#581 – Istanbulspor : Boğalar

Les taureaux. La capitale turque compte un certain nombre de club dont les plus connus sont Galatasaray, Fenerbahçe et Beşiktaş. Mais, les autres clubs ont également leur notoriété comme Istanbulspor qui fut le premier club de la capital a remporté le championnat de Turquie en 1932. Le 4 janvier 1926, porté Kemal Halim Gürgen, les enseignants et les élèves du lycée Istanbul Erkek fondèrent Istanbulspor, le premier club sportif issu d’un établissement d’enseignement à l’époque républicaine. Les fondateurs reprirent alors pour le club les symboles du lycée. Tout d’abord les couleurs jaunes et noires. Au début de la Première Guerre mondiale, une partie des bâtiments du lycée fut réquisitionnée pour y accueillir un hôpital. Les murs furent alors peints en jaune, couleur des hôpitaux à l’époque. Lors de la bataille des Dardanelles, des étudiants du lycée moururent. Lorsque la nouvelle de leurs morts fut connue, les élèves de l’école peignèrent les fenêtres et les portes en noir à la mémoire de leurs amis. Ainsi, le jaune et noir devint les couleurs de l’école. De même, le nouveau club adopta la même mascotte que l’école, soit un taureau, qui donna son surnom.

#580 – CA San Luis : los Tuneros

Le mot provint du terme tuna qui désigne le fruit issu du cactus connus sous le nom de figuier de barbarie. Cet espèce est originaire du Mexique, où elle est appelée nopal, et est si endémique au pays, qu’elle figure sur le drapeau du Mexique. L’Europe ne connaîtra ce fruit qu’avec la découverte des Amériques. La région de San Luis Potosí est l’un des grands centres de production de la figue au Mexique. Selon le Ministère du Développement Agricole et des Ressources Hydrauliques (Sedarh), à fin 2020, San Luis Potosí se positionnait comme la 5ème région productrice de figue de barbarie de tout le pays avec 17 045 tonnes par an, soit 5% de la production nationale. On dénombre 710 producteurs de figues de barbarie (sur 20 000 fermes au Mexique, représentant 48 000 hectares) dans 20 municipalités situées principalement dans l’Altiplano et la zone centrale de San Luis Potosí. La gastronomie de cet Etat propose également quelques plats à base de figue. Le queso de tuna (fromage de figue) est un dessert fabriqué à la main en utilisant le jus de la figue comme seul ingrédient. Cuit pendant 12 heures ou plus, le jus est réduit et épaissi, sous la surveillance d’un cuisiné équipé d’une pelle en bois pour que la substance ne colle pas ou ne brûle pas. Autre douveur : El colonche. Il s’agit d’une boisson fermentée traditionnelle qui se déguste entre juillet et octobre (la saison de récolte du tuna) et qui existait dans le monde préhispanique.

Ce surnom qualifiait l’ancienne équipe de la ville, San Luis FC, fondé en 1957 et disparu en 2013. Dès cette disparition, le nouveau club du CA San Luis se créa, en transférant à San Luis Potosí le club de Veracruz. Le CA ne reprit pas totalement les symboles de l’ancien club, notamment pour le surnom. En particulier, quand le club espagnol de l’Atlético de Madrid prit une participation dans le CA qui amena à changer les couleurs du club, les surnoms du club espagnol s’imposèrent à San Luis. Toutefois, même si le fait d’utiliser los Tuneros fit débat, il reflète tellement la région et est si associé au football local qu’il continue à être utilisé.

#579 – Atlanta United FC : the Five Stripes

Les cinq bandes. Région métropolitaine la plus peuplée sans franchise de Major League Soccer, Atlanta obtint son club de soccer relativement tardivement, en 2017. La nouvelle franchise, détenue par le propriétaire du club de football américain des Atlanta Falcons, dévoila le 7 juillet 2015 son écusson et ses couleurs. Les couleurs officielles de l’équipe étaient donc le noir (symbole de force et de puissance), le rouge (reflet de fierté et passion) et l’or (représentant l’excellence). Reprenant ses couleurs, le blason prenait la forme d’un rond, dans lequel s’inscrivait un « A » avec pour fond, cinq bandes noires et rouges. Ce cercle rappelait le sceau de la ville mais également les anneaux olympiques. En 1996, grâce à la puissance du sponsor Coca-Cola qui possède son siège dans la ville, Atlanta avait organisé les XXVIème jeux olympiques, marquant le centenaire de la renaissance olympique (les premiers jeux de l’ère moderne s’étant déroulés à Athènes en 1896). Evènement majeur pour la ville, il se trouva naturelle de le rappeler dans le blason du club. Les cinq bandes noires et rouges symbolisaient quant à elle les cinq piliers du club : unité, détermination, communauté, excellence et innovation. Il est possible aussi d’y voir un rappel des 5 anneaux du symbole olympique, qui exprime l’activité du mouvement olympique et représente l’union des cinq continents. Aujourd’hui, ces 5 bandes sont évidemment toujours les piliers du club et distingue son maillot.

