#144 – FC Metz : les Grenats

Le club lorrain joue effectivement en grenat. Mais d’où provient cette couleur ? A la fondation du club, en 1932, le club évoluait dans les couleurs de la ville de Metz, le noir et le blanc. Tirées du blason de la ville, ces couleurs ont pour origine celles de l’écusson qui représentait le paraige dénommée « Commun ». Au nombre de 6, les paraiges, des associations de familles bourgeoises et commerçantes, dirigeaient la ville, lors de la République Messine (1234 – 1552).

Le 27 décembre 1936, le FC Metz se déplaça à Marseille pour affronter l’OM. Le club perdit le match 4 à 0. Au-delà de la défaite, Raymond Herlory, le Président du club, et Charles Fosset, l’un des joueurs, entendirent surtout les supporteurs de l’OM insulter les joueurs messins. Ils leur lançaient des injures à caractère anti-allemand. En effet, avec leur maillot blanc et noir, le club rappelait l’équipe nationale d’Allemagne et, à l’époque, les souvenirs de la grande guerre étaient encore vivaces pour les deux partis. En particulier pour les messins qui avaient connu l’annexion de la Moselle en 1870 par l’Allemagne et qui n’étaient pas toujours considérés comme des français par les français de l’intérieur, depuis leur retour dans la Mère Patrie en 1918. Le Président et son joueur eurent donc l’idée de changer les couleurs pour améliorer l’image du club et optèrent pour le grenat. Le grenat avait été la couleur du CAM (Cercle Athlétique Messin), l’une des deux formations à l’origine du FC Metz.

#143 – CA Vélez Sarsfield : el Fortín

Le fort, la forteresse. Le club argentin hérita de ce surnom en juin 1932, quand dans le journal « Crítica » , apparaît un article où le journaliste Hugo Marini décrivit le stade du club, situé aux coins de la rue Basueldo et de la Guardia Nacional dans le quartier de Villa Luro, comme un fort. San Lorenzo devait rendre visite à une équipe de Vélez qui était en pleine forme à domicile. Avant le match, Marini titrait : « ¿San Lorenzo hará rendir mañana el ‘Fortín de Villa Luro’? » (Est-ce que San Lorenzo fera jouer le ‘Fortín de Villa Luro’ demain ?). Pour Marini, le stade de Velez était un fort car il était difficile pour l’équipe adverse d’y gagner un match. En outre, les projecteurs (une rareté pour l’époque) situés au quatre coin du terrain ressemblaient aux tours de guet d’un fort. Bien que ce match se soit soldé par un désastre pour Vélez, qui s’inclina 4-1, les supporteurs trouvèrent un surnom.

Dans ces années, alors que les réseaux sociaux et télévision n’existaient pas et que la radio en était encore à ses premiers balbutiements, la presse écrite disposait d’un immense pouvoir pour accompagner l’explosion de la popularité du football en Argentine. Par ses chroniques drôles et hyperboliques, Hugo Marini en fut l’un des plus importants représentants. Sa chronique « el Sport de cada día » était particulièrement lu et immortalisait un grand nombre d’expressions populaires et surnoms pour le ballon rond.

Malheureusement, suite à la relégation du club en seconde division en 1940, le contrat de location du stade prît fin et Vélez perdit son fort. A la fin des années 40, grâce à la ténacité de José Amalfitani, le club acquit de nouvelles terres dans le quartier de Liniers et y construisit un nouveau stade, qui hérita également le nom d’el Fortín ou Fortín de Liniers.

#142 – Santos FC : Peixe

Poisson. La référence au poisson est bien entendu lié à la qualité de ville portuaire de Santos. Son port est un lieu de commerce important, en concentrant plus du quart des échanges de la balance commerciale brésilienne. Le complexe portuaire s’est développé à partir de 1867 avec l’ouverture d’une ligne ferroviaire de 79 kilomètres reliant São Paulo au Port de Santos qui permit l’exportations de la production de café. Aujourd’hui, il écoule la plus grande partie de la production des États céréaliers comme ceux de Sao Paulo, du Minas Gerais (sud-est), de Goias et du Mato Grosso do sul (centre-ouest). Le port de Santos est classé au 38ème rang mondial pour le trafic de conteneurs et le 1er en Amérique latine.

Le surnom fit son apparition en 1933. Le 12 mars 1933, le premier match de football professionnel eut lieu au Brésil, entre Santos et l’ancêtre du Sao Paolo FC. Les fans de l’équipe de São Paulo da Floresta décidèrent de provoquer les supporteurs de Santos en les appelant péjorativement peixeiros (les poissonniers). Ces derniers répondirent fièrement en criant « peixeiros, sim com muita honra » (les poissonniers, oui avec grand honneur). A la même époque, le dessinateur João Brito, dans les pages de « A Gazeta Esportiva » , représentait Santos sous la forme d’un poisson. Qui influença l’autre ? En tout cas, les supporteurs comme João Brito s’inspirèrent peut-être du premier dessin où Santos fut représenté sous la forme d’un poisson. C’était en 1921 dans le journal pauliste, Ítalo Paulista , IL Pasquino Coloniale, où un supporteur du club de Palestra Itália était au bord de la mer et admirait un poisson, représentant l’équipe de Santos.