#1157 – Maghreb AS : النمور الصفر

Les tigres jaunes. Avec ses maillots jaunes et noirs (traditionnellement rayés), ce surnom sonnait comme une évidence. Au Maghreb, l’émergence de clubs indigènes faisait écho à la montée des nationalismes arabes. Par opposition aux clubs réunissant les communautés européennes, les indigènes fondèrent des associations sportives pour porter la voix des indépendantistes. Cette histoire fut donc celles de nombreux clubs maghrébins dont le MAS. En 1946, face au vieux club de l’US Fès qui intégraient les français depuis 1915, plusieurs équipes autochtones de quartiers se battaient, agaçant alors les autorités françaises. Les indépendantistes prirent le partie d’unifier ces différentes équipes pour monter un nouveau projet commun, fédérant la jeunesse et diffusant les idées nationalistes. Ainsi, le 16 octobre 1946, le MAS vit le jour.

Représentant les valeurs indépendantistes, le choix du nom du club ainsi que ses couleurs furent dictées par cette vision. Le nom faisait référence à cette région historique de l’Afrique du Nord, à la fois période dorée de la puissance arabe (sous les dynasties Ommeyade et Abbasside) et époque de soumission à la puissance coloniale française (Maghreb désignait l’Afrique Française du Nord qui regroupait le Maroc, l’Algérie et la Tunisie). Les couleurs furent celles de l’Empire Chérifien, rouge et vert. Depuis les Almohades, les dynasties régnantes sur le Maroc arboraient des bannières rouges, parfois ornées de certaines symboliques. C’était le cas de la dynastie alaouite qui avait un drapeau intégralement rouge. En 1915, pour éviter toute confusion avec de nombreux drapeaux maritimes qui étaient également rouges, Moulay Youssef décida d’intégrer, au drapeau rouge, le sceau de Salomon en vert.

L’équipe joua dans ses couleurs jusqu’à l’indépendance du Maroc en 1956. Le choix fut alors fait de passer au bleu et blanc. Puis, au début des années 1960, nouveau changement de couleur. Cette fois, le jaune et noir s’établit sur le blason et le maillot du club.

#1156 – Tigres UANL : Auriazules

Les jaune et bleu. L’écusson du club comme le maillot des joueurs se résument à ses deux couleurs, qui ne sont pas celles de l’animal symbole de l’équipe. Pas plus d’ailleurs celles de l’équipe précurseurs, le CD Nuevo León, fondé en 1957 et finalement déménagé à l’UANL en 1960, dont les couleurs étaient le vert et le blanc. Finalement, lorsque le 7 Mars 1960, le CD Nuevo León cessa d’exister après de multiples problèmes financiers, l’association passa sous le contrôle du conseil d’administration de l’Université autonome de Nuevo León, où l’équipe fut rebaptisée Club Deportivo Universitario de Nuevo León. Naturellement, le nouveau club s’intégra à l’université et s’attacha la communauté étudiante comme base de fans en reprenant ses couleurs bleu et jaune.

Si au XIXème siècle, plusieurs chairs se mirent en place au Nuevo León, l’université, regroupant et encadrant ces différents enseignements, vit le jour en 1933. Son blason apparût seulement 15 ans plus tard. Le 3 Décembre 1948, la proposition d’écusson de l’architecte Joaquín Antonio Mora Alvarado et du docteur Enrique Carlos Livas Villareal, qui présentèrent leur travail sous le pseudonyme de Castor et Pólux, fut adoptée par le Conseil pour représenter l’Université. Il synthétisait les différentes valeurs de la faculté dont les principales, universalité et liberté. Les armes se présentent comme une torche enflammée (la flamme, symbole de vie, éclairant le monde de sa connaissance, de la vérité, de son universalisme) s’insérant dans le mouvement d’un atome (unité minimale de la matière et allégorie de la science). Les couleurs principales sont le bleu, le jaune, soulignées par du rouge. Mais, ce sont bien les deux premières qui demeurent aujourd’hui celles de l’université et qui ont rejaillies sur les équipes sportives de l’UANL.

