#1169 – Bray Wanderers FC : the Seagulls

Les mouettes. La saga du club démarra dans les années 1920 lorsqu’un différent éclata au sein d’une équipe locale de football gaëlique et qui conduit certains membres à quitter cette association pour former une équipe de football connue sous le nom de Bray Wanderers. Mais, cette première tentative s’effondra dans les années 1930. Puis, en 1942, les Bray Wanderers ressurgirent après la fin de la célèbre équipe de Bray Unknowns.

L’oiseau côtier à plumage blanc et gris et au cri aigu caractéristique est devenu le symbole du club, sur son blason et comme surnom. Et c’est logique au vue de la position de la ville de Bray et de son histoire. Situé à environ 20 km au sud du centre-ville de Dublin, Bray est une ville côtière à l’Est de l’Irlande. Petit village médiéval dans les terres, Bray se développa avec l’arrivée du chemin de fer. Le premier train en Irlande relia Dublin à Kingstown en 1834, puis la ligne fut étendue jusqu’à Bray le 10 Juillet 1854. Avec cette voie de transport qui la reliait à la capitale et à sa population à la recherche de dépaysement et de divertissement, la ville devint une célèbre station balnéaire. Des entrepreneurs investissaient le front de mer : maisons, hôtels, bain turc, larges promenade gazonnées le long des plages. S’éloignant de l’urbanismes irlandais typique, Bray prit l’allure des stations balnéaires anglaises, au point d’être surnommé, à partir de 1860, the Brighton of Ireland (le Brighton d’Irlande). Durant l’été, les vagues de touristes venues de Dublin se succédaient et saturaient la ville. Cette activité touristique modela fortement la cité. À la fin du XIXème siècle, le nombre d’habitations de la ville avait augmenté, passant de 668 en 1851 à 1 614 en 1901 et, dans le même laps de temps, la population avait plus que doublé. La superficie bâtie avait triplé en étendue, principalement entre 1854 et 1870. Depuis le début du XXème siècle et les possibilités de voyager plus loin, Bray perdit de son attrait mais, avec de magnifiques longues étendues de plages de sable, des falaises escarpées et en toile de fond un front de mer victorien de plusieurs kilomètres de long, elle reste aujourd’hui encore une destination pour les habitants de la capitale.

#1086 – Finn Harps FC : the Harps

Les harpes. Inscrit dans son nom et dans son blason, la harpe celtique s’expose de partout pour Finn Harp. Les fondateurs, en 1954, choisirent pour le nom de leur nouveau club de faire référence à un symbole local et un national. Finn Harps réside dans la ville de Ballybofey, qui fait face à Stranorlar, les deux formant ensemble l’agglomération de Ballybofey-Stranorlar. Cette dernière est séparée par une rivière nommée Finn, un affluent du fleuve Foyle. Ballybofey se situe sur la rive gauche tandis que Stranorlar baigne sur la rive droite.

L’autre partie du nom est donc les harpes, ce symbole de l’Irlande au même titre que la croix celtique, le leprechaun et le trèfle. Il ne s’agit pas de la harpe classique que l’on peut trouver dans les orchestres symphoniques et dans les formations de musique de chambre mais de la harpe traditionnelle irlandaise. Instrument médiéval composé de 32 à 38 cordes, la cláirseach (son nom en irlandais) se singularise par son arc cintré et produit un son de cloche. Adaptée certainement en Ecosse par les Pictes (sur la base d’un instrument germain), la harpe se répandit dans toutes les cours celtes et s’établit en Irlande avec les Scots puis les Gaëls au XIème siècle. Au XIIIème siècle, un proverbe irlandais indiquait « tout gentilhomme doit avoir un coussin sur sa chaise, une femme vertueuse et une harpe bien accordée ». Résultat, les rois écossais et irlandais comme les chefs de clans celtiques avaient auprès d’eux au moins un grand maître harpiste. Dès le XIIIème siècle, la harpe était connue comme un symbole de l’Irlande mais avec sa frappe sur le 1 Gros (monnaie anglo-irlandaise) en 1536 par le nouveau roi Henri VIII, elle gagna son statut officiel. Par la suite, les indépendantistes s’en emparèrent pour fédérer les irlandais face à la couronne anglaise au point qu’elle fut bannie aussi bien en Irlande qu’en Ecosse, et disparut totalement pendant des décennies. Elle revit sous les doigts du musicien irlandais Edward Bunting qui réunit dans un recueil des partitions et chansons en 1792. Au cœur de l’identité du peuple irlandais, elle se retrouve aujourd’hui sur les armes de la République d’Irlande, la fameuse bière brune Guiness, la compagnie aérienne low-cost Ryanair et dans la forme du pont Samuel Beckett à Dublin. En 2019, la pratique de la harpe fut inscrite sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

