#1174 – ASC Jaraaf : le Prince

Au Sénégal, deux clubs dominent le palmarès local : la Jeanne d’Arc et le Jaraaf. Chacun représente un quartier de la capitale sénégalaise Dakar : le premier représente le quartier de Médina, tandis que le second incarne celui du Plateau. Mais, si la Jeanne d’Arc demeure le doyen des clubs de football sénégalais (1923), le club ne fréquente plus l’élite depuis 2011 et son palmares prend un peu la poussière, alors que celui du Jaraaf continue de s’enrichir.

Le club naquit le 20 septembre 1969 sous l’impulsion de la réforme « Lamine Diack ». Ministre du Sport du Président Léopold Senghor, Lamine Diack fit voter une loi instituant le regroupement des petits clubs pour créer de nouvelles places fortes sportives en mesure de s’imposer sur le plan continental. Lamine Diack, qui fut entraineur au Foyer France Sénégal, club fondé en 1933, invita son club à s’associer à d’autre. Ainsi, le Foyer France Sénégal se maria avec les Espoirs de Dakar, créé en 1958.

Le club compte 12 championnats du Sénégal, le record du pays (1968, 1970, 1975, 1976, 1977, 1982, 1989, 1995, 2000, 2004, 2010, 2018). La Jeanne d’Arc, 2ème plus grand détenteur de titre, en a 10. En Coupe du Sénégal, même refrain : le Jaraaf détient le record national avec 16 coupes, dont la dernière remporté en 2023 (1967, 1968, 1970, 1973, 1975, 1982, 1983, 1985, 1991, 1993, 1994, 1995, 2008, 2009, 2013, 2023). La Jeanne d’Arc est une nouvelle fois deuxième mais avec seulement 6 coupes. Le Jaraaf a aussi perdu 6 finales (1971, 1976, 1979, 1981, 1992, 2004). Résultat, avec ce palmarès fourni, le club se définit comme le prince du Sénégal.

#1170 – Íþróttafélagið Fylkir : Fylkismenn

Les hommes de Fylkir. Le nom de ce club islandais n’est pas courant et l’a naturellement caractérisé. Basé dans le quartier de Selás, au sein du district d’Árbær, Fylkir est un club relativement jeune, ayant été fondé le 28 mai 1967, alors que le quartier se développait, avec la construction de nombreux logements. Les jeunes de ce quartier souhaitaient pratiquer le football dans leur propre quartier et fondèrent alors une association sous le nom Knattspyrnufélag Seláss og Árbæjar (KSÁ), ie le Football Club de Selás et Árbær. Depuis la création du club, l’accent est mis sur la formation des jeunes et dans les premières années, il n’y avait pas d’équipe senior. En 1972, la première équipe senior se présenta en 3ème division et depuis, le club est un participant régulier de l’élite islandaise. Il compte deux coupes nationales à son actif.

Mais, dans les premières années, le nom du club, KSÁ, ne plaisait pas à tous les membres et une nouvelle identité fut recherchée. En 1969, le conseil d’administration vota pour le terme Fylkir, qu’il préféra à une autre proposition, Elliði. Elliði est un mot de vieux norrois, une langue scandinave médiévale, qui désigne un navire. D’ailleurs, dans le district d’Árbær coule une rivière du nom d’Elliðaár, dont son étymologie fait référence à une légende de l’île. En effet, selon la Saga des Sturlungar, un manuscrit islandais du XIIIème siècle, un vieux colon du nom de Ketilbjörn Ketilsson débarqua de Norvège en Islande à bord d’un navire appelé Elliði. Mais, revenons au nom du club, Fylkir, qui est également un terme de vieux norrois, qui signifie un chef ou un roi. Certainement que pour les membres du club, ce nouveau nom montrait l’aspiration de l’association au leadership, à l’excellence et aux triomphes. Au-delà de ses connotations sportives, le nom reliait également ce club de quartier à la mythologie islandaises, à son riche héritage.

#1141 – Reading FC : the Royals

Les royaux. Pour un club certes historique (fondation le 25 Décembre 1871) mais au palmarès réduit, le surnom semble très pompeux. En réalité, il provient de la situation du comté de Berkshire où est localisée la ville de Reading. En 1958, la Reine Elisabeth II accorda au comté le titre royal, en raison des relations entre la région et la monarchie, et des lettres patentes ont confirmé ce statut en 1974.

