#1129 – FC Universitario : Manzanero

Manzanero est un terme qui désigne les animaux qui cherchent les pommiers pour manger leurs fruits. Le club de la ville de Vinto se démarque par sa jeunesse dans le football bolivien. Fondé le 23 Mars 2005, il lui aura fallu moins de 20 ans pour accéder à l’élite du pays. Mais son surnom se puise dans la longue histoire agricole du pays de Vinto.

Aujourd’hui, la ville de Vinto se présente comme « la Gran Manzana de Bolivia » (la grande pomme de Bolivie). Evidemment cette municipalité ne se compare pas avec New York. Plus simplement, la production de pommes demeure un des vieux piliers de l’économie de Vinto. Cette dernière s’est spécialisée dans la variété camuesa. De couleur verte avec des nuances de rouge à maturité, cette pomme présente d’indéniables qualités nutritionnelles et médicinales (elle aiderait à la cicatrisation). Importée par les espagnols lors de la conquête, la culture de la pomme arriva à Vinto avec les propriétaires terriens Martín Lanza Saravia et Darío Montaño qui possédaient dans leurs vergers plus de deux mille pommiers. Mais, après avoir été un des fleurons de l’agriculture locale, la production de pomme baissa dans la région, en raison de la croissance de la zone urbaine, qui a entraîné la disparition des vergers. Au début des années 2010, la culture traditionnelle de la pomme paraissait même menacée. En 2013, la surface agricole consacrée à la pomme s’élevait à un peu plus 1,2 hectares pour une production atteignant près de 8 quintaux. Elle était devancée par la culture de la pêche et du raisin. Toutefois, la ville garde une relation particulière avec la pomme. Un monument, se résumant à une énorme pomme verte surmontée d’un chapeau de paille blanc, trône fièrement dans la ville. En outre, depuis 1989, chaque année, le deuxième week-end du mois d’avril, une fête consacrée à la pomme se déroule dans la cité. La Foire de la Pomme est devenue l’un des emblèmes les plus marquants de cette région où l’on peut admirer et déguster toute la production dérivant de la pomme (patisserie, confitures, liqueurs).

#1033 – Stormer’s SC : el Lobo

Le loup. Plus connu simplement sous le nom de Stormer’s, ce dernier est un club de football basé dans la ville de Sucre, la capitale de la Bolivie. Le football commença à se répendre en Bolivie entre 1905 et 1909, les expatriés britanniques l’apportant avec eux. Rapidement, ce nouveau sport séduisit les jeunes étudiants des écoles privées de la capitale et des premières équipes se montèrent. Le 25 janvier 1914, au sein du collège « Sagrado Corazón » (Sacré-Cœur), une poignée de prêtres, d’enseignants et d’étudiants furent motivés pour fonder un nouveau club, le Stormer’s SC.

Le collège « Sagrado Corazón » était une institution d’enseignement appartenant à la Compagnie de Jésus (Jésuite). La Compagnie est une congrégation catholique fondée principalement par Ignace de Loyola, François Xavier et Pierre Favre en 1539, approuvée en 1540 par le pape Paul III. Luttant contre la Réforme protestante, l’ordre catholique s’était fixé pour objectif d’évangéliser et d’éduquer les populations (même si pour ce dernier point il s’agissait aussi d’inculquer la « bonne parole » de l’Église catholique). Résultat, les prêtres de la congrégation émigrèrent dans les nouvelles colonies pour fonder églises et écoles. Le principal fondateur de l’ordre, Ignace de Loyola, était un basque d’une famille de la petite noblesse. Les armes de sa famille comprennaient deux loups rampant et se tenant à une marmite. Résultat, le collège « Sagrado Corazón » reprit dans son blason les loups présent dans les armes de Loyola. Le surnom de l’équipe est un hommage aux origines du club.

Aujourd’hui, la mascotte du club est représentée par un loup nommé « Stuhi », qui en albanais signifie « Tempête ».

#1003 – CDSC Guabirá : el Azucarero

Le sucrier. Basé dans la ville bolivienne de Montero, le club fut fondé le 19 avril 1962. 13 ans plus tard, il remportait son unique titre de champion de Bolivie. Mais revenons à sa création. Tout débuta en 1953 quand des ouvriers de la sucrerie Guabirá souhaitèrent participer à des tournois corporatistes de football et créèrent l’Unión Maestranza. Très vite, l’Unión Maestranza s’imposa dans les tournois inter-entreprises départementaux et nationaux. Et en 1962, le club devint le CDSC Guabirá avec l’objectif de participer aux championnats plus classiques. La raffinerie est toujours un sponsor du club et ce lien se retrouve également dans l’image d’une usine sur l’écusson du club.

