#740 – CA Talleres de Córdoba : el Matador

Le tueur. Pas d’Hannibal Lecter dans les supporteurs du club, ni d’hinchada de chasseurs. Une version présente la série de 66 matchs sans défaite d’affillée dans la ligue de Córdoba comme les racines de ce surnom. Toutefois, la version la plus communément admise (et aussi documentée) remonte à une victoire en 1970. 20 septembre 1970, 3ème journée du Nacional (à cette époque, le championnat argentin se divisait en deux tournois distincts : le Metropolitano réunissant les équipes directement affiliées à la fédération et le Nacional, avec les meilleures du Metropolitano et celles qualifiées via des tournois régionaux), Talleres reçevait une superbe équipe de San Lorenzo. Cette dernière avait terminé 3ème du Metropolitano 1970, à deux points du champion Independiente. Les bleus et grenats avaient également conclu une belle tournée en Espagne quelques mois plus tôt. Enfin, la base de l’équipe était constituée des fameux joueurs qui avait remporté le Metropolitano en 1968. Cette année là, San Lorenzo avait été le premier champion invaincu du football argentin de l’ère professionnelle (16 victoires et 8 nuls), avec la meilleure attaque (49 buts marqués) et la meilleure défense (12 buts encaissés). En produisant un football offensif et séduisant lors de ce tournoi et en remportant les matchs face à leurs grands rivaux (Estudiantes, le vainqueur de la Coupe Intercontinentale, Independiente de Brandao, le Boca de Rojitas et Rattin, le Lanús de Silva et Acosta, Huracán de Loayza, et le River de Matosas, Carrizo et l’Onéga), les joueurs de San Lorenzo étaient entrés dans l’histoire comme l’une des équipes les plus brillantes du football argentin et avaient gagné le surnom de Matadores. Même si le match apparaissait déséquilibré, Talleres n’était pas totallement désarmé. Le club avait gagné son ticket pour le tournoi national en remportant 2 matchs âpres face à son grand rival de Belgrano et avait bien débuté le Nacional en triophant lors du match initial contre le Racing Club (2-1) et faisant un match nul 1-1 contre Gimnasia de Mendoza. En première mi-temps, les joueurs de Talleres jouèrent sans complexe et dominèrent leurs adversaires, qui misèrent sur la contre-attaque. Mais, à la mi-temps, San Lorenzo menait 1 but à 0 après un tir de Pedro Alexis González. Au retour des vestiaires, Talleres reprit son jeu et marqua par deux fois avec son attaquant Miguel Patire. L’international Rafael Albrecht de San Lorenzo parvint à égaliser à 2-2 et, alors que l’on se dirigeait vers un match nul qui convenait aux deux équipes, Patire marqua un dernier but pour donner la victoire à Talleres sur le score de 3-2. Le lendemain, afin de résumer un match remarquable où Talleres tint tête et vainquit cette grande équipe de San Lorenzo, le journal La Voz del Interior titra « El Matador fue Talleres » (le tueur était Talleres), une idée reprise par plusieurs autres hebdomadaires. Talleres gagna donc un match et un surnom à vie tandis que los Matadores demeura finalement dans l’histoire de San Lorenzo que comme le surnom attribué à la génération de 1968 qui comprenait Rodolfo Fischer, Victorio Cocco, Roberto Telch et Pedro González, entre autres.