#1161 – FC Den Bosch : Blue White Dragons

Les dragons bleus et blancs. En néerlandais, le terme approprié serait de blauwwitte draken et pourtant, c’est bien le surnom en anglais qui est usité. Et en regardant le blason du club, il paraît logique. Le bleu et le blanc sont bien les couleurs du club tandis qu’une tête de dragon l’orne. D’où provient ce dragon ? Certainement du surnom gagné par la ville de Bois-le-Duc pendant la guerre de Quatre-Vingts ans, qui opposa les 7 des 17 Provinces des Pays-Bas espagnols (soutenus par la France et l’Angleterre) à la monarchie espagnole (soutenue par le Saint-Empire Germanique) de 1568 à 1648.

Au XVIème siècle, les Pays-Bas espagnols, alors possession de Philippe II, Roi des Espagnes, regroupaient de riches villes et régions (certaines villes – Bruges, Gand, Anvers – constituaient des places fortes économiques mondiales), divisées entre les 7 provinces du Nord (actuels Pays-Bas), où le protestantisme dominait, et les Pays-Bas méridionaux (actuels Belgique, Luxembourg et Nord-Pas-de-Calais), plutôt catholiques. Sur fond d’oppositions religieuses, les 7 provinces du Nord se rebellèrent et déclarèrent leur indépendance. En 1648, après 80 ans de combat, interrompu par une trêve de 12 ans, le Roi d’Espagne la reconnut, avec le traité de Münster, qui mit également fin à la guerre. Mais, revenons plus tôt dans le conflit, en 1629 précisément, quand Bois-le-Duc constituait un bastion fidèle au Roi d’Espagne, difficile à conquérir avec ses imposantes fortifications et défenses. Surtout, la ville comptait plusieurs marécages qui l’entouraient et lui donnaient la réputation d’être imprenable. D’ailleurs, en 1601 et 1603, Maurice de Nassau, leader des indépendantistes néerlandais, s’y étaient cassés les dents par deux fois. La ville gagna le surnom de moerasdraak (dragon des marais). Son demi-frère, Frédéric-Henri d’Orange-Nassau, entama un nouveau siège en Avril 1629 avec d’importants moyens humains et techniques (il fit assécher les marais en détournant le lit de deux rivières, l’Aa et le Dommel). Après 5 mois de siège, la ville céda enfin, perdant alors son surnom, et cette victoire porta un coup fatal aux positions espagnols dans le Nord du pays. Aujourd’hui, sur la place Stationsplein, la plus célèbre fontaine de la ville représente un dragon en or, au sommet d’une colonne, et aux pieds de cette dernières 4 dragons crachant de l’eau. Cela pourrait être une allusion à ce surnom tout comme le surnom et l’écusson du club.

L’origine des couleurs bleu et blanche est méconnue. Le club fut fondé en 1965, par la fusion de deux rivaux de la ville, RKVV Wilhelmina (1897) et BVV (1906), afin de constituer un club capable de rivaliser en première division. Wilhelmina évoluait en jaune et noir, tandis que le BVV affichait du rouge et du noir. Peut-être que dans un esprit de conciliation, le bleu et le blanc furent choisis pour créer une nouvelle identité, héritée d’aucun de ses prédécesseurs.

#1128 – FC Emmen : Rood-Witten

Les rouge et blanc. Fondé le 21 août 1925, le club néerlandais connut différentes phases chromatiques. Dans ses premières années d’existence, l’équipe joua dans des tenues rouge et noir, héritées d’un des prédécesseurs, le VEV (Vlug en Vaard). Mais, au bout de quelques temps, le club évolua vers des uniformes vert et blanc. Finalement, il opta pour les couleurs rouge et blanc, qui devinrent ses teintes traditionnelles. Outre les couleurs, l’équipement se distingua à partir de la saison 1993-1994, en se composant d’un maillot rouge avec une bande centrale verticale blanche, accompagné d’un short blanc. Un peu le négatif du maillot de l’Ajax.

