#681 – CA Rosario Central : los Canallas

Les vauriens, pour traduire le terme de manière plutôt poli. Pour comprendre ce surnom peu agréable, il faut lire en parallèle de cette article, celui consacré à Newell’s Old Boys (#104). Les deux clubs sont les grands rivaux qui se partagent l’amour des fans de la ville de Rosario. En 1920, la commission des Dames de l’Hôpital Carrasco souhaita profiter de cette rivalité pour organiser un match de charité entre les deux clubs afin de collecter des fonds pour les personnes souffrant de la maladie de Hansen, ie la lèpre. Newell’s Old Boys accepta mais le Rosario Central refusa, pour une raison inconnue. Résultat, les supporteurs de Newell’s traitèrent le Rosario de club de vauriens. Il s’agit de la version la plus communément admise mais une autre circule qui se base également sur la rivalité avec un autre club. En 1928, les supporters de Rosario Central auraient mis le feu à une bâche qui se trouvait près du terrain de Belgrano (club avec lequel les fans de Rosario entretenaient une grande rivalité). Quand les supporters de Belgrano virent la situation, ils auraient scandé « ¡Son unos canallas!, ¡son unos canallas! » (ce sont des vauriens, ce sont des vauriens).

#585 – NK Slaven Belupo Koprivnica : Farmaceuti

Les pharmaciens. Les origines du club remontent au début du XXème siècle lorsque plusieurs clubs furent créés et formèrent la base de l’actuel. Ainsi, en 1907, un groupe d’étudiants de la ville créa le Đački nogometni klub (Club de football des étudiants). Puis, en 1920, la célèbre famille croate Friedrich fonda un autre club dénommé Hrvatski športski klub Slaven. Mais ces clubs disparurent et la tradition fut reprit par le HŠK Victorija jusqu’en 1926. De 1926 à 1930, Koprivnica n’avait plus de club de football. Puis entre 1930 et 1945, un nouveau club prit le relais sous différents noms : HŠK Koprivnica, HŠK Danica et RNHŠK Sloga. Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, le club du FD Slaven apparût. Il changea de nom pour SD Podravka de 1953 à 1958. Puis, le nom se stabilisa pour NK Slaven jusqu’en 1992. En effet, à cette date, le naming fit son apparition pour le club. De 1992 à 1994, le premier sponsor qui donna son nom fut Bilokalnik, société active dans l’industrie de l’emballage papier. Puis en 1994, arriva le sponsor actuel Belupo. Cette dernière est une entreprise pharmaceutique ayant sa principale usine dans la ville de Koprivnica. Elle propose des médicaments, des compléments alimentaires ainsi que des produits cosmétiques. Présente dans 18 pays, l’entreprise a réalisé un chiffre d’affaires de 600 millions d’euros en 2020. Depuis 1994, Belupo s’est inscrit dans le nom du club, est le sponsor maillot et son président est également celui du club. Le club de football est devenu une extension de l’entreprise et a donc gagné le surnom de pharmacien.

#504 – Club Santos Laguna : Verdiblancos, Albiverdes

Ces deux termes se réfèrent aux couleurs du club, vert et blanc (dans ce sens pour le premier mot, dans le sens inverse pour l’autre). Après la disparition du CF Torreón en 1974 et du CF Laguna en 1978, la région de Laguna resta sans équipe de football professionnelle pour les représenter au niveau national pendant 5 ans. En 1982, le club de Tuberos de Veracruz, qui évoluait en 2ème Division, disparut. Il céda sa licence à l’Instituto Mexicano del Seguro Social (IMSS – Institut Mexicain de Sécurité Sociale), qui fonda un nouveau club et le transféra à d’autres propriétaires en 1983, pour créer, dans la ville de Torreón, le Club Santos Laguna. Fondé en 1943, cet organisme public se consacre à la fourniture de services de santé et de sécurité sociale. Ainsi, dans ses premières années, l’IMSS se concentra à construire des hôpitaux. Puis au début des années 50, le concept de sécurité sociale s’élargit et les missions furent étendues afin de promouvoir la santé et faire atteindre un meilleur niveau de vie à ses assurés. L’organisme réalisa alors un grand nombre d’investissements en commençant par construire des logements bon marché et salubres. Au sein de ces immeubles, l’IMSS y développa des gymnases, restaurants et espaces de divertissement afin d’y créer un lieu de vie. Puis, l’autorité publique s’investit dans le sport, vecteur de bien-être et de santé. L’institut créa des écoles de football pour les jeunes puis au début des années 70, il organisait et sponsorisait plusieurs tournois de football dans tout le pays. A la fin des années 70 et au début des 80, l’IMSS franchit une étape supplémentaire en acquérant et créant 7 clubs de football dont Atlante, Oaxtepec et Santos Laguna. Les clubs créés reprirent les couleurs de l’IMSS, le vert et le blanc. En 1983, à sa fondation, le club évoluait en vert uniquement puis à partir de 1986, il adopta la tunique rayée verte et blanche. Aujourd’hui, le club donne une signification à ses couleurs. Le vert représente la vie, la naissance. La région de Laguna est désertique et le club en vert symbolise la vie. Le blanc est synonyme de paix, d’humilité et d’amour. Selon le club, associée au vert, la couleur génère confiance et empathie des fans.

