#1115 – CD Guadalajara : el Rebaño Sagrado

Le troupeau sacré. Tout d’abord, l’équipe de Guadalajara est vu comme un troupeau car l’un de ses surnoms les plus communs est las chivas (les chèvres). Au départ, ce surnom leur avait été attribué car évidemment le jeu produit lors d’un match en 1948 n’emballa pas les spectateurs et la presse. Repris par les fans adverses comme une moquerie, les supporteurs du CD Guadalajara se l’approprièrent finalement et aujourd’hui, il s’agit d’une fierté, pour un ultra du club, d’être comparé à une chèvre. Pour en savoir plus, je vous invite à lire l’article #361.

Mais, il ne s’agit pas de n’importe quel troupeau car en l’occurrence, celui-ci est sacré. En 1957, le club et ses supporteurs s’étaient récemment réappropriés le surnom de chivas et dans la ville de Guadalajara officiait un évêque du cru, José Garibi y Rivera. Né dans la Perla de Occidente (la perle de l’occident est le surnom de Guadalajara) en 1889, il fit ses études au séminaire de Guadalajara et, en tant que prêtre, favorisa la construction de la basilique du Saint-Sacrement de Guadalajara. Sa carrière ecclésiastiques se poursuivit dans sa ville natale : évêque auxiliaire le 16 décembre 1929, vicaire général de l’archidiocèse en 1933, évêque coadjuteur en 1934, archevêque de Guadalajara le 12 août 1936 et enfin cardinal le 15 Décembre 1958. Homme d’Eglise certes mais aussi homme passionné de football et supporteur du CD Guadalajara. Ainsi, lorsque le club remporta son premier championnat mexicain lors de la saison 1956-1957, l’archevêque Garibi donna une messe, au cours de laquelle il entonna un Te Deum (chanté à l’occasion de messe solennelle célébrant une victoire, lors de fêtes nationales, de naissances monarchiques, de processions …) pour célébrer le titre de champion. Puis, Garibi reçut tout l’équipe de chivas et montra aux joueurs, que sous sa soutane, il portait le maillot de Guadalajara.

Mais, l’action de Garibi ne s’arrêta pas là. En effet, il fit envoyer le 3 Janvier 1957 au Pape un télégramme pour l’informer que le CD Guadalajara dédicaçait au Saint-Père le championnat gagné. Monseigneur Garibi demandait en retour une bénédiction pour l’équipe de football. Ce que le Pape Pie XII fit en invoquant les grâces célestes et en leur envoyant sa bénédiction.

Résultat, le fait que l’équipe puisse être soutenu par d’aussi importants hommes d’Eglise donna lieu dans la presse à l’utilisation du surnom rebaño sagrado.

#1088 – Vålerenga IF : St. Hallvards menn

Les hommes de Saint Hallvard. La particularité de la capitale norvégienne est que ses habitants n’ont pas de gentilé. Le Ministère des Affaires Etrangères français, en collaboration avec l’Académie française, a défini le terme Oslovien mais, en Norvégien, le terme approprié est osloenser, qui signifie les « habitants d’Oslo » . En surnom, cela n’aurait pas été très original. Car le club de Vålerenga demeure la fierté d’Oslo, le seul à défendre la capitale au sein de l’élite du football norvégien. Le club et ses supporteurs s’identifient donc totalement à la cité. Résultat, ce surnom fait référence au Saint Patron de la ville, St. Hallvard.

Né vers 1020 et issu d’une famille noble, Hallvard Vebjørnsson était un fervent chrétien, aimant son prochain. Devenu commerçant, il voyageait à travers le pays pour vendre et acheter sa marchandise. La légende raconte que, lorsqu’il s’apprêta à traverser un lac dénommé Drafn à bord d’une barque, une femme enceinte apparut soudainement et demanda en tremblant à le rejoindre à bord. Il l’accepta dans l’embarcation et commença la traversée. 3 hommes arrivèrent, sautèrent à bord d’un autre bateau et se lancèrent à la poursuite d’Hallvard et de sa passagère. La femme expliqua à Hallvard que les 3 hommes la persécutaient et l’accusaient de vol. Hallvard lui dit alors « Pouvez-vous vous purifier de cette charge en portant des fardeaux de fer ? » et elle répondit « Oui, je peux, et je suis prête à le faire tant qu’ils m’épargnent ». Les 3 hommes rattrapèrent la barque de Hallvard et lui demandèrent de leur remettre la femme. Les accusations de vol des 3 hommes ne convainquirent pas Hallvard qui estimait que coupable ou pas, la mort de la femme et de son enfant n’étaient pas la solution. L’un des hommes saisit son arc et tua Hallvard et la femme enceinte. Ils enterrent la femme sur la plage et jetèrent celui d’Hallvard dans le lac, lesté d’une pierre de meule. Toutefois, son corps flotta et il fut enterré dans son village natal en 1043.

