#1072 – US Avellino : Lupi

Les loups. Niché au cœur d’une vallée d’origine volcanique dans les Apennins campaniens, Avellino possède des armoiries où trône un agneau pascal. Etonnant alors d’aller choisir le prédateur de l’agneau comme symbole et surnom. Mais, dans les bois de cette partie des Apennins, le loup gris était un habitant endémique qui, comme dans d’autres régions d’Europe occidental, avait disparu ces dernières décennies. Mais il semble avoir fait sa réapparition depuis quelques années. Le Loup d’Italie (ou Canis lupus italicus), une sous-espèce du loup gris, a vu le jour dans cette chaîne montagneuse des Apennins avant de se répandre dans les Alpes, le Sud de la France et en Alsace. Au-delà de sa présence et de son appartenance à cette région, le loup y a aussi construit une légende. La ville d’Avellino fut fondée par les Hirpins. Ces derniers étaient l’une des quatre tribus qui composaient le peuple samnite, une ligue de communautés italiques établies dans le Samnium. Or, la tradition rapportée par les auteurs anciens (en particulier Strabon) est que les Hirpins se seraient établis dans la région d’Avellino suite à une migration sacrée, le ver sacrum (printemps sacrée). Ce rite, dédié à un dieu (principalement Mars, Jupiter ou Apollon) à qui avait été fait un vœu, poussait une communauté à expulser une génération de jeunes hommes afin de fonder une nouvelle colonie, guidée dans cette quête par un animal sacré (loup, taureau, aigle …). Le nom de cet animal servait à baptiser la nouvelle communauté ainsi formée. Mais, selon les conclusions d’historiens, ce récit serait phantasmé et permettait de travestir rétrospectivement une réalité plus violente. Pour en revenir à notre récit, la légende, évoquée par Sextus Pompeius Festus, rappelle que, guidé par un loup, un peuple s’installa à Avellino et se nomma Hirpins. Ce terme dérive de Hirpus qui signifie loup en langue osque (celle que parlait les Samnites). Ainsi, le loup est un animal sacré dans la région d’Avellino et qui trouve sa place sur le blason du club de football.

#980 – AS Roma : Giallorossi

Les jaune et rouge. A mon gout, la tunique romaine est l’une des plus belles alliances de couleurs dans le football : le pourpre et l’or. Elle a été réduit au rouge et au jaune car la teinte de ces deux couleurs a varié dans le temps. Mais, je trouve qu’elles soutiennent une idée de beauté et de noblesse, sensation pas si éloignée de la volonté originelle des influenceurs de ces deux couleurs. Petit voyage dans le temps. En 1927, l’AS Roma naquit de la fusion de trois clubs de football romain (Fortitudo Pro Roma, Alba Audace et Roman). Le projet était porté par deux personnalités politiques influentes de l’époque : Italo Foschi , président du Fortitudo, mais aussi secrétaire de la section de Rome du Parti Fasciste et membre du CONI, et Ulisse Igliori, président d’Alba Audace et membre du Conseil du Parti Fasciste. L’objectif était de créer un grand club portant haut les couleurs de la capitale afin de s’opposer aux clubs du nord du pays. Pour conserver la base de supporteurs des 3 clubs comme élargir l’audience à toute la ville, les fondateurs comprirent que la symbolique allait jouer un rôle crucial. Tout d’abord, le choix simple de retenir le nom de la ville comme nom du club. Puis, l’adoption de la louve du capitol qui renvoie au mythe fondateur de la Cité éternelle, Romulus et Remus (cf. #65).

