#215 – SL Benfica : o Glorioso

Le glorieux. Le Benfica tire ce surnom de son important palmarès et de sa grande popularité. Si le trio composait du FC Porto, du Sporting Portugal et du SL Benfica domine le football portugais, le club lisboète a une avance sur ces deux concurrents. Sur le plan national, Benfica a remporté 37 championnats du Portugal, 26 coupes du Portugal, 7 coupes de la Ligue ainsi que 8 Supercoupes du Portugal. Sur le plan européen, Benfica fut le premier club portugais a remporté la compétition phare, la Coupe des Clubs Champions, deux fois en 1961 et 1962, mettant fin à la domination du Real Madrid. Outre ces deux victoires, il perdit également 5 fois en finale (1963, 1965, 1968, 1988 et 1990). Toutefois, le club ne sait jamais imposé dans la compétition mondiale de la Coupe du Monde des Clubs, contrairement à son rival du FC Porto qui l’a gagna deux fois. Avec un tel palmarès, il n’est pas étonnant que le club connaisse une grande popularité. En 2012, selon un sondage de l’UEFA, 47% de la population portugaise soutient le club de Benfica, record d’Europe. De même, en 2019, il est le deuxième club au monde possédant le plus de sócios (abonnés) avec plus de 230 000 membres (derrière le Bayern de Munich).

#214 – CF Monterrey : los Rayados

Les rayés. Ce surnom fut décidé par les fans du club. En raison de la promotion du club en première division en 1956, le club décida de choisir un surnom et réalisa un vote auprès de ses supporteurs. A l’issue du premier tour de scrutin, 5 noms furent proposé au second tour aux supporteurs : Rayados (les rayés), Jaladores (les tireurs), Cachorros (les chiots), Miserables (les misérables) et Industriales (les industriels). Le 26 août 1956, à la fin d’un match, le résultat du vote fut annoncé : avec une marge de 362 voix sur le second choix Rayados (3 974 voix) remporta le vote. Industriales arriva en deuxième position avec 3 612 voix, Miserables en troisième position avec 1 825 voix, Cachorros en quatrième position avec 1 211 voix et Jaladores en dernière position avec 789 voix. La plupart de ces propositions étaient déjà des surnoms officieux du club. Rayados était déjà utilisé par les fans dès 1952-1954. En effet, il apparut dans la presse le 12 ou 13 septembre 1952, par l’intermédiaire du journaliste César M. Saldaña qui qualifia l’équipe de Rayados. Mais quel est son origine ? Plusieurs hypothèses existent dont la plus à la moins probable sont précisées ci-après.

Le surnom mettrait en avant le maillot rayé du club qui n’a pas toujours joué avec. Le CF Monterrey fut fondé en 1946 et arborait un maillot barré diagonalement avec dans la partie haute du bleu et dans la basse du blanc. Mais la première saison se révéla difficile. A peine un mois après sa création, lors d’un voyage vers Guadalajara pour jouer la 4ème journée de championnat, le bus qui transportait les joueurs prit feu à une station essence. De nombreux joueurs furent gravement blessés et 2 succombèrent dans les semaines qui suivirent. L’équipe était décimée. Même si les autres clubs mexicains se montrèrent solidaires en prêtant des joueurs à Monterrey pour leur permettre de poursuivre le championnat, le cœur n’y était plus et le club termina dernier. Les membres décidèrent alors de suspendre les activités du club. 6 ans plus tard, le président de la ligue de football de l’état de Nuevo León (dont Monterrey est la capitale), Carlos Canseco González, redonna naissance au club. Le club commença à porter un maillot blanc avec des rayures bleues horizontales, semble-t-il inspiré par le maillot du club de Tampico Madero FC, dont Carlos Canseco González était fan (il est même né dans la ville de Tampico). Puis, les rayures devinrent verticales au début des années 60. Ceci fut réalisé sous l’impulsion de José Ramón Ballina, un représentant du club et ancien joueur du club du CF Asturias, club qui portait un maillot rayé verticalement bleu et blanc. Pourtant, des photos de la saison 1952-1953 montrent l’équipe avec des maillots rayés verticalement.

Une autre raison, moins admise, avance que ce surnom serait lié à la fortune du club et aux salaires élevés perçus par les joueurs du club (les gens disaient que les joueurs avaient une bonne paye (buen raya en espagnol)). Pourtant, le club était plutôt pauvre au départ mais il est vrai que ses dirigeants cherchèrent de l’argent partout où il pouvait et ils amassèrent un petit pactole.