L’agriculture a toujours joué un rôle important dans l’économie bolivienne et dans ce secteur, la production de sucre est l’un des principaux pans. En 2018, la Bolivie produisait essentiellement du soja (2,9 millions de tonnes), du maïs (1,2 million de tonnes) et des pommes de terre (1,1 million de tonnes) et la canne à sucre, dont la culture fut introduite par les colons espagnoles au XVIème siècle, représentait 9,6 millions de tonnes. Autosuffisante, la Bolivie exporte également une partie de sa production (1,8 millions de quintaux en 2021), principalement à ses voisins d’Amérique du Sud. Outre la culture de la canne à sucre, la Bolivie développa également une industrie sucrière (sucre raffiné, alcool) qui débuta en 1944. Après 75 ans, la production de sucre en Bolivie a été multipliée par plus de 2 100, atteignant 10,9 millions de quintaux en 2018, réalisée par 7 raffineries.

En 1952, menée par le Mouvement Nationaliste Révolutionnaire, une révolution s’imposa en Bolivie qui réalisa en 1953 une réforme agraire. Ainsi, en 1952, le projet d’une raffinerie fut étudié par ce nouveau gouvernement dans la région de Montero et en 1956, la Guabirá débuta son exploitation, produisant 30 007 quintaux de sucre raffiné et 332 350 litres d’alcool. Aujourd’hui, cette raffinerie, qui appartient à ses ouvriers et des producteurs de canne à sucre depuis 1993, est la deuxième du pays, représentant 28% de la production nationale de sucre.

#939 – Club Independiente Petrolero : el Albirrojo

Les blanc et rouge. Le club de la capitale bolivienne fut fondé le 4 avril 1932 et a remporté son premier titre en 2021 (mais pas n’importe lequel puisqu’il gagna le titre de champion de Bolivie). L’histoire du club démarra dans un esprit de rebellion. Un groupe de jeune, exclu de l’équipe de football d’un autre club de la ville, San Francisco de La Recoleta, se réunirent dans la maison d’un des joueurs, Julio Cueto, et décidèrent de créer leur propre équipe. En fondant un nouveau club, le groupe devenait ainsi indépendant et dénomma son club ainsi, Independiente Sporting Club. Dans leur démarche, ils furent vivement soutenus par les prêtres franciscains Tomás Aspe et Francisco Aguinaco, ainsi que leur professeur Isidoro Arguedas. Pour choisir les couleurs, les fondateurs décidèrent de rendre hommage à l’Espagne et à ses représentants en Bolivie, les religieux, qui avaient particulièrement œuvré pour le développement du football dans le pays. Ainsi, le maillot fut rouge et jaune, comme le drapeau hispanique. En 1953, le club fut repris par Yacimientos Petrolíferos Fiscales Bolivianos (YPFB), l’entreprise pétrolière d’Etat bolivienne. La nouvelle direction changea le nom pour Club Independiente Petrolero. Puis, de la même manière, il fut décidé de modifier les couleurs de l’équipe. La couleur jaune fut remplacée par du gris tandis que le rouge fut maintenu. Toutefois, au bout de quelques années, une nouvelle modification des couleurs fut réalisée. Le rouge se maintint une nouvelle fois afin de garder un lien avec le club originel et ses fondateurs. En revanche, le blanc se substitua au gris, en hommage à la ville de Sucre, berceau de l’indépendance bolivienne. Le nom officiel de la capital bolivienne est La Ilustre y Heroica Sucre et son surnom est la Ciudad Blanca (la ville blanche). En effet, elle tire son surnom de son architecture. Située à 2 780 mètres d’altitude et fondée par les conquérants espagnols le 29 septembre 1538, la cité est l’une des villes à l’architecture hispanique la mieux conservée d’Amérique, avec des rues pavées, des fontaines taillées dans le granit, des églises anciennes, des maisons couvertes de tuiles en terre cuite saupoudrées de chaux et des murs blancs, caractéristiques du design colonial. Ce sont tous ces immeubles blancs qui donnèrent ce surnom.

