#771 – FC Groningue : Trots van het Noorden

La fierté du nord. Chef lieu de la région éponyme, situé au nord des Pays-Bas, Groningue compta plusieurs clubs de football qui optèrent pour le professionnalisme lors de son installation en 1954 : Be Quick, Velocitas 1897, GVAV et Oosterparkers. Deux ans plus tard, seul GVAV participa à la création de l’Eredivisie, l’élite des Pays-Bas, tandis que les 3 autres clubs s’inscrivirent en 3ème division (Tweede Divisie). Durant les quinze années suivantes, les autres clubs retournèrent les uns après les autres dans l’amateurisme et GVAV devint l’unique club à représenter le nord du pays dans l’élite. Ce club multi-sports était le moteur du football de la région. Les supporters provenaient de tout le nord des Pays-Bas. Lors des matchs à domicile, des bus venaient depuis Heerenveen et Emmen (les deux villes étant à 60 km de Groningue). 10 000 spectateurs garnissaient alors les tribunes du stade. Si GVAV ne remporta aucun titre à cette époque, il réussit tout de même quelques belles prestations face aux géants. La victoire 3 buts à 1 contre Feyenoord à Rotterdam le 13 novembre 1960 ainsi que celle contre l’Ajax sur le même score à domicile le 15 novembre 1964 entrèrent dans la légende. Lors de ce denrier match, l’Ajax comptait dans ses rangs le jeune Johan Cruyff. Le 23 avril 1967, Groningue battit l’Ajax 1 but à zéro à Amsterdam grâce à un match héroïque de son gardien, Tonny van Leeuwen. En 1970, soutenu par les milieux sportifs, d’affaires et politiques, GVAV fusionna avec d’autres clubs pour résoudre ses difficultés financières et se renforcer. Le nouveau club s’appella FC Groningue.

#770 – Lech Poznań : Lechici

Il s’agit du diminutif du nom du club, Lech. Lié au monde ferroviaire (cf. #93), le club n’adopta son nom Lech que le 16 janvier 1957, à un moment où la direction esperait donner une nouvelle ambition, une nouvelle dimension à l’équipe (notamment avec l’agrandissement du stade à 20 000 places). Ce choix n’est pas documenté mais je suppose que la référence au mot Lech était un moyen d’élargir l’audience du club en Pologne. En effet, Lech est intimement lié à l’histoire de la Pologne. Tout d’abord la légende. Dans la « mythologie » polonaise, Lech apparaît comme le nom du fondateur de la Pologne. L’histoire décrit trois frères Lech, Čech et Rus qui fondèrent les trois nations et peuples slaves : respectivement la Pologne, la Bohème (une partie de la République tchèque) et la Ruthénie (Russie, Ukraine et Bielorussie). Issus du même peuple qui était installé entre les fleuves de la Vistule et du Dniepr et qui connaissait une forte croissance, les 3 frères partirent coloniser des régions différentes pour assurer leurs développements et leurs pérénités. La part de réalité de cette légende concerne le nom des 3 frères qui sont tirés du gentilé de ces populations au Moyen-Âge. Pour les historiens, la naissance de la Pologne coïncide avec l’unification en 966 par Mieszko Ier, fondateur de la dynastie Piast, de plusieurs tribus slaves (Polanes, Masoviens, Poméraniens, Vislanes, Silésiens, Lendiens), peuples connus sous le nom de Léchitique. Polanes et Léchitiques vont être aux origines des deux dénominations du pays. Au XIIème siècle, l’historien byzantin Kinnamos appellait les Polonais des Lach et à la fin du même siècle, Wincenty Kadlubek, dans Chronica seu originale regum et principum Poloniae (Chroniques des rois et princes de Pologne) utilisait à plusieurs reprises les noms Lechitae (Lechites), lechiticus (léchitique) et Lechia pour décrire la Pologne médiévale. Mais, Lechia n’est pas qu’un terme médiéval puisque plusieurs langues modernes désignent l’Etat polonais avec cette étymologie (Lehia en roumain, Lahestân en perse, Lehastan en arménien et Lehistan en turc).