Tout d’abord, le Berkshire abrite le chateau de Windsor (situé à 30 km à l’Est de Reading) où la Reine Elisabeth II (tout comme son fils maintenant) passait régulièrement ses week-end et congés. Plus ancien et plus grand château occupé au monde (52 000 m2 et plus de 1 000 pièces), il est la résidence des monarques britanniques depuis près de 1 000 ans. Sa chapelle St George a également accueilli de grands événements officiels comme une quinzaine de mariages. Une tradition inaugurée par le mariage d’Edward VII et de la princesse Alexandra de Danemark, en 1863, et suivie par les mariages des nombreux enfants de la reine Victoria, celui du Prince Harry et de Meghan Markle en 2018 tout comme celui du prince Charles avec Camilla en 2005. A l’inverse, le chateau abrite plusieurs lieux de sépulture royale comme le mausolée de Frogmore où sont enterrés la Reine Victoria et le Prince Albert. La chapelle Saint-Georges est aussi la dernière demeure de plusieurs monarques britanniques, dont le Roi Henri VIII et le Roi George VI. La Reine Elizabeth II et le Prince Phillip reposent également à Windsor.

Ensuite, située au cœur de Reading, l’abbaye royale fut pendant longtemps l’un des centres de pèlerinage de l’Angleterre médiévale et l’une des maisons religieuses les plus riches et les plus importantes. Entretenant des relations multiples et fortes avec le pouvoir royal, elle accueillait la tombe du Roi Henri Ier.

Le Berkshire héberge aussi le réputé collège d’Eton fondé en 1440 et où les progénitures de toute l’élite britannique se retrouvent. Evidemment de nombreux membres de la famille royale fréquentèrent cette institution, dont Harry et William. En outre, en juin, la course de chevaux de renommée mondiale, la Royal Ascot, se passe à l’hippodrome d’Ascot, dans le Berkshire. L’événement est suivi par des membres de la famille royale, qui arrivent en calèches et regardent les courses depuis la loge royale.

Enfin, des évènements politiques majeures s’y déroulèrent. En 1215, à Runnymede, le Roi Jean sans terre dut se résoudre à signer avec ses barons la Magna Carta, une charte qui limitait le pouvoir du monarque et établissait l’État de droit. En 1957, un mémorial fut érigé à Runnymede, à 500 mètres de l’endroit où cette charte aurait été négociée.

#1140 – FC Vaduz : Fürstenverein

Le club princier. Bordé par la Suisse et l’Autriche, en plein cœur des Alpes, le Liechtenstein est le quatrième plus petit pays d’Europe, avec une superficie d’environ 160 km2 et une population d’environ trente-neuf mille habitants. Ayant un des PIB par habitant les plus élevés au monde, ce petit état indépendant est une principauté depuis le XVIIIème siècle et le FC Vaduz est son symbole footballistique. Province romaine, un peuple germanique, les Alamans, envahirent la région au Vème siècle, qui sous le règne de Charlemagne, devint le comté de Vaduz. Puis, le Saint-Empire Germanique et la maison des Habsbourg prit un contrôle direct sur la région jusqu’en 1699.

Originaire de Basse-Autriche, la maison de Liechtenstein étendit ses possessions au fil des années, principalement en Moravie, en Basse-Autriche, en Silésie et en Styrie. Mais elle demeurait toujours inféodée à des seigneurs, membres de différentes branches des Habsbourg, ce qui ne permettait pas à la dynastie du Liechtenstein d’obtenir un siège à la diète impériale, le Reichstag. La famille cherchait alors des terres à acquérir qui ne dépendaient pas d’un seigneur. En 1608, en raison de son ralliement et de ses conseils, Charles Ier du Liechtenstein fut nommé Fürst (prince) par l’Empereur romain germanique Matthias Ier de Habsbourg. Son petit-fils, Jean-Adam Ier, fut autorisé à acheter la seigneurie de Schellenberg et le comté de Vaduz respectivement en 1699 et 1712. Puis, en 1719, l’empereur germanique Charles VI unifia les deux territoires et les éleva au rang de principauté d’Empire sous le nom de Liechtenstein. Enfin, en 1862, le Liechtenstein devint un État indépendant lorsque le prince Jean II promulgua une constitution instaurant une monarchie constitutionnelle.

