#1045 – Sekhukhune United FC : Babina Noko

En langue Pedi, le Noko est le porc-epic et le Babina Noko est un poncho traditionnel pour le peuple Pedi. Les frères Simon et Jonas Malatji naquirent et furent élevés dans district de Sekhukhune dans la province du Limpopo, au Nord du Pays. Ils partirent, notamment au Royaume-Uni, pour poursuivre leurs études supérieures. Puis, revenus en Afrique du Sud, les deux frères fondèrent la principale société de sécurité, Mabotwane Security Services, en 1999. Riches entrepreneurs, ils décidèrent de fonder en 2019 un club de football dénommé African All Stars, qui évolua en 3ème division nationale. Fin 2020, l’opportunité se présenta de racheter la licence du club de Tshakhuma Tsha Madzivhandila en première division nationale (équivalent de la seconde division). Il présentait également l’avantage d’être établi dans la province du Limpopo où les deux frères souhaitaient se réinstaller. En effet, comme le déclarait Simon Malatji « We’re not in football for the money. We just want to change the lives of the people of our community » (Nous ne sommes pas dans le football pour l’argent. Nous voulons juste changer les vies des personnes de notre communauté). Ainsi, le nouveau club devait être le représentant du Limpopo et du peuple Pedi. Il fut renommé Sekhukhune United, en l’honneur du royaume Pedi de Sekhukhuneland, qui au XIXème siècle, sous le règne du Roi Sekhukhune I, mena la lutte face aux colons néerlandais puis anglais. Le club prit le slogan Adibahlabe dinoko qui signifie « Poignardez vos adversaires avec vos piquants, porc-épics ». Et enfin, installa un porc-épic sur son blason, animal totem des Pedi.

Les Pedi sont un peuple sotho-tswana d’Afrique du Sud, établis dans la région du Limpopo. Leurs ancêtres migrèrent d’Afrique des Grands Lacs vers le Limpopo, en Afrique du Sud au plus tard au VIIème siècle, côtoyant alors dans cette région d’autres ethnies. Les populations se regroupèrent et s’identifiaient par leur allégeance symbolique commune à un animal-totem tel que tau (lion), kolobe (cochon) … . Avec le développement d’une certaine homogénéité linguistique et culturelle, le peuple Pedi se distingua des autres ethnies entre le XVème et le XVIIIème siècle. Vers la fin du XVIIIème siècle, les différentes chefferies des tribus Pedi furent étape par étape unifiées pour donner naissance au Royaume de Sekhukhuneland. La légende raconte que durant les migrations du VIIème siècle, les Pedi avaient pour animal totem un kgabo (singe). Mais, lorsqu’ils traversèrent les montagnes Leolo, ils trouvèrent un pic de porc-épic et prirent alors le noko comme animal comme totem.

#1019 – Orlando Pirates FC : Ezimnyama Ngenkani

Les noirs. Au sein de l’association sportive Orlando Boys Club, une bande de jeunes appréciaient la pratique du football depuis 1934. Andries Mkhwanazi, surnommé Pelé-Pelé, un entraineur de boxe du Boys Club reconnut le talent de ces jeunes et les encouragea à fonder une équipe officielle en 1937. Un an plus tard, cette équipe d’adolescents intégrait la ligue dénommée Johannesburg Bantu Football Association. En manque de moyen, les joueurs jouaient pieds nus et sans maillot commun. En 1940, alors la section football se séparait d’Orlando Boys Club pour donner naissance aux Pirates, le travailleur social, Bethuel Mokgosinyane, devint président du club et offrit aux joueurs leurs premiers kits, qu’il avait déniché auprès d’une autre équipe de Soweto, Phiri-Phiri. Ce maillot noir affichait un grand P sur le plastron.

Les raisons du noir ne sont pas connues. Est-ce le fruit d’un pur hasard ? Bethuel Mokgosinyane n’eut pas de choix et prit les maillots de Phiri-Phiri quelque soit la couleur de ces derniers. Ou est-ce un choix raisonné ? Bethuel Mokgosinyane aurait-il volontairement choisi un maillot noir pour adopter une certaine symbolique ? Ce pouvait être un choix politique pour affirmer la couleur de peau des joueurs qui composaient l’équipe, à une époque où la ségrégation raciale apparaissait et l’ANC était fondé. Par ailleurs, les fondateurs d’Orlando Pirates comprenaient des enfants des travailleurs migrants qui avaient quitté les zones rurales pour travailler dans les mines d’or du Gauteng. Le noir pouvait être un rappel de ces racines ouvrières. Enfin, comme le nom de Pirates fut choisi au même moment, la couleur noir permettait de s’aligner avec celle communément connue des Pirates.