#769 – SpVgg Greuther Fürth : die Kleeblätter

Les trèfles. Abonné à la seconde division allemande, le club bavarois va y retourner après cette saison 2021-2022 où il termine à la 18ème place. Le trèfle qui arbore son blason ne lui aura pas porté chance. Ce trèfle provient directement des armoiries de la ville de Fürth. Les armoiries actuellement en vigueur furent approuvées en 1939 mais le trèfle apparaît pour la première fois le 18 janvier 1562 dans le sceau personnel de Johann Hornung, bailli de la cathédrale de Bamberg. Les notaires et les échevins de justice résidant dans la cour de Fürth continuèrent à utiliser le trèfle comme sceau. Puis, en 1693, le trèfle fut utilisé pour la première fois comme cachet de la commune de Fürth. Avec son élévation au rang de ville indépendante au début du XIXème siècle, Fürth se dota pour la première fois d’armoiries qui représentaient donc un trèfle.

Il y a eu de nombreuses tentatives pour expliquer la signification du trèfle et de ses trois feuilles. Cependant, son origine comme le sens demeurent toujours mystérieuses malgré l’existence de plusieurs hypothèses. Dans toutes ces versions, le trèfle à 3 feuilles représentent 3 composantes réunies et unies. Le premier maire de Fürth, Franz Joseph von Bäume, supposa que les 3 feuilles du trèfle représentaient le triumvirat qui dirigeait la ville de 1400 à 1792 : la principauté d’Ansbach (ou margraviat de Brandebourg-Ansbach), la ville impériale de Nuremberg et le diocèse de Bamberg. Version populaire, elle semble historiquement peu probable car les 3 maîtres ne formèrent pas une gouvernance unique, s’opposèrent souvent et chaque quartier de la ville ne se soummettait qu’à un seul de ces seigneurs. Une autre possibilité revient à celui qui introduit le trèfle, Johann Hornung. Etant donné qu’il était bailli de la cathédrale de Bamberg, le trèfle pouvait avoir la symbolique classique du catholisme, la trinité. En effet, St Patrick, le saint irlandais, se servit d’un trèfle pour expliquer la trinité de Dieu. Chaque feuille représente le Père, le Fils et le Saint Esprit et le tout forme le trèfe, Dieu (Trois et pourtant un). L’historien Schwammberger était un partisan de cette théorie. Enfin, comme toutes les versions tournent autour de ces 3 feuilles, il fallait une troisième hypothèse. Ce trèfle serait le symbole de la coexistence pacifique des 3 religions. Depuis la Réforme, la ville de Fürth comptait 3 confessions, les protestants, les catholiques et les juifs, qui cohabitaient pacifiquement.

#768 – Stoke City FC : the Potters

Les potiers. Grâce aux abondantes réserves d’argile de la région, de sel et de plomb pour l’émail et de charbon, pour alimenter les fours, Stoke-on-Trent est façonné par la production de poterie depuis des siècles et a gagné une réputation mondiale en la matière. La production artisanale de faïence et de grès remonte au moins au XVIIème siècle. En créant son entreprise en 1759, Josiah Wedgwood aida à passer la production locale à l’ère industrielle et avec d’autres potiers célèbres du Staffordshire, tels que Joseph Spode, Thomas Minton, la famille Wood et Thomas Whieldon, il contribua à rendre la région synonyme de céramique. La croissance fut également portée par l’ouverture, en 1777, du canal Grand Trunk (aujourd’hui le canal Trent et Mersey), qui offrait un débouché aux ports de Hull et de Liverpool afin de transporter les matières premières vers la ville et pour l’exportation de la marchandise. Au XIXème siècle, les 6 différents villages (Burslem, Fenton, Hanley, Longton, Stoke-upon-Trent et Tunstall), connus sous le nom de Potteries et qui plus tard donneront naissance à Stoke, étaient devenus des villes importantes, comptant près de 300 poteries. L’écrivain, Arnold Bennett (né à Hanley en 1867) coucha sur papier la vie quotidienne des potiers de la région. Aujourd’hui, bien qu’il ne reste qu’une usine et un four en fonction, Stoke-on-Trent est toujours le centre de l’industrie britannique de la céramique et est le plus grand producteur d’argile au monde.

