#1147 – Envigado FC : el Equipo Naranja, la Naranja Mecánica

L’équipe orange, l’orange mécanique. Basée dans la ville d’Envigado, l’équipe a vu évoluer dans ses rangs, Juan Fernando Quintero et Fredy Guarín, bien connus des pelouses de L1. Surtout, il est le club formateur de James Rodríguez qui, âgé d’à peine 16 ans, sauva son équipe de la déroute financière en l’aidant à remonter immédiatement en première division colombienne.

L’équipe évolue dans des maillots oranges, accompagnés de parements blancs et/ou verts, en fonction des saisons. L’orange et le vert proviennent directement des couleurs du drapeau de la ville d’Envigado. La municipalité adopta le drapeau de la cité, composé de 3 bandes horizontales (2 oranges et une verte au milieu), en Novembre 1982. La couleur orange exprime la puissance, le dynamisme et le progrès. Tandis que le vert souligne le caractère antioqueñidad de la ville, ie les liens forts entre les habitants d’Envigado et le département d’Antioquia où se situe Envigado. Le drapeau du département se teint d’une bande blanche (supérieure) et une verte (inférieure). Il trouve ses origines à l’époque de l’indépendance de la Colombie en 1810 lorsque le récent gouvernement de Santa Fe de Antioquia opta pour un drapeau blanc et vert qui s’inspirait des couleurs des armoiries de l’université d’Antioquia (fondée en 1803 à Medellín). Puis, de 1811 à 1816, l’Etat Libre d’Antioquia reprit la même bannière. Selon la version officielle du gouvernement d’Antioquia, la couleur blanche symbolise la pureté, l’intégrité, l’obéissance, l’éloquence et le triomphe. La couleur verte représente les montagnes du département, l’espoir, l’abondance, la foi, le service et le respect.

#1122 – Deportivo Pereira : el Grande Matecaña

Le grand matecaña. Le club émergea d’une bagarre. Au début des années 1940, la rivalité des deux clubs de la ville de Pereira, Vidriocol (l’équipe des classes populaires de Pereira) et Otún (l’équipe des classes aisées de la ville), se traduisait par des affrontements excessifs sur le terrain. A l’issu d’une nouvelle altercation lors d’un derby en Février 1944, plusieurs personnes, soutenues par le capitaine de Police, proposèrent de créer un nouveau club, ce qui fut fait le 12 février 1944. 78 ans plus tard, le club de la province de Risaralda remporta le titre de champion de Colombie, avec une équipe composée uniquement de joueurs colombiens. Un véritable exploit.

Il est difficile de dire pourquoi le club a hérité de ce surnom. Matecaña, que l’on peut traduire par « tueur de cannes à sucre », est le nom de l’aéroport de la ville. Il fut construit sur l’ancien hippodrome qui portait déjà ce nom. Ces terrains se dénommaient déjà ainsi au milieu du XIXème siècle, ce qui laisse supposé qu’il y avait une exploitation de cannes à sucre à cette époque. De par sa construction difficile et les services rendues, l’aéroport constitue une fierté pour les habitants de la ville et son nom est utilisé parfois comme un gentilé.

Quand au club, son équipe joua dans le stade « El fortín de Libaré » (aujourd’hui nommé Mora Mora) jusqu’en 1971. Il ne semble pas que le stade ait été construit sur un ancien champs de cannes à sucre. Donc le terme Matecaña fut certainement retenu dans le surnom comme un synonyme de Pereira. Pour le terme Grande, il symbolise peut-être le fait que « El fortín de Libaré » (le fort de Libaré) était un lieu imprenable où le club réalisa de grands exploits. Après un match mémorable, le Deportivo tint en échec (4 buts partout après avoir mené) le Millonarios de Di Stéfano le 23 Juillet 1953. Le club enregistra dans cette enceinte la victoire 9 à 0 contre Huracán en 1951 et la victoire historique 6 à 0 sur l’Atlético Nacional en 1962. L’autre surnom de la même trempe est la Furia Matecaña (la fureur matecaña).

