#1000 – Boca Juniors : el Único Grande

L’unique grand. Il y a 3 ans, je démarrais ce site avec Boca Junior et son surnom spécifique de Xeneize. Depuis, de nombreux autres clubs et surnoms l’ont enrichi mais, pour le millième article, je devais revenir à Boca, qui ne manque pas de surnoms, et en présenter un qui soit à la hauteur. Si le club, par ses présidents et ses supporteurs, s’est autoproclamé el Único Grande, il ne s’agit pas d’un vol. Certes, ses détracteurs et rivaux ne manqueront pas d’invalider ce titre non-officiel mais en regardant le palmarès et la popularité de Boca, on ne peut pas dire que ce n’est pas mérité.

De base, Boca fait parti des 5 grands. Dans le football argentin, les clubs de Boca Juniors, Independiente, Racing Club, River Plate et San Lorenzo de Almagro sont considérés comme les cinq principaux clubs du pays. A ce titre, on les nomme los cinco grandes del fútbol argentino (les cinq grands du football argentin). Pour illustrer ce propos, ces 5 clubs ont remporté environ les 2 tiers des championnats d’Argentine et concentre près des 3 quarts des Copa Libertadores gagnés par l’Argentine.

Sur le plan national, Boca n’est pas le champion le plus titré, devancé par son rival de River mais le club affiche tout de même 35 championnats argentins au compteur (le premier gagné en 1919, deuxième détenteur de titres de champion). Surtout, parmi les 5 grandes, et depuis la relégation de River en 2011 et d’Independiente en 2013 en seconde division, il est le seul à ne pas avoir quitté l’élite argentine depuis son accession en 1914. Du côté de la Coupe nationale, Boca remporta la première édition en 1969 et 3 autres suivirent (en 2012, 2015 et 2020), en faisant le recordman de titres. Le club détient aussi le record de SuperCoupe d’Argentine remporté avec deux victoires (2018 et 2022) ainsi que de Coupe de la Ligue avec également deux trophées (2020 et 2022). Sur le plan international, Boca peut se vanter d’avoir conquis 3 Coupes Intercontinental (1977, 2000 et 2003 face respectivement au Borussia Mönchengladbach, au Real Madrid et au Milan AC), 6 Copa Libertadores (1977, 1978, 2000, 2001, 2003 et 2007 auquel s’ajoute 5 finales perdues), 2 Copa Sudamericana (2004 et 2005 – record de la compétition), 4 Recopa Sudamericana (1990, 2005, 2006 et 2008 – record de la compétition), 1 Supercopa Sudamericana (1989), 1 Copa Máster de Supercopa (1992) et 1 Copa de Oro Nicolás Leoz (1993). Boca Juniors est le club sud-américain qui a disputé le plus de finales de compétitions internationales, avec un total de 29 finales. A cela s’ajoute une multitude de tournois régionaux.

Il a été désigné comme le meilleur club d’Amérique du Sud du 21ème siècle par la Fédération internationale de l’histoire et des statistiques du football (IFFHS) en 2011, club le plus mythique de l’histoire de l’Amérique et le huitième plus mythique du monde selon le magazine allemand Kicker en 2014 et club de football le plus emblématique du monde pour le magazine anglais FourFourTwo en 2015. Boca Junior est le club argentin qui compte le plus grand nombre de peñas (clubs de supporters) en Argentine, avec 269 recensés, ainsi que dans divers pays du monde (Brésil, Mexique, États-Unis, Canada, Espagne, Italie, Israël et Japon). Selon de nombreux sondages, le club est le plus populaire d’Argentine, adoré par environ 35%-40% des fans argentins de football, devant River et loin devant les autres.

#362 – Sport Boys : los Rosados

Les rosés. Le club de Callao est considéré comme le 4ème plus grand club du Pérou (après Alianza Lima, Sporting Cristal, et Universitario) et le premier en dehors de la capital. Il jouit donc d’une grande popularité au Pérou. Un autre élément le distingue fortement des différentes équipes péruviennes : le club joue en rose et ce, depuis 1927. Pour des raisons marketing, le rose s’est démocratisé, popularisé dans le sport masculin, même les plus virils tels que le rugby. Mais, en 1927, il s’agit d’une couleur plutôt peu commune et fortement marqué. Le club fut fondé par un groupe de jeune étudiants qui fréquentaient le Collège Mariste San José de Callao. Le premier maillot était rayé jaune et rouge, accompagné d’un short noir. La raison n’est pas connue mais il ne serait pas déraisonnable de supposer que les ecclésiastiques espagnols (ou spécifiquement catalans) du Collège Mariste avaient pu suggérer ou influencer les couleurs du club en reprenant celles de l’Espagne et de la Catalogne (en particulier les rayures jaunes et rouges sont une réplique du drapeau catalan Barras de Aragon, cf article #190) ou auraient pu faire don du premier ensemble d’uniformes. Toutefois, ce ne fut pas un choix pérenne car, après le premier championnat auquel le club participa (un tournoi pour enfants organisé par le Raimondi Intellectual Club de La Victoria), les fondateurs du club décidèrent de changer de couleur en adoptant le rose. Là encore, la raison de ce choix est inconnue. Certains avancent que les fondateurs des Boys étaient d’origine italienne et choisirent la couleur de l’équipe de la ville d’où provenaient leurs parents, Palerme et Turin (dans les premières années, la Juventus évoluaient en rose). Un autre récit soutient que les fondateurs décidèrent d’opter pour les couleurs du drapeau du premier navire qui rentrerait dans le port de Callao. Selon la légende, ce fut un navire de l’Union soviétique, avec un drapeau rouge fané. Mais, cette histoire ressemble à une adaptation locale (voire un plagiat) de celle de l’équipe argentine de Boca Juniors (cf. article #219). Il y a quelques temps, Don Abraham Alfaro, le dernier membre fondateur vivant de Sport Boys, ruina toutes ces versions car, selon lui, certains des fondateurs voulaient une couleur, d’autres une autre. Finalement, ils optèrent pour le rose et le noir simplement pour se distinguer des autres équipes.