#578 – Újpest FC : Lilák

Les violets. Le club du quartier de Újpest à Budapest joue dans cette couleur peu commune dans le football mais pourtant partagée avec quelques autres grands clubs : Anderlecht en Belgique (cf. #236), Fiorentina en Italie (cf. #103), Austria Vienne en Autriche, Toulouse FC en France, Real Valladolid en Espagne. Le choix de cette couleur remonte à la création du club mais les raisons sont inconnues. Il y a tout de même une anecdote à noter. Le 16 juin 1885, plusieurs étudiants, emmenés par le professeur János Goll, fondèrent le club Újpesti Tornaegylet (Association de Gymnastique d’ Újpest). A cette époque, le sport dominant dans l’Empire Austro-Hongrois était la gymnastique et naturellement l’association fut créée dans l’optique de pratiquer ce sport. La devise adoptée ce jour là était Épség, Erő, Egyetértés (solidité, force, harmonie) et le choix des couleurs se porta sur le violet et le blanc. Rapidement, des sections d’escrime et d’athlétisme s’ouvrirent. Le 31 décembre 1899, d’autres jeunes se réunirent pour fonder un club de football du nom de Újpest FC. Là aussi, ils décidèrent d’opter pour le violet et blanc comme couleurs. Difficile de savoir pourquoi le violet fit recette à cette époque. La ville d’Újpest n’avait pas cette couleur comme symbole. Une chose est sure : la couleur violette a longtemps était difficile à produire car rare à l’état naturel. Les tissus de cette couleur étaient donc chers et plutôt réserver à la noblesse. Puis, au milieu du XIXème siècle, alors qu’il cherchait une nouvelle substance contre la malaria, William Perkin créa par hasard le premier colorant synthétique, la mauvéine, qui permettait de teinter les tissues en violet. Cette couleur put alors commencer à se démocratiser.

#577 – Apollon Limassol FC : θεός

Le dieu. En s’appellant Apollon, dieu grec, le surnom s’imposa facilement de lui-même. Fin 1953, de jeunes chypriotes grécophones se réunirent avec l’idéal de créer une association pour promouvoir le sport et le sentiment national. Dans les années 1950, Chypre faisait parti de l’Empire Britannique depuis près d’un siècle, après avoir été ottoman. Le sentiment nationaliste était donc fort et, avec une population à 80% grecque, la fusion avec la Grèce, l’enosis, apparaissait comme une évidence. D’ailleurs, en janvier 1950, l’Église de Chypre avait organisé un référendum où 96 % des chypriotes s’étaient exprimés en faveur de l’enosis. Toutefois, la population turque de l’île avait été exclue de cette consultation. Dans ce contexte, les membres fondateurs souhaitaient donner une couleur grecque à leur club. Ainsi, les couleurs bleu et blanche, celles du drapeau de la Grèce, furent adoptées. Ensuite, ils dotèrent le club d’un nom rappelant la culture ancienne grecque. Ils choisirent un dieu de l’antiquité grecque et pas n’importe lequel, Apollon, dieu des arts, du chant, de la musique, de la beauté masculine, de la poésie et de la lumière. De nombreux hellénistes considèrent qu’Apollon est le dieu qui représentait le mieux la culture et le mode de vie grec. Il était finalement le plus grec de tous les dieux et son culte fut celui le plus développé. Ce fut donc sous la protection de ce dieu, revendiquant l’identité grecque, que le club fut fondé le 14 avril 1954.

