#980 – AS Roma : Giallorossi

Les jaune et rouge. A mon gout, la tunique romaine est l’une des plus belles alliances de couleurs dans le football : le pourpre et l’or. Elle a été réduit au rouge et au jaune car la teinte de ces deux couleurs a varié dans le temps. Mais, je trouve qu’elles soutiennent une idée de beauté et de noblesse, sensation pas si éloignée de la volonté originelle des influenceurs de ces deux couleurs. Petit voyage dans le temps. En 1927, l’AS Roma naquit de la fusion de trois clubs de football romain (Fortitudo Pro Roma, Alba Audace et Roman). Le projet était porté par deux personnalités politiques influentes de l’époque : Italo Foschi , président du Fortitudo, mais aussi secrétaire de la section de Rome du Parti Fasciste et membre du CONI, et Ulisse Igliori, président d’Alba Audace et membre du Conseil du Parti Fasciste. L’objectif était de créer un grand club portant haut les couleurs de la capitale afin de s’opposer aux clubs du nord du pays. Pour conserver la base de supporteurs des 3 clubs comme élargir l’audience à toute la ville, les fondateurs comprirent que la symbolique allait jouer un rôle crucial. Tout d’abord, le choix simple de retenir le nom de la ville comme nom du club. Puis, l’adoption de la louve du capitol qui renvoie au mythe fondateur de la Cité éternelle, Romulus et Remus (cf. #65).

Enfin, il ne pouvait en être autrement pour les couleurs. Les fondateurs reprirent les couleurs des bannières de l’Empire Romain et du Capitole (l’une des 7 collines de Rome, centre religieux de la ville sous l’antiquité et dont le nom Capitole provient de Caput Urbis, signifiant « l’endroit principal de la ville ») : le pourpre et l’or. Pour s’identifier à la ville, il n’y avait pas mieux que se référer aux grandes heures antiques et à la colline « centrale » de la ville. Ces deux couleurs avaient des significations particulières pour les romains. D’une part, le pourpre (ou rouge impérial) était associé à Mars, Dieu de la Guerre (qui renvoyait donc une image de puissance et de pouvoir) et père des jumeaux, Romulus et Rémus (les fondateurs de la cité romaine). Même si le rouge était une teinte facile à obtenir pour colorer les tissus, cette couleur était attachée à l’aristocratie. L’or ou l’ocre reflétait la puissance divine, la gloire, la richesse puisqu’il s’agissait de la couleur du soleil et des éclairs comme de l’or. Sa présence sur les bannières romaines annonçait aux barbares ce que la civilisation romaine allait leur apporter ie la puissance et la lumière divines qui perçaient les ténèbres. Autant dire que ces couleurs portaient une charge symbolique double et forte (le lien avec le monde antique et les valeurs qu’elles véhiculaient) qui convenaient aux fondateurs. L’expression que j’utilisais au début de l’article (créer un grand club portant haut les couleurs de la capitale) était donc plus qu’appropriée.

Même si les teintes ont variées du plus clair au plus foncé (avec parfois un rouge ou jaune qui ont viré vers l’orange), la tunique romaine s’est quasiment toujours résumée à un maillot rouge aux parements jaunes (col et bords de manche généralement).

#65 – AS Roma : Lupa

La louve. La référence est évidente à la fois car il s’agit du symbole du club qui apparaît sur son écusson et souvent dans ses produits dérivés. Egalement car le mythe de Romulus et Remus est l’identité de la ville éternelle et connu par beaucoup. Ces jumeaux, fils du dieu Mars et de la vestale Rhéa Silvia, sont connus pour être les fondateurs de Rome. Nouveau-nés, ils furent abandonnés à la demande de leur oncle sur le Tibre et recueillis par une louve qui les allaitèrent. Par la suite, les jumeaux se vengèrent de leur oncle, fondèrent Rome mais la volonté de gouverner la ville entraîna le fratricide de Remus par Romulus. Depuis l’Antiquité, l’image des jumeaux allaités par une louve est un symbole de la ville de Rome et depuis de l’AS Roma.

En 1927, l’AS Roma naquit de la fusion de trois clubs de football romain (Fortitudo Pro Roma, Alba Audace et Roman). L’objectif était de créer un grand club portant haut les couleurs de la capitale afin de s’opposer aux clubs du nord du pays. Pour conserver la base de supporteurs des 3 clubs comme élargir l’audience à toute la ville, les fondateurs comprirent que la symbolique allait jouer un rôle crucial. Tout d’abord, le choix simple de retenir le nom de la ville comme nom du club. Puis, le choix des couleurs en se référant aux bannières de l’Empire Romain et du Capitole (cf. #980). Il était donc logique que la louve du Capitole soit adoptée comme symbole du club et complète son identité. Paradoxalement, elle n’apparut sur le maillot du club et son écusson qu’un demi-siècle après la fondation. Au cours des premières années, aucun blason se présentait sur le maillot. Puis, au milieu des années 1930, un premier écusson formé des initiales du nom du club « ASR » au sein d’un cercle s’installa sur la tunique. Puis, il disparut de nouveau pour revenir sporadiquement en 1953 et au début des années 1960. Finalement, en 1978, Dino Viola prit la direction du club et s’intéressa immédiatement à développer les revenus du merchandising. Ainsi, pour se distinguer, la louve s’imposa à cette époque dans le blason comme sur le maillot. Encore que ce n’était pas vraiment une louve et encore moins dans sa position d’allaitement actuelle et classique. En effet, il s’agissait d’une tête de loup, affectueusement appelé Lupetto, créé par le graphiste milanais Piero Gratton (1939-2020). A cette époque, la stylisation des emblèmes du club étaient à la mode parmi les clubs italiens (diavoletto du Milan, le taureau du Torino ou l’aigle de la Lazio). Cette tête demeura jusqu’au milieu des années 1990 avant que la louve capitoline se dévoila sur le maillot à l’été 1997.

Seulement si le terme Lupa signifie louve en italien, en latin il a le même sens que celui de prostituée. Or, une des légendes raconte que les jumeaux furent recueillis par un berger du nom de Faustulus et sa femme, Larentia, prostituée. En jouant sur le double sens du mot, d’autres auteurs auraient détourné la légende pour y intégrer une louve, dont la symbolique est plus puissante que celle d’une prostitué. Officiellement, le surnom de l’AS Roma provient de l’animal. Si vous n’aimez pas le club, vous pouvez en changer le sens.