#1084 – AD Pasto : los Volcánicos

Les volcaniques. Fondé le 12 octobre 1949, le club réside dans la ville de Pasto, au Sud-Ouest de la Colombie, au milieu de la cordillère des Andes, dans le massif montagneux appelé le Nœud de los Pastos. Cette partie de la Cordillère, qui se partage entre la province équatorienne de Carchi et le département colombien de Nariño, se compose de quelques points culminants à plus de 4 000 mètres dont plusieurs volcans (Cumbal (4 764 mètres d’altitude), Chiles (4 718 m), Galeras (4 276 m), Doña Juana (4 250 m) et Azufral (4 070 m)). De manière générale, la Colombie compte 27 volcans, dont 8 actifs.

A peine à 9 km de la ville de Pasto, le volcan Galeras s’érige et rythme la vie de la cité. Les indigènes quillasingas, qui vivaient dans la région avant l’arrivée des conquistadores, lui donnèrent le nom d’Urcunina ou Urqunina, qui signifie « montagne de feu ». Son nom actuel lui fut attribué par les espagnols au début du XVIème siècle et il rappelait que la silhouette du sommet ressemblait aux galères (galeras). Formé il y a environ 1 million d’années, avec un diamètre de 20 km (dont 320 mètres pour le cratère principal), Galeras constitue le volcan le plus actif de Colombie, avec des eruptions régulières et répertoriées depuis le XVIème siècle (première éruption enregistrée le 7 décembre 1580). Son activité s’est accrue depuis 1988 (une dizaine d’explosion en 2009 par exemple) et la dernière éruption eut lieu en 2011. En conséquence, il est répertorié comme l’un des seize volcans de la décennie (volcans identifiés par l’Association internationale de volcanologie comme étant dignes d’une étude particulière) et l’un des plus dangereux de la planète en raison de la susceptibilité de provoquer une catastrophe. Malgré les pluies de cendres et ondes de choc régulières, Pasto a profité de ses terres fertiles à ses pieds pour se développer depuis près de 500 ans et les pentes du volcan abrite un parc naturel. L’image puissante du Galeras a inspiré poètes et écrivains, comme Marco Fidel Suárez (écrivain et ancien Président de la Colombie) qui lui consacra un essai « El Sueño del Galeras » dans son oeuvre la plus célèbre « Los sueños de Luciano Pulgar » où il le désigna comme centinela de la patria (la sentinelle du pays).

L’autre surnom connu dans cette veine est el Equipo Volcánico (l’équipe volcanique).

#1023 – Independiente Santa Fe : los Santafereños

Ne cherchez pas la ville de Santa Fe en Colombie car vous n’en trouverez pas. Le Santa Fe du club est le nom du district (et même d’une rue) de Bogota où le club prit ses quartiers. En 1939, le Gimnasio Moderno, un collège privée de la ville, fêtait ses 45 ans et pour l’occasion, un match de football fut organisé entre l’équipe de l’école et celle des anciens élèves de l’institution. Ce match encouragea les anciens étudiants à poursuivre la pratique du football et à se mesurer à d’autres équipes de la capitale colombienne issues de ses écoles et collèges. Les joueurs étaient pour la plupart des étudiants du Colegio Mayor de Nuestra Señora del Rosario, une des plus anciennes universités de Colombie (fondation en 1653), qui se situait dans la quartier de Santa Fe. Ils se réunissaient donc à quelques encablures de l’Université au Café del Rhin, situé au passage Santa Fe. Etant donné ce lieu de rencontre, ils se faisaient déjà connaître sous le nom de los Santafereños.

Ce terme était assez utilisé pour désigner les habitants du district de Santa Fe, qui constitue le centre historique de la capital. La ville de Bogota fut fondée par Gonzalo Jiménez Quesada le 6 août 1538 sous le nom de Santa Fe de Bogotá, à l’endroit qui constitue aujourd’hui la célèbre Plaza de Bolívar, au cœur du district actuel de Santa Fe.