Parce qu’il était mort pour défendre une femme innocente, la réputation d’Hallvard grandit et donna lieu à un culte dans l’Est de la Norvège. Hallvard fut canonisé dans les 30 années suivant sa mort. Lorsque la ville d’Oslo se dota d’une cathédrale pour être le siège du nouveau diocèse, des reliques étaient nécessaires pour la consacrer et les restes d’Hallvard semblaient appropriés. Ainsi, sa tombe fut transférée dans la Hallvardskatedralen d’Oslo (Cathédrale d’Hallvard) où elle fut installée au-dessus du maître-autel. Le cercueil aurait été conservé dans la cathédrale jusqu’en novembre 1532. A partir du XIVème siècle, l’image du Saint, tenant 3 flèches et une meule, intégra les armoiries de la ville. La municipalité d’Oslo a fait du jour de Hallvard le 15 mai, jour férié officiel de la ville et la plus haute distinction de la municipalité, la médaille St Hallvard, porte son nom depuis 1950.

#1033 – Stormer’s SC : el Lobo

Le loup. Plus connu simplement sous le nom de Stormer’s, ce dernier est un club de football basé dans la ville de Sucre, la capitale de la Bolivie. Le football commença à se répendre en Bolivie entre 1905 et 1909, les expatriés britanniques l’apportant avec eux. Rapidement, ce nouveau sport séduisit les jeunes étudiants des écoles privées de la capitale et des premières équipes se montèrent. Le 25 janvier 1914, au sein du collège « Sagrado Corazón » (Sacré-Cœur), une poignée de prêtres, d’enseignants et d’étudiants furent motivés pour fonder un nouveau club, le Stormer’s SC.

Le collège « Sagrado Corazón » était une institution d’enseignement appartenant à la Compagnie de Jésus (Jésuite). La Compagnie est une congrégation catholique fondée principalement par Ignace de Loyola, François Xavier et Pierre Favre en 1539, approuvée en 1540 par le pape Paul III. Luttant contre la Réforme protestante, l’ordre catholique s’était fixé pour objectif d’évangéliser et d’éduquer les populations (même si pour ce dernier point il s’agissait aussi d’inculquer la « bonne parole » de l’Église catholique). Résultat, les prêtres de la congrégation émigrèrent dans les nouvelles colonies pour fonder églises et écoles. Le principal fondateur de l’ordre, Ignace de Loyola, était un basque d’une famille de la petite noblesse. Les armes de sa famille comprennaient deux loups rampant et se tenant à une marmite. Résultat, le collège « Sagrado Corazón » reprit dans son blason les loups présent dans les armes de Loyola. Le surnom de l’équipe est un hommage aux origines du club.

Aujourd’hui, la mascotte du club est représentée par un loup nommé « Stuhi », qui en albanais signifie « Tempête ».

#935 – Hibernian FC : Hibs, Hibbies

Diminutif du nom du club. Dans le quartier surpeuplé de Cowgate, dans le vieux centre ville, en 1875, le club de Hibernian naquit, par la volonté de la communauté irlandaise. En effet, l’Ecosse connut au XIXème siècle une forte immigration irlandaise. Une série de mauvaises récoltes de pomme de terre engendra une période de famine et de maladie en Irlande de 1845 à 1852 qui bouleversa la société irlandaise et son histoire. Cette époque tragique se solda par le décès d’un million d’irlandais mais entraina également une exode massive des habitants, principalement vers les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Les études estiment que plus d’un million de personnes ont fui le pays, provoquant une chute de la population du pays de 20 à 25 % (dans certaines villes, jusqu’à 67 %) entre 1841 et 1871.

