#261 – FC Sochaux : les Lionceaux

La raison de ce surnom est assez logique quand on connaît l’histoire du club franc-comtois. Même si Jean-Claude Plessis, président du club entre 1999 et 2008, déclarait « Peugeot fabrique des voitures, pas des footballeurs. Une victoire en rallye donnera toujours plus de crédibilité à ses voitures« , le club fut longtemps intimement lié au constructeur automobile. Dans une vision paternaliste, assez habituelle à la fin du XIXème siècle, Peugeot supporta la création de plusieurs associations sportives dans ses différentes usines située dans la vallée du Doubs. La principale se trouvait dans la banlieue de Sochaux, à Valentigney où se situait les usines de Peugeot Cycle. Renommé dans toute la Franche-Comté, l’AS Valentigney connut son heure de gloire avec une finale de Coupe de France, perdue en 1926 face à l’Olympique de Marseille. En 1928, Jean-Pierre Peugeot, président du groupe Peugeot, qui venait de réorganiser toute son outil de production en le centralisant à Sochaux, ne pouvait pas s’appuyer sur la structure amateur de Valentigney pour accueillir son vecteur de publicité de la marque Peugeot. Or, deux salariés de la filiale automobile venaient de créer le FC Sochaux. Jean-Pierre Peugeot décida de soutenir cette structure en en faisant un auxiliaire du constructeur automobile. D’un côté, une équipe professionnelle, comptant de nombreux joueurs étrangers vedettes, pour promouvoir Peugeot (alors que le professionnalisme n’était pas encore accepté par la fédération française). De l’autre, des formations amateurs où se soulageaient et se dépensaient les ouvriers de l’usine. D’autres d’entreprises avaient déjà fait de même (Fiat avec Juventus, Casino avec Saint-Etienne, Pommery avec Reims, Philips avec PSV …).

Les symboles du club (blason, couleurs) ne firent pas l’objet de grande discussion. Lié à l’entreprise automobile, le club reprit ces codes. Ainsi, le lion devint l’emblème du club qui figure depuis la création sur l’écusson du club. Au milieu du XIXème siècle, l’entreprise Peugeot n’était pas encore concentrée dans l’automobile et fabriquait plutôt des outils, en particulier des lames de scie. Les frères Jules et Emile Peugeot demandèrent alors à un orfèvre et graveur de Montbéliard, Justin Blazer, de créer un logo basé sur le lion. Marchant sur ses quatre pattes de profil, ce lion symbolisait « la souplesse de la lame, la résistance des dents, et la rapidité de coupe ». En 1948, le lion prit la posture héraldique, reprenant ainsi alors le design du lion de la Franche-Comté, région où se situe Sochaux, le berceau de Peugeot. Le lion a l’avantage de rattacher le club à ses origines industrielle comme géographique. Mais, le 17 juillet 2015, Peugeot se retira du club et Sochaux fut racheté par un groupe chinois. Le lion ne disparaît pas de l’écusson mais il se détache alors du design du groupe automobile.

#260 – Glasgow Rangers : the Light Blues

Les bleus clairs. Oui, les Rangers jouent en bleu. Mais, officiellement, il s’agit d’un bleu royal et non clair. Pour les supporteurs, il est surtout utilisé par les journaux mais peu ou pas du tout par eux. Ce surnom est donc surprenant et la raison de son apparition n’est pas clairement établie. Le surnom pourrait malgré tout faire référence à la couleur des maillots du club. Fondé en 1872, le club opta immédiatement pour un maillot bleu. Les photographies de l’époque (en noir et blanc) laissent supposer que le maillot bleu était alors plutôt clairs. Toutefois, dans son livre « The Story of the Rangers – Fifty Years of Football 1873-1923 » , John Allan écrit qu’un procès-verbal du comité de direction de 1883 décréta un retour du club au maillot uni bleu royal (durant 4 ans, de 1879 à 1883, le club joua avec un maillot rayé bleu et blanc). Ainsi, ce décret confirmerait que l’équipe ne portait pas de maillot clair avant 1879. Cet adjectif clair aurait peut-être eu pour raison de distinguer le bleu porté par les Rangers des maillots bleus sombres portés par d’autres équipes écossaises telles que Dundee FC (qui a pour surnom the dark blues) et Vale of Leven FC. Une autre version se rattache indirectement au club de Vale of Leven. Après une finale de Coupe d’Écosse contre Vale of Leven, des journalistes décrivirent l’équipe des Rangers comme « light and speedy blues » (des bleus légers et rapides). Le surnom ferait donc peut-être référence au style de jeu et non à la couleur.