#789 – Shelbourne FC : Shels

Abréviation du nom du club. Alors que le football atteignit l’île vers 1860, il infusa à Dublin vers 1890. Les associations sportives commencèrent à se créer dans la capitale irlandaise. Mais, cette dernière s’organisait en quartier et les jeunes équipes, qui regroupaient les enfants de ces aires, y étaient particulièremet attachées. Ainsi, de nombreux clubs irlandais se nommèrent par rapport au nom du rue, généralement proche de l’endroit où les jeunes jouaient ou le club fut créé. Ce fut le cas pour Shelbourne. En 1895, un groupe d’ami, emmené par James Rowan, fonda un club de football dans le quartier de Ringsend, sur la rive sud de la rivière Liffey et acceuillant les docks de la ville. La première assemblée se tint dans le pub Shelbourne House, qui se situait au croisement de plusieurs rues dont Shelbourne road. Les premiers matchs du club furent disputés à proximité, à Havelock Square.

#704 – St James’s Gate FC : the Gate

La porte. Simple de reprendre, comme surnom, le nom de son club et ce n’est pas la porte ouverte à toutes les interprétations. Cette porte de Saint James (autre version du nom de Saint Jacques en ancien français) indique évidemment le quartier d’origine du club. Détruite en 1734, elle marquait l’entrée Ouest de la ville de Dublin au Moyen-Âge et correspondait au point de départ traditionnel du pèlerinage de Dublin à Saint-Jacques-de-Compostelle. Elle donna naissance au quartier qui porte son nom. Mais, si le club affiche sur son écusson une porte, ce n’est pas celle du Moyen-Âge. Il s’agit de l’une des entrées d’un de ses bâtiments remarquables, la St James’s Gate Brewery. En effet, traversé par le fleuve Liffey, le quartier de St James vit de nombreuses brasseries s’installer et devint associé à ce commerce depuis le XVIIème siècle. A vrai dire, au XIIIème siècle, les moines qui résidaient à St James’s Gate réalisaient déjà leur propre brassage. En 1759, un brasseur du nom de Arthur Guinness, qui fabriquait des bières à Leixlip, dans le comté de Kildare, loua la brasserie de St James’s Gate pour 9 000 ans. De là, l’empire Guinness se déploya. En 1838, l’usine devint la plus grande brasserie d’Irlande. En 1868, le site était passé d’environ 1 acre à plus de 64 acres. Enfin, en 1886, elle était la plus grande brasserie du monde, avec une production annuelle de 1,2 million de barils. Dans cette révolution industrielle du XIXème siècle et du XXème siècle, où le paternalisme fleurissait parmi le patronat, les grandes usines ne limitaient pas leurs influences au mur de leurs sites. Ainsi, la brasserie de St James’s Gate possédaient sa propre centrale électrique et les bâtiments environnant pour louer des logements à ses employés. La famille Guinness fit preuve également de générosité envers la ville de Dublin en finançant la construction de bains publics, de logements sociaux et en faisant don du parc St. Stephen’s Green. Comme souvent, ce patronat paternaliste offrit à sa masse d’ouvriers et d’employés de ses usines des distractions et activités sportives. Sous l’impulsion du médecin-chef de la brasserie, John Lumsden, l’équipe vit le jour en 1902, comme un club corporatiste.

#588 – Home Farm FC : the Farm Boys

Les garçons fermiers. Le surnom provient directement du nom de ce club de Dublin, reconnu en Irlande pour ses qualités de formation. De nombreux de ses joueurs évoluèrent par la suite dans les clubs de la République d’Irlande et du Royaume-Uni. En outre, beaucoup ont également représenté la République d’Irlande au niveau international. Le club fut fondé en 1928. A cette époque, les tournois de football réunissaient des clubs de quartier, qui se nommaient en fonction du nom des rues d’où étaient originaires les joueurs. Ainsi, naquit les clubs de Drumcondra Road, Ormonde Road, Shamrock Rovers (Shamrock Avenue), Shelbourne FC (Shelbourne Road), Hollybank Road, Richmond Road et Home Farm Road. Les deux derniers clubs fusionnèrent en 1928 pour donner naissance au club actuel. Les fondateurs et joueurs de Home Farm Road venaient donc de cette rue. Située dans la partie supérieure du quartier de Drumcondra, à Dublin, longue d’un demi-mile, cette rue s’appela à une époque St. Mary’s Road. Puis, elle prit le nom de Home Farm pour rappelait qu’une ferme appartenant à la Cathédrale Christ Church se trouvait non loin, dans le quartier de Glasnevin.

