer), le club monta dans la hiérarchie. Il devint vice-champion en 2005 et remporta 2 Coupes de la Ligue (2003-04 et 2015-16). L’équipe parvint même à se qualifier pour la première fois pour une compétition européenne (C3) en 2004. L’implication d’Avraham Luzon permit donc au club de bonifier sa situation sportive mais aussi de le structurer en améliorant le centre de formation, via la création de nombreuses équipes de jeunes. Outre son frère, les cousins d’Avraham Luzon participèrent également à la vie du club. Ancien joueur, Guy Luzon entraina plusieurs fois l’équipe professionnelle. Un autre cousin, Idan Malihi, joua pour l’équipe professionnelle durant 6 ans.

#791 – Club Necaxa : los Once Hermanos

Les onze frères. Fondé en 1923, le club gagna une certaine renommée assez rapidement. Son jeu basé sur des passes courtes et rapides permit à son équipe de remporter par deux fois la Copa Eliminatoria, ancêtre de la Coupe du Mexique, en 1925 et 1926. Toutefois, dans le tournoi national, Necaxa ne s’imposait pas face aux autres clubs de Mexico qui trustaient tous les titres. Avec la nouvelle décennie (1930), Necaxa monta en puissance et se transforma en l’une des places fortes du football mexicain. Lors de la saison 1931-1932, Necaxa atteignit la première place à égalité avec Atlante et, après 3 matchs pour les départager, cette dernière remporta le titre. La vengeance de Necaxa se produisit l’année d’après. A l’avant dernier match du tournoi, le club affronta une nouvelle fois Atlante et le vainqueur serait sacré Champion du Mexique. Le 4 juin 1933, Necaxa toucha l’excellence en balayant Atlante 9 buts à zéro. Pour couronner cette victoire, Necaxa réalisa le doublé en gagnant la Coupe. Derrière, le club confirma sa main mise sur le football mexicain en remportant 3 autres championnats (1934–35, 1936–37, 1937–38) ainsi qu’une nouvelle Coupe du Mexique (1935–36). La saison 1935-1936 fut l’apothéose avec le doublé coupe-championnat. L’équipe représenta également le Mexique à un tournoi d’Amérique Centrale qui se déroulait au Salvador. Le Mexique le remporta et gagna son premier titre international grâce à son ossarture provenant de Necaxa. Cette époque dorée fut possible grâce au formidable esprit qui régnait au sein de l’équipe. Composée de Raúl « Pipiolo » Estrada, Lorenzo « La Yegua » Camarena, Antonio Azpiri, Guillermo « Perro » Ortega, Ignacio « Calavera » Ávila, Marcial « Chato » Ortiz, Vicente « Chamaco » García, Tomás « Poeta » Lozano, Hilario « Moco » López, du péruvien Julio « Chino » Lorez et de Luis « Pichojos » Pérez, l’équipe resta soudée pendant toutes ces années, se trouvant aveuglement sur le terrain tellement les joueurs se connaissaient. Ils étaient comme onze frères. En 1936, un dernier frère les rejoignit en la personne de Horacio Casarín. Il devint rapidement une pièce maitresse de l’équipe de Necaxa et de la sélection mexicaine de par ses qualités techniques. Casarín était un joueur complet, fort des deux pieds mais également de la tête.

#443 – Club Cerro Porteño : Azulgrana

Les bleus et grenats (rouges). Quand le club fut fondé le 1er octobre 1912, le Paraguay connaissait une période politique trouble. Coincé entre le Brésil et l’Argentine, le pays connut une fin de XIXème siècle difficile où il perdit une guerre et devint quasiment un état vassal du Brésil. Puis, sous le gouvernement de Bernardino Caballero (1880-1886), le pays se redressa et deux partis politiques naquirent en 1887 : le Parti Liberal (symbolisé par la couleur bleu) le Parti Colorado (rouge). Au cours des années suivantes, le Parti libéral dirigea le pays mais il était divisé en fractions, ce qui conduisit à une instabilité politique constante. En outre, les révolutions successives menées à la fois par les libéraux dissidents et les Colorados déstabilisèrent également les institutions. Le pays était fractionné en deux parties qui s’affrontaient. La maison familiale des Núñez en était la parfaite illustration. Une partie de la famille dont la mère supportait les libéraux tandis que l’autre emmenée par le père était pour les colorados. Or, ce fut dans cette maison avec le support de Mme Susana Núñez et de certains de ces enfants que le club fut créé. Mme Núñez décida alors que la toute nouvelle institution devait être un havre de paix où les supporteurs devaient être unis derrière leur équipe, quelque soit leurs origines et orientations politiques, et seul le sort de celle-ci était important. Elle souhaitait reproduire au sein du club la solidarité de sa famille malgré les différences politiques qui la composait et ainsi démontrer dans la pratique que les Paraguayens, quel que soit leur opinion politique, étaient capables de faire de grandes choses quand ils étaient unis. Pour cette raison, elle cousit un drapeau aux couleurs des deux partis politiques, bleu et rouge, mais ces dernières étaient intercalées donc étroitement liées. Ces deux couleurs furent donc adoptées par le club.