#576 – CSD Merlo : los Charros

L’équipe est ainsi surnommée en l’honneur de José Manuel Moreno. Moreno fut un des plus grands joueurs argentins des années 1930 à 1950 même si aujourd’hui, il ne jouit pas de la même notoriété que Di Stefano et Maradona. Pourtant, Diego Maradona déclara « cuando la AFA me eligió como mejor futbolista argentino de todos los tiempos estaba fascinado, pero a la vez me daba vergüenza dejar atrás a nombres como Moreno » (quand la fédération argentine m’a choisi comme le meilleur footballeur argentin de tous les temps, j’étais fasciné, mais en même temps j’avais honte de laisser derrière moi des noms comme Moreno). Grand, puissant, Moreno avait un physique de déménageur et possédait pourtant une grande technique, un tir précis et un bon jeu de tête. Avec cette capacité d’être un rempart devant la défense puis d’organiser le jeu vers l’attaque, il créa le poste de meneur de jeu-électron libre. Tout au long de ses 20 ans de carrière, il joua 523 matches de championnat pour 243 buts inscrits et porta 34 fois le maillot albiceleste pour 19 buts. Son palmarès est impressionnant en étant champion dans 4 pays différents (Argentine (1936, 1937, 1941, 1942 et 1947), Mexique (1946), Chili (1949) et Colombie (1955, 1957)). Après sa carrière, il vécut ses dernières années dans la ville de Merlo et dirigea le CSD Merlo lors des saisons 1977 et 1978. Après sa mort le 26 Août en 1978, le stade du club fut baptisé en son nom et l’équipe devint connu sous le nom Los Charros, surnom de Moreno. En effet, Moreno avait obtenu son surnom de Charro après son passage au Mexique où il joua pour le club de Real Club España de 1944 à 1946. Le Charro est un personnage du folklore mexicain, un gardien de bétail traditionnel, dans la lignée du cow-boy américain et du gaucho argentin. Toutefois, ils étaient issus des immigrés espagnols et étaient souvent des propriétaires terriens, ce qui en faisait des membres des hautes classes mexicaines. Or, comme le club de Real Club España était celui de la communauté espagnole, le Charro pouvait les symboliser. A noter toutefois que par la suite, le cinéma mexicain popularisa le charro en le montrant fanfaron et rigolard, plus proche des classes populaires qu’il ne l’était dans la réalité.

#575 – Derby County FC : the Rams

Les béliers. Le surnom est né quasiment en même temps que le club puisque les fondateurs choisirent de doter leur nouvelle association d’un blason en forme de bélier. Le choix de cet ovin s’explique par le fait que le mouton et la laine furent indissociables du comté de Derbyshire à l’époque médiévale. Dès l’antiquité, l’élevage de mouton était répandu et au moyen-âge, l’industrie lainière se développa fortement. Le filage était alors réalisé par les femmes célibataires ou des vieilles filles à l’étage des maisons de tisserand. D’ailleurs, filer se dit to spin et donna le mot spinster qui signifie vieille fille. Cette activité donna également naissance à une ballade populaire nommée The Derby Ram (le bélier de Derby) ou As I was Going to Derby (Comme j’allais à Derby). Les versions et les nombres de strophes purent varier au fil des années mais l’histoire principal demeurait la même : un bélier était amené au marché de Derby, il fut égorgé par un boucher et les différentes parties étaient utilisés par les habitants. Vraisemblablement que cette histoire dérivait de rites païens anglo-saxons où un bélier était sacrifié en hiver pour apporter chance et fertilité tout au long de l’année. Ces festivités impliquaient une procession de chants et de danses, accompagnée d’un homme habillait en mouton. Puis, avec la christianisation du pays, le rite disparut mais les festivités demeurèrent. Au moyen-âge, des pièces folkloriques joués par les mummers représentaient des hommes habillés en animaux, dont probablement le bélier Derby. La chanson se répandit dans tout le pays mais également en Irlande, en Ecosse et aux Etats-Unis.

La ballade était si populaire et attachée à la région de Derby qu’en 1855, le régiment du Derbyshire (First Regiment of Derbyshire Militia), dont la caserne et le quartier général étaient à Derby, opta pour un bélier comme mascotte (à l’image de la chèvre pour le régiment Welsh Fusileers). L’armée décida même de prendre cette chanson comme celle du régiment. Naturellement, le bélier s’imposa sur les armes de la ville ou comme symbole pour le nouveau club de football. Il existe également un certain nombre de représentations de bélier à Derby. La plus notable est peut-être une grande sculpture située à la jonction d’East Street et d’Albion Street.