#1109 – SC Toulon : les Azur et Or

Le Sporting Club de Toulon naquit au lendemain de la Seconde guerre mondiale par la fusion de deux clubs de la ville, le Sporting Club du Temple (fondé en 1933) et la Jeunesse Sportive Toulonnaise. Le premier choix de couleurs se porta sur le jaune et noir, sans connaître la raison (était-ce le mélange des couleurs des deux clubs ?). Lors de la saison 1955-1956, le club abandonna ces couleurs pour adopter celles de la ville de Toulon. La cité varoise arbore un blason représentant une croix grecque jaune sur un fond bleu (D’azur à la croix d’or). Il est souvent avancé que cette croix est un rappel de celle du Christ et également une évocation des croisades. Toulon ne fut pas une ville de passage ou d’embarquement des croisés, à l’exception du Comte de Provence Gilbert de Boson qui embarqua de Toulon lors de la première croisade. Il est vrai toutefois que Toulon, du Xème siècle au XIIème siècle, fut de nombreuses fois attaqués et pillés par les Sarrasins, ce qui lia la ville au mouvement général de combat des Chrétiens face aux Musulmans à cette époque. D’autres estiment que Toulon se serait inspiré des armoiries des villes voisines de Marseille, Fréjus ou Antibes qui arborent effectivement une croix. Quand aux couleurs du blason de Toulon, les origines sont méconnues.

En 1406, les registres de comptes de la commune comportaient au bas de ses pages des petits blasons noirs et blancs contenant une croix. Ces illustrations semblaient tenir lieu de signatures aux comptables de la ville et cette pratique perdura jusqu’en 1554. Une autre représentation du blasonnement apparait en 1494 sur la couverture d’un registre de comptes trésoraires. Il montrait un écu orange à la croix d’azur. En 1553, sur un registre de délibérations de 1477, les armes de Toulon furent dessinés avec les couleurs actuels. Néanmoins, en 1563, le blason affichait cette fois des couleurs inversées, un écu d’or à la croix d’azur. Les couleurs actuelles semblèrent définitivement fixées à compter de 1584. D’ailleurs, elles furent enregistrées officiellement par le Consul de Toulon dans cette version dans les registres de l’armorial général du royaume en 1696.

#1082 – UD Las Palmas : Pio-Pio

Piu-Piu, l’onomatopée qui imite le piaillement des oiseaux. Evidemment, l’équipe évoluant en jaune et le Serin des Canaries étant une espèce de passereau jaunâtre endémique des Îles Canaries, le terme Pio-Pio apparaît adapté. D’autant plus que la cité de Las Palmas de Grande Canarie se situe dans les Îles Canaries dont le nom suggère immédiatement l’oiseau. Pourtant, ce dernier point est faux puisque, s’il existe différentes versions sur l’étymologie des Îles Canaries, la plupart converge vers … le chien. En effet, Canaries pourraient faire référence, soit aux premiers peuples berbères habitant les Îles et dont le nom était canarii (Pline l’Ancien les nommait ainsi. Le mot dérivait du latin canis (chien) et soulignait le caractère sauvage de ce peuple), soit aux chiens de garenne des Canaries qui peuplent les Îles (Pline l’Ancien les décrivit suite au voyage du Roi berbère Juba II de Maurétanie dans les Îles), soit enfin en raison des phoques dénommés chiens de mer (canis marinus) que les explorateurs européens découvrirent en arrivant sur l’Île.

Dès sa création en 1949, le club opta pour les couleurs du drapeau de l’île de Grande Canarie (où se situe Las Palmas et qui constitue l’une des îles de l’archipel des Canaries) : jaune et bleu. Le choix de ces couleurs pour Grande Canarie n’est pas documenté mais aujourd’hui, on attribut à ses couleurs le fait de représenter la mer (bleu) et le paysage désertique des sommets de l’île (jaune). Pour le club, dans l’édition du 20 octobre 1949 du journal « Canarias Deportiva », les couleurs furent décrites comme « el oro de nuestras playas y el azul de nuestro mar » (l’or de nos plages et le bleu de notre mer).

