#947 – VfL Bochum : die Graue Maus

La souris grise. En allemand, l’expression graue maus caractérise une personne discrète, pudique, même un peu triste, généralement utilisée pour une femme. Dans le football, elle qualifie une équipe qui joue un football peu flamboyant (pour ne pas dire ennuyeux, sans ambition) et dont les résultats conduisent à évoluer dans le ventre mou du championnat. S’il s’agit d’une expression commune et utilisable pour toutes les équipes, elle est également aujourd’hui très attachée au club de football de Bochum, qui l’illustra dans les années 1970 et 1980.

Ville de la région industrielle de la Ruhr, qui compte près de 5 200 000 d’habitants concentrés sur plusieurs cités, le club de football de Bochum est coincé footballistiquement entre Dortmund, avec son Borussia, et Gelsenkirchen, et son Schalke 04. Difficile alors d’exister entre ces deux géants historiques du football allemand. Pourtant, entre 1971 et 1993, Bochum fut un membre sans discontinuité de l’élite allemande. Mais, cette présence ne se caractérisa pas des résultats étincelants. En effet, plus que d’évoluer dans le ventre mou du championnat, Bochum fleurta plusieurs fois avec la relégation. Le meilleur classement durant cette période fut une 8ème place en 1978-1979. Sur ces 22 saisons d’affilée en Bundesliga, Bochum conclut 15 fois son exercice dans la seconde partie du classement dont 10 fois au-delà de la 14ème place. A partir de la saison 1986-1987, le club ne connut que le bas du classement. En 1990, le VfL termina la saison à la 16ème place et fut donc contraint de joueur une confrontation de barrage face au 1.FC Sarrebruck. Bochum remporta le match aller à Sarrebruck grace à un penalty (victoire 1-0). Au retour, à domicile, Bochum fit seulement match nul (1-1). A force d’évoluer sur le fil du rasoir, Bochum chuta finalement lors de l’exercice 1992-1993, après avoir fréquenté la zone de relégation depuis la 9ème journée (et même la dernière place lors de 12 journées en cumulé). Durant ces 22 saisons, l’équilibre financier du club était également fragile et pour boucler son budget, le club se séparait de ses meilleurs éléments à l’intersaison. Sur le plan de jeu, son style n’était pas flamboyant mais il semble un peu sévère de le juger comme ennuyeux. En tout cas, ce débat anime les supporteurs du club et les journalistes. Certains avancent qu’à défaut de génie, les joueurs étaient tenaces sur le terrain et qu’ils pouvaient parfois titiller les « gros chats » du championnat. Pour d’autres, il était assommant de fréquenter les travées du Vonovia-Ruhrstadion.

#615 – Portsmouth FC : Pompey

Surnom à la fois du club et de la ville de Portsmouth. Rappelez-vous le début des années 2000. Le club de Portsmouth retrouvait la Premier League grâce aux fonds d’un milliardaire qui permit au club de s’acheter de nombreux joueurs de qualité (Peter Crouch, Sol Campbell, Sylvain Distin, Nwankwo Kanu …). Seulement, la dette s’accumula et l’actionnaire lâcha le club. Résultat, Portsmouth fit faillite et fut repris en main par ses supporteurs en 2013. Une histoire que les fans de clubs aujourd’hui détenus par un milliardaire ou un Etat devraient garder en tête plutôt que de se laisser tourner la tête par la planche à billet … Revenons plutôt à ce surnom de Pompey. Il existe de nombreuses théories et explications, certaines plus crédibles que d’autres, mais personne ne semble être en mesure d’avoir la raison exacte et définitive. En outre, personne ne sait si le surnom a d’abord été appliqué à la ville ou à l’équipe de football. Cependant, il semble que la première référence écrite a concerné le club de football. Nous avons donc rassemblé ci-après diverses explications possibles, qui convergent toutes sur un point : elles trouvent leur origine dans le monde de la marine, Portsmouth étant un des principaux ports de la Grande-Bretagne.

