#1150 – Club Libertad : Repollero

En espagnol, le terme désigne les ramasseurs de balle. Mais, pour le club péruvien, le sens est totalement différent puisque le mot dérive de repollo, qui signifie le chou. Repollero pourrait se traduire comme le producteur de chou. Le 30 juillet 1905, une quinzaine de jeunes fondèrent une « association athlétique pour les exercices physiques », dont les buts seraient de promouvoir le football, ainsi que le développement et la vigueur de la jeunesse. À ses débuts, le club jouait sur un terrain vague appartenant à la famille Andreani. Cette zone fut par la suite dénommée Belvedere, car il y avait un établissement commercial portant ce nom à l’angle des rues Brasil et España (désormais Avenue Pérou). Quelques années plus tard, le club déménagea dans le quartier de Las Mercedes, dans un endroit connu sous le nom de « maison de la famille Schinini ». Dans les années 1920, de nombreux immigrants italiens vinrent s’installer dans ce quartier, fuyant le régime fasciste de Benito Mussolini. Ces derniers cultivaient leur propre potager et la culture du chou y était abondante, en raison du sol qui favorisait ce légume. Cette pratique fit que le terrain du club était entouré de chou. D’ailleurs, le stade fut nommé « La Huerta », le potager. En outre, la mascotte s’appelle Don Nicola (ou Don Pascuale) est un personnage aux larges moustaches, au chapeau à carreaux et portant un panier rempli de choux. En bref : un marchand traditionnel de légumes tano (les immigrants ou habitants d’origine italienne en argot espagnol sud-américain).

#1087 – Club Guaraní : el Legendario

La légende. Le club paraguayen constitue une légende à double titre. Tout d’abord, Club Guaraní, qui fête ses 120 ans cette année (fondé le 12 Octobre 1903) est l’un des doyens du football paraguayen. S’il existe plusieurs versions sur l’arrivée du football au Paraguay, elles se rejoignent sur le fait que vers 1901, la pratique se développait sur une ou plusieurs places à Asunción. Le néerlandais William Paats, qui joua un rôle dans l’importation du football dans le pays, contribua à la création du premier club, Olimpia, le 25 juillet 1902. Le Club Guaraní fut donc fondé un peu plus d’un an plus tard. L’emballement se poursuivit et le nombre de clubs s’accrut en 1906. La fédération paraguayenne voyait alors le jour la même année. Aujourd’hui, Olimpia et Guaraní sont les plus anciennes associations du pays.

Le palmarès et les exploits du Club Guaraní participèrent à fonder également sa légende. Certes, parmi les quatre grands clubs du pays (Olimpia, Cerro Porteño, Libertad et Guaraní), Guaraní ne présente pas le palmarès le plus fourni. Le club compte « seulement » 11 titres de champion (contre 46 pour Olimpia, 34 pour Cerro Porteño et 24 pour Libertad). Au delà des titres, le club était l’un des fondateurs de la Fédération paraguayenne de football en 1906. Dans la foulée, Guaraní marqua les esprits en remportant le premier championnat de première division qui se déroula la même année et en demeurant invaincu face aux 5 autres clubs (obtenant 18 sur 20 points possibles, avec 32 buts marqués et seulement 2 encaissés). Pas rassasié, le club réédita l’exploit la saison suivante, en ne perdant aucun match. Aujourd’hui encore, il est le seul club à avoir réalisé le doublé sans défaite. La récolte de titres de l’équipe se poursuit en 1921, 1923 et 1949. L’âge d’or de Guaraní se produisit dans les années 1960 avec 3 titres (1964, 1967 et 1969). Ces deux derniers championnats furent les plus mémorables, le gardien du club, Raimundo Aguilera, battant les records d’invincibilité (1 019 et 1 017 minutes respectivement).