La naissance du surnom intervint bien plus tard, dans les années 1980. Lors d’un derby face au CD Tenerife, les supporteurs de Las Palmas se déplacèrent au Stade Heliodoro Rodríguez López. Ils furent reçus avec des insultes et des jets d’œufs, accompagnés des cris « canarión » (petit canarie). Le célèbre supporteur de Las Palmas, Fernando El Bandera, leur répondit alors par « Pio-Pio« . Et à chaque nouveau cri ou insulte, Fernando scandait « Pio-Pio » . Le terme devint un encouragement, une chanson qui raisonnait dans les tribunes puis enfin le surnom du club et de ses joueurs. En Décembre 1994, la mascotte sous la forme d’un canari fit son apparition et prit le nom de Pio-Pio.

#1070 – CD Coopsol : el Submarino Amarillo

Le sous-marin jaune. Voici donc un troisième club dans le monde qui se revendique de la célèbre chanson des Beatles (les autres étant Cadix #433 et surtout Villareal #120). Comme pour les deux autres clubs, le fait d’évoluer en couleur jaune a naturellement donné le surnom. La raison de cette teinte est simple. L’actionnaire et sponsor du club est le groupe Coopsol, un conglomérat péruvien né il y a 28 ans et comptant 12 filiales, offrant différents services (intérim et recrutement, nettoyage, services d’ingénierie …). Coopsol est l’acronyme de Cooperativa Solar (Coopérative solaire) et le soleil apparaît sous forme stylisée sur le blason de l’entreprise. Logique alors de retenir le jaune comme couleur.

Certes, la capitale péruvienne qui accueille l’équipe se situe sur la côte de l’Océan Pacifique mais la référence à l’engin subaquatique ne provient pas de la situation géographique. En réalité, au début des années 2000, le groupe Coopsol tentait d’investir le football sur 2 fronts, en rachetant 2 clubs évoluant en première et en seconde division. Mais ce fut deux échecs et finalement en 2004, il reprit un autre club, le Deportivo Aviación. Ce dernier fut fondé en 1964 comme une émanation sportive des forces aériennes péruviennes (Fuerza Aérea del Perú). Le club était donc soutenu par l’armée de l’air, notamment en étant sponsorisé par la compagnie aérienne militaire, TANS. Mais, deux accidents aériens intervenus en 2003 puis en 2005 eurent raison de la compagnie, qui fait faillite en 2006. Résultat, au début des années 2000, TANS et les forces aériennes retirèrent leur soutien financier au Deportivo Aviación, qui déclina et chercha de nouveaux parrains. Ce fut dans ce contexte que Coopsol mit la main sur le Deportivo Aviación pour fonder son nouvel étendard sportif. D’abord dénommé Aviación-Coopsol, il perdit tout lien avec ses racines aériennes en 2009 en devenant le Deportivo Coopsol. Néanmoins, dans la mémoire collective et en particulier dans celle des adversaires, ce lien existe toujours et donc, le sous-marin du surnom est pour moquer les origines aériennes du club.

#1029 – AEL Limassol : Οι Γαλαζοκίτρινοι

Les bleu et jaune. L’AEL Limassol fait parti de ses grands clubs omnisports du monde grec, avec notamment des sections de football, basket-ball et volley-ball qui excellent au niveau national (mais aussi du futsal, du handball, du bowling et du billard). Le football apparaît même le sport le moins titré du club avec « seulement » 6 championnats de Chypre et 7 coupes. Revenons aux racines du club en 1930. Parmi la bonne société de la cité de Limassol, un jeune homme de 20 ans, Theodosis Konstantinidis, se passionnait pour le sport et convainquit son ami Nikos Solomonidis de créer une association sportive. L’idée se propagea au sein de la jeunesse de toutes les couches sociales de la ville et séduit même le directeur local du cadastre qui soutint l’initiative. Le premier rassemblement qui réunit une vingtaine de personnes eut lieu le 4 octobre 1930 à la confiserie Σεντ Τζορτζ de la rue Agiou Andreou. La première assemblée décida de nommer le club AEΛ (AEL) pour Αθλητική Ένωση Λεμεσού (Association sportive de Limassol). Puis Penos Antoniadis proposa les couleurs du club, le bleu, le jaune et le blanc, qui furent adoptées. Contrairement à bien d’autres choix que j’ai relaté, cette proposition ne reposait sur aucune symbolique mais simplement sur l’appréciation de l’association de ces 3 couleurs. Le club défend cette idée même si certains essayent de trouver une justification. Ainsi, Limassol étant une ville baignée par la mer (le bleu) et le soleil (le jaune).