#1046 – Etoile Filante de Ouagadougou : la Reine des Stades

Depuis 1961 et le premier championnat du pays, l’EFO domine le football burkinabais (ex-Haute Volta). Tout d’abord, il est parvenu à remporter 13 championnats de première division (1962, 1965, 1985, 1986, 1988, 1990, 1991, 1992, 1993, 1994, 2001, 2008, 2014), dont 5 d’affilées entre 1990 et 1994. Ces 13 championnats constituent le record de titre remporté, à égalité avec son grand rival du ASFA Yennenga. Côte Coupe nationale, la coupe est bien plus peine avec 22 titres (1963, 1964, 1965, 1970, 1972, 1975, 1976, 1985, 1988, 1990, 1992, 1993, 1996, 1999, 2000, 2001, 2003, 2006, 2008, 2011, 2017 et 2022), cette fois le record national sans partage. Par 2 fois, l’EFO s’attribua la Coupe 3 années de suite (1963, 1964, 1965 et 1999, 2000, 2001). Aucun autre club burkinabais n’est parvenu à réaliser cette performance. A ce palmarès, il convient de rajouter 7 Super Coupes du Burkina Faso (1994, 1996, 1999, 2003, 2006, 2011, 2017), là aussi le record.

Sans conteste, ce palmarès impressionnant, le plus important du pays, fait de l’EFO la Reine des Stades du Burkina Faso. Pourquoi pas le Roi ? Tout d’abord, l’EFO est une étoile. Par ailleurs, son grand rival du ASFA Yennenga prît le nom de la Reine fondatrice du Royaume Mossi, Yennenga. Être la reine des stades était aussi un pied de nez à ceux qui avait prit le nom d’une Reine historique. Si l’EFO remporta la coupe l’année dernière, son aura pâlit, le club ayant flirté avec la relégation lors du dernier exercice du championnat.

#1025 – FC Sankt Pauli : Weltpokalsiegerbesieger

Vainqueur de la Coupe du monde. Le club a pris l’habitude de se surnommer ainsi et de nombreux t-shirts portés par ses supporteurs arborent fièrement ce surnom. Mais prétendre à ce titre alors que le palmarès du club se limite à un championnat de seconde division en 1977, n’est-ce pas un peu prétentieux ? Evidemment ce n’est pas ce sacre qui conduisit à ce surnom un peu tape-à-l’œil. Mais, une simple victoire contre le Bayern Munich suffit au bonheur des fans de Sankt Pauli.

A l’issu de la saison 2000-2001, Sankt Pauli accéda à la Bundesliga. Mais, au sein de l’élite, l’équipe de Hambourg s’écroula. Le club termina à la dernière place avec seulement 4 victoires à son compteur et à 12 points du premier non-relégable. Seulement, dans cette saison noire, il y eut une éclaircie le 6 février 2002. 21ème journée du championnat, Sankt Pauli, déjà dernier du championnat, accueillit le Bayern Munich, 2ème, dans son stade du Millerntor. La partie semblait déséquilibrée pour une équipe de Sankt Pauli qui n’avait remporté que deux matchs depuis le début du championnat. En face, l’ogre bavarois qui comptait dans ses rangs Willy Sagnol, Bixente Lizarazu, Mehmet Scholl, Stefan Effenberg, Ciriaco Sforza, Giovane Élber et bien d’autres stars. Surtout, quelques mois auparavant le Bayern avait remporté sa deuxième coupe intercontinentale face à Boca Junior. L’équipe munichoise avait donc gagné le titre officieux de « champion du monde » . Mais, le scénario du match ne se déroula pas comme prévu. A la 30ème minute, le milieu Thomas Meggle marqua le premier but pour Sankt Pauli, suivi 3 minutes plus tard par un second de Nico Patschinski. Le Bayern était abasourdi et ne réagit qu’à la 87ème en réduisant le score par l’intermédiaire d’une tête de Willy Sagnol.