La première légende raconte qu’Agnes « Anggie » Weston dirigeait une auberge, Sailors’ Rest, et y donnait des conférences aux marins. En 1904, la conférence portait sur Pompée le Grand, nom élogieux donné au général et homme d’État romain Cnaeus Pompeius, afin de le comparer avec Alexandre le Grand. Pompée gagna sa notoriété militaire en menant en Hispanie une guerre difficile, en remportant des victoires sur les pirates en Méditerranée et par ses conquêtes en Orient. Il composa avec Crassus et César le premier triumvirat. Puis, à la fin du triumvirat, il fut vaincu par César lors de la bataille de Pharsale en 48 avant JC. Il s’enfuit alors en Egypte, où il fut assassiné. Agnes Weston présenta avec vigueur la chute de Pompée et lorsqu’elle décrivit son assassinat, l’un des marins, certainement ivre, cria « Poor old Pompey ! » (Pauvre vieux Pompée). Quelques jours plus tard, Portsmouth FC disputa un match où ils jouèrent mal et perdirent. Un marin dans la foule s’appropria alors le cri entendu dans le bar « Poor old Pompey ! » et les autres fans reprirent le refrain.

Il est également dit qu’un groupe de marins basé à Portsmouth aurait grimpé le pilier de Pompée près d’Alexandrie en Égypte vers 1781. Cette colonne est un bloc de granit de 28 m de haut, attribuée à tort au général romain Pompée, mais en réalité construite comme un mémorial à l’empereur romain Dioclétien. Etant donné sa sculpture, son escalade constitua un exploit et les marins gagnèrent ainsi le nom de Pompey Boys (Les garçons de Pompée).

En 1662, Charles II, Roi d’Angleterre, épousa Catherine de Bragance, membre de la famille royale portugaise. Contre le soutien militaire et naval de l’Angleterre comme protection face à l’Espagne, la monarchie portugaise donna en dot Tanger en Afrique du Nord et plusieurs îles en Inde, dont Bombay. Le mariage se déroula à Portsmouth. Lorsque les marins portugais qui accompagnaient Catherine découvrirent Portsmouth, ils trouvèrent des ressemblances entre la ville anglaise et Bombay : les deux sont des îles, les deux sont de bons ports et leur relief est plats, avec une colline en arrière-plan. Les marins surnommèrent alors Portsmouth en portugais, Bom Bhia (la bonne baie), qui donna le nom de la ville indienne. Bom Bhia fut ensuite anglicisé devenant Pompey.

Portsmouth est un port depuis l’époque romaine. A proximité de Portsmouth, se dresse le chateau fort de Portchester, fort romain très bien conservé. Ainsi, plus tard, lorsque le port commença à se développer, les habitants surnommèrent leur ville Pompey, pour rappeler ses ruines et son passé romain en la comparant avec les vestiges de Pompéi.

Portsmouth est un important port militaire de la Royal Navy où se déroulent de nombreux cérémonies. Ces « festivités » sont décrites comme the pomp and ceremony (faste et cérémonie) qui réduit devint Pompey.

Port important sur les routes marchandes et militaires, Portsmouth constituait un point de localisation pour les marins. Ceux-ci l’appelaient ainsi le Portsmouth Point et l’écrivaient en abrégé sur le journal de bord : Pom. P. Les cartes de navigation utilisaient également cette abréviation. Ceci donna le surnom Pompey. En outre, « Pom-pey » ressemble à la prononciation par des marins ivres de Portsmouth Point, d’où ils prenaient leurs bateaux.

Selon certains, l’équipe de football de Portsmouth commença à se développer en récupérant de nombreux membres de l’équipe de la Royal Artillery dont la structure disparut en 1899 (1 an après la fondation de Portsmouth FC). Cette dernière portait le surnom originel des Pompeys. Ce surnom fut acquis lorsque, lors d’une revue organisée à l’occasion de l’anniversaire de la Reine, la Royal Artillery fut simplement chargée d’encadrer la parade au lieu de défiler. Ils furent alors relégués à la mission qu’effectuait généralement la Brigade des Sapeurs Pompiers de Paris. L’année suivante, la population acclama la Royal Artillerie sous le nom de « Pompiers », qui devint par la suite Pompey.