#259 – Club Blooming : Academia

L’académie. L’origine de ce surnom n’est pas connue avec certitude. Elle serait même inconnue. Une des versions qui est souvent avancée fait référence à la provenance des fondateurs du club. Le 1er mai 1946, un groupe de jeunes étudiants au collège Florida et à l’Université Gabriel René Moreno décida de fonder un club social, sportif et culturel (nom caractéristique de ces années où les associations avaient une vocation plus large que le sport) baptisé du nom de Blooming. Outre le fait que les fondateurs étaient étudiants, la vocation large et pédagogique du club pourrait avoir influencé sur le surnom. Une autre version se rattache au style de jeu de l’équipe. A une époque, celui-ci aurait été flamboyant, fluide et était transmis d’une équipe à une autre. D’où l’idée d’une philosophie de jeu enseigné dans ce club.

#258 – CA Platense : Calamares

Les calamars. Le club argentin gagna son surnom dans les années qui suivirent sa fondation. En 1908, 3 ans après la fondation, Platense inaugura son terrain qui était situé proche du Río de la Plata, à la hauteur de Núñez. Quand il pleuvait, le stade pouvait être « inondé ». Le terrain restait tout de même praticable et les joueurs finissaient alors les matchs recouverts de boue. Les joueurs de Platense s’accommodèrent de ces circonstances et jouèrent leurs meilleurs matchs. Le journaliste Antonio Palacio Zino déclara que « los muchachos se movían como calamares en su tinta » (les garçons bougeaient comme un calamar dans leur encre). L’équipe hérita alors de ce surnom.

#257 – Sevilla FC : Rojiblancos

Les rouges et blancs. Ville portuaire, la ville entretenait des liens économiques forts avec le Royaume-Uni. Outre les liaisons maritimes, ces liens existaient au travers des usines où des entrepreneurs anglais avaient investis et où des ouvriers anglais avaient immigrés. Une des compagnies maritimes anglaises se dénommait MacAndrews et dont le co-propriétaire était Edward Farquharson Johnston, vice-consul britannique à Séville. Comme souvent à cette époque, cette immigration anglaise importa ses coutumes dont le football. En 1890, Edward Farquharson Johnston participa, aux côtés de jeunes espagnoles de descendance anglaise, à la fondation du club qui servira plus tard de base pour la création officielle du FC Séville. Le capitaine des premières années étaient l’écossais Hugh Mac-Coll, qui travaillait en tant qu’ingénieur pour la grande fonderie locale. En 1895, ce dernier rentra en Angleterre pour créer son entreprise à Sunderland, près du stade du club de football. En 1908, 3 ans après la fondation officielle du FC Séville, le club chercha de nouveaux maillots et demanda à l’un de ses membres anglais, John Wood, également capitaine du SS Cordova, bateau de la MacAndrews, de s’en procurer auprès de Sunderland, qui était un club phare du championnat anglais. Hugh Mac-Coll fut alors un intermédiaire pour faciliter l’échange avec le club de Sunderland. C’est ainsi que le rouge et blanc devient les couleurs du club andalous.

Une autre hypothèse est avancée concernant ce choix de couleurs. Dans le quartier supérieur gauche de l’écusson du club, apparaît 3 personnages. Le Roi Ferdinand III de Castille entouré de Saint Isidore et Saint Léandre, deux archevêque de la ville du VIIème siècle. Ferdinand III marqua profondément l’histoire de l’Espagne médiévale. D’une part, mort dans la ville en 1252, il délivra Séville et une grande partie de la péninsule ibérique du joug maure. D’autre part, son influence politique fut considérable, notamment en unifiant définitivement les royaumes de Castille et de León, en 1230. Ses armes reprenaient alors celles de ces deux royaumes et dont les principales couleurs était le gueules (rouge) et l’argent (blanc). Le club aurait voulu lui rendre hommage en reprenant ses couleurs.