Même si la suite de la saison fut catastrophique, cette victoire redonna un peu d’espoir et d’honneur aux fans de Sankt Pauli. 10 ans plus tard, lors d’une célébration de cette victoire (car oui Sankt Pauli fête cette victoire à défaut de célébrer d’autres titres), Nico Patschinski déclarait « Der Sieg war eine Sensation zu der Zeit, ganz klar. Wir hatten lange nicht gewonnen und schlagen dann ausgerechnet die Bayern » (La victoire fit sensation à l’époque, c’est clair. Nous n’avions pas gagné depuis longtemps et nous avons battu le Bayern). Mais Sankt Pauli n’avait pas seulement battu le Bayern, l’équipe avait gagné face au dernier vainqueur de la Coupe du Monde. Le battage médiatique autour de cette victoire qui s’en suivit fut important. Dans la foulée, les t-shirts imprimées spécialement pour l’occasion, sur lesquels le club se célébrait comme Weltpokalsiegerbesieger, se vendirent comme des petits pains auprès des fans. En battant le dernier vainqueur de la Coupe du Monde, Sankt Pauli avait l’impression aussi de remporter cette coupe.

#1024 – Ittihad Alexandrie : سيد البلد

Les rois de la ville. Alexandrie, ville millénaire, compte en son sein de nombreux clubs de football, Ittihad, Tram Club, Al Olympi, Haras El-Hedood Club et Smouha SC, qui participèrent ou défendent encore l’honneur de la ville au niveau national. Mais, parmi ces clubs, Ittihad se distingua au niveau régional et national. Avant 1948, le football égyptien se disputait au sein de ligues locales (Le Caire, Alexandrie, Bahri, et Canal de Suez) et d’une compétition nationale, la Coupe d’Egypte. Dans ces compétitions, Ittihad remporta un certain nombre de titres, bien plus que ses rivaux. Tout d’abord, la Ligue d’Alexandrie se joua entre 1922 et 1953 (la première ligue égyptienne fut créée en 1948, provoquant la fin des championnats locaux dont celle d’Alexandrie en 1953) et Ittihad laissa peu de place à la concurrence. Entre 1926 et 1953, Ittihad fut champion d’Alexandrie chaque année, soit 27 fois d’affilée. Au niveau d’Alexandrie, Ittihad était donc le maître du football sans contestation. Par ailleurs, en Coupe d’Egypte, l’équipe gagna 6 fois le trophée (1926, 1936, 1948, 1963, 1973, 1976), soit le record pour un club d’Alexandrie. Finalement, seul Al Olympi réussit pour Alexandrie à remporter le titre de champion national (en 1966) mais le reste de son palmarès est famélique. Résultat, Ittihad possède le palmarès le plus fourni des clubs d’Alexandrie et fut le roi de la ville lorsqu’elle possédait son propre championnat.

#994 – AS Monaco : le Club Princier

Monaco a un statut à part (je ne rentrerai pas dans les considérations fiscales). En effet, Monaco est un état indépendant de la France mais il possède une équipe qui évolue dans le championnat de France. Ce type de curiosité n’est pas unique en Europe. Derry City, club nord-irlandais, affilié à la fédération de la République d’Irlande. Les gallois de Swansea et Cardiff City évoluent également dans les championnats anglais. A l’inverse, les anglais du Berwick Rangers participe au championnat écossais. Cette particularité ne se limite pas aux anglo-saxons. En Espagne, Andorra FC joue en seconde division. Sept clubs du Liechtenstein (dont le FC Vaduz) et un club amateur allemand (FC Büsingen) évoluent dans les ligues Suisses.

Dès sa création en 1924, l’AS Monaco, qui est un club et non l’équipe nationale de Monaco, fut affilié à la Fédération Française de Football et fit ses débuts en première division française lors de la saison 1953-1954. Ce lien footballistique avec la France s’explique par les relations étroites entre la Principauté et la République Française. Enclavée dans le territoire français, la cité-Etat de la French Riviera est indépendante de la France depuis 1489 mais en était devenu un protectorat à compter du XVIIème siècle. A la fin de la Première Guerre Mondiale, un traité franco-monégasque était signé et établissait que Monaco devait s’aligner sur les intérêts politiques, militaires et économiques de la France. En outre, Union douanière, utilisation du Français, monnaie commune, code civile basée sur le code napoléonien … l’influence française sur la vie monégasque est forte.