#899 – Maritzburg United FC : the Team of Choice

L’équipe du choix. Le surnom de ce club sud-africain provient directement du slogan de sa ville de résidence, Pietermaritzburg. Fondée en 1838 par des colons néerlandophones qui migraient depuis le Cap vers l’intérieur du pays (les Voortrekker), cette municipalité est la seconde de la province du KwaZulu, anciennement mieux connue sous le nom de Natal. Ayant le nom en zoulou d’umGungundlovu, elle est populairement appelé Maritzburg en afrikaans. La ville devint rapidement un centre important politique et économique. D’abord capitale de l’éphémère République Boer. elle fut le siège de l’administration de la colonie du Natal après la reprise en main par la Grande-Bretagne en 1843. Puis, la ville se développa et l’industrie textile fut l’un des pans économiques les plus riches. Les autres secteurs sont la production d’aluminium, de bois et de produits laitiers. Elle bénéficie d’une couverture de transport intéressante : à seulement 45 minutes de route de Durban, le port le plus fréquenté d’Afrique, à une heure de route du nouvel aéroport King Shaka et à une heure de vol de l’aéroport internationale de Johannesburg . La ville possède aussi des infrastructures d’enseignement de qualité, telles que l’Université du Natal, fondée en 1910. Ainsi, la cité connut de longues périodes de prospérité, qui donnait de nombreuses possibilités aux habitants. L’apartheid fut même moins dur que dans d’autres régions du pays et les communautés blanches et noire semblaient vivre harmonieusement. L’Université était une voix majeure dans la lutte contre l’apartheid et fut l’une des premières du pays à dispenser un enseignement aux étudiants africains. Ainsi, la ville décida de se surnommer la ville du choix. Mais, cette vision semble appartenir au passé. Dans les années 1990, la concurrence à bas coût asiatique tua le secteur textile local. En outre, la mauvaise gestion de la ville entraina la déficience des services municipaux et la plaça plusieurs fois sous la coupe d’un administrateur.

#831 – Engen Santos FC : the People’s Team

L’équipe du peuple. Malgré un championnat d’Afrique du Sud remporté en 2002, ce n’est pas son palmarès qui a rendu le club populaire. D’autant que la compétition est rude dans la ville du Cap qui compte d’autres clubs dans les premiers échelons des ligues sud-africaines (Cape Town Spurs, Cape Town City, Cape Town All Stars …). Fondé en 1982 à Heideveld, banlieue du Cap, le club gagna sa notoriété en étant ouvert à toutes les communautés, sans distinction de race ou de religion. Cela paraît anodin mais dans le contexte de l’Apartheid, ceci constitua un affront à la politique ségrégationniste d’Etat.

Introduit par les colons anglais, le football fut considéré comme le sport du peuple noir par les autorités politiques blanches du pays, ces dernières privilégiant le cricket et le rugby. Mais, cette « préférence » ne devait pas pour autant conduire à mélanger les différentes communautés dans la pratique du football. Avant même l’établissement de l’Apartheid, le pays était déjà divisé entre ses différentes composantes (blancs, noirs, indiens, métis). Résultat, chaque communauté créa sa propre fédération de football : FASA (blanc en 1892), SAIFA (indien en 1903), SABFA (noir en 1933) et SACFA (métis en 1936). Chacune avait ses propres équipes qui pouvaient s’affronter mais les équipes blanches demeuraient plutôt à l’écart des autres fédérations. A partir de l’établissement de l’Apartheid en 1948, la séparation s’institutionalisa dans la vie publique et s’imposa définitivement dans le football : blanc d’un côté et les autres (en particulier les noirs) de l’autre côté.