Enfin, il ne pouvait en être autrement pour les couleurs. Les fondateurs reprirent les couleurs des bannières de l’Empire Romain et du Capitole (l’une des 7 collines de Rome, centre religieux de la ville sous l’antiquité et dont le nom Capitole provient de Caput Urbis, signifiant « l’endroit principal de la ville ») : le pourpre et l’or. Pour s’identifier à la ville, il n’y avait pas mieux que se référer aux grandes heures antiques et à la colline « centrale » de la ville. Ces deux couleurs avaient des significations particulières pour les romains. D’une part, le pourpre (ou rouge impérial) était associé à Mars, Dieu de la Guerre (qui renvoyait donc une image de puissance et de pouvoir) et père des jumeaux, Romulus et Rémus (les fondateurs de la cité romaine). Même si le rouge était une teinte facile à obtenir pour colorer les tissus, cette couleur était attachée à l’aristocratie. L’or ou l’ocre reflétait la puissance divine, la gloire, la richesse puisqu’il s’agissait de la couleur du soleil et des éclairs comme de l’or. Sa présence sur les bannières romaines annonçait aux barbares ce que la civilisation romaine allait leur apporter ie la puissance et la lumière divines qui perçaient les ténèbres. Autant dire que ces couleurs portaient une charge symbolique double et forte (le lien avec le monde antique et les valeurs qu’elles véhiculaient) qui convenaient aux fondateurs. L’expression que j’utilisais au début de l’article (créer un grand club portant haut les couleurs de la capitale) était donc plus qu’appropriée.

Même si les teintes ont variées du plus clair au plus foncé (avec parfois un rouge ou jaune qui ont viré vers l’orange), la tunique romaine s’est quasiment toujours résumée à un maillot rouge aux parements jaunes (col et bords de manche généralement).

#958 – Exeter City FC : the Grecians

Les grecs. Je vous rassure tout de suite. Les îles britanniques n’ont pas dérivé pour atteindre les côtes hellènes. Ce surnom a toujours laissé perplexe de nombreux fans d’Exeter City, ce qui donne naturellement lieu à de nombreuses spéculations et débats.

Rappelons d’abord que le club fut fondé officiellement en 1901 sous le nom de Sidwell United, les joueurs venant notamment de l’Ecole de St Sidwell située sur Sidwell Street. Ensuite, ce surnom des Grecians n’est pas attaché uniquement aux joueurs mais aux habitants de la paroisse de St Sidwell et finalement à ceux de la ville d’Exeter. L’historienne locale Hazel Harvey dans son histoire de Sidwell Street retrouva des publications de 1737 où les résidents de Sidwell se désignaient eux-mêmes comme des Grecs. En 1835, Charles Dickens mentionnait aussi ce sobriquet dans le magazine « All Year Round ». Pour le club, après quelques tentatives comme United ou Saints qui ne prirent pas, le journaliste de l’Evening Post utilisa le terme grecians pour la première fois le 6 décembre 1901. Parlant de l’affrontement du lendemain contre St David’s dont l’enjeu était la première place du classement, il écrivit « if the Grecians should pull the match off they feel assured of obtaining the trophy » (si les Grecs réussissent le match, ils sont assurés d’obtenir le trophée).

Commençons par les légendes peu probables mais qui circulent. Certains disent que les supporteurs chantaient « We hate the Green Ones » (Nous détestons les verts) qui se serait transformé en « We are the Grecians » (Nous sommes les Grecs). D’autres fans préfèrent dire que le nom est né parce que les joueurs jouaient comme des dieux grecs. Un peu plus flatteur que des erreurs de prononciation. Une autre version propose que le surnom provient d’une bijouterie de Sidwell Street, située près du terrain du club, qui avait accroché à l’extérieur de sa vitrine une horloge affichant le nom grecians sur son cadran. Il est également suggéré que le surnom dérive d’un groupe d’enfants de St Sidwell qui étaient appelés les « Greasy Un’s » (les graisseux, du fait qu’ils étaient sales en raison de leur pauvreté). Greasy Un’s serait devenu Grecians. Une autre histoire avance que le nom gallois de la ville d’Exeter, Caerwysg, donna le gentilé de Caer Iscuns, qui éventuellement muta en grecians. Il y a aussi la possibilité que ce surnom provienne de la présence d’une forte communauté Grec orthodoxe qui s’installa au XIXème siècle dans le quartier où fut érigé en 1904 le stade du club, St James Park.