#926 – Club Olimpia : el Rey de Copas

Le roi des coupes. Il s’agit d’un surnom souvent utilisé pour les clubs sud-américains au riche palmarès. Au point qu’un club hondurien, homonyme du Club Olimpia, porte également ce surnom (#375). Revenons à celui objet de cet article. Déjà doyen du football paraguayen, le Club Olimpia possède aussi le plus beau palmarès locale. Fondé en 1902, le club conquit rapidement ses premiers titres. Le club fut ainsi champion du Paraguay pour la première fois lors de la saison 1912. Puis, les titres de champion s’enchaînèrent. Présent au sein de l’élite sans discontinuité depuis la création du championnat en 1906, soit 113 saisons (seul club paraguayen à avoir réalisé cette performance), Club Olimpia a remporté 46 championnats (soit 40% des titres en jeu et record national) et fut 26 fois vice-champion. La formation gagna le titre au moins une fois par décennie. Il fut également le premier à le conquérir 3 fois d’affilée (de 1927 à 1929), 5 fois (de 1956 à 1960), puis enfin 6 fois consécutivement (de 1978 à 1983). Il faut noter que le Paraguay n’avait pas de Coupe nationale avant 1976 (malgré quelques épreuves de Copa República et Torneo de Integración) et que la véritable coupe apparût seulement en 2018. Le championnat se dénommait donc Copa el Diario, pour des raisons de sponsoring et encore aujourd’hui, porte le nom Copa de Primera Tigo Visión Banco. D’où le Club Olimpia est le roi des coupes, qui sont en réalité des championnats.

Mais l’incroyable palmarès de ce club est également complété par des coupes plus classiques. Tout d’abord, il remporta 2 Torneo República en 1976 et 1992, qui était l’ancêtre de l’actuel Copa Paraguay (équivalent à notre de Coupe de France). Puis, il a déjà gagnait une Copa Paraguay en 2021 et une Super Coupe du Paraguay en 2021. Il conquit également 4 Plaqueta Millington Drake, un ancien tournoi de pré-saison qui avait une certaine renommée, en 1943, 1947, 1948 et 1951. Mais ses plus hauts faits d’armes furent réalisés sur la scène continentale. La formation fut la première et la seule à ce jour équipe paraguayenne à remporter la Copa Libertadores en 1979. Deux titres supplémentaires vinrent compléter le tableau en 1990 et 2002. Elle atteignit également 4 fois la finale dont celle de la première édition en 1960, perdue face à Peñarol. Il ramena aussi au pays 1 Supercopa Sudamericana (1990) et 2 Recopa Sudamericana (1991, 2003). Enfin, il conquit deux titres intercontinentaux : 1 Coupe Intercontinentale (1979) et 1 Copa Interamericana (1980).

#820 – CS Luqueño : El Chanchón, Kure Luque

En espagnol sudaméricain, le cochon peut être désigné par le terme chancho et, dans la ville de Luque, chanchón se rapporte au cochon, voire à un gros porc. Le second est du guarani et désigne la ville de Luque comme celle du cochon (kure = cochon). Clairement deux surnoms qui tournent autour de cet animal signifient sans aucun doute que ce club réside dans une ville connue pour sa production porcine. Cette banlieue d’Asunción accueille de nombreux abattoirs et d’usine de charcuterie. La société Itabo Agropecuaria, leader dans la vente de produits issus du porc, ouvre cette année une nouvelle usine et un réfrigérateur nommés La Porkcina à Luque. Pour 10 millions de dollars US d’investissement, l’usine sera en capacité de traiter 35 tonnes par jour et abattre 120 animaux par heure, soit plus ou moins 1 000 animaux par jour. La réputation de la charcuterie de Luque n’est plus à faire dans le pays et chaque année depuis près de 10 ans, la municipalité organise le kure aka (le jour du cochon), une feria traditionnelle et gastronomique autour du cochon, qui rassemble plus de 50 000 personnes. Toutefois, Luque est aussi très connu (voire même plus connu) pour l’orfèvrerie (bijoux en or et argent particulièrement, la ville étant le lieu de résidence de nombreuses bijouteries), ainsi que pour la fabrication d’instruments de musique tels que la harpe et la guitare. Alors pourquoi le porc, animal peu valorisant, a pris le pas sur les autres activités.

La légende raconte que la charcuterie fabriquée à Luque était acheminé vers Asunción par le train. Or, les wagons qui accueillaient ces produits servaient également à transporter les supporteurs ainsi que les joueurs pour aller jouer dans la capitale. Les fans adverses ne mirent pas longtemps à appeler les joueurs et les supporteurs de Luque, les cochons. Ils criaient alors « Allí vienen los Kure Luque » (Voici le Kure Luque).

Pour l’anecdote, il faut savoir que le siège de la Conmebol, la fédération sudaméricaine, se trouve à Luque.