#767 – Club Bruges KV : Blauw en Zwart

Les bleu et noir, couleurs traditionnelles de l’équipe brugeoise depuis le début du XXème siècle. Les débuts du club sont toujours sujets à discussion mais il est certain que la nouvelle association résultat de la fusion de deux formations, le Brugsche Football Club et le FC Brugeois. Bruges était connu pour abriter une forte colonie anglaise qui importa naturellement le football dans la venise du nord. En 1891, le Brugsche Football Club fut fondé, avec une ambition identitaire pro-flamande : volonté de jouer que des matchs régionaux face à des équipes flamandes, un nom flamand et un maillot aux couleurs flamandes (noir et jaune). Mais, dès les premiers mois, des dissensions se firent sentir parmi les membres et les francophones partirent fonder un nouveau club, le FC Brugeois. Nom français, membre fondateur de la fédération belge (UBSSA) et participation au premier championnat belge, le FC Brugeois avait une tout autre ambition. L’équipe portait une tenue bleue claire traversée par une bande diagonale bleue foncée de la hanche gauche à l’épaule droite. Les difficultés rencontrées par les deux équipes les conduirent finalement en 1897 à se réunir. Le nom de FC Brugeois fut conservé. Quant aux couleurs, un mix fut choisi en reprenant le noir du Brugsche et le bleu du Brugeois.

#766 – Jeonbuk Hyundai Motors FC : 어우전

A Prononcer Uojeon, une sorte de mot-valise qui réduit la phrase 어차피 우승은 전북, qui signifie « le gagnant était Jeonbuk de toute façon ». On est dans l’état d’esprit de la célèbre maxime prononcée par l’ancien attaquant anglais Gary Lineker en 1990 « Et à la fin, les Allemands gagnent toujours » qui illustrait la supériorité de l’Allemagne dans le monde du football. Fondé en 1993, ce club coréen connut des premières années difficiles, confroté à des problèmes financiers récurrents. A peine un an après, le groupe Hyundai Motors reprit le club mais, dans les premières saisons de cette renaissance, les résultats ne suivirent pas à quelques rares exceptions, notamment en Coupe nationale. La nomination de l’entraineur Choi Kang-hee modifia radicalement le club. Dès sa première saison en 2005, il remporta la Coupe de Corée du Sud puis l’année d’après, l’équipe réalisa l’exploit de gagner la Ligue des champions de l’AFC. Grâce au soutien de son ambitieux propriétaire et un jeu offensif, les titres s’enchaînèrent avec en 2009 le premier championnat du pays. Sur les 13 dernières années, Jeonbuk remporta 9 championnats, dont 5 titres consécutifs de 2017 à 2021. A ce palmarès s’est ajouté une Coupe nationale en 2020 et surtout une Ligue des champions de l’AFC en 2016. Jeonbuk est devenu la plus forte formation coréenne, qui imposa sa griffe sur la compétition continentale et établit sa suprématie sur la K-League.

#765 – Panetolikós FC : Τίτορμος

Titormus. Dans la Grèce sportive, les références au monde antique demeurent une évidence et une constante, même si votre symbole n’a pas l’aura d’un Zeus. Panetolikós, club de la ville d’Agrínio, dans la région d’Étolie-Acarnanie, prit pour représentant sur son emblème un héros de la région, Titormus, peu connu des non-héllenistes. Au VIème siècle avant J.-C., Milo de Croton était reconnu comme l’athlète antique le plus fort, ses 6 médailles olympiques en lutte en étant la plus belle des preuves. De tous les athlètes olympiques, Milo avait sans aucun doute la plus grande renommée et son invincibilité était légendaire. Néanmoins, un personnage l’aurait battu et il s’agit d’un berger d’Étolie du nom de Titormus. Si les dates concernant sa vie demeurent floues, les différentes sources s’accordent sur sa grande force et son combat face à Milo fut raconté par 3 poètes (Aelian, Athenaeus et Eustathius). Il fut particulièrement épique. Titormus aurait poussé puis soulevé une immensense pierre que Milo ne serait pas simplement parvenu à pousser. Puis, Titormus attrapa de ses mains plusieurs taureaux de son troupeau. Milo reconnut alors sa défaite et surnomma Titormus le second Héraclès. Pour cette région reculée dont les habitants étaient considérés comme des barbares par les autres grecs, Titormus devint un symbole et renforça l’identité ethnique de l’Étolie. Homme réputé le plus fort sur terre et symbole identitaire, pas étonnant qu’il orne l’écusson du club et soit le surnom de l’équipe.