#336 – Boca Juniors : los Bosteros

Les bouseux. Deux jours après le décès de Maradona, homage au club de sa carrière avec Boca. Les versions sont nombreuses concernant l’origine de ce surnom. Mais, dans tous les cas, il fut utilisé au départ par les adversaires qui venaient à la Bombonera et le surnom n’était évidemment pas flatteur. Pourtant, au fil des années, les supporteurs de Boca se le sont approprié et en sont aujourd’hui fiers. Aujourd’hui, dans les travées de la Bombonera, on entend monter des tribunes le chant « Yo soy ‘bostero’, es un sentimiento, no puedo parar » (Je suis un bosteros, c’est un sentiment, qui ne peut pas partir). Ils en sont d’autant plus fiers qu’il caractérise les origines du club et s’oppose au surnom de son rival, River. En effet, River est le club des classes sociales favorisées de Buenos Aires et est surnommé Millonarios (millionnaires). Tandis que Boca puise ses fans dans les couches laborieuses de la ville.

Certains prétendent qu’avant la Bombonera se trouvait une briqueterie qui utilisait des excréments de cheval ou de vache comme matière première. D’autres suggèrent que le quartier de la Boca était souvent inondé, entrainant des débordements des égouts. Les supporteurs de River chantent à ce propos « La Boca, la Boca se inundó y a todos los bosteros la mierda los tapó » (La Boca, La Boca a été inondée et tous les bouseux ont été couverts de merde). Dans la même lignée, l’origine pourrait s’expliquait par la proximité du stade de la Boca avec la rivière Riachuelo qui serait pleine de déchets et de fumier. Ceci aurait alors amené des effluves peu agréables dans le stade qui auraient inspirées les adversaires. Mais, l’origine pourrait être tout autre, même s’il y a un lien avec la rivière. Les habitants du quartier de La Boca étaient appelés boteros (batelier) car ils devaient utiliser des bateaux pour traverser la rivière Riachuelo. Des fans rivaux auraient déformé boteros en bosteros pour insulter les supporters de Boca Juniors.

#219 – Boca Juniors : la Azul y Oro

La bleu et or, les couleurs du club de Boca. En réalité, le club chercha ses couleurs durant ses premières années d’existence, comme beaucoup d’autres clubs. Créé en 1905, Boca arbora d’abord un maillot rose, seulement pour ses deux premiers matchs. Il faut dire que si aujourd’hui porter un maillot rose présente un certain style, à l’époque, il fut difficile à assumer par les joueurs de Boca, la couleur étant objet de raillerie. Mais, l’existence de ce premier maillot rose est contesté.

L’histoire officielle affirme que le premier maillot de Boca Juniors était blanc avec de fines rayures noires. Ce modèle avait été réalisé par la sœur de Juan Farenga, l’un des fondateurs. Puis, le club opta pour un maillot azur mais un autre club argentin, Nottingham d’Almagro, portait le même maillot. Les deux équipes jouèrent alors un match afin de définir qui porterait ce maillot. Comme Boca Juniors perdit le match, le club choisit de nouvelles couleurs : un maillot blanc à fines rayures bleues (1906).

En 1907, Boca porta enfin le maillot bleu et or. En tant que travailleur portuaire lui-même, l’ancien président du club, Juan Brichetto, suggéra d’adopter les couleurs du pavillon du premier navire qui arriverait à Buenos Aires le lendemain. Le premier bateau aperçu battant pavillon suédois, le maillot Boca Juniors devint bleu et or. On pense qu’il s’agissait du cargo dénommé « Drottning Sophia », un navire en provenance de Copenhague. D’autres historiens estiment que le Drottning Sophia n’était pas arrivé à Buenos Aires en 1907 mais en 1905. D’où, le navire serait l’Oskar II de Nordstjernan / Johnson Line, arrivé au port le 5 février 1907.