Voila donc résumé un certain nombre de légendes qui entourent ce surnom. Mais, elles paraissent toutes pour des raisons différentes improbables. En fait, les versions plausibles tournent autour d’un point commun : la position du quartier de Sidwell par rapport au centre ville d’Exeter. Situé en dehors des murs du centre ville cossu, Sidwell regroupait des classes laborieuses et pauvres qui se sentaient un peu exclu. Historiquement, les personnes qui habitaient dans l’enceinte d’Exeter étaient souvent appelées les Romains. La raison est qu’ils vivaient à l’emplacement de la ville romaine (Isca Dumnoniorum) mais aussi parce que ces citoyens étaient considérées comme l’élite riche et dirigeante de la région. Les habitants de St Sidwell voulaient se distinguer des « Romains » et considèrent le surnom de Grecs. Ils trouvèrent intéressants de se comparer aux héros grecs rusés qui eurent raison des Troyens qui se pensaient en sécurité, protégés par leurs murs (comme les « Romains » d’Exeter). Cela donnait aussi une meilleure image à ses habitants pauvres de la ville. Une autre version se rapproche de celle-ci avec un peu plus de précisions. En effet, en 1726, lors d’une foire à Southernhay, un autre district près du centre-ville, pour une raison obscure, le siège de Troie fut reconstitué. Lors de la distribution des rôles, les habitants du centre-ville (à l’intérieur de l’enceinte d’Exeter) jouèrent les Troyens assiégés, tandis que ceux de Sidwell (à l’extérieur des murs) furent les assaillants Grecs. De ce spectacle, les habitants de St Sidwell en tirèrent leur surnom. Si les mythes grecs, et en particulier l’Iliade, étaient si connus à Exeter et Sidwell, c’est que des pièces du théâtre grec étaient régulièrement jouées sur le parvis de la Cathedral tout au long du XVIIIème siècle et surtout, Joseph d’Exeter écrivit une Iliade en Latin en 1183 dont le titre est Phrygii Daretis Yliadis libri sex (L’Iliade de Darès le Phrygien en six livres) et qui relate la guerre de Troie.

Pas étonnant alors que le premier stade du club fut orné d’une porte grecque.

#951 – Elche CF : los Ilicitanos

Ce terme identifie tout ce qui concerne ou se rattache à la ville d’Elche. Il est même devenu le gentilé des habitants. Au cœur de la province d’Alicante, Elche se situe dans la communauté de langue valencienne, un dialecte dérivé du catalan. Les origines d’Elche remontent à 5 000 ans avant J.-C. à l’ époque néolithique, lorsque des premières communautés peuplèrent un site connu sous le nom de La Alcudia, au sud de l’emplacement actuel d’Elche. Au Vème siècle avant J.-C., le peuple ibère forma à cette emplacement une cité du nom d’Ilici, dénommée Helíkē par les grecs Claude Ptolémée et Diodore de Sicile. Il est probable que ces ibères aient assimilés des populations grecques illyriennes. Lors des guerres puniques, la région fut envahie par les troupes carthaginoises qui détruisirent la cité mais reconquise par la suite par les romains qui fondèrent alors une colonie vers 26 avant J.-C.. Cette dernière s’appela Colonia Iulia Ilici Augusta, reprenant alors la dénomination ibère. On retrouve cette dénomination dans le blason actuel de la ville. Sous la domination wisigoth, le nom d’Ilici commença à prendre diverses formes (Elici, Elice ou Elece), avec le remplacement du « i » par le « e ». Ce fut finalement à la fin du XIIIème siècle, sous la domination castillane du royaume de Murcie, que le nom actuel de la ville apparaît. Il fut institutionnalisée dans la documentation officielle en 1707. En valencien, le nom de la ville évolua entre Elch , Eltx, Elig ou Elx dès 1305 pour finalement se fixer sur Elx par décision du conseil municipal au XXème siècle. Le gentilé d’ilicitanos dérive donc du nom ibère puis latin de la cité.