#864 – CD Aurora : el Equipo del Pueblo

L’équipe du peuple. Dans la ville bolivienne de Cochabamba, le CD Jorge Wilstermann écrase de son palmarès et sa popularité tout rival. Ses 15 titres de champion de Bolivie rempotés lui ont permis de capter de nombreux supporteurs, estimés à environ 90 % des fans de football de la région. Au niveau national, il est l’un des trois plus grands clubs du pays en nombre de supporters, avec des fans notamment dans les villes de Sucre et Santa Cruz de la Sierra. Pourtant, dans son fief, l’équipe du peuple est son rival, CD Aurora. Face aux origines plus cossues de Wilstermann, fondé par les employés de la compagnie aérienne, Aurora émergea, 14 ans avant Wilstermann, dans un environnement plus modeste grace à des enfants de l’Instituto Americano en rebellion de leur école. En effet, le directeur de cet école avait refusé d’autoriser ses élèves à participer à un tournoi de football et une bande de collégiens reposant sur la famille Ferrel (les 7 frères Wálter, Humberto, Hernán, Remberto, Demetrio, José et Leonardo, plus leurs 2 sœurs Blanca Lía et Rosa, ainsi que leur cousin Daniel) fonda au petit matin du 27 mai 1935, devant l’école, situé à l’époque sur la Plaza Colón, au cœur de la ville, le CD Aurora. Cet esprit rebelle ne pouvait que plaire aux habitants. Ainsi, la grande majorité des fans du club proviennent des couches populaires de la ville. Par la suite, le club forma et compta dans ses rangs de nombreux joueurs de la région qui permettaient aux fans de s’identifier facilement. En outre, pendant de nombreuses décennies, le club avait une philosophie « nationaliste » en employant principalement des joueurs boliviens. Parmi ses joueurs, Arturo Villarroel, Rómulo Terrazas, Hernán Flores, Jaime Herbas, José Luis Balderrama, Jorge Morales, Antonio Quiroga, Carlos Loma, Ramiro Arteaga, Jorge Reyes Salamanca et Ramiro Méndez marquèrent leur époque. Mauricio Soria, Óscar Sánchez, Jhonny Villarroel dans les dernières générations apportèrent également leurs contributions.

#795 – Universitario de Sucre : la U

Il s’agit de l’initial du nom du club qui est exactement Club Deportivo Universitario San Francisco Xavier. Tout commença sur un terrain de football de l’Université Mayor Real y Pontificia San Francisco Xavier de Chuquisaca de la ville de Sucre. Le 5 avril 1961, le professeur Alfredo Sandi Navarro, surnommé le père du sport universitaire, observa un match de football entre deux équipes d’étudiants. D’un côté, les étudiants médecins. De l’autre, ceux provenant de l’école d’économie. Face à ce spectacle, Sandi Navarro proposa aux étudiants de créer une équipe de football pour représenter l’Université au championnat régionale de Sucre en ces mots : « les invito fraternalmente a ser protagonistas al integrar este plantel y tengan el honor de representar a nuestra Universidad en el campeonato oficial. Les dejo en libertad de pensar para su decisión final esperando sus respuestas en los próximos días para saber su opinión » (Je vous invite fraternellement à être des protagonistes en intégrant cette équipe et avoir l’honneur de représenter notre Université dans le championnat officiel. Je vous laisse libre de réfléchir à votre décision finale et j’espère avoir de vos nouvelles dans les prochains jours pour connaître votre opinion). La réponse positive des étudiants fut immédiate et d’autres étudiants des facultés de médecine, de sciences économiques, de droit et d’agronomie les rejoignirent. Le jour même, le professeur Sandi Navarro rédigea les formulaires d’inscription que les joueurs s’empressèrent de remplir. L’équipe reçut le soutien moral et matériel du recteur de l’université, l’avocat Óscar Frerklin Salas. Ensuite, le nom de l’équipe fut choisi Club deportivo Universidad ainsi que les couleurs du maillot. Le premier uniforme était une chemise blanche avec une bande sur la poitrine aux couleurs rouge et bleu, un short bleu et des chaussettes blanches, kit semblable à l’Université Catholique du Chili. Surtout, la bande bleue et rouge reprenait les couleurs de l’Université San Francisco Xavier.

