#513 – Drogheda United FC : the Turks

Les turques. Evoluant en bleu et grenat, Drogheda United partage ces couleurs avec de nombreux clubs britanniques (Aston Villa et West Ham principalement). Elles sont également communes avec les turques de Trabzonspor, ce qui conduisit les deux clubs à se déclarer frères en 2010. Au delà des couleurs, l’écusson de Drogheda se compose d’un croissant de lune et d’une étoile, symboles partagées avec le drapeau national turque. Cette inspiration musulmane (croissant et étoile) est directement tirée des armes de la ville de Drogheda. Le lien avec la Turquie dépasse donc le club. Pour expliquer ce lien, il faut remonter un épisode qui se déroula lors de la Grande Famine. Entre 1845 et 1852, l’Irlande était sous domination britannique et le mildiou anéantit presque intégralement sa production de pommes de terre, qui constituaient la nourriture de base de ses habitants. La conséquence fut une grande famine qui causa la mort d’un million d’irlandais et l’émigration, notamment vers les Etats-Unis, d’un autre million de personnes. En 1847, à Istanbul, le sultan ottoman Abdulmejid I fut mis au courant de cette crise humanitaire par son dentiste, venu d’Irlande. Le sultan offrit 10 000 £ (environ 1 million d’euros actuel) aux irlandais affamés. Cependant, la reine Victoria avait déjà aidé l’Irlande avec 2 000 £ et elle prît ce don supérieur au sien comme un affront. Le sultan Abdulmejid dut alors réduit son offre à 1000 £. Cependant, il ne souhaitait pas se limiter à cette aide financière contrainte. Il ordonna ainsi à trois navires de transporter de la nourriture, des médicaments et d’autres produits de première nécessité en Irlande. Comme la marine britannique surveillait les ports de Dublin et Cork et n’autorisait aucun navire étranger à accoster, les bateaux ottomans voyagèrent jusqu’au Nord et livrèrent la marchandise à Drogheda. Depuis lors, la population de Drogheda est éternellement reconnaissante envers cette générosité turque et entretient ce lien avec le pays. A noter toutefois que ce n’est pas cette épisode qui mena la cité irlandaise et son club de football à adopter les symboles du croissant et de l’étoile. En réalité, des preuves remontant à 1210 démontrent que les armes de la ville arboraient déjà ces éléments. En effet, lorsque le Roi Jean Sans Terre accorda à la ville sa charte (ie reconnaissant ainsi à Drogheda son statut de cité), Drogheda reprît le croissant et la lune, symbolisant l’épopée du Roi lors des croisades. C’est la même raison qui fait que la ville anglaise de Portsmouth porte un croissant et une étoile dans ses armes (à la nuance que c’est en l’honneur du Roi Richard I dit Cœur de Lion). Faire référence aux croisades, c’est un lien aussi avec les ottomans.

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