Ce gentilé s’installa dans le langage commun au XIXème siècle dans un cas rare dans le pays valencien de connexion entre l’intelligentsia locale et le peuple. A cette époque, le valencien n’était pas encore codifié tout comme le nom de la ville qui hésitait entre plusieurs orthographes. Résultat, il n’était pas évident d’en déduire un gentilé. De l’autre côté, il n’était pas admissible pour l’intelligentsia pro-catalane de la ville comme pour la population locale d’avoir un gentilé à résonnance castillane. Le nom de la ville ibère et romaine semblait donc une solution intéressante pour fixer le gentilé en créant un lien historique fort. Cela donna donc ilicitano en castillan et il.licità en valencien.

#936 – Ajax Amsterdam : de Ajacieden

Les ajacides, dérivé directement du nom du club. Le club de la capitale néerlandaise, inventeur du football total, emblème d’une certaine idée romantique du football, se nomme d’après le héros grec, Ajax. Toutefois, il existe deux héros grecs qui s’appelaient Ajax : Ajax le Grand (ou Ajax fils de Télamon) et Ajax le petit (ou Ajax fils d’Oïlée). Les deux firent la guerre de Troie mais le premier a connu à travers les siècles une renommée plus grande. Pour le club d’Amsterdam, les fondateurs voulurent s’inspirer certainement du premier. 3 amis, Han Dade, Carl Bruno Reeser et Floris Stempel fondèrent un premier club de football le 15 octobre 1893 dénommé Union. Mais, après quelques mois d’existence, le nom fut changé pour Footh-Ball Club Ajax. Le club disparut en raison de problèmes de terrain et administratifs. Mais les 3 amis refondèrent un club dénommé Ajax le 18 mars 1900. A l’époque, la mode pour les fondateurs de ces toutes nouvelles associations sportives était de prendre un nom anglicisé, pour rendre hommage au pays où a été inventé le football (tel que Standard, Racing), ou un nom latin ou étranger (comme la Juventus de Turin, le Velocitas Breda ou le Vitesse Arnhem – cf article #111). Les références mythologiques eurent aussi le vent en poupe, les dieux étant porteurs de certaines valeurs. Ainsi, aux Pays-Bas, naquirent en 1882 le Hercule Utrecht, en 1888 le Sparta Rotterdam, en 1894 Achille Assen, RFC Xerxes en 1904, KSV Achilles ’12 en 1912, Achille ’29 en 1929 et Fortuna’54 en 1954. Cette mode n’était pas propre aux Pays-Bas. Evidemment les clubs grecs et chypriotes y souscrivirent (Apollon Smyrnis, Apollon Kalamaria, Aris Salonique, Iraklis Salonique, Apollon Limassol) mais également dans le reste de l’Europe (Hercules Alicante en Espagne, Atalanta Bergame en Italie, Fortuna Düsseldorf en Allemagne, Sparta Prague en Tchéquie, Spartans en Ecosse). Les 3 fondateurs de l’Ajax, encore de jeunes étudiants d’un Hogereburgerschool (école d’enseignement secondaire) du centre d’Amsterdam, prirent en référence ce héros grec qu’ils avaient dû apprendre dans une leçon de mythologie. Ajax symbolisait le courage et l’audace, valeurs que les fondateurs souhaitèrent probablement défendre et infuser dans leur équipe. Toutefois, quand ils décidèrent de prendre ce nom, il existait déjà aux Pays-Bas un club dénommé Ajax, Ajax Sportman Combinatie, fondé le 1 juin 1892 à Oegstgeest, près de Leiden. Les fondateurs de l’Ajax Amsterdam demandèrent l’accord d’utiliser le nom du héros grec au club d’Oegstgeest. La direction de ce dernier accepta sous réserve de revoir le point au bout de 99 ans. Cet accord fut formalisé et déposé à la fédération néerlandaise. Mais, quand l’échéance se rapprocha, l’Ajax Sportman Combinatie se renseigna auprès de la fédération qui répondit que l’acte original de cette accord avait été perdu. Fin heureuse pour le club de la capitale dont le nom ne pourra pas être remis en cause.