#1028 – Benevento Calcio : Giallorossi

Les jaune et rouge. Les couleurs traditionnelles de Bénévent sont le jaune et le rouge, disposés en bandes verticales sur le maillot des joueurs, accompagnées de shorts noirs ou rouges et de chaussettes noires ou rouges. Pourtant, le club dont l’histoire fut mouvementé avec 4 refondations (en 1938, 1962, 1990 et la dernière fois en 2005) connut également d’autres couleurs. A la fondation en 1929, le SS Littorio Benevento (son premier nom) évoluait en bleu. En 1938, suite à sa première renaissance, le club aurait opté pour les couleurs jaune et rouge. Au lendemain de la guerre, le 23 février 1947, Avellino affrontait Bénévent. La légende raconte que les deux équipes choisirent de se présenter avec un maillot au couleur de leurs liqueurs locales. Ainsi, Avellino opta pour le vert, couleur typique de l' »Anthémis », une liqueur provenant d’une petite fleur parfumée et réalisée par l’abbaye bénédictine de Loreto di Montevergine. Du côté, de Bénévent, le club prit la couleur jaune de la « Strega » . Cette liqueur amer fabriquée par l’entreprise Strega Alberti à Bénévent est confectionné à partir de 70 herbes et épices dont du safran qui lui donne sa coloration jaune. En 1953, l’AC Sanvito prit le relais de l’équipe première de Bénévent et mit alors en valeur ses couleurs rouge et noire. Finalement, en 1962, le Bénévent Calcio était refondé et reprit ses couleurs traditionnelles rouge et jaune, que le club porte jusqu’à présent. Toutefois, lors de la saison 1990-1991 et une partie de la saison 1991-1992, les joueurs évoluèrent avec un maillot rouge et gris argenté, couleurs héraldique des armoiries de la ville. Levée de boucliers des supporteurs qui réussirent au bout d’un an à faire reculer le club (aidé par la famille Cotroneo qui acquit en mars 1992 la propriété du club).

Si le rouge et le gris argenté (équivalent au blanc en héraldisme) se trouvent sur les armoiries de la ville, le jaune y est également associé comme sur la bannière de la ville. Cette dernière se compose à l’image du drapeau français avec les couleurs jaune, blanc et rouge. Les armes se décrivent comme écartelée de gueules (rouge) et d’argent (blanc), à la tête d’or (jaune) chargée d’un sanglier. La présence de ces 3 couleurs sur les armoiries n’est pas connue.