Une autre hypothèse vient de la tribu indienne qui vivait sur le territoire de Coahuila qui s’étend en partie dans la région de Nuevo León. Les premiers Espagnols avaient surnommés cette tribu notamment les rayados (parmi 28 autres surnoms …).

#213 – Partick Thistle FC : Jags

Le terme provient du verbe anglais to jag qui signifie déchiqueter, taillader. Ce surnom est une allusion au nom du club thistle, le chardon, qui apparaît également sur le blason du club. Au XIXème siècle, lors de la création de plusieurs clubs écossais, ces derniers prirent le nom thistle (tels que Partick, Inverness Caledonian, Thistle FC …) pour marquer leur fierté d’être écossais et/ou leur appartenance à l’Écosse. La création de ces clubs se réalisa dans un contexte où un certain nationalisme écossais commençait à prendre de l’ampleur dans le pays (en 1853, apparaissent les premières revendications pour un Parlement Écossais, processus qui fut interrompu par la première guerre mondiale). Le chardon est probablement l’un des symboles les plus connus et les plus facilement reconnaissables de l’Écosse. Le chardon (précisément l’Onopordum acanthium, le chardon aux ânes) est une petite herbe résiliente qui a toujours fleuri dans le paysage écossais. Plusieurs légendes entourent le choix de cette mauvaise herbe comme emblème. Mais, la plus connue remonte au XIIIème siècle. A cette époque, le royaume de Norvège, régi par le roi Håkon IV, possédait des territoires en Ecosse, les Hébrides (une archipel au sud de la Mer d’Ecosse), que le Roi d’Écosse, Alexandre III, revendiquait. Une guerre se déclencha et dura de 1262 à 1266. En 1263, 5 navires norvégiens débarquèrent à Largs, une ville côtière écossaise. Les norvégiens voulurent prendre par surprise les forces écossaises. Ils décidèrent d’attaquer durant la nuit et, pour ne pas faire de bruit (pour ne pas réveiller les soldats écossais), d’enlever leurs bottes. Malheureusement pour ces envahisseurs imprudents, l’un des soldats, pieds nus, marcha sur un chardon et ses cris de douleur suffirent à réveiller les archers écossais endormis qui purent vaincre les envahisseurs. Ainsi, en raison du rôle héroïque que la plante a joué dans l’issue de la bataille, le chardon fut immédiatement choisi comme emblème national. Outre cette victoire, la guerre fut remportée par l’Écosse. En 1266, le roi norvégien Magnus VI signa le traité de Perth, assurant la souveraineté écossaise sur ces îles. Evidemment, il s’agit d’une légende et sa véracité peut être mise en doute. En tout cas, dès le XVème siècle, le chardon était utilisé comme emblème national. Il apparaît ainsi sur les pièces d’argent émises en 1470 sous le règne du roi Jacques III et, au début du XVIème siècle, il est devenu une partie intégrante des armoiries d’Écosse.

#212 – PFK Lokomotiv Plovdiv : Смърфовете

Les Schtroumpfs. Que viennent faire les petits hommes bleus au bonnet blanc dans le football bulgare ? A force de lire les articles du site, vous allez me répondre « car le club évolue en bleu et blanc ». Je vous rassure j’ai eu la même réaction lorsque je découvrit ce surnom étrange. Sauf que le Lokomotiv Plovdiv évolue avec un maillot noir et blanc et son blason arbore un bicolore noir et rouge. Aucune couleur bleu donc à l’horizon. En réalité, cela remonte à la saison 1991-1992. Le club évoluait avec des maillots sur lesquels il était difficile de distinguer les numéros des joueurs dans le dos. Lors d’une émission, le commentateur de radio Nikolay Galov interrogea l’entraîneur du club Atanas Dramov : « Докога Локомотив ще играе с тези екипи, с които всички футболисти са еднакви и не могат да се различават?! » (Pendant combien de temps le Lokomotiv jouera-t-il avec ces maillots, avec lesquels tous les joueurs sont identiques et ne peuvent pas être différenciés ?!). Dramov répondit : « Ние сме еднакви като Смърфовете и точно като тях, в края винаги побеждаваме лошите ! » (Nous sommes comme les Schtroumpfs, tous identiques, et tout comme eux, à la fin nous battons toujours les méchants !). L’entraîneur fit cette référence aux héros de Peyo car à cette époque, le film d’animation était diffusé à la télévision nationale bulgare et connaissait un certain succès. Galov aima beaucoup cette réponse et l’utilisa alors dans ses commentaires, imposant donc ce surnom.