#409 – Peñarol Montevideo : Manyas

Terme difficilement traduisible mais dont voici l’histoire. Tout est lié avec le joueur uruguayen Carlos Scarone, d’origine italienne et dont toute la famille supportait Peñarol. Scarone joua pour le CURCC (ancêtre de Peñarol). Avant-centre agressif et techniquement brillant, Scarone composa avec un autre jeune joueur, Jose Piendibene, un formidable duo d’attaque qui conduisit Peñarol au titre de champion en 1911. Tenté par une aventure à l’étranger et un beau salaire, Scarone signa pour Boca Juniors en Argentine en 1913. Au bout d’une année, après une maladie contractée en Argentine, il rentrât au pays. Il eut alors deux offres : une de Peñarol et une autre, du club rival de Nacional. Seulement, le second lui offrit des émoluments nettement supérieurs au salaire proposé par Peñarol et également beaucoup d’attention. Scarone n’hésita pas longtemps. Sa famille fut déçu et, lors d’un repas de famille, Carlo Scarone justifia son choix pécunier en déclarant: « ¿ A qué me iba a quedar ?¿ A mangiare merda ? » (pourquoi y aller [à Peñarol] ? pour manger de la merde ?). Cette phrase mélangeant italien et espagnol (le terme mangiare était un mot italien) était typique de la communauté italienne d’Uruguay. Ce mot s’espagnolisa pour devenir manyas. Quelques mois plus tard (le 26 juin 1914), Carlos Scarone et le Nacional jouèrent le derby face au Peñarol. Ce dernier le remporta 2-1. Pendant tout le match, le milieu de Peñarol, Manuel Varela, empêcha Carlos Scarone de développer son jeu qui lui répondit par des coups de pieds. Carlos Scarone déclara avec mépris à son adversaire : « Jueguen ustedes que son unos manyas » (jouez, vous êtes des mangeurs de merde). Sa prestation fut si décevante que le journal La Razón écrivit sur Scarone : « jugó más mal que los demás. Se cayó 22 veces en el partido, cuando podía jugar la pelota. Es malo caerse » (Il a joué moins bien que les autres. Il est tombé 22 fois dans le jeu, alors qu’il pouvait jouer le ballon. C’est mauvais de tomber). A la fin du match, le père de Carlos Scarone, qui assistait au match dans les gradins et avait supporté son club de toujours, Peñarol, célébra la victoire et répondit à son fils « perche no juega ahora usted que no es manya » (et pourquoi vous ne jouez pas maintenant puisque vous n’êtes pas des mange merde »). Par la suite, ce terme désobligeant fut revendiqué avec fierté par les supporteurs de Peñarol. Il signifie maintenant que la fidélité et l’attachement inconditionnel au Peñarol est plus fort que les aspects économiques. Cette mésaventure ne perturba pas Carlos Scarone qui évolua avec le maillot du Nacional pendant 13 saisons (jusqu’en 1927). Il fut huit fois champion d’Uruguay avec Nacional, marquant 152 buts en 227 matchs disputés. Il fut également champion d’Amérique avec l’équipe uruguayenne en 1917 et 1920.