Au début de 1941, la recurrence des matchs et l’organisation qui en découlait ainsi que les oppositions que les jeunes pouvaient rencontrer du fait que leur pratique pouvait gêner le voisinage poussa l’équipe amatrice d’étudiants à se structurer en fondant officiellement un club qui s’inscrivit à l’Association Sportive de Bogota. Ce nouveau club ne pouvait pas prendre le nom connu de l’équipe précédente qui était « Ex-élèves du Gimnasio Moderno » ou « Santafereños ». Trop restrictif, pas assez symbolique au gout des fondateurs. Dans les statuts de fondation du club, il était inscrit « Dicho club tendrá un carácter meramente deportivo, sin perseguir lucro de ninguna especie » (Ledit club aura un caractère purement sportif, sans recherche de profit d’aucune sorte). En effet, les fondateurs voulaient un club dédié au football par conviction et non par appât du gain, un club portant un certain esprit romantique, hermétique à l’influence d’entreprises ou d’investisseurs. En cela, il apparaissait comme un club indépendant. En outre, les étudiants baignaient dans la nostalgie de l’indépendance colombienne. En effet, cœur historique de la ville, le quartier de Santa Fe regroupe un certain nombre de monuments et lieux, honorant l’indépendance du pays (Parque de la Independencia, construit en 1910 pour commémorer le premier centenaire de l’Indépendance, Parque Santander où se situe la statut de Francisco de Paula Santander, héros de l’Indépendance …). Toutefois, comme il existait déjà un club en Argentine du nom de CA Independiente, les fondateurs accolèrent au nom Independiente le nom du passage Santa Fe qui avait abrité les premières réunions du club.

#1012 – Once Caldas : el Tricolor

Le tricolor. Surnom qui peut paraître étonnant quand on a lu l’article #467, qui présente le surnom los Albos (les blancs) pour l’équipe de Manizales. Alors 3 couleurs ou une seule immaculée ? La réponse est finalement assez simple. Le maillot des joueurs est blanc tandis que l’écusson affiche 3 couleur, vert, blanc et rouge. Au moins, entre les deux, le blanc est commun. Le 23 avril 1961, en raison de la similitude entre les maillots de l’Atlético Nacional et du Once Caldas, ce dernier dut changer pour des maillot blanc qui est désormais sa couleur historique. Mais, avant cette date, le club arborait donc un maillot rayé vert, blanc et rouge (comme l’écusson qui arbore les 3 couleurs dans le sens du drapeau italien).

En 1947, le club de Deportes Caldas fut créé et remporta le championnat colombien en 1950. En 1948, un autre club naquit, le Once Deportivo de Manizales. En 1959, pour relancer les deux clubs, ces derniers fusionnèrent et donnèrent naissance au Once (Deportivo) Caldas. N’ayant pas les mêmes couleurs (Deportes Caldas en vert et jaune (les couleurs de la région de Caldas) et Once Deportivo en rouge et blanc), les deux clubs optèrent pour les couleurs de la ville de Manizales pour la nouvelle association. Manizales arbore un drapeau similaire à celui de la Bulgarie (3 bandes verticales de couleurs, de haut en bas, blanc, vert et rouge). Mais, aucun lien entre les deux. Chef-lieu du département de Caldas, l’économie de Manizales repose sur la culture et la production de café. Résultat, les couleurs de la bannière se rapportent au café. Le blanc rappelle les fleurs du caféier, le vert le feuillage des plantations de café et le rouge la couleur des grains de café mûrs.

Manizales est l’une des 3 principales villes de la région surnommée Eje Cafetero ou le Triangle du café. Sur ses hauts plateaux andins de l’ouest du pays se situent près de 10% de la production mondiale de café. Classée au patrimoine de l’Unesco depuis 2011, l’Eje Cafetero se compose de collines verdoyantes et de plantations de café. Le département de Caldas, où se trouve Manizales, se distingue avec ses 32 353 producteurs de café pour 40 398 exploitations et 59 058 hectares plantés (5 657 arbres par hectare). Ce département présente la meilleure productivité du pays avec une moyenne de 19,23 sacs par hectare et par an en 2022, dépassant la moyenne nationale de 17,3 sacs. Un sac représente 60 kg de café. Autours de Manizales, on compte près de 1 750 producteurs. Manizales organise également le concours international de café et veut se présenter comme capital mundial del café.