En Ecosse, la plupart des migrants s’installèrent à Glasgow, mais une une petite partie fit son chemin jusqu’à Édimbourg. Les irlandais se regroupèrent dans le quartier de Cowgate qui devint alors connu sous le nom de Little Ireland (petite Irlande). D’ailleurs, construite pour le rite anglican, l’Eglise St Patrick, située dans le Cowgate, fut rachetée par les catholiques en 1856 (elle portait en outre le nom du Saint Patron de l’Irlande) et devint un des repères de la communauté irlandaise. Cette paroisse fonda en 1865 la Catholic Young Men’s Society (CYMS), dont l’objectif était de favoriser la formation spirituelle, culturelle et sportive des jeunes hommes irlandais en accord avec la foi catholique. Mais, ces initiatives communautaires ne facilitaient pas l’intégration de la population irlandaise, renforcée par les préjugés anti-irlandais qui demeuraient forts chez les écossais. Michael Whelahan et ses amis s’intéressaient au football mais avaient conscience qu’il était pratiquement impossible pour eux de jouer pour l’un des clubs écossais établis. Whelahan suggéra alors au père Edward Joseph Hannan de l’Eglise Saint Patrick que le CYMS formât son propre club de football. Après avoir réalisé son enquête sur ce nouveau jeu, le père se montra favorable à cette requête, pensant en outre qu’elle aiderait à rapprocher les irlandais des écossais. Lors d’une réunion du CYMS le 6 août 1875, le Hibernian FC fut fondé. Le choix de la date n’était pas le fruit du hasard et marquait déjà l’orientation du club. En effet, le 6 aout 1875 correspondait au centenaire de la naissance de Daniel O’Connell, chef politique des catholiques d’Irlande et promoteur d’un nationalisme irlandais dans la première moitié du XIXème siècle. Le club était donc celui des irlandais d’Édimbourg. La harpe celtique, symbole de l’Irlande, s’étala comme blason du club. Le vert, couleur de l’Irlande, fut retenu pour les uniformes des joueurs. La devise était « Erin Go Bragh » (L’Irlande pour toujours). Enfin, le nom du club ne pouvait échapper à cette tendance même s’il y eut quelques débats parmi les fondateurs. Plusieurs idées furent avancées, mais en fin de compte, Michael Whelahan rappela que le CYMS avait absorbé quelques années auparavant la société catholique Ancient order of the Hibernians (L’ordre ancien des Hiberniens). Or, Hibernian était l’ancien nom latin de l’Irlande. Il fut donc décidé que le nom serait Hibernian Football Club. Comme tous les joueur-fondateurs étaient catholiques et irlandais (à l’exception d’un, Danny Browne, qui était d’ascendance irlandaise), il fut édicté que tous nouveaux membres devaient également être catholique et d’origine irlandaise.

Toutefois, ce communautarisme s’analysa comme du sectarisme par les organisations écossaises. Ainsi, quand le nouveau club voulut s’affilier à l’association écossaise de football, ils reçurent la réponse laconique « We are catering for Scotsmen, not Irishmen » (Nous servons des Écossais, pas des Irlandais). L’accueil fut aussi froid auprès de la fédération d’Édimbourg, qui interdit en plus à tous ses clubs-membres de jouer ou avoir des contacts avec les Hibernians. Ainsi, privé de matchs amicaux ou officiels, les rencontres des Hibernians se limitaient à des entrainements. Finalement, un club brisa cet isolement à Noël 1875, Heart of Midlothian, donnant ainsi naissance au grand derby d’Édimbourg, encore d’actualité. Finalement, à force de persévérance, les Hibernians s’imposèrent dans le paysage footballistique écossais et devint une référence. Malheureusement, sa mauvaise gestion conduisit à sa disparition en 1891. En 1892, le club fut reconstitué, avec un changement significatif puisqu’il n’y avait plus d’obligation fait à ses joueurs d’être membres de la CYMS (donc plus nécessaire d’être irlandais et catholique). En tout cas, ce choix des premières années de représenter la communauté irlandaise d’Édimbourg fit des émules puisque des clubs irlandais naquirent à Dundee et Glasgow (Dundee Harp , Dundee Hibernian et Celtic Glasgow).