Comme le maillot est rayé, il n’y a pas d’ordre dans les couleurs. D’où le surnom s’inverse également en blanquirrojos (les blancs et rouges).

#256 – Calcio Catane : gli Elefanti

Les éléphants. L’animal est fortement attaché à la ville de Catane, apparaissant sur ces armes comme sur un des monuments remarquables, la fontaine des éléphants, située au centre de la Piazza del Duomo. L’éléphant est devenu un symbole de Catane avec le personnage semi-légendaire dénommé Héliodore de Catane. Magicien, ce dernier aurait pactisé au VIIIème siècle après Jésus-Christ avec le Diable qui en échange de son abjuration de sa foi chrétienne, lui aurait conféré des pouvoirs. Il aurait alors lui-même sculpté dans de la pierre volcanique de l’Etna un éléphant, puis le chevauchant, il exécutait sa magie et rendait la vie des habitants impossible. Le nom de l’éléphant est Liotru, corruption populaire du nom Heliodorus.

#255 – Maccabi Haifa FC : הירוקים

Les verts. Fondé en 1913, le club évoluait dans les couleurs traditionnelles du mouvement sioniste et sportif, Maccabi, soit le bleu et le blanc. Puis, en 1953, le club changea pour le vert, un peu par hasard. En effet, le club mandata l’un de ses membres, Avigdor Hershkovitz, de faire une tournée de levée de fonds aux Etats-Unis. Le club avait acquis une petite renommée suite à une tournée américaine réalisée en 1927 où le club remporta de nombreux matchs mais perdit la moitié de son effectif qui préféra rester au pays de l’Oncle Sam. Hershkovich rencontra un millionnaire juif qui possédait un magasin de vêtement. Ce dernier lui proposa d’équiper toute l’équipe avec un nouvel uniforme. Hershkovich consulta alors la direction du club pour connaître s’il y avait une couleur particulière souhaitée. Face à cette générosité et ne voulant pas abuser de la situation, la direction indiqua que la couleur n’était pas importante, tant que les uniformes n’étaient pas rouge, la couleur du rival local, l’Hapoel Haifa (qui comme toutes les équipes du mouvement sportif Hapoel portaient des maillots rouges). Finalement, le confectionneur fournit un kit complet de couleurs vert et blanc . Avec ce nouvel uniforme, l’équipe remporta une série de victoires qui convainquit les joueurs et la direction de conserver ces couleurs.

#254 – Aris Salonique FC : Θεός του πολέμου

Le Dieu de la guerre. Surnom belliqueux mais somme toute logique puisque Aris (Arès ou Mars pour les latinistes) est le Dieu de la guerre dans la mythologie. Les fondateurs ne donnèrent pas son nom par hasard. Certes, pour un club grec, faire référence à la mythologie est naturel. Dans le cas du club de Salonique, cette référence avait une portée nationaliste.

Fondé le 25 mars 1914, le club fut créé dans un contexte particulier. En 1912 et en 1913 se produisirent les deux guerres balkaniques qui virent Salonique revenir dans le giron grec après avoir été occupé pendant des siècles par l’Empire Ottoman. Depuis la création du Royaume en 1832, la Grèce n’eut de cesse que de vouloir s’étendre et réunir toutes les populations grecques des Balkans et d’Asie Mineure. La récupération de la cité de Salonique était même l’un des enjeux majeurs pour les nationalistes grecs dans le cadre du rêve de la Grande Idée. La première guerre balkanique en 1912 lui permit d’obtenir la région de Thessalonique au dépend de son allié Bulgare qui la convoitait également. Ce différend fit partie des raisons de la seconde guerre balkanique de 1913.