« La Pompée » était un navire français amarré dans le port de Portsmouth. Peu après son achèvement, ce navire de classe Téméraire avait été volé par les royalistes français qui avaient fui la France après le Siège de Toulon (Septembre-décembre 1793) et donné aux britanniques à Spithead, une rade de la Royal Navy près de Portsmouth, en mai 1794. Les anglais copièrent la conception de ce bateau français qui était une réussite et construisirent des navires connus alors sous le nom de « classe Pompée », dont le Superb et l’Achilles. Le Pompée fut renommé HMS Pompée et servit dans la marine britannique dans de nombreuses campagnes en Europe et dans les Caraïbes. Il eut également des fonctions défensives en gardant le port de Portsmouth. Puis, en 1816, le Pompée devint une prison navale dans le port de Portsmouth et fut finalement démoli en 1817. Le bateau aurait donc donné le surnom à la ville. Une autre explication pourrait également venir soutenir cette version puisque dans l’argot du Nord du pays, pompey désigne une prison.

Enfin, des expressions marines pourraient également expliquer ce surnom. Dans la tragédie Antoine et Cléopâtre de William Shakespeare, un vers décline « Pompey is strong at sea » (Pompée est fort en mer) ce qui plaisait beaucoup aux marins. Par ailleurs, il existe une expression anglaise « to play Pompey » qui signifie « faire des ravages ».

Si pour certains surnoms, les explications manquent ou sont tombées dans les oubliettes de l’histoire, Portsmouth n’en connait que trop. Mais, à défaut de faire encore parti des clubs huppés de la Premier League, Portsmouth bénéficie finalement d’une autre richesse plus importante : une histoire.

#511 – Charlton Athletic FC : the Addicks

Le mot n’a pas de signification et il y a un certain nombre de rumeurs et de suggestions sur la façon dont ce surnom est né. Il y a tout d’abord la version officielle qui est aussi la plus connue. Dans les premières années du club, au début du XXème siècle, Arthur Bryan tenait une poissonnerie dans la rue East Street où le club avait été fondé. Il devint un des premiers sponsors de la jeune association en fournissant des repas aux joueurs de Charlton et à ceux de l’équipe adverse. Ces collations étaient composées de haddock et de chips (le fameux fish and chips). Avec la prononciation du sud de Londres, le haddock était devenu addick. La légende rajoute que Arthur Bryan détenait une échoppe-restaurant dans le stade du club, The Valley, en 1919, et, entretenait sa réputation en se promenant dans les travées avec un bâton sur lequel était cloué un haddock. Ce lien avec l’aiglefin paraît probable car dans le journal Kentish Independent paraissait des dessins humoristique sur l’équipe. Le tout premier dessin du 31 octobre 1908 dénomma l’équipe les haddocks. En 1910, le surnom changea pour les termes Addicks et Haddick. Malgré tout, d’autres histoires sont parfois évoqués pour éclairer ce surnom. L’explication la plus simple est que « Addick » est juste dérivé du nom du club, « Athletic » , semblable aux surnoms des clubs de Oldham et Wigan appelés les « Latics » comme diminutif d’ « Athletic » . Il a également été suggéré que « Addick » proviendrait de la devise de la famille Spencer Percival, Addique, qui signifie « Prêt » en vieux français normand. Cette famille, qui détenait le titre de Comte d’Egmont, possédait un manoir à Charlton, le Charlton House. Enfin, dernière histoire mais qui semble relever certainement plus d’une image sublimée par les supporteurs. En effet, les fans du club seraient tellement passionnés qu’ils suivaient le club n’importe où et par n’importe quel temps. En anglais, ils aurait été qualifiés de addicts (addict, fanatique). Quelque soit la version exacte, le terme fut beaucoup utilisé les premières années. Puis, d’autres surnoms prirent le dessus, rendant Addick désuet. Finalement, dans les années 1980, à la demande du public, ce surnom fut rétabli et les autres alternatifs ne furent plus utilisés.