Il n’en demeure pas moins que Monaco est un Etat indépendant et une principauté. La famille Grimaldi, par son ancêtre François Grimaldi dit Malizia, mit le grapin sur le rocher en janvier 1297. Au fil des ans, le Saint Empire Romain Germanique, le Royaume Espagnol et le Royaume de France reconnaitront la souveraineté de Monaco tout en faisant un protectorat. Etant donné sa faible étendue (à peine 24 km2 dans ses temps les plus forts) et son lien de vassalité avec d’autres royaumes, Monaco ne pouvait alors qu’être une principauté et son suzerain, un prince. Le club représentant la principauté et étant même détenu par elle (à hauteur du tiers du capital aujourd’hui), il est devenue le club princier.

#926 – Club Olimpia : el Rey de Copas

Le roi des coupes. Il s’agit d’un surnom souvent utilisé pour les clubs sud-américains au riche palmarès. Au point qu’un club hondurien, homonyme du Club Olimpia, porte également ce surnom (#375). Revenons à celui objet de cet article. Déjà doyen du football paraguayen, le Club Olimpia possède aussi le plus beau palmarès locale. Fondé en 1902, le club conquit rapidement ses premiers titres. Le club fut ainsi champion du Paraguay pour la première fois lors de la saison 1912. Puis, les titres de champion s’enchaînèrent. Présent au sein de l’élite sans discontinuité depuis la création du championnat en 1906, soit 113 saisons (seul club paraguayen à avoir réalisé cette performance), Club Olimpia a remporté 46 championnats (soit 40% des titres en jeu et record national) et fut 26 fois vice-champion. La formation gagna le titre au moins une fois par décennie. Il fut également le premier à le conquérir 3 fois d’affilée (de 1927 à 1929), 5 fois (de 1956 à 1960), puis enfin 6 fois consécutivement (de 1978 à 1983). Il faut noter que le Paraguay n’avait pas de Coupe nationale avant 1976 (malgré quelques épreuves de Copa República et Torneo de Integración) et que la véritable coupe apparût seulement en 2018. Le championnat se dénommait donc Copa el Diario, pour des raisons de sponsoring et encore aujourd’hui, porte le nom Copa de Primera Tigo Visión Banco. D’où le Club Olimpia est le roi des coupes, qui sont en réalité des championnats.

Mais l’incroyable palmarès de ce club est également complété par des coupes plus classiques. Tout d’abord, il remporta 2 Torneo República en 1976 et 1992, qui était l’ancêtre de l’actuel Copa Paraguay (équivalent à notre de Coupe de France). Puis, il a déjà gagnait une Copa Paraguay en 2021 et une Super Coupe du Paraguay en 2021. Il conquit également 4 Plaqueta Millington Drake, un ancien tournoi de pré-saison qui avait une certaine renommée, en 1943, 1947, 1948 et 1951. Mais ses plus hauts faits d’armes furent réalisés sur la scène continentale. La formation fut la première et la seule à ce jour équipe paraguayenne à remporter la Copa Libertadores en 1979. Deux titres supplémentaires vinrent compléter le tableau en 1990 et 2002. Elle atteignit également 4 fois la finale dont celle de la première édition en 1960, perdue face à Peñarol. Il ramena aussi au pays 1 Supercopa Sudamericana (1990) et 2 Recopa Sudamericana (1991, 2003). Enfin, il conquit deux titres intercontinentaux : 1 Coupe Intercontinentale (1979) et 1 Copa Interamericana (1980).

#913 – FK Oleksandria : фараони

Les pharaons. Les pyramides ne sont pas légions dans la région de Kirovohrad mais la sonorité du nom de la ville Oleksandria (en ukrainien : Олександрія) rappelle étrangement celle d’Alexandrie en Egypte. Et c’est tout simplement pour cette homonymie que les supporteurs du club le surnommèrent en référence aux rois de l’Egypte antique. Pourtant, le nom de la ville ukrainienne n’a rien à voir avec celui de la cité égyptienne … ou plutôt le lien est lointain.