#1008 – Peñarol Montevideo : los Mirasoles

Les tournesols. La grande plante, qui suit la courbe du soleil, présente une fleur (qui n’en est pas une en réalité) aux pétales jaunes et aux graines noires. Or, ces deux couleurs sont celles du club de Montevideo depuis sa création. Le club naquit le 28 septembre 1891 sous le nom de Central Uruguay Railway Cricket Club, sous l’impulsion de 118 salariés de la compagnie ferroviaire anglaise, Central Uruguay Railway Company. Cette dernière, fondée en 1872 à Londres, était l’une des 4 sociétés de chemin de fer de l’Uruguay. Naturellement, les fondateurs du club puisèrent dans leur quotidien les symboles du nouveau club. Ainsi, le premier maillot du club était composé d’un damier (de quatre cases) jaune et noir. Ces deux couleurs rendaient hommage à l’une des premières locomotives à vapeur, the Rocket (la fusée). Construite en 1829, elle fut conçue par l’ingénieur anglais George Stephenson, considéré comme l’un des « pères fondateurs » du chemin de fer à vapeur. Elle combinait plusieurs innovations de précédentes locomotives pour donner la machine la plus avancée de son époque et qui demeura la base de la plupart des moteurs à vapeur au cours des 150 années suivantes. Remportant le concours du Rainhill Trials, cette locomotive traînait treize tonnes à presque 25 km/h et pouvait atteindre la vitesse record de 56 km/h (sans charge). Elle fut exploitée sur la nouvelle ligne Liverpool-Manchester et sa fiabilité et ses performances aidèrent à l’expansion du chemin de fer. Stephenson choisit de peindre sa locomotive en jaune et noir. Il se serait inspiré des diligences les plus rapides de l’époque qui affichaient ces couleurs et ainsi il pensait suggérer vitesse et fiabilité.

#998 – Alemannia Aix-la-Chapelle : Kartoffelkäfer

Les doryphores. Oui, ce petite insecte, ennemi bien connu des cultivateurs de pomme de terre, à l’aspect peu séduisant, est le surnom d’une équipe de football. Or, son aspect est à l’origine direct du surnom des joueurs d’Aix la Chapelle. Ses œufs sont de couleurs jaune vif. À l’état de larve qui mesure environ 1 cm de long, l’insecte est rouge orangé avec des stigmates noirs sur les côtés. Puis, à ,l’âge adulte, il arbore une carapace jaune rayée de bande noire dans le sens de la longueur. Or, les couleurs du club sont le noir et le jaune. Et pendant de nombreux années, le maillot d’Alemannia était rayé de bandes noires et jaunes. De quoi rappeler ce coléoptère que les allemands venaient de découvrir. En effet, l’aire d’origine du doryphore se situait au Mexique central. Puis, au XIXème siècle, il se propagea aux Etats-Unis à partir du Sud-Ouest et attint l’Europe, par la région de Bordeaux, dans les années 1920. A l’aube de la Second Guerre Mondiale, le Doryphore s’installa en Allemagne.

A la fin du XIXème siècle, les étudiants de 3 lycées de la ville, Kaiser-Wilhelm-Gymnasium, Oberrealschule et Realgymnasium, se rencontraient régulièrement sur une aire de jeux de la rue Franzstraße. En mai 1900, ils décidèrent de fonder un nouveau club. Dans un Empire Allemand naissant (sa proclamation datait de 1871, soit à peine 30 ans avant), le sport était un catalyseur de la jeunesse et un moyen d’y affirmer l’identité d’une nation. Ainsi, de nombreuses nouvelles associations sportives firent le choix de s’approprier ou de se référer à des symboles forts d’une prétendue éternelle nation allemande. Dans le nom de clubs, ce choix fut flagrant : Borussia qui signifie Prusse en latin (à Dortmund, Mönchengladbach et un club de Berlin), Preussen qui signifie prusse en allemand (à Hamm et à Berlin), Germania nom latin de l’Allemagne (à Berlin, Brême, Francfort, Mühlhausen, Mannheim et Braunschweig), Arminia, en rapport avec le chef barbare Arminus, présenté comme un héros national (à Bielefeld), Teutonia détivé du peuple germanique Teuton, parfois synonyme d’Allemagne (pour un club de Berlin) et Deutscher, Allemand en allemand (à Hannovre). Pour les étudiants-fondateurs d’Aix-la-Chapelle, le choix se porta sur un peuple germanique qui fut présent dans la région d’Aix-la-Chapelle, les Alamans.