#849 – Torino FC : Toro

Le taureau. A l’exception des années entre 1979 et 1990, le grand rival de la Juventus avait un écusson qui comportait un taureau (malheureusement, la Juve s’est depuis soumise aux sirènes trompeuses du marketing en adoptant un logo, certes moderne, mais totalement fade et irrespectueux de son histoire). Le Torino a également toujours adopté un taureau en position rampante dans son blason. Cette présence du bovin dans les armes des deux clubs de la ville s’explique par l’importance de l’animal dans l’histoire et le symbolisme de la cité de Turin.

Le taureau est apparu dans les armoiries de la cité au Moyen-Age. Le premier exemple de l’utilisation du taureau dans les armoiries remonte à 1360 dans le Codice della Catena, un code qui contenait les statuts de la ville de Turin. Dans ce document, sur deux pages d’enluminures figuraient les saints patrons de la ville et en dessous les insignes d’Amédée VI de Savoie (la croix blanche sur un champ rouge) et celles de la ville (qui se composait d’un taureau rouge passant (ie en train de marcher) dans un champ blanc). En 1433, dans le Libri consiliorum, les cornes du taureau blanchirent pour la première fois. Vers 1455-1460, le taureau passa de la marche à une position debout, dressé sur ses pattes arrières, ie rampante. Enfin, en 1613, les armoiries de la ville prirent leur forme actuel avec un taureau doré rampant, aux cornes blanches, sur un fond bleu. Rampant ou passant, le taureau rendait avant tout les armes de la cité « parlante » (les figures présentes sur le blason symbolisent le nom du possesseur desdites armes).

Comme de nombreuses villes italiennes, le nom de la ville provient de sa dénomination lors de l’époque romaine, Augusta Taurinorum. Camp militaire au départ, il se développa en cité à compter de 28 avant J.-C.. Mais, cette colonie romaine s’était édifiée sur l’ancienne cité d’un peuple nommé les taurins. D’origine Celte ou Ligure, ce peuple demeure assez méconnu, notamment car les sources latines ne sont pas nombreuses. Etabli dans les alpes, il progressa par la suite jusqu’aux rives du Pô. Leur capital était alors Taurasia (qui fut transformé en Augusta Taurinorum puis Turin). Le nom de ce peuple trouve son origine dans le thème indo-européen tauros (taureau) et constituerait une variante du gaulois taruos. Cela signifierait alors « ceux du taureau ». Les auteurs latins auraient ainsi pu les nommer car ce peuple semblait vouer un culte à un dieu thérianthrope à tête de taureau.

#838 – OFK Vihren : гладиаторите

Les gladiateurs. Le 24 mai 1925, le club de Vihren (sous le nom de FC Ustrem) fut fondé dans la ville de Svéti Vratch. En 1949, les autorités communistes donnèrent un nouveau nom à la ville, Sandanski, en l’honneur du révolutionnaire bulgare Iané Sandanski. Néanmoins, un autre révolutionnaire fit la réputation de la ville et donna son surnom au club :  le chef du plus grand soulèvement de l’Antiquité, Spartacus. D’origine thrace, Spartacus serait né dans cette ville bulgare vraisemblablement aux alentours de l’an 100 avant J.C.. Si la rebellion qu’il mena fut relatée par les auteurs latins, sa vie précédent ces évènements demeure peu documentée et repose sur de nombreuses hypothèses ou déductions. Il serait un Thrace libre de la tribu des Maides. Ces derniers s’établissaient entre Paionia et Thrace, soit l’actuel sud-ouest de la Bulgarie (où se situe la ville de Sandanski). Les romains commencèrent à conquérir ces régions à l’époque de Spartacus. Ses qualités de combattants et son éducation laissent supposer qu’il était d’une condition élevée, aristocratique. Certainement capturé au cours de la campagne de Caius Scribonius Curio en Dardanie en 75 avant J.C., il fut acheté par un laniste de Capoue qui en fit un gladiateur. En 73 avant J.C., 70 gladiateurs de cette école s’évadèrent et se réfugièrent en Campanie, sur les pentes du Vésuve. Avec ses lieutenants gaulois Crixus, Gannicus, Castus et Œnomaüs, Spartacus prit la tête et organisa ces rebelles, qui étaient renforcés par des esclaves et ouvriers agricoles. Il conduisit cette révolte, qui devint la 3ème guerre servile. En effet, deux rebellions d’esclaves contre la République romaine avaient déjà eu lieues et matées. Toutefois, contrairement aux précédentes guerres, les troupes de Spartacus connurent quelques succès et menacèrent directement la République et ses citoyens durant deux ans (entre 73 et 71 avant J.C.). Spartacus et ses troupes remontèrent jusqu’en dans la plaine du Pô et battit de nombreuses armées consulaires. Face à ces succès, le Sénat Romain envoya finalement une dizaine de légions commandées par le riche et intransigeant Crassus qui finirent par anéantir les rebelles et tuer Spartacus. Cette révolte modifia que légèrement les conditions des esclaves mais avantagea les carrières politiques de Crassus et de Pompée, qui devinrent Consuls. Le XIXème siècle, qui voyait les théories sociales s’affirmer, fit de Spartacus la figure d’un révolutionnaire. Bien que les véritables raisons de cette révolte (volonté d’être affranchis ou de fuir leurs conditions ou d’abolir l’esclavage) sont méconnues, Spartacus devint pour les idéologues du XIXème siècle le symbole de la lutte contre l’esclavagisme et pour l’auto-émancipation des classes sociales opprimées.