#764 – Real Oviedo : los Carbayones

Surnom du club, il s’agit surtout du gentilé des habitants d’Oviedo. Il provient de deux éléments typiques de la région d’Oviedo. Tout d’abord, Carbayón était le nom en asturien (Oviedo étant la capitale de la principauté, de la communauté autonome et de la province des Asturies) d’un chêne centenaire qui se trouvait dans la Calle de Uría, principale artère d’Oviedo ouverte en 1874. Cet arbre, qui atteignaient une hauteur de 30 mètres, dont la cime mesurait 38 mètres de circonférence et agé d’environ 500 ans, était devenu un lieu de loisirs et de promenade pour les habitants d’Oviedo. Mais, il fut abbatu en 1879 car des vers l’avaient colonisé. Une plaque commémorative rappelle aujourd’hui l’emplacement de cet arbre légendaire. Mais, le Carbayón est aussi une patisserie d’Oviedo, créée dans la première moitié du XXème siècle. Entre 1920 et 1923, José de Blas, propriétaire de la confiserie Camilo de Blas, demanda à son maître boulanger, José Gutiérrez, de confectionner une friandise représentant Oviedo. Il s’agit d’une pâte feuilletée renfermant un mélange d’œuf, d’amandes moulues, de cognac ou de vin doux et de sucre, recouverte d’un sirop fait d’eau, de jus de citron, de sucre et de cannelle. Il fut dévoilé lors de la première foire commerciale des Asturies qui se tienait à Gijón en 1924. Comme il devait être symbolique de la région, son nom aurait été tiré de l’arbre.

#763 – Mamelodi Sundowns FC : Bafana Ba Style

Les garçons avec du style. A chaque présentation officielle de la nouvelle tenue de l’équipe, l’équipementier du club n’oublie pas de rappeller ce surnom et d’indiquer que le nouveau maillot, de par son style, sa beauté, entretient cette légende. Mais, les joueurs ont du style, non pas par la tenue qu’il porte mais par le jeu qu’ils développèrent dans les années 1980. Modeste club face aux géants qu’étaient au début des années 1980 les Pirates et les Chiefs, Mamelodi fit un bon avant après son rachat par Zola Mahobe en 1985. Il donna les moyens financiers au club pour acheter de très bons joueurs mais aussi de nommer comme entraineur Stanley « Screamer » Tshabalala. Parti dans des camps d’entrainement en Italie et au Brésil, Stanley proposa à ses joueurs un football ryhtmé fait de passes courtes et rapides, à l’image du tiki-taka espagnol. Les supporteurs comparèrent ce style aux mouvements rapides des cireurs de chaussure ou des pianistes, qui le fit surnommer shoeshine and piano (cirage de chaussure et piano). Or, ce style de jeu chatoyant comme le surnom qui faisait référence à des choses élégantes conduit à surnommer l’équipe les garçons avec du style.

#762 – Kano Pillars FC : the Ahly Killers

Les tueurs d’Ahly. A l’issue de la saison 2007-2008, le club de la ville Kano réalisa l’exploit de remporter son premier titre de champion du Nigéria (3 autres suivront par la suite). Avec cette victoire, Kano obtenait le droit de participer à la Champions League de la CAF. Au premier tour, le club élimina les tchadiens de Elect-Sport FC et au second, les sénégalais de l’AS Douanes. En huitième de finale, se dressa face à Kano le monstre égyptien Al Ahly SC. Tenant du titre, le club égyptien représentait l’équipe la plus titrée de l’histoire de la compétition, la superpuissance du football africain (33 titres de Champion d’Egypte, 35 Coupes d’Egypte, 6 Ligues des Champions de la CAF, 4 Coupes des Vainqueurs de Coupe). Au match aller, les nigériens résistèrent et obtinrent à domicile un match nul. Au retour, pas de victoire pour Kano mais le résultat 2 partout permettait, grâce à la règle des buts à l’extérieur, la qualification au tour suivant des nigériens. Kano réussissait donc l’exploit d’éliminer Al-Ahly. Ils échoueront en demi-finale face à leur compatriote de Heartland mais l’élimination du géant qu’était Al-Ahly eut un grand écho et leur valut ce surnom.