Les premières mentions de la ville remontent au XVIIIème siècle. L’Ukraine était alors partagé entre l’Empire Ottoman en Crimée, un état cosaque sur la partie orientale, et la République des Deux-Nations (Pologne-Lituanie) au Nord-Ouest, tout ceci sous l’œil attentif de l’Empire Russe voisin. Dès 1739, au confluent de la rivière Berezivka avec la rivière Inhoulets (ie aux environs d’Oleksandria), il y avait plusieurs colonies d’immigrants cosaques. En 1746, ces différentes colonies se réunirent sous l’impulsion du chef cosaque Hrytsky Usyk et formèrent un bastion fortifié dont l’objectif était de faire obstacle aux raids tatars (ottoman). La ville se nomma en l’honneur de Hrytsky Usyk, Oussivka. Au milieu du XVIIIème siècle, Catherine la Grande, impératrice de Russie, mit fin à l’état cosaque, le Hetmanat, et invita de nombreux peuples (dont des slaves, des allemands, des hollandais, des roumains, …) à venir coloniser ces terres nouvelles. La région de Kirovohrad (où se situe Oleksandria) accueillit ainsi une importante colonie serbe et fut renommée Nouvelle-Serbie. En 1751, une garnison de l’armée russe (3ème compagnie du régiment novo-serbe de Pandoure) s’installa à Oussivka et était composée de serbes, de roumains, de hongrois, de croates et de bulgares. La ville fut renommée en Becha, en l’honneur de la cité serbe de Bečej dont les serbes étaient originaires. En 1764, la Nouvelle-Serbie fut dissoute avec la volonté de réintégrer définitivement ces nouvelles colonies dans le système impérial russe. En 1784, un décret réorganisa les provinces de l’ancienne Nouvelle-Serbie et la fortification de Becha devint un chef-lieu, dénommé Oleksandriysk. Puis, vers 1806, Oleksandria fut adopté.

D’où vient ce nom ? Avec la colonisation de l’Ukraine au XVIIIème siècle, le pouvoir impérial russe décida de créer de nombreuses nouvelles villes, habitées par des migrants de tout l’Empire, et même d’Europe centrale. Pour nommer ces nouvelles cités, deux tendances étaient à la mode : la première consistait à rendre hommage à des membres de la famille impériale et l’autre s’inscrivait dans un mouvement européen d’exaltation de l’antiquité. Ainsi, l’antiquité grec s’imposa dans le nom de nombreuses villes ukrainiennes qui ont pour suffixe la syllabe « pol » qui provient du mot grec ancien πόλις (polis) signifiant cité. Simferopol résulta du mariage de simphero qui signifie « se rassembler, se connecter » ou « être utile, bénéficier » avec polis et véhicule l’idée d’une ville du bien commun. Ville portuaire sur la Mer Noire fondée en 1783, Sébastopol rassemble sebastos (majestueux, royal) et polis d’où la ville sacrée. Et la liste peut s’allonger : Nikopol (Niko étant le nom de la déesse de la victoire), Ovidiopol (du poète romain Ovide), Teofipol (la ville de Téophile) ou Melitopol (méli signifiant miel). Mais, le suffixe polis n’était pas la seule marque de cette vogue grecque. La ville de Kherson a été fondée en 1778 et Potemkine lui donna son nom en souvenir de l’antique Chersonèse, une colonie grecque à l’ouest de la Crimée, près de l’actuelle Sébastopol. A la fin du XVIIIème siècle sur le site de l’ancienne colonie slave de Kotsyubievo, une ville nommée Odessa apparut. Son nom était tiré de l’ancienne colonie grecque Odessos, dont on pensait à l’époque qu’elle se situait à cet endroit (en réalité elle se trouvait dans la région de la ville de Varna en Bulgarie). L’autre mode était donc de rendre hommage à la famille impériale. Avant de s’appeler Dnipro, la cité se nommait Ekaterinoslav ou Iekaterinoslav, qui signifiait gloire de Catherine, en l’honneur de l’impératrice Catherine II. Marioupol mixe même les deux tendances puisque le nom signifie en grec ville de Marie et fut nommée en 1779 en l’honneur de Marie Féodorovna (nom russe de Sophie-Dorothée de Wurtemberg), impératrice de Russie et femme du tsar Paul Ier. Même si les origines d’Oleksandria aurait pu s’attacher à la mode antique, il s’avère qu’elles pencheraient plutôt sur la seconde tendance. Des théories pensent que le nom rendrait hommage à Alexandre Nevski (prince de Novgorod, héros national russe suite à ses victoires militaires) ou à Alexandre le Grand (le célèbre conquérant macédonien pour lequel Catherine II aurait été une admiratrice. Or, roi bâtisseur, sa plus grande oeuvre fut la fondation d’Alexandrie). Mais, l’opinion la plus admise est que la ville fut nommée en l’honneur du tsarévitch Alexandre (fils de Paul Ier et Marie Féodorovna), le futur tsar Alexandre Ier.