#816 – GD Chaves : Flavienses

Gentilé officiel des habitants de la ville de Chaves. Parfois, le gentilé apparaît évident. Parfois, il est plus surprenant mais dans ce cas, il raconte souvent une histoire. Flaviense provient des racines romaines de Chaves. Sur la Via XVII qui reliait Bracara Augusta (aujourd’hui Braga) à Astúrica Augusta (aujourd’hui Astorga), une mansio, auberge étape, fut construite. Autour d’elle se développa alors un centre urbain qui devint l’un des plus importants de la province romaine de Gallaecia. Située au bord de sources d’eaux chaudes et de la rivière Tâmega, la cité basa sa croissance respectivement sur les activités thermales et aurifères. Une activité religieuse dédiée aux Nymphes participa aussi à la réputation de la ville. Le nom de la cité était alors Aquae Flaviae. Elevée au rang de municipalité en l’an 79 après J.C., la cité romaine disparut avec les invasions barbares au Vème siècle après J.C.. Aquae Flaviae, qui peut se traduire par « eaux flaviennes », faisait référence aux eaux (rivières et sources) qui donna la richesse à la cité, et à la famille Flaviens. Empereur en 69 après J.C., Titus Flavius Vespasianus, dit Vespasien, fonda la dynastie des Flaviens qui régna sur l’Empire Romain de 69 à 96 après J.C.. Sous leur règne, l’Empire retrouva un certain prestige et des finances saines. Vespasien mourut en 79 après J.C. au moment où la ville accéda à son statut. Aujourd’hui, Chaves conserve un patrimoine romain dont les principaux héritages sont le pont de Trajan, qui traverse la Tâmega et qui fut érigé entre la fin du Ier siècle et le début du IIème ainsi que les ruines des thermes.

#784 – Arminia Bielefeld : die Arminen

Surnom directement tiré du nom du club. Le club fut fondé en 1905 et, pour comprendre son nom, il faut se replonger dans l’Allemagne de cette époque. Depuis le milieu du XIXème siècle, la marche vers l’unification de l’Allemagne était inéluctable. Le processus s’acheva avec la proclamation de l’Empire Allemand le 18 janvier 1871 dans la galerie des Glaces du château de Versailles, avec Guillaume Ier de Prusse à sa tête. Une trentaine d’année plus tard, cet Etat était encore jeune et son nationalisme encore fort, surtout que la construction de l’Empire se faisait par confrontation avec les deux grands empires de l’époque, la Grande-Bretagne et la France. Le sport était alors un moyen pour la jeunesse d’exprimer leur amour de la patrie. Résultat, les fondateurs attribuaient à leurs associations sportives un nom qui rappellait l’Allemagne, la Prusse (l’Etat qui dominait l’Empire Allemand) ou alors ses origines ancestrales. Ainsi naquit les clubs Borussia (Prusse en latin), Preussen, Alemania ou Germania (cf. article #648).