#962 – CA Bucaramanga : los Canarios

Les canaris. Le blason du club présente un léopard mais pas de canaris. Le volatile aurait-il été dévoré par le félin ? Pas du tout. La raison du choix du léopard sur le blason et comme mascotte est inconnue. En revanche, on comprend très vite pourquoi le surnom de canari a collé à cette équipe. Fondé en 1949, le premier kit du club se composait de chaussettes grises, un short blanc et un maillot jaune. Or comme souvent, le petit oiseau au plumage jaune rappelait la couleur de cette chemise. Selon certaines histoires, l’évêque de la ville de Bucaramanga aurait contesté ce choix de couleurs (jaune et blanc) qui étaient celles du Vatican. Il n’obtint pas gain de cause mais les couleurs évoluèrent au fil des saisons. En 1960, un uniforme bleu avec une bande jaune sur la poitrine apparut, à l’initiative de l’uruguayen Abraham González. Il était identique à celui du club argentin de Boca Juniors. Mais, rejeté par les fans, il disparut après quelques matchs. Enfin, dans les années 80, outre le blanc et le jaune, une troisième couleur s’imposa, le vert.

Ce mariage du jaune et du vert avait l’avantage de rapprocher encore plus le club de sa ville de résidence, puisque le drapeau de Bucaramanga affiche ses couleurs. Conçu par l’historien Gustavo Gómez Mejía, ce drapeau se compose de deux bandes horizontales vertes, entourant une jaune centrale. Au centre se trouve un cercle bleu, avec une bordure rouge. Au milieu du cercle bleu se trouve une étoile blanche. Le choix des couleurs relevait d’une certaine symbolique. Le vert symbolise logiquement l’espoir et la gloire, tandis que le jaune représente la richesse et le progrès. La bordure rouge du cercle bleu rappelle le sang versé par les enfants de Santander (la région où se situe Bucaramanga) pour l’indépendance. La volonté du club de s’assimiler à la ville était logique. Dans les années 1940, de nombreuses équipes naquirent au quatre coins du pays (telles que Millonarios, Santa Fé, Boca Junior de Cali, AD Pasto, Deportivo Pereira et l’Atlético Nacional) afin de participer au premier championnat professionnel et national en Colombie en 1948. Résultat, l’idée de créer une équipe professionnelle de football pour représenter la ville de Bucaramanga ainsi que le département de Santander (d’ailleurs département qui intègre également le jaune et le vert dans sa banière) émergea aussi et donna lieu au CA Bucaramanga en 1949.

#937 – Millonarios FC : el Ballet Azul

Le ballet bleu. Le club colombien s’est vu attribué ce surnom pour son équipe des années 1950. Rappelons le contexte du football sud-américain au début des années 1950. D’un côté, sans l’accord de la fédération nationale, les équipes colombiennes se professionnalisaient et, en ouvrant leur capital à leurs fans, remplirent leurs caisses. De l’autre côté, les autres championnats sud-américaines pouvaient connaître des périodes difficiles ou des manques de moyens. En Argentine, en 1948, les footballeurs argentins organisèrent une grève car ils estimaient que la répartition des bénéfices n’étaient pas équitables entre les clubs et les joueurs. Le résultat de cette situation fut que les clubs colombiens avec les fonds amassés, pillèrent les clubs des pays d’Amérique du Sud en recrutant leurs joueurs. D’autant plus que exclus par la fédération colombienne et par la FIFA, les clubs colombiens pouvaient recruter des joueurs sans verser de compensation à leur club d’origine. Le football colombien connut logiquement son age d’or.