Les fondateurs voulurent donc rappeler ce combat pour la libération de la ville, fait d’armes du nationalisme grec. Ils choisirent ainsi le jour de la fête nationale grecque (le 25 mars car fut proclamée la déclaration d’indépendance du pays le 25 mars 1821) comme date de fondation du club. Puis, les fondateurs choisirent Arès pour nom. D’une part, le choix d’un dieu grec était clairement un manifeste nationaliste qui rattachait le club à une tradition grecque et pré-ottomane (d’autant plus que les couleurs jaune et noir font référence à l’empire byzantin). D’autre part, le dieu de la guerre était un rappel explicite à ces guerres balkaniques. D’ailleurs, un autre symbolisme apparait dans le blason. En effet, Arès est représenté assis, sans casque, son bouclier sur le côté, ie qu’il est au repos. Cette pose s’inspire de la statue du IVème siècle avant J.-C. nommée l’Arès de la collection Ludovisi. Le choix du motif même d’Arès au repos représente la victoire et la paix obtenues suite aux guerres balkaniques.

En outre, le choix d’Arès permettait de débuter une rivalité avec l’autre club de la ville, fondé en 1908, l’Iraklis Salonique. En effet, ce dernier tirait son nom du demi-dieu Héraclès. Or, selon les légendes  mythologiques, Héraclès et Arès n’étaient pas les meilleurs amis du monde et s’opposèrent. Ainsi, Héraclès tua Cicno, fils de Arès. Plus tard, Arès et Hercules se livrèrent un combat terrible, qui se termina par la grave blessure à la jambe d’Arès. 

#253 – Athletic Bilbao : los Leones

Les lions. En 1447, sur une colline près de la Ría de Bilbao, se dressait un ancien ermitage voué à San Mamés. Par la suite, un couvent a été construit pour les pères franciscains et plus tard un asile du même nom. En 1913, l’emblématique stade du club fut inauguré et se situait sur un terrain attenant à cet ermitage. San Mamés (Saint Mammès) est un Saint chrétien qui naquit à Césarée de Cappadoce (Turquie moderne) au troisième siècle. Selon la légende, alors qu’il était encore adolescent, il fut soumis par les Romains à d’innombrables tortures en raison de sa foie chrétienne mais il résista à tous ces supplices. Notamment, il fut jeté aux lions. Mais, au lieu de le dévorer, Mamés apprivoisa les lions qui se prosternèrent à ses pieds. Fou furieux, le gouverneur de Césarée de Cappadoce ordonna de mettre fin à la vie du garçon en enfonçant un trident dans son abdomen. Il mourut de ces blessures quelques jours après. Ce martyr souffrant, obstiné et combatif donna donc son nom au stade. Au début du XXème siècle, l’Athletic était une place forte du football et l’esprit de sacrifice, la défense féroce qui animaient les joueurs dans leur stade étaient à l’image du martyr et des lions.

#252 – FC Midtjylland : Ulvene

Les loups. Le FC Midtjylland est un club ayant à peine fêté ses 20 ans d’existence, après la fusion de deux clubs en 1999, Ikast FS (créé à Ikast en 1935) et Herning Fremad (créé à Herning en 1918), tous deux rivaux et situés dans la région du Jutland central. Les deux clubs n’ayant pas marqué le football danois, même s’ils évoluèrent au plus haut niveau, les promoteurs de l’union virent en cette fusion l’occasion de créer un club plus puissant, en s’appuyant notamment sur une assise régionale. Les fondateurs optèrent comme nom pour FC Midtjylland qui signifie Football Club du Centre Jutland et prirent comme symbole, le loup, dont la gueule stylisée apparaît sur le blason du club. Dans la mythologie scandinave, le loup a plutôt l’image d’un destructeur (les loups Skoell et Hati ont dévoré le Soleil et la Lune et le loup Fenrir a chassé les dieux, entraînant le désordre sur terre). Les grecs comme la religion catholique ont également vu le loup comme une menace. Mais, les fondateurs ont certainement plutôt pensé qu’il était un animal de pouvoir, de force et de liberté, un animal guidé par ses instincts. Ou comme les romains, la louve est avant tout la mère nourricière. En tout cas, le loup a toujours véhiculé une image ambiguë, faîte de fascination et de peur. Surtout, le loup est associé à la région du Jutland. Il a longtemps prospéré dans cette partie du Danemark, en particulier autours de Ikast, car ils profitaient des grandes zones boisées et peu peuplées de l’intérieur du Jutland. À l’automne 2019, il est estimé qu’il y a encore cinq à sept loups au Danemark, principalement dans le Jutland.