Pour les couleurs, la décision fut plus facile puisque les couleurs de la cité du Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie sont le noir et le jaune. Elles sont tirés directement des armes de la ville qui représentent, sur un fond jaune, un aigle noir, copie quasi-parfaite des armoiries du Saint-Empire romain germanique (d’or, à l’aigle déployé à bec de sable et membré de gueules). Cette tradition de l’aigle noir sur fond jaune comme armes d’une ville était largement diffusée au sein du Saint-Empire tels que pour les villes de Besançon (France – ville impériale en 1290), Dortmund (Allemagne – ville impériale en 1236), Essen (Allemagne – ville impériale en 1377), Lübeck (Allemagne – ville impériale en 1226), Nimègue (Pays-Bas – ville impériale en 1230), Nördlingen (Allemagne – ville impériale en 1215) ou Reutlingen (Allemagne – ville impériale vers 1240). En effet, la cité qui obtenait le statut de ville-libre ou ville impériale, n’était plus soumis à aucun souverain local mais dépendait directement de l’Empereur. Cette grande liberté se traduisait donc dans les armoiries en reprenant le bouclier du Saint-Empire. L’avantage pour les fondateurs étaient donc d’honorer les couleurs de la ville tout en revendiquant une identité allemande, en se référant au Saint-Empire.

#980 – AS Roma : Giallorossi

Les jaune et rouge. A mon gout, la tunique romaine est l’une des plus belles alliances de couleurs dans le football : le pourpre et l’or. Elle a été réduit au rouge et au jaune car la teinte de ces deux couleurs a varié dans le temps. Mais, je trouve qu’elles soutiennent une idée de beauté et de noblesse, sensation pas si éloignée de la volonté originelle des influenceurs de ces deux couleurs. Petit voyage dans le temps. En 1927, l’AS Roma naquit de la fusion de trois clubs de football romain (Fortitudo Pro Roma, Alba Audace et Roman). Le projet était porté par deux personnalités politiques influentes de l’époque : Italo Foschi , président du Fortitudo, mais aussi secrétaire de la section de Rome du Parti Fasciste et membre du CONI, et Ulisse Igliori, président d’Alba Audace et membre du Conseil du Parti Fasciste. L’objectif était de créer un grand club portant haut les couleurs de la capitale afin de s’opposer aux clubs du nord du pays. Pour conserver la base de supporteurs des 3 clubs comme élargir l’audience à toute la ville, les fondateurs comprirent que la symbolique allait jouer un rôle crucial. Tout d’abord, le choix simple de retenir le nom de la ville comme nom du club. Puis, l’adoption de la louve du capitol qui renvoie au mythe fondateur de la Cité éternelle, Romulus et Remus (cf. #65).

Enfin, il ne pouvait en être autrement pour les couleurs. Les fondateurs reprirent les couleurs des bannières de l’Empire Romain et du Capitole (l’une des 7 collines de Rome, centre religieux de la ville sous l’antiquité et dont le nom Capitole provient de Caput Urbis, signifiant « l’endroit principal de la ville ») : le pourpre et l’or. Pour s’identifier à la ville, il n’y avait pas mieux que se référer aux grandes heures antiques et à la colline « centrale » de la ville. Ces deux couleurs avaient des significations particulières pour les romains. D’une part, le pourpre (ou rouge impérial) était associé à Mars, Dieu de la Guerre (qui renvoyait donc une image de puissance et de pouvoir) et père des jumeaux, Romulus et Rémus (les fondateurs de la cité romaine). Même si le rouge était une teinte facile à obtenir pour colorer les tissus, cette couleur était attachée à l’aristocratie. L’or ou l’ocre reflétait la puissance divine, la gloire, la richesse puisqu’il s’agissait de la couleur du soleil et des éclairs comme de l’or. Sa présence sur les bannières romaines annonçait aux barbares ce que la civilisation romaine allait leur apporter ie la puissance et la lumière divines qui perçaient les ténèbres. Autant dire que ces couleurs portaient une charge symbolique double et forte (le lien avec le monde antique et les valeurs qu’elles véhiculaient) qui convenaient aux fondateurs. L’expression que j’utilisais au début de l’article (créer un grand club portant haut les couleurs de la capitale) était donc plus qu’appropriée.

Même si les teintes ont variées du plus clair au plus foncé (avec parfois un rouge ou jaune qui ont viré vers l’orange), la tunique romaine s’est quasiment toujours résumée à un maillot rouge aux parements jaunes (col et bords de manche généralement).