#277 – Bayer Leverkusen : Pillendreher

Pilulier. Le club est également connu sous Pillenklub, le club des pilules. Et ces pilules ne cherchent pas à cacher (désolé pour le jeu de mot) le lien du club avec le groupe chimique Bayer. En février 1903, Wilhelm Hauschild adressa une lettre signée par 170 collaborateurs du groupe Bayer à la direction de l’entreprise, leur demandant de fonder son propre club sportif. Il fallut attendre le 1er juillet 1904 pour que le Turn- und Spielverein 1904 der Farbenfabrik vormals Friedrich Bayer Co. Leverkusen soit fondé. Enfin, le 31 mai 1907, le club se dota d’une section football qui deviendra plus tard le Bayer Leverkusen 04. Aujourd’hui encore, le club appartient à 100% à l’entreprise Bayer AG. Et comme le note, Rüdiger Vollborn, l’ancien gardien ayant évolué de 1983 à 1999 au Bayer, « l’association et l’usine ne font qu’un tout comme la ville et l’usine ne font qu’un ». Car Bayer s’installa dans un village en 1895 qui, accompagnant le développement du siège et de l’usine de Bayer, devint la ville de Leverkusen en 1930. Débutant dans les colorants et la peinture, l’entreprise connut une croissance dans les produits pharmaceutique, notamment en déposant le brevet et la marque Aspirin, en 1899. Aujourd’hui, les activités de Bayer s’articulent autour des divisions Pharmaceuticals (médicaments de prescription), Consumer Health (médicaments en vente libre), Crop Science (produits phytosanitaires), et Animal Health (produits vétérinaires). A l’image d’autres entreprises (Fiat avec la Juventus, Philips avec le PSV), le rôle paternaliste était assumé et Bayer voyait donc en la création d’un club sportif une façon de renforcer le lien entre les collaborateurs et la société, d’assurer une mission sociale et culturelle. Ainsi, l’entreprise Bayer est encore identifiée comme Mutter Bayer (la mère Bayer) par les habitants de Leverkusen et les supporteurs du club. Dans les années 80, Vollborn estime que 7 spectateurs sur 10 étaient des employés de Bayer. Aujourd’hui, le taux est certes un peu plus bas, mais seulement un peu.

#122 – Estudiantes de La Plata : los Pincharratas

Les piqueurs de rats. Le surnom pincharratas, souvent raccourci en pinchas, provient d’une personne dénommée Felipe Montedónica, Né en 1898 à Olavarria, Felipe était un fan de l’Estudiantes depuis la fondation du club, et il commença à aller au stade dès ses 13 ans. Depuis les années 1910, Felipe et son petit frère travaillaient au marché où ils déchargeaient des fruits ou comme cireurs de chaussures. De nombreux rats vivaient au marché et les deux frères les poursuivaient, piquaient avec une grosse fourchette. Ainsi, il héritèrent du surnom de pincharratas. Ce surnom les accompagna au stade et commença à s’appliquer à leur groupe d’amis et au final à l’ensemble des supporteurs de l’Estudiantes. Une autre version raconte que ce surnom est lié au fait que de nombreux supporteurs étaient des étudiants. Or, ces derniers utilisaient des rongeurs dans le cadre de leurs expérimentations au laboratoire de la Faculté de Médecine.

#104 – CA Newell’s Old Boys : Leprosos

Les lépreux. Drôle de surnom pour un club mais heureusement il faut écarter tout de suite l’hypothèse que les joueurs furent atteints de cette maladie. En fait, dans les années 1920, la commission des Dames de l’Hôpital Carrasco proposa d’organiser un match entre les deux clubs de Rosario, le CA Newell’s Old Boys et le CA Rosario Central, afin de collecter des fonds pour les personnes souffrant de la maladie de Hansen, ie la lèpre. Le CA Newell’s Old Boys accepta mais son adversaire refusa. Le club hérita alors du nom de Lépreux.

#79 – Fluminense : o Pó de Arroz

Poudre de riz. C’est un surnom original pour une équipe de football, sachant que la culture du riz est plutôt faible à Rio de Janeiro. Tout remonte à 1914. Pour le compte du championnat carioca, Fluminense rencontrait America le 13 mai 1914. Le match se solda par un 1-1. Sur le terrain, du côté de Fluminense évoluait Carlos Alberto, un joueur métis qui venait de quitter l’America. Selon la légende, pour cacher sa couleur de peau, il se serait enduit de poudre de riz pour se blanchir. Le joueur avait également cette habitude quand il jouait pour America. Les supporteurs de l’America le reconnurent donc et surnommèrent les joueurs de Fluminense « poudre de riz ». Le fait que le 13 mai soit la date de commémoration de la libération des esclaves, a dû contribuer à créer cette légende.