#513 – Drogheda United FC : the Turks

Les turques. Evoluant en bleu et grenat, Drogheda United partage ces couleurs avec de nombreux clubs britanniques (Aston Villa et West Ham principalement). Elles sont également communes avec les turques de Trabzonspor, ce qui conduisit les deux clubs à se déclarer frères en 2010. Au delà des couleurs, l’écusson de Drogheda se compose d’un croissant de lune et d’une étoile, symboles partagées avec le drapeau national turque. Cette inspiration musulmane (croissant et étoile) est directement tirée des armes de la ville de Drogheda. Le lien avec la Turquie dépasse donc le club. Pour expliquer ce lien, il faut remonter un épisode qui se déroula lors de la Grande Famine. Entre 1845 et 1852, l’Irlande était sous domination britannique et le mildiou anéantit presque intégralement sa production de pommes de terre, qui constituaient la nourriture de base de ses habitants. La conséquence fut une grande famine qui causa la mort d’un million d’irlandais et l’émigration, notamment vers les Etats-Unis, d’un autre million de personnes. En 1847, à Istanbul, le sultan ottoman Abdulmejid I fut mis au courant de cette crise humanitaire par son dentiste, venu d’Irlande. Le sultan offrit 10 000 £ (environ 1 million d’euros actuel) aux irlandais affamés. Cependant, la reine Victoria avait déjà aidé l’Irlande avec 2 000 £ et elle prît ce don supérieur au sien comme un affront. Le sultan Abdulmejid dut alors réduit son offre à 1000 £. Cependant, il ne souhaitait pas se limiter à cette aide financière contrainte. Il ordonna ainsi à trois navires de transporter de la nourriture, des médicaments et d’autres produits de première nécessité en Irlande. Comme la marine britannique surveillait les ports de Dublin et Cork et n’autorisait aucun navire étranger à accoster, les bateaux ottomans voyagèrent jusqu’au Nord et livrèrent la marchandise à Drogheda. Depuis lors, la population de Drogheda est éternellement reconnaissante envers cette générosité turque et entretient ce lien avec le pays. A noter toutefois que ce n’est pas cette épisode qui mena la cité irlandaise et son club de football à adopter les symboles du croissant et de l’étoile. En réalité, des preuves remontant à 1210 démontrent que les armes de la ville arboraient déjà ces éléments. En effet, lorsque le Roi Jean Sans Terre accorda à la ville sa charte (ie reconnaissant ainsi à Drogheda son statut de cité), Drogheda reprît le croissant et la lune, symbolisant l’épopée du Roi lors des croisades. C’est la même raison qui fait que la ville anglaise de Portsmouth porte un croissant et une étoile dans ses armes (à la nuance que c’est en l’honneur du Roi Richard I dit Cœur de Lion). Faire référence aux croisades, c’est un lien aussi avec les ottomans.

#448 – Cork City FC : Rebel Army

L’armée rebelle. Cork, situé dans le plus grand et le deuxième comté le plus peuplé d’Irlande, est connu comme une ville (et un comté) où de nombreux soulèvements sont nés. Notamment lors de la guerre d’indépendance (1919-1922) et de la guerre civile (1922-1923), le comté et la ville furent des points focaux. Michael Collins, l’un des importants leaders indépendantistes, est né dans le comté de Cork, et un autre bien connu, Tom Barry, y mena une guerrilla avec ses Flying column. Pourtant, sa réputation ne s’est pas construite à cette époque mais les racines de ce sentiment rebel remontent bien plus tôt. Au IXème siècle, les vikings s’installèrent en Irlande et les chroniques de l’époque rapportent déjà que les comtés de Waterford et de Cork se rebellèrent en détruisant un château viking et tuant le chef nordique connu sous le nom de Gnimbeolu. Au XIIème siècle, l’ambitieux clan MacCarthy de Cork réussit à établir un royaume indépendant, en rébellion du royaume de Munster de la famille O’Brien. Mais, c’est au XVème siècle que la ville et le comté gagnèrent définitivement ce surnom. A la fin de ce siècle, Henry VII, de la maison royale de Lancastre, remporta la guerre des roses, face à la maison royale d’York et s’empara de la couronne anglaise. Evidemment, les partisans des York ne baissèrent pas pavillon et espéraient pouvoir reprendre la couronne. Mais il leur manquait un candidat autour duquel s’unir, les hommes de la famille York ayant pour la plupart été tués durant la guerre. Or, à Cork prit naissance deux mouvements en moins de 6 ans qui soutinrent deux prétendants au trône anglais, qui se revendiquaient issus de la famille York. Les deux personnages, Lambert Simnel et Perkin Werbecque, étaient des usurpateurs et leurs rebellions s’effondrèrent rapidement. Mais ces contestations et insoumissions récurrentes soutenues par les habitants de Cork convainquirent la monarchie anglaise d’appeler la ville, la cité rebelle.

