#614 – CS Sfaxien : يوفنتوس العرب

La Juventus des Arabes. En 1912 et en 1922, des tentatives furent menées pour créer le premier club réservé aux musulmans en Tunisie. Mais, alors sous protectorat de la France, l’accord des autorités ne fut pas obtenu et les activités gelées. A compter de 1925, Zouhair Ayadi, journaliste à La Tunisie Nouvelle, déposa plusieurs demandes pour fonder un club musulman. Finalement, le 28 mai 1928, le club fut autorisé. Le journal La Tunisie Nouvelle était un hebdomadaire indépendantiste à caractère national (ie bien qu’il soit publié à Sfax, il couvrait la Tunisie dans son ensemble) et Zouhair Ayadi était un nationaliste actif. Résultat, le nouveau club avait pour vocation d’être un étendard de la cause nationaliste et devait donc arborer des symboles tunisiens. Tout d’abord, le nom était Club Tunisien pour représenter l’ensemble des musulmans du pays et revendiquer l’unité de la Tunisie. Ensuite, les couleurs retenues furent le rouge et le vert. Selon certains, le rouge évoquait le sang des martyrs et le vert, la nature tunisienne. Tandis que d’autres avancent que ces couleurs étaient celles de la bannière arborée par la résistance sfaxienne lors de son affrontement en 1881 avec l’armée française (couleurs qui étaient aussi en symbiose avec les couleurs du drapeau du Bey de Tunis). Ces choix demeurèrent jusqu’en 1962 où il fut décidé de changer de nom et de couleur à l’issue d’une session extraordinaire du comité directeur du club sous la tutelle directe du maire de Sfax. Pourquoi changer ? Personne ne sait aujourd’hui. Selon certains acteurs de l’époque, il semble que le président tunisien, Habib Bourguiba, aurait agit directement ou indirectement pour faire changer le nom et les couleurs du club. La raison demeure encore inconnue aujourd’hui mais il semblerait que la décision de Bourguiba fut prise après une défaite du Club Tunisien face à une équipe du FLN algérien. Le Club Tunisien devint le Club Sportif Sfaxien. Quand aux couleurs noires et blanches, elles furent proposés par l’entraineur Milan Kristić. Entraineur du club entre 1961 et 1966, ce dernier fut déterminant dans les succès futurs du CSS. Ayant carte blanche du président, il était l’entraineur de toutes les équipes, des minimes aux seniors. Il professionnalisa l’organisation du club, structura la formation des joueurs et leurs hygiènes de vie et insuffla un style de jeu offensif et spectaculaire. Son influence était donc grande et il n’eut pas de mal à imposer ces couleurs. Etant yougoslave, il importa peut-être les couleurs noires et blanches d’une des équipes yougoslaves telles que le Partizan Belgrade. Avec un maillot rayé (donc blanc et noir) et un joli palmarès qui s’est constitué à partir des années 1970, l’analogie avec le club italien de la Juventus se fit naturellement et donna le surnom de la Juventus des Arabes.

La comparaison avec la Juventus ne fut pas la seule pour le CSS. En 1970, le CSS perdit la finale de la Coupe du Maghreb des clubs champions face au club algérien CR Belcourt au tir aux penalties. Malgré la défaite, les spectateurs furent ravis par le jeu développé par le club tunisien. Le président du CR Belcourt dit à son homologue tunisien : « Si l’on pouvait partager la coupe en deux, nous l’aurions fait » . Résultat, le commentateur de la télé algérienne qualifia le CSS de Real Madrid du Maghreb.

#613 – Aduana Stars FC : Ogya

Le feu. En 1985, quatre natifs de la ville de Dormaa Ahenkro inscrivirent leur nouvelle équipe dans la division régionale 4 de la ligue du Ghana. Pour le nom de l’équipe, ils décidèrent de donner celui d’Aduana, l’un des principaux clans des Akan. Cet ethnie, comptant près de 25 millions de personnes, réside principalement au Ghana (et également en Côte d’Ivoire) et se compose de 8 principaux clans. Les Aduana est celui qui compte la population la plus nombreuse. En outre, les fondateurs souhaitèrent retenir l’emblème du clan, un chien crachant du feu. La légende veut que les ancêtres du clan Aduana descendirent du ciel vers leur région actuel sur une chaîne en or, guidés par un chien avec du feu dans la gueule. Ainsi, ils sont communément appelés Ogyaasefuo, ce qui signifie les descendants du feu. Une autre histoire raconte également que le premier Aduana avait un chien qui, un jour, était parti à la recherche de nourriture. En voyant le feu, le chien pensa qu’il y avait quelque chose à manger. Bien évidemment, il se brula sa gueule. Quand son maître le vit arriver avec le feu, il aurait dit m’atwea woabre me adie (mon chien, tu m’as apporté quelque chose de valable). Ceci donna naissance au nom du peuple Aduana Atwea Aberade. Pour utiliser le nom et le symbole du clan, le groupe de fondateurs obtint la permission de l’Aduanahene, qui était un chef suprême du clan. Aujourd’hui encore, le chien crachant du feu apparaît sur l’écusson du club et Ogya est devenu le surnom des joueurs et des supporteurs. Il est parfois traduit en anglais en Fire Boys.