Le nom d’Hibernia fut donc attribué par les Romains dans l’Antiquité à l’île de l’Irlande. L’origine du terme n’est pas certaine et plusieurs versions se confrontent. Tout d’abord, Hibernia proviendrait du bas latin hibernum (Hiver) en raison du climat froid et pluvieux de l’Irlande. Ensuite, Hibernia pourrait venir de Ivernia dérivant du latin Ierne qui était le nom donné à l’Irlande par Pythéas, un marchand et explorateur grec du IVème siècle avant J.-C.. Ierne puiserait ses sources dans Erin le nom mythologique de l’Irlande. La dernière hypothèse repose sur le celte. En effet, Hibernia pourrait provenir de l’irlandais primitif Iweriu ou Ériu qui lui-même descend de la racine indo-européenne PiHwerjoHn (qui signifie le pays fertile).

#835 – Charleston Batterry : Holy City FC

Le FC Ville Sainte. Si le club n’évolue pas dans la grande ligue nationale de la MLS (il appartient aujourd’hui à l’USL), il demeure un des piliers du football professionnel américain. D’une part, il est l’un des plus anciens clubs de football professionnels en activité aux États-Unis (titre partagé avec les Richmond Kickers). D’autre part, son palmarès demeure l’un des plus fournies du pays dans les ligues mineures, avec un titre USISL Pro League en 1996, une USL A-League en 2003, la dernière saison de la USL Second Division en 2010 et en 2012, le championnat USL Pro. Mais, ce n’est ni sa longévité, ni son palmarès qui lui permit d’être en odeur de sainteté mais plutôt la réputation de Charleston. En termes de spiritualité, on pense naturellement à Jérusalem (3 fois saintes en tant que lieu saint des 3 grandes religions monothéistes) et Rome (résidence de la papauté). Charleston a quant à elle gagné ses galons grace à sa grande tolérance religieuse et aux nombreux lieux de prière que compte la cité de Caroline du Sud.

En effet, depuis la côté, la vue de l’horizon ciselée par les nombreux clochers de la cité, est saisissante. On y dénombre plus de 400 clochers (pour une ville de 150 000 habitants). Fondée en 1670, la cité accueillit de nombreux immigrants d’Écosse, de France, d’Allemagne, d’Irlande et d’autres pays, apportant avec eux de nombreuses branches protestantes ainsi que le judaïsme et le catholicisme romain. Ne trouvant pas d’opposition à la libre expression de leurs confessions, différents lieux de cultes se construisirent. En 1681, s’établissait la Circular Congregational Church, la plus ancienne du Sud des Etats-Unis. Cette congrégation fut fondée par des protestants anglais, des presbytériens écossais et des huguenots français. Déjà un début d’ouverture d’esprit. La First Baptiste Church apparut en 1682. Fuyant les persecutions en France, un groupe de 40 huguenots trouvèrent également refuge à Charleston et construisirent leur église en 1687. En 1702, la communauté religieuse de Charleston se définissait à 45 % calviniste, 42 % anglicane, 10% baptiste et le solde quaker et juive. L’église luthérienne St Jean fut établi par des immigrants allemands en 1742. En 1749, la première synagogue du nom de Kahal Kadosh Beth Elohim fut réalisée, pour ce qui est devenu la plus ancienne congrégation juive de la côte Est, également centre du judaïsme réformé. L’église Catholique Romaine se posa à Charleston en 1789. En 1810, deux églises anglicanes furent érigées (la cathédrale St Luc et l’église St Paul). En 1791, les affranchis et esclaves noirs américains se réunirent au sein de l’Emanuel African Methodist Episcopal Church et construisirent leur église en 1818. A cette époque, les noirs ne bénéficiaient pas d’une grande liberté pour prier (en étant notamment séparer dans les offices des églises des communautés blanches) et cette église à Charleston faisait partie des premières ouvertes pour et diriger par les afro-américains. La deuxième synagogue fut fondée en 1854 et est la plus ancienne synagogue orthodoxe du Sud. Sa congrégation d’origine était formée d’immigrants prussiens et polonais. La légende raconte que ce surnom de Holy City fut donné à la ville par un admirateur passionné mais d’autres estiment que le surnom fut inventé au 20ème siècle, probablement comme une moquerie de l’attitude suffisante des Charlestoniens à propos de leur ville.