#294 – Dundalk FC : Lilywhites

Les « blancs comme le lys » qui en français se rapprocherait de l’expression « blanc comme neige ». Il s’agit d’un des surnoms les plus courants pour désigner les équipes jouant en blanc. Contrairement aux autres couleurs où seulement la couleur est donnée en surnom, les clubs anglo-saxons ont adopté ce surnom spécifique pour caractériser la pureté de la couleur blanche. Effectivement, le club irlandais évolue dans un maillot blanc depuis 1940. Mais entre sa fondation en 1903 et 1940, le club changea plusieurs fois de couleurs. Malgré des périodes rayées noires et ambres ou une autre à « damier » bleu ciel et grenat, le blanc resta une des couleurs principales du club, accompagné d’un short sombre (bleu marine ou noir). Le terme lillywhite était à l’origine un nom ou surnom utilisé pour une femme, désignant une demoiselle qui était « white as a lilly » (blanche comme un lys), mais il s’appliquait également à un homme dans le sens de « celui qui avait un teint clair ».

#202 – Bohemian FC : the Gypsies

Les tsiganes. Le Bohemian FC est le troisième club le plus titré de l’histoire de la Ligue d’Irlande et le plus ancien de Dublin. Le club fut fondé le 6 septembre 1890. La première résidence permanente du club était située au Polo Ground à Phoenix Park. C’était un petit terrain où il y avait peu d’espace de stockage, ce qui obligeait le club à stocker ses équipements à un autre endroit (Gate Lodge). Au cours de la saison 1893-94, le club déménagea sur un terrain privé sur Jones Road (aujourd’hui connu sous le nom de Croke Park (siège de la Garlic Athletic Association)). Ensuite, le club prit possession d’un terrain à Old Belvedere. Cependant, au début de la saison 1895-96, l’équipe connaît un nouveau déménagement en partant à Whitehall dans le quartier de Glasnerin. Mais les transports en commun ne desservait pas ce terrain. D’où, une nouvelle recherche de stade débuta qui ne prît fin que le 7 septembre 1901, lorsque l’équipe emménagea au Pisser Dignam’s Field, à Dalymount Park, dans le quartier de Phibsboro. Il s’agit encore du stade actuelle du club. Il semblerait que la difficulté à trouver des terrains soit à l’origine du nom du club, Bohemian, qui aurait été proposé par le trésorier de l’époque Frank Whittaker. Mais l’esprit bohème qui animait aussi les membres fondateurs renforça l’idée de ce nom. Forcément, avec ce nom et l’errance du club de terrain en terrain, le surnom de gitans s’imposa.

#156 – Shamrock Rovers FC : Hoops

Les cerclés. Les cercles auxquels il est fait référence ici sont les rayures horizontales du maillot du club. Ces rayures vertes et blanches forment comme des cercles autours du joueurs. Pourtant, de la création du club jusqu’en 1926, le club jouait certes avec des maillots rayés verts et blancs mais les traits étaient verticaux. A l’époque, le club entretenait une relation étroite avec l’équipe nord-irlandaise de Belfast Celtic. Ce dernier arborait le même maillot que le club qui inspira son nom, le Celtic Glasgow. John Sheridan, membre des instances dirigeantes, suggéra alors de reprendre les rayures horizontales pour rendre hommage au club de Belfast. Ce lien était lié à l’histoire récente où l’indépendance de l’Irlande du Sud était effective en 1922 tandis qu’en Irlande du Nord, Belfast Celtic était un îlot catholique et irlandais au sein d’une marée unioniste. Ainsi, Shamrock voulait apporter son soutien nationaliste au club nord-irlandais. Le 9 janvier 1927, lors d’un match de Coupe face à Bray Unknows, Shamrock abora son nouveau maillot et, malgré la défaite (3-0), le club conserva ce nouveau maillot qu’elle n’abandonna jamais.