Avant la fondation de l’Arminia, Bielefied comptait déjà une association qui se nommait Teutonia (en référence au peuple barbare et germanique). La ville avait également un autre club, Cheruskia, qui mettait en avant la tribu germanique des Chérusques. Ceci inspira certainement donc les fondateurs d’Arminia. En effet, Emil Schröder, un des 3 fondateurs, était également président d’une association de danse qui partageait le bar local avec le club Cheruskia. Résultat, ils décidèrent de nommer leur club en référence au chef de guerre de la tribu des Chérusques, Arminius. Premier avantage : son ancrage local. Arminius infligea une défaite cuisante à l’Empire romain en 9 après J.-C. à la bataille de Teutobourg. Elle se tint dans la forêt de Teutberg, où se trouve en lisière la ville de Bielefield. Second avantage : son aura nationale. Arminius fut longtemps oublié par les allemands jusqu’au XVIIIème siècle où son histoire commença à trouver une raisonnance avec le mouvement romantique. Issu d’une famille chérusque puissante, il fut éduqué à Rome et revint dans son pays au sein des troupes romaines. Mais, il fut en quelque sorte un agent double car il commença à chercher à fédérer plusieurs tribus germaniques pour repousser les romains, ce qu’il parvint avec la victoire de Teutobourg. Cette dernière mit un terme à toute tentative d’expansion de l’Empire au-delà du Rhin. Au XIXème siècle, dans ce jeune Etat multiethnique se cherchant une identité commune, le chef tribal, fédérateur de différents peuples germaniques, devint un héro allemand, un stimulateur du sentiment national, en lui offrant des racines anciennes. En 1875, l’imposante statue d’Arminius (plus de 50 mètres de hauteur), le Hermannsdenkmal, fut érigé dans la célèbre forêt de Teutobourg. Elle faisait écho à la statue française de Vercingétorix à Alesia.

A Berlin, une histoire similaire se produisit quelques années auparavent (en 1891). Un club de gymnastique fut nommé Arminia car il y avait déjà un club dénommé Cheruscia dans le quartier de Charlottenburg.

#765 – Panetolikós FC : Τίτορμος

Titormus. Dans la Grèce sportive, les références au monde antique demeurent une évidence et une constante, même si votre symbole n’a pas l’aura d’un Zeus. Panetolikós, club de la ville d’Agrínio, dans la région d’Étolie-Acarnanie, prit pour représentant sur son emblème un héros de la région, Titormus, peu connu des non-héllenistes. Au VIème siècle avant J.-C., Milo de Croton était reconnu comme l’athlète antique le plus fort, ses 6 médailles olympiques en lutte en étant la plus belle des preuves. De tous les athlètes olympiques, Milo avait sans aucun doute la plus grande renommée et son invincibilité était légendaire. Néanmoins, un personnage l’aurait battu et il s’agit d’un berger d’Étolie du nom de Titormus. Si les dates concernant sa vie demeurent floues, les différentes sources s’accordent sur sa grande force et son combat face à Milo fut raconté par 3 poètes (Aelian, Athenaeus et Eustathius). Il fut particulièrement épique. Titormus aurait poussé puis soulevé une immensense pierre que Milo ne serait pas simplement parvenu à pousser. Puis, Titormus attrapa de ses mains plusieurs taureaux de son troupeau. Milo reconnut alors sa défaite et surnomma Titormus le second Héraclès. Pour cette région reculée dont les habitants étaient considérés comme des barbares par les autres grecs, Titormus devint un symbole et renforça l’identité ethnique de l’Étolie. Homme réputé le plus fort sur terre et symbole identitaire, pas étonnant qu’il orne l’écusson du club et soit le surnom de l’équipe.