En 1951, les africains, les métis et les indiens se réunirent au sein d’une seule fédération (SASF) pour s’opposer à l’apartheid dans le sport. Mais, ce fut surtout l’expulsion des équipes et des instances sportives africaines des compétitions et organisations internationales (à compter de 1961 pour le football) qui aida à affaiblir cette politique de ségrégation. Les entailles aux discriminations se succédèrent à compter des années 1970. En 1974 et 1975, des compétitions nationales (Embassy Multinational Series et Chevrolet Champion of Champions) opposaient des clubs noirs et blancs les uns contre les autres. Leurs succès d’audience confirmèrent la popularité du football mixte. En 1976, le gouvernement autorisa une équipe sud-africaine composée de joueurs blancs et noirs à jouer contre l’Argentine en visite à Johannesburg. Même si dans les tribunes, les deux communautés étaient toujours séparées, cette première équipe mixte remporta le match sur le score de 5 buts à 0. En 1976, l’équipe d’Arcadia Shepherds, membre du championnat de football sud-africain réservé aux équipes composées de joueurs blancs (NFL), intégra pour la première fois un joueur africain. Deux ans plus tard, cette même ligue s’effondra du fait de sa faiblesse face aux autres championnats tels que le NPSL, réservé aux africains. Résultat, naquit en 1978 une nouvelle ligue non-raciale où se côtoyaient des équipes composées d’africains et des équipes composées de blanc (qui pouvaient inclure jusqu’à 3 joueurs noirs). Dans les années 1980, le football était devenu un lieu d’expression politique dans le pays. Les rassemblements politiques de toute nature étant interdits, les matchs de football étaient la couverture parfaite pour les réunions des dirigeants de l’ANC. Ce fut dans ce contexte qu’apparût Santos FC qui s’affranchissait de toutes les barrières raciales. Evidemment, ce choix ne plut pas et le club connut des débuts tourmentés avec des problèmes financiers, des obstacles politiques, des fraudes et vols. Cette politique non-raciale et les difficultés liées lui permit de gagner rapidement en popularité au sein de toutes les communautés et le surnom d’équipe du peuple.

#812 – Lamontville Golden Arrows FC : Abafana Bes’thende

Les garçons qui font des talonnades. Le club fut fondé en 1943 à Lamontville, un township de Durban, sous le nom de Ntokozo FC. Dans les années 1970, il évolua durant 6 ans dans la défunte ligue sud-africaine. En 1976, ils furent relégués en seconde division et ils y jouèrent jusqu’en 1980, date à laquelle ils ont été impliqués dans un scandale et expulsés de la Ligue nationale de football professionnel. Puis, le club revint en seconde division mais il connut un nouvel envol lorsqu’en 1996, le club fut racheté par la famille Madlala (Mato la soeur et Rocky le frère). Ils le renommèrent Lamontville Golden Arrows. L’équipe a souvent produit un jeu élégant, ce qui donna naissance à ce surnom.

#763 – Mamelodi Sundowns FC : Bafana Ba Style

Les garçons avec du style. A chaque présentation officielle de la nouvelle tenue de l’équipe, l’équipementier du club n’oublie pas de rappeller ce surnom et d’indiquer que le nouveau maillot, de par son style, sa beauté, entretient cette légende. Mais, les joueurs ont du style, non pas par la tenue qu’il porte mais par le jeu qu’ils développèrent dans les années 1980. Modeste club face aux géants qu’étaient au début des années 1980 les Pirates et les Chiefs, Mamelodi fit un bon avant après son rachat par Zola Mahobe en 1985. Il donna les moyens financiers au club pour acheter de très bons joueurs mais aussi de nommer comme entraineur Stanley « Screamer » Tshabalala. Parti dans des camps d’entrainement en Italie et au Brésil, Stanley proposa à ses joueurs un football ryhtmé fait de passes courtes et rapides, à l’image du tiki-taka espagnol. Les supporteurs comparèrent ce style aux mouvements rapides des cireurs de chaussure ou des pianistes, qui le fit surnommer shoeshine and piano (cirage de chaussure et piano). Or, ce style de jeu chatoyant comme le surnom qui faisait référence à des choses élégantes conduit à surnommer l’équipe les garçons avec du style.

#609 – Moroka Swallows FC : the Birds

Les oiseaux, assez logique quand on se nomme swallows, qui signifie « hirondelles » en anglais. Fondé en 1947, Moroka Swallows est l’un des deux clubs originaux de Soweto (avec Orlando Pirates). Moroka est le nom du quartier de Soweto où les 3 fondateurs Johnny ‘Walker’ Kubeka, Ishmael Lesolang et Strike Makgatho flânaient régulièrement et où ils regardaient joueurs de jeunes footballeurs avec une balle de tennis. Selon Strike Makgatho qui témoigna lors du 60ème anniversaire du club, le trio commença par composer une équipe de 11 joueurs. Une fois trouver, le trio et les joueurs se réunirent pour chercher un nom à la nouvelle équipe qu’ils formaient. Bien que certains prétendent que le nom de l’équipe fut décidé par un tirage au sort, un des joueurs, Carlton Moloi, racontent une toute autre histoire. Quelqu’un aurait soumis le nom sweepers (un poisson osseux) qui avait presque emporté l’adhésion lorsqu’un autre joueur proposa swallows. Il aurait fait valoir que les hirondelles volent plus haut et conquièrent plus d’espace que les insignifiants sweepers. L’argument était si convaincant que le nom Moroka Swallows fut adopté. Naturellement l’oiseau se retrouva sur l’écusson du club. D’autres surnoms dérivés sont également apparus tels que the beautiful birds (les beaux oiseaux) ou the Dube birds (les oiseaux de Dube, un quartier de Soweto qui était la base du club).