#769 – SpVgg Greuther Fürth : die Kleeblätter

Les trèfles. Abonné à la seconde division allemande, le club bavarois va y retourner après cette saison 2021-2022 où il termine à la 18ème place. Le trèfle qui arbore son blason ne lui aura pas porté chance. Ce trèfle provient directement des armoiries de la ville de Fürth. Les armoiries actuellement en vigueur furent approuvées en 1939 mais le trèfle apparaît pour la première fois le 18 janvier 1562 dans le sceau personnel de Johann Hornung, bailli de la cathédrale de Bamberg. Les notaires et les échevins de justice résidant dans la cour de Fürth continuèrent à utiliser le trèfle comme sceau. Puis, en 1693, le trèfle fut utilisé pour la première fois comme cachet de la commune de Fürth. Avec son élévation au rang de ville indépendante au début du XIXème siècle, Fürth se dota pour la première fois d’armoiries qui représentaient donc un trèfle.

Il y a eu de nombreuses tentatives pour expliquer la signification du trèfle et de ses trois feuilles. Cependant, son origine comme le sens demeurent toujours mystérieuses malgré l’existence de plusieurs hypothèses. Dans toutes ces versions, le trèfle à 3 feuilles représentent 3 composantes réunies et unies. Le premier maire de Fürth, Franz Joseph von Bäume, supposa que les 3 feuilles du trèfle représentaient le triumvirat qui dirigeait la ville de 1400 à 1792 : la principauté d’Ansbach (ou margraviat de Brandebourg-Ansbach), la ville impériale de Nuremberg et le diocèse de Bamberg. Version populaire, elle semble historiquement peu probable car les 3 maîtres ne formèrent pas une gouvernance unique, s’opposèrent souvent et chaque quartier de la ville ne se soummettait qu’à un seul de ces seigneurs. Une autre possibilité revient à celui qui introduit le trèfle, Johann Hornung. Etant donné qu’il était bailli de la cathédrale de Bamberg, le trèfle pouvait avoir la symbolique classique du catholisme, la trinité. En effet, St Patrick, le saint irlandais, se servit d’un trèfle pour expliquer la trinité de Dieu. Chaque feuille représente le Père, le Fils et le Saint Esprit et le tout forme le trèfe, Dieu (Trois et pourtant un). L’historien Schwammberger était un partisan de cette théorie. Enfin, comme toutes les versions tournent autour de ces 3 feuilles, il fallait une troisième hypothèse. Ce trèfle serait le symbole de la coexistence pacifique des 3 religions. Depuis la Réforme, la ville de Fürth comptait 3 confessions, les protestants, les catholiques et les juifs, qui cohabitaient pacifiquement.

#706 – Estudiantes de Mérida FC : Rojiblanco

Le rouge et blanc. 2021 marque le cinquantenaire du club vénézuélien. L’occasion parfaite pour se plonger dans ses racines. Le 4 avril 1971, 58 personnes se réunirent dans la ville andine pour approuver les statuts et élire le conseil d’administration d’un club de football. Avec de nombreux membres fondateurs ayant étudié au Colegio San José, le maillot rayé rouge et blanc s’imposa pour rappeler les couleurs du collège. Dans les années 1920, les prêtres de la Compagnie de Jésus (les jésuites) débarquèrent au Venezuela et fondèrent plusieurs institutions éducatives dont le Colegio San Ignacio à Caracas (8 janvier 1923) et le Colegio San José à Mérida (1927). Dans leurs valises, ils apportèrent bien entendu des bibles et des crucifix, mais, ce qu’ils considèrent aussi importants que les objets spirituels, des ballons de football. En effet, les religieux étaient des passionnées de football et, trois mois seulement après avoir ouvert les portes du collège de Caracas, ils avaient déjà constitué une équipe de football, sous le nom de Loyola, qui existe encore aujourd’hui. En 1927, la même Compagnie de Jésus implanta son projet éducatif à Mérida et tout comme à Caracas, l’équipe de football suivit immédiatement. Les prêtes, qui s’était forgés cette passion sportive dans leur Bilbao natal, dotèrent le collège et l’équipe d’un écusson (et donc de maillots) aux couleurs rayés de celles de leur club de cœur, l’Athletic Club de Bilbao. Bien que le Colegio San José ferma ses portes en 1962, les anciens élèves de ce collège lui rendirent donc hommage 9 ans plus tard en reprenant ses couleurs pour le club d’Estudiantes.