Si la bande jaune fut au départ en diagonale, elle s’amarra rapidement horizontalement (1913). La maillot du club avec ces couleurs est intouchable. En 1996, lors de l’accession de Mauricio Macri à la présidence du club, deux bandes blanches furent ajoutées autour de la ligne jaune. Inadmissible pour le dieu vivant Diego Maradonna qui menaça de ne plus jouer mais il finit par céder. En revanche, en 2004, Coca-Cola abdiqua face à la direction et son logo dut passer au bleu et jaune sur la tunique du club (il est vrai que le rouge et blanc du célèbre soda américain est similaire aux couleurs du rival de River Plate).

#201 – Argentinos Junior : el Bicho, los Bichos Colorados

La punaise, les punaises rouges. Ce surnom fut attribué par un journaliste au club dans les années 50. Club amateur reconnu et triomphant, Argentinos Junior négocia mal le virage du professionnalisme dans les années 30. Participant à la création du championnat professionnel, les charges salariales des joueurs plongèrent le club dans les difficultés économiques et connut le déclin sportif en sombrant en seconde division argentine. De 1937 à 1955, le club se débâtât dans les divisions inférieures. En 1956, Argentinos Junior remonta enfin en première division et commença à titiller les 5 grands argentins (Boca, River, Racing, Independiente ou San Lorenzo) qui trustaient tous les titres. L’apothéose demeura la saison 1960 où le club atteignit la finale face à River Plate. Cette renaissance se fit grâce à une génération de jeunes joueurs tels que Pederzoli, Pando, Oscar Distéfano, Sciarra, Ditro, Sainz, Moreno et Nappe et un style de jeu offensif et flamboyant. Au lendemain d’une victoire face à Boca Juniors (1-0 le dimanche 4 août 1957, but de Héctor Tedeschi), le journaliste Diego Lucero publia une tribune dans le quotidien Clarín où il utilisa pour le première fois le terme de « bichitos colorados » pour désigner le club. En fait, son style de jeu fit penser à des insectes qui piquaient son adversaire à chaque attaque.

Le rouge faisait évidemment référence à la couleur des maillots. Le club fut fondé en 1904 par l’union de deux associations sportives dont les membres étaient anarchistes ou socialistes. Pour honorer l’élection d’Alfredo Palacios à la députation (le premier député socialiste élu en Argentine), les membres décidèrent d’opter pour la couleur rouge du Parti Socialiste, en remplacement du vert et du blanc.

Parfois, le surnom est complété par « La Paternal » , référence au quartier dont est originaire le club.

#1 – Boca Juniors : Xeneize

Le club de la capitale argentine est souvent surnommé Xeneize. Drôle de nom mais qui fait référence aux fondateurs du club, 7 adolescents issus de l’immigration italienne, alors présente en Argentine au début du XXème siècle. En effet, si la France, la Belgique (avec leurs mines notamment) et les Etats-Unis furent des terres d’ « asile économique » pour les italiens, l’Argentine le fut également. De manière générale, dans la construction de l’Argentine moderne, l’immigration joua un grand rôle. En 1853, la République d’Argentine publia sa première Constitution dans laquelle l´article 25 rappelait l’importance de l’immigration : « El Gobierno federal fomentará la inmigración europea; y no podrá restringir, limitar ni gravar con impuesto alguno la entrada en el territorio argentino de los extranjeros que traigan por objeto labrar la tierra, mejorar las industrias, e introducir y enseñar las ciencias y las artes » (Le Gouvernement Fédéral favorisera l’immigration européenne; et il ne pourra pas restreindre, limiter ni grever avec l´impôt l´entrée dans le territoire argentin des étrangers qui ont pour but de travailler la terre, améliorer les industries et introduire et enseigner les sciences et les arts). Cette volonté s’amplifia en 1876 avec la promulgation d’une loi « Inmigración y Colonización » (immigration et colonisation) qui favorisait l’établissement de journaliers, artisans, ouvriers et enseignants de moins de 60 ans. Le gouvernement argentin fit la promotion en Europe de cette politique, allant même à subventionner le voyage en bateau des immigrants.

Plus de trois millions d’Italiens émigrèrent vers l’Argentine en près d’un siècle (entre 1857 et 1940), représentant presque la moitié du total des étrangers venus s’installer en Argentine et 10% de l’immigration italienne dans le monde. À partir des années 1880, plus de 2 400 000 Italiens arrivèrent sur les côtes d’Argentine et en 1895, plus de 12 % de la population argentine était italienne. En 2011, plus de 25 millions des Argentins (soit 62,5 % de la population) avaient des origines italiennes. Ces immigrés importèrent leur langue et leurs dialectes qui imprégnèrent le vocabulaire argentin et influencèrent également la prononciation de la langue espagnole. A Buenos Aires, ces italiens provenaient pour la plupart de la région de Gênes. En ligurien, cette dernière se nomme Zena et son dialecte, Zeneize. Et avec la déformation argentine, Zeneize est devenu Xeneize.