#211 – Aberdeen FC : the Reds

Les rouges. Aberdeen fut la résultante en 1903 de la fusion de 3 équipes, Aberdeen FC (créé en 1881), Orion (créé en 1885) et Victoria United (créé en 1889). Comme souvent aux prémices du football, les clubs changèrent régulièrement de couleurs de maillot, par effet de mode mais surtout par nécessité (les joueurs prenaient ce qu’ils avaient en commun dans leur garde robe ou ce que le magasin pouvait leur fournir). Ainsi, dans leurs quelques années d’existence, ces 3 clubs modifièrent régulièrement leurs tenues. Aberdeen démarra avec un maillot bordeaux et un short bleu. En 1903, ils jouaient alors avec une chemise blanche et un short bleu. Entre les deux, un maillot rayé or et bleu marine accompagné d’un short blanc constituèrent leur kit. Du côté d’Orion, le premier maillot arborait un kaki original (ou marron foncé appelé Bismark) avec un short blanc. Puis, ils passèrent sur un maillot rayé blanc et bordeaux avec un short bleu. Le club termina avec un maillot et un short blanc. Enfin, Victoria United fut un peu plus constant. maillot bleu ciel et short bleu marine de 1889 à 1896. Puis, maillot bleu marine et short blanc pour une saison. Enfin, de 1897 à 1903, le maillot revint bleu ciel, le short était blanc et les chaussettes bleus marines.

Lors de sa première année, Aberdeen évolua semble-t-il avec un maillot blanc et un short bleu marine, les deux couleurs qui étaient communes au trois clubs. Mais, finalement, la saison suivante, le club opta pour un maillot aux bandes verticales noire et jaune (entre Septembre et Octobre 1910, les rayures passèrent horizontales). Pendant de nombreuses années, le club s’identifia avec ces couleurs. Puis le 18 mars 1939, pour la réception du club écossais de Glasgow, Queens Park FC, le club changea de couleurs pour le rouge et le blanc, reprenant ainsi les couleurs de la ville d’Aberdeen. Les armes de la ville sont constituées de trois tours (parfois une) d’argent (la couleur blanche en héraldique) sur un champs de gueule (rouge). Cette conception fut utilisée pour les sceaux de la ville à partir du XVème siècle (voir avant).

#210 – Chelsea FC : the Blues

Les bleus. Contrairement à beaucoup de clubs anglais qui changèrent de nombreuses fois de couleurs durant les premières années d’existence, Chelsea est resté fidèle au bleu, qui connut tout de même quelques évolutions. A la fondation, le club choisit de prendre les mêmes couleurs que celles de l’écurie de chevaux de course de Lord Gerald Cadogan, 6ème Earl de Chelsea : bleu Eton, blanc et noir. Le bleu Eton (ou Shelduck Blue) est un bleu pâle verdâtre utilisée depuis le début du XIXème siècle par les sportifs du collège élitiste d’Eton. Il est également utilisé par le Geelong Grammar School et est similaire à la couleur utilisée par l’Université de Cambridge. La raison d’opter pour les couleurs de l’écurie du Earl de Chelsea aurait été de pouvoir jouer avec un maillot portant les armes de la ville (borough) de Chelsea. Mais, assez rapidement (les versions diffèrent entre 1906 et 1912), le maillot du club mua vers le bleu royal actuel. Cette couleur renforça certainement le lien avec le Royal Hospital Chelsea (cf article #28). En effet, les pensionnaires de cette hospice militaire sont connus pour porter une longue veste écarlate. Toutefois, ils se trouvent aussi que l’hôpital les pourvoit d’une tenue bleue, dénommé « blues » que la direction encourage de porter au sein de l’hôpital et ses environs. Cette tradition remonte à 1707, car avant cette époque, de nombreux retraités de Chelsea possédaient peu de vêtements. L’hôpital les dota donc d’un manteau bleu marine qui permettait de les équiper chaudement pendant l’hiver. Ce manteau fut changé pour la veste bleue à double boutonnage, qui est maintenant portée toute l’année.

L’apparition de ce surnom se fit suite à la nomination de Ted Drake comme manager général en 1952. Il décida de moderniser le club et estima que le surnom de pensioners (en vigueur à cette époque) donnait une mauvaise image du club, laissant penser que ce dernier était une équipe de retraités. Il déclara que le surnom de l’équipe n’était plus les pensioners mais désormais les blues.