#510 – Club Always Ready : CAR

Evidemment, il s’agit des initiales du club. Le dernier club champion de Bolivie ne possède pas un surnom très original. En revanche, son nom n’a pas d’équivalence dans le monde footballistique et se rapproche légèrement de la dénomination des franchises de sports américaines. D’où vient-il ? En 1933, un groupe d’adolescents, provenant du quartier de Miraflores ainsi que celui voisin du Prado, la plupart étudiant au Colegio La Salle, se décidèrent à créer un nouveau club de football dans la capitale bolivienne. Les garçons hésitèrent avec plusieurs noms : Los Locos del Parque, Petit Club, Los Demonios del Prado, L’Aiglon, White Star, Blue Star. Aucun des noms ne convint. Finalement, l’un des fondateurs proposa Always Ready (toujours prêt). La discussion était close et le 13 avril 1933, le Club Always Ready fut fondé. Ce nom pourrait s’inspirer du slogan des scouts. Pourtant, même si ce dernier inspire le mouvement scout depuis ses origines, la devise en anglais est « Be prepared » (BP comme les initiales du fondateur Baden Powell). Mais, en espagnol, elle se traduit souvent en Siempre Liste (plus proche de toujours prêt). Le motto des scouts signifie que le jeune est toujours en état d’agir, dans son corps et dans son esprit, pour faire son devoir. Il est donc possible que ceci est inspiré les fondateurs du club. Le nom fut par ailleurs choisi dans la langue de Shakespeare car, comme dans beaucoup d’autres pays, les jeunes footballeurs étaient influencés par la patrie où était né le football et qui l’exporta à travers le monde. D’ailleurs, un des autres grands clubs boliviens avaient également opté pour un nom anglais à sa fondation en 1908, the Strongest, et il dominait déjà le football bolivien dans les années 1930 (ayant remporté 8 titres de champion de La Paz, le plus important et réputé tournoi régional).

#279 – Falkirk FC : the Bairns

Les enfants, Bairns provenant de dialectes écossais. Le terme décrit aussi bien le club et ses supporteurs mais généralement les habitants de la ville de Falkirk. Comme beaucoup de surnom, son origine n’est pas totalement établie. Le terme apparaît déjà au XIXème siècle dans le cadre d’un dicton qui dit « You’re like the bairns o ‘Fa’kirk, you’ll end ere you mend » (vous êtes comme les enfants de Falkirk, vous finirez par vous rabibocher). Son origine doit être encore plus ancienne puisque, dans les armes de Falkirk, la devise « Better Meddle wi’ the Deil than the Bairns o’ Fa’kirk » (Mieux vaut se mêler avec le diable qu’avec les enfants de Falkirk) apparaît. Selon l’écrivain John Reddoch McLuckie dans son livre The Old Kirk Yard Falkirk publié en 1869, ce terme prendrait son origine au XVIIème siècle. James Livingston, premier Comte de Callendar, revint d’exil en 1656. Durant la guerre civil (Guerres des Trois Royaumes dans les années 1640 et 1650), le Comte prit par à la guerre des deux côtés des belligérants et son armée levée à Falkirk, lui resta fidèle. Ainsi, à son retour et pour remercier ses soldats, le Comte fit construire le premier puits de la ville. Lors de son inauguration, le Comte déclara « To the wives and the Bairns o’ Fa’kirk’ giving them the well and all its fountains in a present forever » (Aux femmes et aux Bairns o ‘Fa’kirk’ ‘ leur donnant le puits et toutes ses fontaines dans un cadeau pour toujours). Et donc au delà du réseau d’eau, les habitants héritèrent également en cadeau d’un surnom.