#574 – Korona Kielce : Koroniarze

Koroniarze est dérivé du nom du club Korona, qui signifie couronne. Connu pour son club de handball, la ville possède également un club de football qui navigue entre la seconde et la première division polonaise. Contrairement au club de hand, le palmarès du football est quasiment nul. D’où, le surnom du club ne vient pas de sa renommé, de sa réputation. La couronne, qui apparait sur l’écusson du club, tire son origine des armes de la ville. Les armoiries de Kielce furent données (ou confirmées) par le cardinal Fryderyk Jagiellończyk, alors primat de Pologne. La date d’octroi ne peut être déterminée avec précision, mais la période la plus probable serait entre 1494 et 1503. Les armoiries sont composées d’un écu à fond rouge incrusté d’une couronne dorée et les lettres CK dessous. La couronne, ici constituée de cinq fleurons, était un symbole de pouvoir, et les lettres CK sont l’abréviation latine des mots Civitas Kielcensis, c’est-à-dire les habitants de Kielce ou Civitas Kielce, c’est-à-dire la ville de Kielce.

La couronne a quatre pointes apparut sur le blason du club dès sa création en 1973. En 2000, le club fusionna avec un autre de Kielce et fut rebaptisé Kielecki Klub Piłkarski Korona. Les armoiries furent modifiées mais le symbole le plus reconnaissable du club, la couronne à 4 pointes, fut remplacé par une autre sorte de couronne. Blasphème pour les supporteurs qui ne reconnurent pas ce blason. En 2006, ils eurent gain de cause et la traditionnelle couronne revint.

#573 – FC Paços de Ferreira : os Castores

Les castors. Evidemment il n’y a aucun castor recensé dans la région ou aucune présence d’une immigration canadienne qui supporterait le club. Ce surnom résulte d’une opération marketing lancée par la direction du club au début des années 2000. Aidée par une agence de création, la direction opta pour le rongeur comme mascotte et surnom du club. L’animal est un constructeur de digues, de barrages en bois. Avec des dents acérées, ils travaillent le bois avec une habileté inhabituelle. Le bois est essentiel aux castors comme pour les habitants de la région de Paços de Ferreira. En effet, la ville se surnomme la capitale du meuble. Avec 5 000 entreprises, dans un rayon de cinq kilomètres autour de la ville de Paços de Ferreira, l’industrie du meuble est l’un des secteurs économiques importants de la région, devant le textile. Les usines représentent 1 million de m2 de surface de production et cette économie génère 1 milliard d’euros par an. Cette activité exporte 80% de sa production, avec une chiffre d’affaires moyen mensuel de 25 millions d’euros. Enfin, son salon du meuble, organisé chaque année sous le slogan « Capital Europeia do Móvel » (capitale européenne du meuble), est le plus important du Portugal.

#572 – Étoile Sportive du Sahel : جوهرة الساحل

Le joyau de la côte. Le club réside dans la ville de Sousse, capitale du Sahel tunisien, parfois surnommée la « perle du Sahel ». Situé à l’est du Pays, Sousse est une ville portuaire, sur le littoral du Sahel donnant sur la mer Méditerranée. Son club de l’ESS demeure une référence de la région et du pays. Depuis 1950, le club fut sacré champion de Tunisie à dix reprises (1950, 1958, 1963, 1966, 1972, 1986, 1987, 1997, 2007, 2016) et vainqueur également à dix reprises de la Coupe nationale (1959, 1963, 1974, 1975, 1981, 1983, 1996, 2012, 2014, 2015). Sur le plan continental, l’Etoile Sportive de Sahel remporta plus de titres de la CAF que toute autre équipe tunisienne : une Ligue des champions d’Afrique (2007), deux Supercoupe de la CAF (1998, 2008), deux Coupe de la confédération (2006 , 2015), deux Coupe de la CAF (1995, 1999) et deux Coupe d’Afrique des vainqueurs de coupe (1997, 2003). Dans le monde arabe, la moisson fut également importante : Coupe du Maghreb des clubs champions (1973), Coupe du Maghreb des vainqueurs de coupe (1975) et Coupe arabe des clubs champions (2019). Enfin, l’ESS fut la première équipe tunisienne à participer à la Coupe du Monde des Clubs de la FIFA, en 2007, et termina à une honorable 4ème place, le deuxième club du continent africain à atteindre les demi-finales. La CAF a classé le club parmi les clubs de football les plus prestigieux d’Afrique et l’une des équipes les plus soutenues du continent. Son influence à Sousse est telle qu’en 1993, lorsque le club échappa de peu à la relégation en seconde division, les autorités décidèrent de sacrifier tous les autres clubs de la ville (STIA Sousse, Patriote, Avenir sportif de Sousse et Football Club de Zouhour) à l’exception du Stade soussien, afin que toutes les ressources soient consacrées à l’ESS. Pas de doute, il s’agit d’un joyau.