#638 – 12 de Octubre FC : los Tejedores 

Les tisserands. A 30 km au sud de la capitale Asuncion, se situe la ville d’Itauguá, lieu de résidence du club mais également capitale du ñandutí, une dentelle typique du Paraguay. Importée par les espagnols entre le XVIIème et XVIIIème siècle, la technique provient de Tenerife, aux îles Canaries, et de sa dentelle nommée sols (dentelles soleils). Mais, les artisans paraguayens se le sont appropriés en l’enrichissant de motifs locaux tels que les astres, les fleurs et les animaux provenant de la forêt Guaraní. La fleur du Guayabo ou celle du Mburukuja sont les images les plus représentées. Ñandutí signifie toile d’araignée en guarani car cette dentelle ressemble à cette forme tissée par les aranéides. Ainsi, sur une toile tendue par un cadre en bois, la dentelle se compose de cercles brodés de fils blancs ou bien de couleurs vives et en son centre le fameux motif guarani (nommé apyte). Au XIXème siècle, le régime autoritaire établi par le Docteur Francia entreprit la modernisation économique du pays en organisant un protectionnisme dur. Dans ce contexte, l’artisanat fut favorisé pour permettre l’autosuffisance du pays. Ainsi, la production de dentelles locales se développa, notamment l’ao po’í, vêtement originaire de Yataity (une broderie sur tissu indigène, comme un nid d’abeille), laceyú provenant de Cordillera et donc le ñandutí d’Itauguá. Depuis, les femmes indigènes ou métisses d’Itauguá ont fait de cette dentelle leur gagne-pain et l’un des produit phares et typiques du Paraguay.

#533 – Club River Plate : el Kelito

Ce surnom est simplement le nom d’une marque de glace. En effet, dans les années 1940, le stade du club, situé à l’intersection des avenues Mariscal Lopez et General Santos à Asuncion, était rudimentaire. Sans mur d’enceinte, les spectateurs pouvaient regarder le match de l’extérieur du stade sans avoir à payer de billets. Cette perte de recettes ne convenaient évidemment pas à la direction du club, qui chercha alors une alternative. Un des membres du club possédait une usine de glace, dénommée Helados Kelito. Il offrit au club une clôture composée de barrière en laiton, sur lesquels le nom de sa marque de crème glace apparaissait. Cette structure précaire fut d’abord un support de promotion pour ce partenaire mais au fil du temps, elle était devenu un signe distinctif du stade et de son club résident, au point que le stade commença à être surnommé el Kelito. Malgré la construction et le déménagement dans un nouveau stade, le terme el Kelito était devenu populaire dans le milieu du football et, au fil du temps, il s’apparenta plus au club de River Plate qu’au stade lui-même. En 2016, le président du club se permit un jeu de mot après une victoire contre Sol de América en déclarant « El helado derritió al sol » (la glace a fait fondre le soleil).

#508 – Club Nacional : la Academia

L’académie. Au début du XXème siècle, l’instabilité politique sévissait au Paraguay et les programmes scolaires commençaient à envisager le sport comme un des éléments du développement global des élèves. L’enseignant-athlète de nationalité hollandaise, William Paats, importa et chercha à éveiller l’intérêt de ses étudiants à de nouveaux sports venus d’Europe, dont le football. Plusieurs équipes de football se formèrent dans les lieux d’étude de la capital tels que le « Colegio de los Salésiens » , « l’Escuela de Derecho » et « l’Escuela Normal de Maestros » . Dans ce contexte, 17 jeunes collégiens, dont 15 étudiaient au Colegio Nacional de la capital, Asunción, décidèrent de fonder un association sportive le 5 juin 1904. Ainsi naquit le Club Nacional qui reprit plusieurs symboles du collège que ses fondateurs fréquentaient. Tout d’abord le nom. Puis l’uniforme qui devint l’équipement des sportifs. Par la suite, le club devint un grand club formateur du Paraguay. La plupart des plus grands joueurs du pays y furent formés tels que Hector Chávez, Roberto Acuña, Manuel Fleitas Solich, Raúl Piris, Marcos Riveros, Marcos Melgarejo et Ignacio Don. mais, surtout, de ses rangs, sorti Arsenio Erico, considéré par la FIFA comme le meilleur joueur paraguayen de tous les temps. S’il obtint sa réputation en Argentine avec Independiente, où il est toujours le meilleur buteur de tous les temps du championnat d’Argentine, il fut formé, évolua plusieurs fois et termina sa carrière sous les couleurs du Nacional (1930-1933, 1942 et 1949). Ce lien avec le collège Nacional mais surtout cette tradition de formation (qui produisit le plus grand joueur) donna le surnom d’Academia.