Pour Millonarios, tout commença en 1949 avec l’embauche des argentins Carlos Aldabe, en tant qu’entraîneur-joueur, et Adolfo Pedernera. Ambassadeurs pour le club, les deux argentins convainquirent d’autres compatriotes dont Alfredo Di Stéfano et Néstor Raúl Rossi, qui firent leurs débuts le 13 août 1949. Plus tard, l’équipe se renforça avec les arrivées du gardien de but de l’équipe nationale argentine, Julio Cozzi, ainsi que ses compatriotes Hugo Reyes, Antonio Báez, Reinaldo Mourin, Adolfo Jorge Benegas, Felipe Stemberg, Roberto Martinez, Julio Avila et Oscar Contreras. D’autres nationalités vinrent compléter la formation : les uruguayens Raul Pini, Ramon Villaverde, Alcides Aguilera et Víctor Bruno Lattuada. Le paraguayen Julio César Ramírez et les péruviens, Alfredo Mosquera, Ismael Soria et Jacinto Villalba. Des européens s’expatrièrent également dans le club de Bogotá dont l’écossais Robert Flawell et de l’anglais Billy Higgins.

De 1949 à 1954, avec une telle équipe, le club devint une formidable machine à gagner. Surtout, elle produisait un jeu flamboyant, que l’on pouvait comparer à un ballet. Ainsi, lors du championnat 1949, Millonarios réussit le record national d’enchainer 17 victoires consécutives. Son buteur, Pedro Cabillon, finit meilleur buteur avec 42 buts, un record en cours à ce jour. Un peu plus tard, l’équipe compta sur une fameuse et magnifique triplette d’attaquants, formée par Adolfo Pedernera, Alfredo Di Stéfano et Antonio Báez, qui marqua 74 buts en 34 matchs. En outre, l’équipe évoluait dans un maillot bleu, qui demeure aujourd’hui encore la couleur du club. Le bleu ne s’imposa pour le club qu’en 1939, la direction s’inspirant alors du maillot de l’équipe argentine Tigre, dont le sélectionneur colombien Fernando Paternoster était fan. Ce terme fut utilisé pour la première fois par le commentateur radio costaricien Carlos Arturo Rueda. C’était une des spécialités de Rueda, avec son langage fleuri, de donner des surnoms à tout le monde. L’équipe fut distinguée par le magazine allemand « Kicker » comme l’une des 40 équipes les plus légendaires de l’histoire du football.

#919 – Unión Magdalena : el Ciclón Bananero

Le cyclone bananier. Ce club réside dans la ville de Santa Marta, capitale du département de Magdalena, et réussit l’exploit en 1968 à remporter le championnat colombien, une première pour une équipe de ce département. Ville côtière au Nord-Est du pays, Santa-Marta baigne dans la Mer des Caraïbes et connaît un climat tropical. De par cette situation, la cité enregistre aussi des vents importants et réguliers (notamment les alizées de nord-est), qui inspirèrent la première partie du surnom du club, ciclón.