#704 – St James’s Gate FC : the Gate

La porte. Simple de reprendre, comme surnom, le nom de son club et ce n’est pas la porte ouverte à toutes les interprétations. Cette porte de Saint James (autre version du nom de Saint Jacques en ancien français) indique évidemment le quartier d’origine du club. Détruite en 1734, elle marquait l’entrée Ouest de la ville de Dublin au Moyen-Âge et correspondait au point de départ traditionnel du pèlerinage de Dublin à Saint-Jacques-de-Compostelle. Elle donna naissance au quartier qui porte son nom. Mais, si le club affiche sur son écusson une porte, ce n’est pas celle du Moyen-Âge. Il s’agit de l’une des entrées d’un de ses bâtiments remarquables, la St James’s Gate Brewery. En effet, traversé par le fleuve Liffey, le quartier de St James vit de nombreuses brasseries s’installer et devint associé à ce commerce depuis le XVIIème siècle. A vrai dire, au XIIIème siècle, les moines qui résidaient à St James’s Gate réalisaient déjà leur propre brassage. En 1759, un brasseur du nom de Arthur Guinness, qui fabriquait des bières à Leixlip, dans le comté de Kildare, loua la brasserie de St James’s Gate pour 9 000 ans. De là, l’empire Guinness se déploya. En 1838, l’usine devint la plus grande brasserie d’Irlande. En 1868, le site était passé d’environ 1 acre à plus de 64 acres. Enfin, en 1886, elle était la plus grande brasserie du monde, avec une production annuelle de 1,2 million de barils. Dans cette révolution industrielle du XIXème siècle et du XXème siècle, où le paternalisme fleurissait parmi le patronat, les grandes usines ne limitaient pas leurs influences au mur de leurs sites. Ainsi, la brasserie de St James’s Gate possédaient sa propre centrale électrique et les bâtiments environnant pour louer des logements à ses employés. La famille Guinness fit preuve également de générosité envers la ville de Dublin en finançant la construction de bains publics, de logements sociaux et en faisant don du parc St. Stephen’s Green. Comme souvent, ce patronat paternaliste offrit à sa masse d’ouvriers et d’employés de ses usines des distractions et activités sportives. Sous l’impulsion du médecin-chef de la brasserie, John Lumsden, l’équipe vit le jour en 1902, comme un club corporatiste.