Mais, selon un de ses coéquipiers à Fluminense, également ancien joueur de l’America, Marcos Carneiro de Mendonça, cette poudre de riz n’avait pas pour objectif de cacher sa couleur de peau. Selon lui, Carlos Alberto se poudrait le visage afin d’apaiser sa peau après s’être rasé. Et il est vrai qu’à l’époque la poudre de riz était appliquée sur la peau pour cacher les boutons, les tâches et les crevasses ainsi que la soulager après le rasage. Coquetterie, honteuse ou curative, cette poudre de riz a laissé une trace indélébile sur la peau de Fluminense. En particulier, à l’entrée des joueurs dans le stade, les supporteurs de Fluminense accueillent leurs joueurs en jetant de la poudre de riz et du talc.

#28 – Chelsea FC : Pensioners

Pensioners, les retraités, fait référence aux vétérans de l’armée qui séjournait au Royal Hospital Chelsea à proximité du stade. Cet hôpital est une maison de retraite et de soin pour les vétérans de l’armée britannique. Tout homme ou femme ayant servi dans l’armée et âgé de plus de 65 ans peut prétendre à devenir un Chelsea Pensioner, ie un résident de l’hôpital, qui peut accueillir 300 anciens soldats. Jusqu’au XVIIème siècle, l’État ne prévoyait aucune disposition spécifique pour les soldats âgés et blessés. Les soins aux pauvres et aux malades étaient assurés par les fondations religieuses mais ces hopitaux religieux avaient pris fin suite à la dissolution des monastères sous le règne du roi Henri VIII. En 1681, répondant à la nécessité de s’occuper de ces soldats et s’inspirant des Invalides en France, le Roi Charles II émit un mandat royal autorisant la construction du Royal Hospital Chelsea. L’idée aurait été suggéré par soit par Nell Gwyn, une actrice renommée de l’époque et surtout maîtresse de longue date du Roi, soit par Sir Stephen Fox, Paymaster of the Forces, responsable du financement de l’armée britannique. En 1651, l’idée d’une institution nationale semblait avoir déjà été pensée par la Chambre des Communes qui avait donné des instructions au Council of State pour veiller à ce que les soldats mutilés eussent un lieu salubre pour résidence. Puis, il existait dès 1677 des pensions pour les Reformed Officers (officiers réformés, c’est-à-dire les officiers des régiments dissous) et les soldats mutilés. Le site choisi, adjacent à la Tamise dans la campagne de Chelsea, fut racheté par le Roi à la Royal Society pour 1 300 £. Sir Christopher Wren fut chargé de concevoir et d’ériger le bâtiment. La première pierre de l’hôpital royal fut posée le 17 février 1681 et les bâtiments furent équipés le 28 mars 1689. En mars 1692, les premiers pensionnaires furent 476 sous-officiers et hommes de rang, dont la plupart avaient été blessés lors de la Bataille de Sedgemoor. La chapelle et le cimetière furent tous deux consacrés par Henry Compton, évêque de Londres, le 30 août 1691. Le financement de la construction comme le coût de son exploitation furent assuré par le Roi, quelques généreux bienfaiteurs (dont Sir Stephen Fox) et un prélèvement sur la solde des soldats. Puis, depuis 1847, l’hôpital est entretenu par des fonds directement votés par le Parlement, ainsi que par des dons. Plusieurs rénovations et nouvelles constructions eurent lieues, dont le dernier achèvement en 2009 est l’infirmerie Margaret Thatcher qui abrite sa tombe et celle de son mari ainsi que 100 retraités. En mars 2009, les premières femmes furent admises comme pensionnaires.

Pendant une cinquantaine d’année, l’image d’un Pensioner s’affichait sur l’écusson du club. Mais, en 1952, Ted Drake fut nommé entraîneur et décida de moderniser le club. Il estima que le surnom comme l’image du Pensioners sur le blason du club donnait une mauvaise image, laissant penser que le club était une équipe de retraités. Il fit ainsi changer le blason pour faire apparaître un lion, animal plus terrifiant, à la place du soldat pensioner. Puis, il déclara que le surnom de l’équipe n’était plus les pensioners mais désormais les blues (dont l’origine est expliquée dans l’article #210). Toutefois, les liens avec le Royal Hospital demeurèrent et il n’est donc pas rare de croiser dans les travées du stade de Stamford Bridge des pensioners, portant leur célèbre vareuse écarlate.