#443 – Club Cerro Porteño : Azulgrana

Les bleus et grenats (rouges). Quand le club fut fondé le 1er octobre 1912, le Paraguay connaissait une période politique trouble. Coincé entre le Brésil et l’Argentine, le pays connut une fin de XIXème siècle difficile où il perdit une guerre et devint quasiment un état vassal du Brésil. Puis, sous le gouvernement de Bernardino Caballero (1880-1886), le pays se redressa et deux partis politiques naquirent en 1887 : le Parti Liberal (symbolisé par la couleur bleu) le Parti Colorado (rouge). Au cours des années suivantes, le Parti libéral dirigea le pays mais il était divisé en fractions, ce qui conduisit à une instabilité politique constante. En outre, les révolutions successives menées à la fois par les libéraux dissidents et les Colorados déstabilisèrent également les institutions. Le pays était fractionné en deux parties qui s’affrontaient. La maison familiale des Núñez en était la parfaite illustration. Une partie de la famille dont la mère supportait les libéraux tandis que l’autre emmenée par le père était pour les colorados. Or, ce fut dans cette maison avec le support de Mme Susana Núñez et de certains de ces enfants que le club fut créé. Mme Núñez décida alors que la toute nouvelle institution devait être un havre de paix où les supporteurs devaient être unis derrière leur équipe, quelque soit leurs origines et orientations politiques, et seul le sort de celle-ci était important. Elle souhaitait reproduire au sein du club la solidarité de sa famille malgré les différences politiques qui la composait et ainsi démontrer dans la pratique que les Paraguayens, quel que soit leur opinion politique, étaient capables de faire de grandes choses quand ils étaient unis. Pour cette raison, elle cousit un drapeau aux couleurs des deux partis politiques, bleu et rouge, mais ces dernières étaient intercalées donc étroitement liées. Ces deux couleurs furent donc adoptées par le club.

#383 – Club Sol de América : el Danzarín

Le danseur. Le club paraguayen a aujourd’hui son stade à Villa Elisa, dans l’agglomération d’Asunción, mais son port d’attache historique se situe dans le Barrio Obrero, un quartier populaire et ouvrier d’Asunción. Son siège comme son centre d’entrainement demeure encore dans ce quartier. Comme beaucoup de club sudaméricain, avec une attache très locale, le Club Sol n’offre pas simplement une animation sportive mais s’implique dans la vie du quartier. Ainsi, pendant longtemps, le club avait l’habitude d’organiser des bals et carnavals, réputés pour être les meilleures soirées de la capitale. Ceci d’autant plus que son siège se situe proche de la Quinta Avenida (5ème avenue), où se trouvent plusieurs petits bars et restaurants. En outre, ces bals étaient un moyen de fidéliser, attirer les supporteurs étant donné que le Barrio Obrero est également le siège de 3 autres clubs importants du Paraguay (Cerro Porteño, Nacional et Club Atlántida), avec des infrastructures qui se côtoient.

#151 – Club Libertad : Gumarelo, el Guma

Le mot n’a pas de signification mais il se rattache totalement au club paraguayen. Son origine est floue puisque deux versions coexistent. La première version indique que ce surnom provient d’un personnage fictif créé par le journaliste argentin Antonio Franiecevich, dans les années 1919/1920, dans l’hebdomadaire sportif « La Gaceta ». Ce personnage pittoresque se dénommait « Pascuale Gummarello » et tenait une rubrique intitulée « Dizertazioni, Conferenzia e Tutti-quanti » (dissertation, conférence et tout le reste). Il avait une apparence très similaire à Don Nicola (un personnage d’une bande dessinée argentine, fan de Boca Juniors) avec les mains dans les poches, un peu voûté, un chapeau et une moustache imposante. Il parlait sur n’importe quel sujet d’actualité mais surtout du Club Libertad, dont il était fan. Il s’exprimait dans un espagnol italianisé comme de nombreux supporteurs du club qui avaient leur origine en Italie.

La deuxième version mentionne que le nom vient de la combinaison des noms de deux familles de fervents supporteurs appelés les Giummaresi et les Nuzzarello. Appartenant à la communauté italienne du Paraguay, comme beaucoup de supporteurs du club, le mélange des deux noms donnait Gummarello, qui apparemment était un mot d’un dialecte napolitain.