#680 – CA Bella Vista : los Papales

Les pontificaux. Les états pontificaux ne s’étendirent pas jusqu’à ce quartier de Bella Vista, en plein Montevideo. Ce lien avec le Pape s’explique par le maillot distinctif du club, composé d’une partie blanche et une autre jaune, à la façon Blackburn Rovers. Or, cette association des deux couleurs correspond exactement au drapeau des Etats du Pape, ce qui enfanta le surnom. Pourquoi le club de quartier associa ces deux couleurs de cette façon ? Deux versions s’affrontent mais les deux remontent aux origines du club en 1920. A cette époque, le football uruguayen était déjà bien développé et dominait la scène continentale : le pays avait remporté 3 des quatre premières éditions de la Copa America (il était même finaliste de la seule non gagnée) et la première division existait depuis l’année 1900. Montevideo, qui était une ville qui concentrait un tiers des 1 millions d’habitants du pays, avait déjà vu la plupart de ses grands clubs naître : Peñarol (1891), Nacional (1899) et Wanderers (1902). Cet environnement favorable au football se ressentait dans les nombreux quartiers de la ville et Bella Vista n’y échappa pas. La conjoncture de plusieurs passionnés permit l’émergence du Bella Vista. D’un côté, de jeunes garçons jouaient au football dans les terrains vagues près de Bulevar Artigas et Agraciada. De l’autre, l’inauguration de la chapelle et de l’école Maturana, par la congrégation des Salésiens, en octobre 1907 engendra l’implication de cette communauté dans la vie du quartier (conformément à leurs principes éducatifs) et notamment dans la promotion d’activités culturelles ou sportives. L’un de ses prêtres très actifs, Marino Guerra, enseignait le catéchisme avec deux outils qui lui paraissaient indispensables : une bible et un ballon de football. Ainsi, le barbier Vicente Zibechi impulsa l’idée de fonder un club dans le quartier, ce qui se réalisa le 4 octobre 1920. Selon l’une des versions, le premier terrain du club se situait rue Larrobla, dans une propriété qui appartenait à l’école Maturana. En remerciement, le club demanda au prêtre de l’église de choisir les couleurs de l’uniforme et ce dernier reprit celles des Salésiens, jaune et bleu ainsi que celles des Etats Pontificaux, jaune et blanc. Ainsi, le kit se composa d’un maillot similaire au drapeau du Vatican et d’un short bleu. Toutefois une autre version peu répandue avancent que cette composition de couleurs rendait hommage aux deux clubs dominateurs du championnat : Peñarol (alors connu sous le nom de CURCC) qui avait déjà remporté 6 titres et Nacional qui en avait gagné 8. Peñarol jouait en jaune et noir tandis que Nacional arborait les couleurs blanches et bleu.

#671 – SV Darmstadt 98 : die Lilien

Les fleurs de Lys. L’écusson du club, fondé en 1898, affiche une fleur de lys, de couleur bleue et blanche et reprend directement les armes de la ville de Darmstadt. Ces dernières sont coiffées par une couronne grand-ducale (celle du Grand-Duché de Hesse où se situe Darmstadt) et se divisent en deux parties : en haut de l’écu, un lion rouge sur fond jaune et en bas, une fleur de lys blanche sur fond bleu. Les deux parties étaient par le passé séparées par une bande noire intégrant une boule blanche mais cet élément disparut quand ces armoiries furent réattribuées à la ville le 10 Mars 1917 par une lettre d’armoiries délivrée par le Grand-Duc de Hesse, Ernst Ludwig. Toutefois, ce blason apparaît déjà sur une clé de voûte de la partie inférieure de la tour de l’église de la ville (église protestante de Stadtkirche Darmstadt) datant du XVème siècle. La présence du lion se réfère à l’animal des armes des comtes de Katzenelnbogen. Il faut rappeler qu’un comte de Katzenelnbogen en 1330 obtint de l’empereur Louis de Bavière l’autorisation de construire Darmstadt, d’entourer la ville d’une enceinte et d’y tenir un marché hebdomadaire. La fleur de lys dans le bas demeure un signe distinctif par rapport aux autres villes du Grand-Duché. En effet, les autres cités (Pfungstadt, Viernheim, Zwingenberg, Riedstadt, Bischofsheim) affichaient aussi des armes divisées avec dans la partie haute le lion et dans la partie basse des éléments caractéristiques de la ville. Alors pourquoi une fleur de lys blanche sur fond bleu ?

L’origine exacte n’est pas connue avec certitude mais la cité ne souhaitait pas mettre à l’honneur le Royaume de France ou la ville italienne de Florence. Il semblerait plutôt que la fleur de lys blanche sur fond bleu soit une référence à la Vierge Marie. La fleur de lys blanche était signe de pureté dans la symbolique du Moyen Âge et était donc utilisé comme attribut dans la représentation de l’Annonciation (l’annonce par l’Archange Gabriel à la Vierge Marie de sa maternité divine). De même, la couleur bleu est celle de Marie dans la liturgie (cf articles #399 et #497). Ces références à la Vierge visaient certainement à rappeler que l’église de la ville (citée dans le paragraphe ci-avant) était la principale de la cité, n’était plus rattachée à l’église mère de Bessungen (donc était une église paroissiale indépendante) et surtout sous le patronage de la Vierge Marie, avant la Réforme.