#311 – FC Schalke 04 : Schalker Kreisel

La toupie de Schalke. En 1920, deux frères allemands Fred et Hans Ballmann furent expulsés d’Angleterre vers l’Allemagne et atterrirent à Schalke, après avoir rencontré un des membres du club lors de leur internement pendant la Première Guerre Mondiale. N’ayant quasiment vécu qu’en Angleterre (même si la famille était originaire de Dortmund, la ville rivale), tous deux ne parlaient pratiquement pas l’allemand. En revanche, ils apprirent à jouer au football dans la patrie de ce sport. Ils importèrent ainsi dans l’équipe de Schalke le style de jeu inventé par les écossais, fait de passes courtes et de mouvements des joueurs, inconnu alors en Allemagne. Les joueurs couraient ainsi librement créant des espaces et des opportunités, et se passaient rapidement la balle de manière transversale ou latérale. Les mouvements des joueurs et de la balle qui tournaient donnait l’impression d’une toupie. Le maître à jouer de Schalke, Hans Bornemann, résuma plus tard le principe du jeu: « Nicht der, der im Ballbesitz ist, bestimmt das Spiel, sondern die, die sich freilaufen, zwingen zum Abspiel » (Ce n’est pas celui qui a le ballon qui détermine le jeu, mais ceux qui courent librement qui font le jeu). Le Schalker Kreisel était né. Encore fallait-il des joueurs capables de le développer. Ce fut le cas avec Fritz Szepan et Ernst Kuzorra. Nés tous les deux à Schalke et plus tard beaux-frères, ils sublimèrent le Schalker Kreisel. Face à ce style de jeu, les équipes allemandes utilisaient la tactique du Scottish Furche (le sillon écossais) qui consistaient en une organisation pyramidale : 2 défenseurs, 3 milieux amenant la balle de l’arrière vers l’avant et une attaque de 5 joueurs à plat. Ces deux styles s’opposèrent mais le Schalker Kreisel donna le tournis aux équipes adverses, transformant Schalke d’une association locale en une machine de guerre. A partir de 1926, Schalke se qualifia constamment au championnat ouest-allemand et conquit ses premiers titres nationaux, champion ouest-allemand en 1929, 1930, 1932 et 1933.

#264 – SC Internacional : Inter

Diminutif du nom du club, d’où le club brésilien tient-il ce nom ? Une fois de plus, plusieurs versions subsistent. La plus pertinente (ou la plus probable) est la suivante. Au début du XXème siècle, de nombreux clubs furent créés par des immigrants et étaient ouverts qu’aux membres de ces communautés. Ainsi, le club Palestra Itália Paulista regroupaient les italiens de São Paulo tandis que le Società Sportiva Palestra Italia était ouvert aux italiens de Belo Horizonte. Le Vasco de Gama était lié à la communauté portugaise de Rio de Janeiro. A Porto Alegre, deux clubs existaient, Grêmio Foot-Ball Porto Alegrense et Fuss Ball Porto Alegre, qui étaient ouverts aux italiens et aux allemands pour le premier et aux allemands uniquement pour le second. Ainsi, un groupe d’étudiants emmené par les frères Poppe créèrent en 1909 le SC International, avec la volonté que le club soit ouvert à tous, quelque soit son origine sociale ou géographique. Le nom du club rendait hommage au club pauliste dénommé Sport Club Internacional, champion l’année précédente, qui avait la même volonté d’ouverture et dont le terme International traduisait cet idéal humaniste. Une autre thèse avance que le club fut fondé par des italiens et que son nom était en l’honneur de l’Internazionale de Milan. Cette version paraît peu probable car le club milanais avait été fondé à peine un an avant le club brésilien, à une époque où les moyens de communication, en particulier transatlantique, étaient plutôt limités. En outre, la famille Poppe, arrivée à Porto Alegre en 1901, serait d’origine néerlandaise.