L’économie du département de Magdalena est plus agricole que la Colombie dans son ensemble (le secteur agricole contribue à hauteur de 20% du PIB départemental contre 9 % au niveau national) et dans ce secteur, la banane occupe une place exceptionnelle, tant par la surface cultivée, le nombre d’emploi et la génération de revenus. Les bananes sont le principal moteur de l’économie et produit d’exportation du département de Magdalena depuis les premières années du XXème siècle. La première exploitation de bananes débuta en 1887 avec des hommes d’affaires colombiens. La culture de la banane se développa et prévalut sur les autres cultures en raison de divers facteurs: ce n’était pas intensif en capital, les rendements étaient plus rapides (la maturité est de sept mois pour la banane contre 3 ou 4 ans pour le café) et ne nécessitait aucun processus de transformation comme la canne à sucre. Rapidement, des capitaux étrangers investirent dans la région. En 1899, plusieurs sociétés étrangères se réunirent pour former une nouvelle compagnie sous le nom de United Fruit Company (UFC), avec pour objectif de concentrer et gérer l’activité bananière en Amérique centrale et dans le bassin des Caraïbes. Pendant des décennies, UFC contrôla le commerce de la banane dans cette zone et à destination des Etats-Unis. Dans les années 1960, UFC se retira du département de Magdalena pour investir dans d’autres régions. L’économie de Magdalena en souffrit mais la culture de la banane demeure aujourd’hui encore un pilier. Avec 47,1% de la production, la banane représente de loin la première culture du département (suivi par le manioc 20,6% et le palmier à huile 15,9%). Magdalena est le deuxième producteur national de bananes destinées à l’exportation en Colombie après Antioquia, avec une part de 30 % de la production nationale. Pour l’année 2019, la superficie plantée en bananes dans la zone de Magdalena était de près de 17 000 hectares et la productivité moyenne pour cette même année était de 2 155 caisses (environ 20 kg) par hectare. La production de bananes dans la région représente un peu plus de 20 000 emplois directs et environ 45 000 emplois indirects et se situe dans 800 propriétés, réparties sur 6 communes. Au niveau mondial, en 2020, la banane demeurait encore le fruit le plus exporté, avec 21,4 millions de tonnes (soit plus du double de celui de la pomme (7,6 millions de tonnes), second fruit le plus vendu au monde), soit environ 30 % du commerce global de fruits. Les exportations de bananes sont dominées par l’Equateur (380 millions de boîtes en 2021) et les autres principaux pays étaient les Philippines (entre 140 et 160 millions de caisses de bananes), le Guatemala (près de 130 millions de caisse) puis le Costa-Rica (près de 120 millions de caisse). La Colombie, qui était le 3ème exportateur mondial en 2011 (avec 1,7 millions de tonne), occupait en 2021 la 5ème place, avec 110 millions de caisse. A noter que trois des cinq principaux producteurs mondiaux de bananes – l’Inde, la Chine et le Brésil – produisent presque exclusivement pour leurs marchés nationaux.

#896 – CD Atlético Huila : los Opitas

Gentilé des habitants de la ville de Neiva et du département de Huila, bien connu des colombiens, le terme est intraduisible. Le club de l’Atlético Huila, qui réside à Neiva, représente ce département et reprit à sa création tous ces symboles, notamment ses couleurs jaune et vert. En 1990, les autorités locales se désolaient de ne pas posséder une équipe professionnelle dans la région. Ainsi, avec le support du gouverneur du département (Jorge Eduardo Gechem) et du maire de la ville de Neiva (Luis Alberto Díaz), le club fut fondé le 29 novembre 1990. Outre les couleurs, le surnom opita s’imposa immédiatement tellement le terme est identifié aux habitants de cette région. Dans le jargon local, pour saluer une personne, les gens de la région disent opa, ce qui donna le terme opita.

Ce mot opa n’apparut pas par magie ou par simple appréciation positive de sa sonorité. Son origine serait liée au sentiment rebelle patriotique qui habite les gens de cette région. En effet, depuis leurs créations, Neiva et le département de Huila participèrent à de nombreux soulèvements et mouvements indépendantistes. En 1777, arriva dans la colonie espagnole de Vice-royauté de Nouvelle-Grenade (qui regroupait les territoires de Colombie, Équateur, Panama et Venezuela) le visitador-régent Juan Francisco Gutiérrez de Piñeres dont l’objectif était de mettre en place les mesures décidées par le Roi d’Espagne Charles III. Ainsi, il créa ou augmenta des taxes (sur le sel, le tabac, les jeux de cartes, les textiles de coton), rationnalisa et améliora leur collecte par des méthodes arbitraires et violentes et renforça les procédures et contrôles administratifs sur la circulation des marchandises. L’ensemble des mesures parurent insupportables aux créoles (les colons espagnoles). En 1781, ces derniers, habitants de la ville de Socorro, initièrent une insurrection dont les rebelles étaient connus sous le nom de comuneros. Neiva, qui manifestait déjà son mécontentement face aux impôts en 1772, emboita rapidement le pas de cette révolte. Réunissant une armée de 20 000 hommes, les rebelles obtinrent l’abolition de ces mesures.

