Les lames. Les origines de Sheffield remonte à la seconde moitié du premier millénaire avant JC mais la ville ne connut qu’un fort développement à la révolution industrielle au XIXème siècle. Entre ces deux périodes, la ville de Sheffield n’était qu’une petite ville mais de grande renommée pour sa production de coutellerie. La situation géographique de Sheffield, au bord de deux rivières (la Sheaf et le Don) et entouré par des collines riches en matières premières dont du charbon, de gré et du fer, en faisait un endroit idéal pour des moulins à eau et des meules. Ces derniers étaient utilisés au départ pour moudre le grain mais ils furent rapidement aussi consacrés à la fabrication de couteaux et d’épées. La première référence à la coutellerie produite à Sheffield remonte à 1297, lorsque les livres fiscaux enregistraient un redevable du nom de Robertus le Coteler (Robert le coutelier). En 1340, Sheffield était déjà renommé pour cette artisanat, le trésor du roi Édouard III dans la Tour de Londres comprenant un couteau provenant de Sheffield. Dans The Reves Tale (le Conte du régisseur), le troisième livre des Contes de Canterbury (écrit entre 1387 et 1400), Geoffrey Chaucer mentionnait « Ay by his belt he baar a long panade/And of a swerd ful trenchant was the blade/A joly poppere baar he in his pouche/Ther was no man, for peril, dorste hym touche/A Sheffeld thwitel baar he in his hose » (Toujours dans sa ceinture de cuir, il portait une machette/une épée avec une longue lame mordante/Dans sa poche, il portait un joli couteau/aucun homme n’a osé le toucher, pour la possibilité de perdre la vie/Un long couteau de Sheffield qu’il portait à sa ceinture). Résultat, aux XIVème et XVème siècles, Sheffield et ses environs était l’un des principaux centres britanniques de fabrication après Londres et produisait des couteaux, épées, ciseaux, faux, lames… . A compter du XVIIème siècle, le métier s’organisa à Sheffield sous l’impulsion des Comtes de Shrewsbury qui mirent en place des jurys de couteliers. Ces derniers enregistraient les marques et artisans, contrôlaient l’apprentissage ainsi que les pratiques et savoir-faire. Puis, en 1624, une loi fut votée par le Parlement, établissant une guilde du nom de Company of Cutlers in Hallamshire qui, outre les compétences des jurys, réglementaient également la qualité de la coutellerie produite. Par la suite, le développement de la production d’acier dans la région et les évolutions dans sa qualité participèrent à passer à la production de masse pour la coutellerie. Au début du XIXème siècle, un tiers des produits manufacturés à Sheffield étaient exportés vers l’Amérique, dont le fameux couteau Bowie. En 1950, environ 15 000 personnes étaient employées dans l’industrie de la coutellerie, la plupart travaillant dans de petites entreprises comptant moins d’une douzaine d’employés. Mais, la contraction des marchés étrangers et l’augmentation de la concurrence étrangère moins chère, en particulier d’Asie, firent mal à l’industrie de la coutellerie à Sheffield. Dans les années 1990, il ne restait à Sheffield qu’environ 1 000 personnes employées par une dizaine de fabricants de coutellerie. Beaucoup de ces entreprises familiales fonctionnent encore aujourd’hui, produisant principalement des couverts. Le club, pour rendre hommage à cette industrie, affiche deux sabres sur son écusson depuis les années 1950.
Il faut noter qu’au départ le surnom de blades ou cutlers (couteliers) étaient attachés à tous les clubs de Sheffield (FC, United ou Wednesday) lorsqu’ils jouaient à l’extérieur. Wednesday revendiquait même ce surnom, le club ayant été fondé avec United. Il semblerait qu’en 1907, un dessinateur fit publié dans une gazette locale une caricature des deux équipes où Wednesday apparaît sous la forme d’un hiboux et United sous la forme de lame. En effet, ce dessinateur ne maitrisait pas l’accent local et quand il entendit que Wednesday jouait à Owlerton (prononcé ole-ler-tun par les habitants de Sheffield), il fit l’analogie avec le Owl (cf. article #199). Depuis, Wednesday adopta le hibou et United conserva le surnom de blades.
.