#832 – Platense FC : los Tiburones Blancos

Les requins blancs. Nichée entre deux océans, la facade maritime du Honduras se concentre à l’Est, du côté de l’Océan Atlantique et de sa Mer des Caraïbes. Le Honduras possède d’immenses ressources marines avec un espace maritime quatre fois plus grand que son territoire, où cohabitent différentes sortes d’habitats (mangroves, zones peu profondes, récifs coralliens, canyons jusqu’à six mille pieds de profondeur) et où résident un haut niveau de biodiversité. Le Honduras est pays essentiel à l’équilibre des écosystèmes marins et au corridor biologique mésoaméricain. Parmi sa faune, le requin est y très présent, avec une grande variété d’espèces (requin marteau, requin taureau, requin nourrice, requin baleine, requin dormeur, requin tigre et requin griset). Le requin blanc baigne aussi dans ses eaux. Face à la pêche intensive du requin (d’un côté pour commercialiser son aileron qui est un met de luxe en Asie et de l’autre, comme plat ancien de certaines populations autochtones), en 2011, le président Porfirio Lobo décida d’interdire la pêche, la commercialisation et l’exportation des requins et de créer le Santuario de Tiburones (Sanctuaire de requins). Cet espace qui couvre la totalité de son territoire marin (du Pacifique à la Mer des Caraïbes), soit au total près de 240 000 km2 est consacré à la préservation de squales en tout genre.

Sur sa côté Est, au Nord du pays, la cité de Puerto Cortés représente le principal port du Honduras. Puerto Cortés présente l’avantage d’être situé dans une baie naturelle (Bahia de Cortez) en eau profonde bien protégée où la variation des marées est non-significative. Le port connut un fort développement avec l’industrie bananière, dont le Honduras figurait parmi les plus grands exportateurs au monde dans les années 1950 et 1960. Puis, le manque d’investissement réduisit son intérêt jusqu’au milieu des années 2010. Le gouvernement du président Hernández lança un vaste programme d’investissement dans des infrastructures (autoroute, aéroport, port) pour faire du Honduras un nœud vital de la logistique américaine et Puerto Cortés représentait le cœur du projet. Toute d’abord, en 2013, l’exploitation du port a été concédée pour 30 ans. Puis, en 2014, les infrastructures portuaires furent modernisées afin d’augmenter les capacités d’accueil (construction de quais et de terminaux dédiés au vrac solide et liquide tels que les granulats de pierre, les minéraux et le charbon, allongement du quai existant, construction de surface de stockage …). Ces améliorations permirent de diminuer le temps d’attente des vraquiers, passant de 7 jours en 2013 à 2,2 jours en 2021, et le temps de déchargement des produits au port, de 5 jours en 2013 à 2,7 jours en moyenne en 2021. Aujourd’hui, avec ses installations les plus modernes d’Amérique centrale, le port est le premier de l’Atlantique dans la région d’Amérique centrale et une référence dans les Caraïbes. Il a également stimulé les exportations et l’économie du pays ainsi que la vie des habitants de la ville, en concentrant 65% de l’emploi.

Ville tournée vers la mer, avec l’un de ses plus emblématiques ambassadeurs, le requin, qui y réside, le club de football fondé en 1960 prit l’animal pour mascotte, l’intégra dans son blason et fut surnommé ainsi. La mention de la couleur blanche se rapporte plus à la couleur du maillot qu’à l’espèce de squale.

#831 – Engen Santos FC : the People’s Team

L’équipe du peuple. Malgré un championnat d’Afrique du Sud remporté en 2002, ce n’est pas son palmarès qui a rendu le club populaire. D’autant que la compétition est rude dans la ville du Cap qui compte d’autres clubs dans les premiers échelons des ligues sud-africaines (Cape Town Spurs, Cape Town City, Cape Town All Stars …). Fondé en 1982 à Heideveld, banlieue du Cap, le club gagna sa notoriété en étant ouvert à toutes les communautés, sans distinction de race ou de religion. Cela paraît anodin mais dans le contexte de l’Apartheid, ceci constitua un affront à la politique ségrégationniste d’Etat.

Introduit par les colons anglais, le football fut considéré comme le sport du peuple noir par les autorités politiques blanches du pays, ces dernières privilégiant le cricket et le rugby. Mais, cette « préférence » ne devait pas pour autant conduire à mélanger les différentes communautés dans la pratique du football. Avant même l’établissement de l’Apartheid, le pays était déjà divisé entre ses différentes composantes (blancs, noirs, indiens, métis). Résultat, chaque communauté créa sa propre fédération de football : FASA (blanc en 1892), SAIFA (indien en 1903), SABFA (noir en 1933) et SACFA (métis en 1936). Chacune avait ses propres équipes qui pouvaient s’affronter mais les équipes blanches demeuraient plutôt à l’écart des autres fédérations. A partir de l’établissement de l’Apartheid en 1948, la séparation s’institutionalisa dans la vie publique et s’imposa définitivement dans le football : blanc d’un côté et les autres (en particulier les noirs) de l’autre côté.

En 1951, les africains, les métis et les indiens se réunirent au sein d’une seule fédération (SASF) pour s’opposer à l’apartheid dans le sport. Mais, ce fut surtout l’expulsion des équipes et des instances sportives africaines des compétitions et organisations internationales (à compter de 1961 pour le football) qui aida à affaiblir cette politique de ségrégation. Les entailles aux discriminations se succédèrent à compter des années 1970. En 1974 et 1975, des compétitions nationales (Embassy Multinational Series et Chevrolet Champion of Champions) opposaient des clubs noirs et blancs les uns contre les autres. Leurs succès d’audience confirmèrent la popularité du football mixte. En 1976, le gouvernement autorisa une équipe sud-africaine composée de joueurs blancs et noirs à jouer contre l’Argentine en visite à Johannesburg. Même si dans les tribunes, les deux communautés étaient toujours séparées, cette première équipe mixte remporta le match sur le score de 5 buts à 0. En 1976, l’équipe d’Arcadia Shepherds, membre du championnat de football sud-africain réservé aux équipes composées de joueurs blancs (NFL), intégra pour la première fois un joueur africain. Deux ans plus tard, cette même ligue s’effondra du fait de sa faiblesse face aux autres championnats tels que le NPSL, réservé aux africains. Résultat, naquit en 1978 une nouvelle ligue non-raciale où se côtoyaient des équipes composées d’africains et des équipes composées de blanc (qui pouvaient inclure jusqu’à 3 joueurs noirs). Dans les années 1980, le football était devenu un lieu d’expression politique dans le pays. Les rassemblements politiques de toute nature étant interdits, les matchs de football étaient la couverture parfaite pour les réunions des dirigeants de l’ANC. Ce fut dans ce contexte qu’apparût Santos FC qui s’affranchissait de toutes les barrières raciales. Evidemment, ce choix ne plut pas et le club connut des débuts tourmentés avec des problèmes financiers, des obstacles politiques, des fraudes et vols. Cette politique non-raciale et les difficultés liées lui permit de gagner rapidement en popularité au sein de toutes les communautés et le surnom d’équipe du peuple.