Au début du XIXème siècle, Neiva fut l’un des foyers principaux de l’indépendance du pays. L’invasion et l’occupation par les troupes napoléoniennes de l’Espagne en 1807 et 1808 affaiblit le pouvoir royal. Ces évènements encouragèrent les colonies d’Amérique latine à se soulever et réclamer leur indépendance. Le 8 février 1814, la province de Neiva déclara son indépendance. Puis, réunissant autour d’elle les villes de La Plata, Timaná et Purificación, Neiva proclama la Constitution de l’État libre de Neiva le 23 septembre 1814. Toutefois, en 1816, les armées espagnoles reprirent le contrôle de l’ensemble des territoires qui avaient déclaré leur indépendance de la couronne, dont Neiva. Reprise en main de courte durée car dès 1818, Simón Bolívar et Francisco de Paula Santander fédérèrent les différents mouvements patriotiques qui finirent par aboutir entre 1820 et 1823 à l’indépendance des colonies d’Amérique latine. Neiva fournit de nombreux indépendantistes au troupe de Bolívar tandis que d’autres habitants faisaient office d’espions et de coursiers. Pour coordonner l’ensemble de ces initiatives, la Organización Patriótica fut fondée clandestinement à Neiva et le nom de l’organisation secrète fut abrégée en Opa. Selon le livre « Relatos y Opiniones » de Guillermo Falla, après les guerres d’indépendance, le mot continua à être utilisé avec fierté comme salutation et les plus jeunes enfants étaient appelés opita.

#859 – Deportivo Cali : los Verdiblancos

Les vert et blanc. Les raisons du choix de ces couleurs peuvent s’appuyer sur plusieurs histoires différentes mais aux racines communes. Le site du club, dans ses pages histoires, se garde bien de prendre une position entre ces différentes versions. Le Deportivo Cali fut fondé grâce aux frères Lalinde (Nazario, Juan Pablo et Fidel). Ces derniers avaient réalisé leurs études en Angleterre où ils avaient découvert et succombé aux charmes du football. De retour en Colombie et après plusieurs pourparlers, ils établirent le Cali Football Club le 23 septembre 1912. Dans les premières années d’existence, il y eut une scission qui mena à la création de deux équipes. L’une s’appelait le Cali FC A. L’autre Cali FC B. Les raisons de la scission ne sont pas claires. Une des versions avance que Gustavo Lotero prétendait au poste de gardien de but, dont le titulaire était l’italien Eduardo Goeta. Mais, en raison de sa petite taille (1,57 mètres), il n’obtint pas le poste et décida donc de créer une autre équipe.

L’équipe A évoluait dans un maillot composé d’une bande rouge et une autre blanche dans toutes les versions (copiée sur Arsenal d’après certaines sources, ce qui peut-être probable car les frères Lalinde auraient étudié à Londres). En revanche, les couleurs de l’équipe B varient selon les histoires. Pour l’une, le maillot était vert et blanc (les couleurs auraient été inspirés par celles de l’Irlande du Nord). Tandis que pour les autres, il était rouge et vert, accompagné d’un short blanc et de chaussettes noires. Les deux versions se rejoignent sur le fait qu’il était prévu une opposition entre les deux équipes afin de determiner laquelle représenterait la ville et le département dans les compétitions régionales. Le match eut lieu avec une victoire 3 buts à 1. Dans l’une des histoires, l’équipe B aurait été le vainqueur et ses couleurs vertes et blanches s’imposèrent. Toutefois, elles demeurent minoritaires et une grande majorité des sources reconnaissent plutôt une victoire de l’équipe A. A la fin des années 1930 et au début des années 1940, les deux équipes semblent disparaître et deux autres apparurent, Aire y Sol et Pingüinos. En 1945, elles fusionnèrent et donnèrent naissance au Deportivo Cali dont le maillot était vert et le short blanc.