#261 – FC Sochaux : les Lionceaux

La raison de ce surnom est assez logique quand on connaît l’histoire du club franc-comtois. Même si Jean-Claude Plessis, président du club entre 1999 et 2008, déclarait « Peugeot fabrique des voitures, pas des footballeurs. Une victoire en rallye donnera toujours plus de crédibilité à ses voitures« , le club fut longtemps intimement lié au constructeur automobile. Dans une vision paternaliste, assez habituelle à la fin du XIXème siècle, Peugeot supporta la création de plusieurs associations sportives dans ses différentes usines située dans la vallée du Doubs. La principale se trouvait dans la banlieue de Sochaux, à Valentigney où se situait les usines de Peugeot Cycle. Renommé dans toute la Franche-Comté, l’AS Valentigney connut son heure de gloire avec une finale de Coupe de France, perdue en 1926 face à l’Olympique de Marseille. En 1928, Jean-Pierre Peugeot, président du groupe Peugeot, qui venait de réorganiser toute son outil de production en le centralisant à Sochaux, ne pouvait pas s’appuyer sur la structure amateur de Valentigney pour accueillir son vecteur de publicité de la marque Peugeot. Or, deux salariés de la filiale automobile venaient de créer le FC Sochaux. Jean-Pierre Peugeot décida de soutenir cette structure en en faisant un auxiliaire du constructeur automobile. D’un côté, une équipe professionnelle, comptant de nombreux joueurs étrangers vedettes, pour promouvoir Peugeot (alors que le professionnalisme n’était pas encore accepté par la fédération française). De l’autre, des formations amateurs où se soulageaient et se dépensaient les ouvriers de l’usine. D’autres d’entreprises avaient déjà fait de même (Fiat avec Juventus, Casino avec Saint-Etienne, Pommery avec Reims, Philips avec PSV …).

Les symboles du club (blason, couleurs) ne firent pas l’objet de grande discussion. Lié à l’entreprise automobile, le club reprit ces codes. Ainsi, le lion devint l’emblème du club qui figure depuis la création sur l’écusson du club. Au milieu du XIXème siècle, l’entreprise Peugeot n’était pas encore concentrée dans l’automobile et fabriquait plutôt des outils, en particulier des lames de scie. Les frères Jules et Emile Peugeot demandèrent alors à un orfèvre et graveur de Montbéliard, Justin Blazer, de créer un logo basé sur le lion. Marchant sur ses quatre pattes de profil, ce lion symbolisait « la souplesse de la lame, la résistance des dents, et la rapidité de coupe ». En 1948, le lion prit la posture héraldique, reprenant ainsi alors le design du lion de la Franche-Comté, région où se situe Sochaux, le berceau de Peugeot. Le lion a l’avantage de rattacher le club à ses origines industrielle comme géographique. Mais, le 17 juillet 2015, Peugeot se retira du club et Sochaux fut racheté par un groupe chinois. Le lion ne disparaît pas de l’écusson mais il se détache alors du design du groupe automobile.

#245 – Defensor SC : el Tuerto

Le borgne. Pas évident d’être compétitif quand son équipe est handicapée. Pourtant, la version officielle de ce surnom fait effectivement référence aux « borgnes » ayant joués pour le club. Au milieu des années 1920, l’équipe était constituée de trois joueurs souffrant d’une anomalie de la vue (pour certain ce n’était qu’un strabisme). Il s’agissait d’Alfredo Ghierra (fondateur du club), son frère Adolfo Ghierra et Manuel Bravo. Cet handicap ne fut pas un obstacle à la carrière des deux frères Ghierra puisqu’ils furent internationaux uruguayens et Alfredo fut même champion olympique en 1924 et champion d’Amérique du Sud en 1923, 1924 et 1926. Même si leurs résultats en club furent moins flamboyant, beaucoup de gens allaient les admirer jouer même sans être supporteurs du club. Ils disaient alors « nous sommes allés voir le borgne ». Le surnom prit alors racine. Pour certains (et ce n’est pas le cas de la version officielle), ces problèmes oculaires seraient liés à l’autre métier exercé par les joueurs de l’équipe. En effet, plusieurs auraient été des ouvriers d’une verrerie de Punta Carretas, quartier de Montevideo où naquit le club, et ils se seraient blessés aux yeux avec des éclats de verre. Cette version n’est pas appuyé d’éléments probant et pourrait être un amalgame avec les origines du club. En effet, le nom « Defensor » vient d’une équipe formée en 1906 par des ouvriers d’une verrerie de Punta Carretas, appelée « Defensores de la Huelga ». Enfin, en parallèle de la version officielle, une autre histoire circule sur ce surnom. Dans le quartier de Punta Carretas, il y a un phare, construit en 1876 et mesurant 19 mètres de haut. Symbole du quartier, il apparaît sur le blason du club. Ce phare clignote pour se distinguer des autres (depuis 1948, alternance d’un flash rouge et d’un flash blanc). Cet effet aurait donné l’impression aux personnes qui l’observait qu’ils leur manquaient un œil (ou qu’ils clignaient des yeux).