#596- Amazulu FC : Usuthu

Il s’agit d’un cri de guerre zoulou. En 1932, au sein du township Umlazi, au Sud-Ouest de Durban, les travailleurs zoulous émigrés fondèrent un club de football dénommé Zulu Royals. Présenté au roi zoulou de l’époque, Salomon, ce dernier accorda au club le droit d’utiliser le bouclier comme logo, un des symboles de la culture zoulou, et changea les couleurs de l’équipe en bleu royal et blanc. Par la suite le nom se transforma en Amazulu qui signifie les zoulous. Attaché à la culture zoulou, le surnom se porta sur usuthu. Selon la tradition, en 1851, le prince zoulou Cetshwayo ramena comme butin, après une expédition contre un autre peuple, des bovidés appelés suthu. Ces derniers étaient alors plus imposants que le cheptel zoulous. Impressionnés par leur force, Cetshwayo et ses partisans se faisaient alors appeler les suthu. Lorsque Cetshwayo accéda au trône en 1872, usuthu devient le cri national des zoulous. Par la suite, lors de la guerre de 1879, qui opposa l’Empire Britannique au Royaume zoulou, le terme usuthu fut le cri de ralliement des zoulous.

#524 – Jomo Cosmos FC : Ezenkosi

Les princes. Ce club de Johannesburg connut la même naissance que le club de Kaizer Chiefs. En 1983, l’ex-joueur professionnel Ephraim Sono, surnommé Jomo Sono, revint en Afrique en Sud après sa carrière menée aux Etats-Unis. Il joua pour le New York Cosmos, les Colorado Caribous, les Atlanta Chiefs et le Toronto Blizzard. Au Atlanta Chiefs, il évolua au côté d’une autre star sud-africaine, Kaizer Motaung qui au début des années 1970, fut le fondateur des Kaizer Chiefs. Jomo Sono racheta le club de Highlands Park en 1982. Pour le nom de son équipe, il décida d’associer son propre surnom Jomo et Cosmos, en l’honneur de son ancienne équipe new-yorkaise. Lorsqu’il évoluait en Afrique du Sud, aux Orlando Pirates, Sono reçut le surnom de Jomo (qui signifie « Flèche brulante ») par un fan, qui voyait en lui les mêmes qualités de leadership que celles de Jomo Kenyatta, alors président du Kenya. Jomo Sono s’investit totalement dans sa nouvelle équipe en étant à la fois son président et l’entraineur depuis 1983. Les flèches brulantes auraient pu constitué le surnom de la nouvelle équipe. Mais, finalement, elle hérita du surnom de Prince, autre surnom de Jomo Sono. En effet, pendant sa carrière, il était aussi qualifié de « Prince noir du football sud-africain ».

#229 – Mamelodi Sundowns FC : the Brazilians

Les brésiliens. Ce surnom est dû à la tenue du club sud-africain puisque ce dernier arbore un maillot jaune avec des parements verts ainsi qu’un short bleu, exactement la tenue portée par l’équipe nationale brésilienne. Ce kit fut mis en place à la reprise du club par Zola Mahobe en 1985. Homme d’affaires, il révait depuis son enfance de posséder un club de football. Au début des années 1980, Mamelodi était une modeste équipe de la ligue sud-africaine et, avant son rachat, frolait avec la relégation. Mahobe réalisa un certain nombre d’innovations, jusqu’alors inédites dans le football sud-africain. D’abord, il donna des moyens financiers au club pour recruter de bons joueurs, en leur faisant signer des contrats (choses rares à l’époque) et des salaires importants, ainsi qu’un entraineur qui allait mettre en place un style de jeu particulier. Les joueurs partaient en camp d’entrainement au Brésil et en Italie. Mahobe avait conscience aussi que l’image était importante pour créer un grand club. Il se fixa de transformer ses joueurs en vedettes médiatique, notamment en leur donnant des surnoms comme Harold “Jazzy Queen” Legodi, Harris “TV4” Tshoeu, Sam “Eewie” Kambule et Jan “Malombo” Lechaba. Il prit aussi la décision d’inspirer les joueurs et de séduire les supporteurs en leur faisant porter une tenue identique à l’une des équipes les plus reconnues, qui faisait rêver (déjà détentrice de 3 titres de champion du monde et qui comptait à l’époque Zico et Socrates) : le Brésil.