#783 – The Strongest : Gualdinegro, Aurinegro

Les or et noir. Evidemment, ce surnom fait référence aux nuances de couleurs de la chemise du club. Le premier maillot du club de La Paz fut proposé par l’un des fondateurs, Víctor Manuel Franco, et confectionné par la mère d’un autre, Alberto Requena. Il était à rayures verticales noires et jaunes. En 1908, à la fondation du club, certains des membres venaient ou étaient supporteurs d’un club qui avait disparu l’année précédente, Thunder FC. Ce dernier était populaire car il avait été créé pour affirmer l’identité bolivienne en affrontant les autres clubs de la capitale qui dépendaient de la communauté britannique. Le Thunder avait opté pour un maillot à rayures noires et jaunes disposées horizontalement. Pour le choix des couleurs, les fondateurs du Thunder avaient juste levé leurs yeux car, à cette époque, dans les parcs entourant la ville, qui leur servaient de terrain de jeu, le chardonneret noir, dont le plumage est noir et jaune, pullulait. Cet oiseau est typique de la région puisqu’il ne vit que dans les hauts plateaux andins. Les fondateurs de The Strongest changèrent en revanche le sens des rayures car un de leur ami qui étudiait en Allemagne leur avait partagé le maillot d’un club germanique qui possédait des rayures verticales jaunes et vertes. Au final, ces couleurs intercalées devaient représenter le jour et la nuit. Gualdo est un terme espagnol pour désigné un jaune avec une teinte dorée ou légèrement foncée, qui était autrefois obtenu à partir d’une herbe du même nom (de la famille des Résédas).

#757 – Club Blooming : los Celestes

Les célestes, en référence au bleu ciel du maillot. En 1946, le club fut fondé par un groupe d’amis qui se rencontrèrent au collège Nacional Florida et dans la célèbre comparsa Chabacanos, une troupe composée de musiciens, de danseurs et de chanteurs qui officiaient lors du traditionnel carnaval de Santa Cruz de la Sierra. Le choix de la couleur de cette nouvelle association sportive et culturelle se porta sur le bleu ciel car, dans la 3ème strophe de l’hymne de Santa Cruz de la Sierra, la première phrase dit « Bajo el cielo más puro de América » (sous le ciel le plus pur d’Amérique). Ce chant, qui exalte la beauté de la nature de Santa Cruz (oiseaux, fleurs, arbres et donc le ciel), fut composé en 1920 en mémoire de la révolution libertaire du 24 septembre 1810. Il est également possible que ce choix de la couleur bleu ciel fut renforcé car certains des membres fondateurs auraient fait parti d’un club dénommé Blue Sky (bleu ciel).

#523 – Club Bolívar : los Celestes

Les bleus ciels. Le 12 avril 1925, un groupe de jeunes fonda un nouveau club sportif dans la capital de La Paz. Créé l’année du centenaire du pays, les membres fondateurs voulaient donner un nom hispanique au club, contrairement aux autres clubs boliviens de l’époque qui avaient adopté des noms britanniques (The Strongest, Always Ready, Blooming …). Ils l’appelèrent ainsi Bolívar en l’honneur du grand libérateur sud-américain Simón Bolívar. Pour le choix des couleurs, ils optèrent pour l’originalité avec du bleu clair, peu répandue à l’époque. Elle reflétait la couleur du ciel au dessus de La Paz. Capitale la plus haute du monde, elle connaît des hivers particulièrement secs et ensoleillés.

#510 – Club Always Ready : CAR

Evidemment, il s’agit des initiales du club. Le dernier club champion de Bolivie ne possède pas un surnom très original. En revanche, son nom n’a pas d’équivalence dans le monde footballistique et se rapproche légèrement de la dénomination des franchises de sports américaines. D’où vient-il ? En 1933, un groupe d’adolescents, provenant du quartier de Miraflores ainsi que celui voisin du Prado, la plupart étudiant au Colegio La Salle, se décidèrent à créer un nouveau club de football dans la capitale bolivienne. Les garçons hésitèrent avec plusieurs noms : Los Locos del Parque, Petit Club, Los Demonios del Prado, L’Aiglon, White Star, Blue Star. Aucun des noms ne convint. Finalement, l’un des fondateurs proposa Always Ready (toujours prêt). La discussion était close et le 13 avril 1933, le Club Always Ready fut fondé. Ce nom pourrait s’inspirer du slogan des scouts. Pourtant, même si ce dernier inspire le mouvement scout depuis ses origines, la devise en anglais est « Be prepared » (BP comme les initiales du fondateur Baden Powell). Mais, en espagnol, elle se traduit souvent en Siempre Liste (plus proche de toujours prêt). Le motto des scouts signifie que le jeune est toujours en état d’agir, dans son corps et dans son esprit, pour faire son devoir. Il est donc possible que ceci est inspiré les fondateurs du club. Le nom fut par ailleurs choisi dans la langue de Shakespeare car, comme dans beaucoup d’autres pays, les jeunes footballeurs étaient influencés par la patrie où était né le football et qui l’exporta à travers le monde. D’ailleurs, un des autres grands clubs boliviens avaient également opté pour un nom anglais à sa fondation en 1908, the Strongest, et il dominait déjà le football bolivien dans les années 1930 (ayant remporté 8 titres de champion de La Paz, le plus important et réputé tournoi régional).