D’où viennent ces deux couleurs ? Le club a tout simplement reprit les couleurs du drapeaux et des armoiries de la région de Drenthe. Emmen est une ville de la province de Drenthe, au Nord-Est des Pays-Bas. Au Xème siècle et jusqu’à 1025, la région de Drenthe passa sous la domination de différentes seigneuries. Puis, en 1024, l’évêque d’Utrecht reçut à la mort d’Henri II, Empereur du Saint-Empire, le comté de Drenthe. Cette donation fut confirmée définitivement en 1046. Les Evêques d’Utrecht étaient également seigneurs temporels de la principauté d’Utrecht et la région Drenthe fut intégrée à cette principauté. Jusqu’en 1528, l’évêque d’Utrecht resta seigneur de Drenthe puis la principauté fut cédée à l’Empereur Charles Quint et rejoignit les possessions des Habsbourgs aux Pays-Bas. Aujourd’hui, les armoiries de la région de Drenthe reprennent les couleurs blanches et rouges de la principauté d’Utrecht. Elles pourraient également correspondre aux couleurs traditionnelles des saxons dont Drenthe fut un fief au IXème siècle.

#1100 – Brisbane Roar FC : the Roar

Le rugissement. Surnom assez logique quand il s’agit du nom du club et que son écusson fait apparaître un lion. Les origines du club actuel remontent à 1957 et au club dénommé Hollandia-Inala Soccer Club fondé par des immigrants néerlandais. Durant 20 ans, ce dernier évolua sous ce nom, représentant la communauté hollandaise. Car, depuis le début de l’importation du football en Australie, il s’agit d’une pratique sportive des immigrants, les australiens d’origine anglo-saxonnes préférant se concentrer sur des sports australiens comme le football australien (un mélange de rugby et un peu de football). Les grecs, les italiens, les croates et les autres communautés créèrent ainsi leurs équipes de soccer. Mais, en dépassant leur simple rôle sportif (puisqu’ils étaient aussi un lieu d’entraide et de maintien de l’identité), ces derniers entretenaient la séparation entre les nouveaux arrivants et les australiens anglo-saxons et fournissaient des munitions aux politiciens pas favorables à l’immigration et « défenseurs de la culture australienne » . Ainsi, en 1970, un mouvement fut entrepris pour dé-ethniciser les clubs et cela passait par un changement de nom. Hollandia-Inala accéda à cette demande sans pour autant perdre totalement son identité. Ainsi, le club évoluait en orange et prit pour nom Brisbane Lions. Orange et Lion … deux des symboles des Pays-Bas. Puis, en 2004, les Lions obtinrent le droit de participer à la nouvelle A-League (la première ligue australienne) en opérant sous le nom de Queensland Roar (car Brisbane comptait un club de football australien dénommé Lions).

Le lion apparaît sur les armoiries du Royaume des Pays-Bas, un héritage de la Maison de Nassau et de la République des Provinces-Unies. Composées en 1815 et adaptées en 1907, elles représentent un lion d’or sur champ d’azur qui tient une épée et un faisceau de sept flèches. La Maison de Nassau, d’origine de la ville allemande de Nassau, remonte au XIème siècle et dès Dedo de Laurenbourg (1093-1117), l’un des premiers membres de la Maison, le blason était un lion sur fond azur. Du côté des Provinces-Unies (1579–1795), le lion était également son symbole. Constituée de 7 provinces (Hollande, Zélande, Overijssel, Frise, Groningue, Gueldre et Utrecht), la République se référa aux lions héraldiques de la Flandre (noir sur or), du Brabant (or sur noir) et le lion rouge sur or de la Hollande. Ces lions étaient répétés dans les armes de diverses maisons nobles des Pays-Bas.

#1076 – FC Volendam : het Andere Oranje

L’autre orange. Le club doit son surnom aux couleurs des uniformes dans lesquels il évolue : orange et noir. Lorsque l’ancêtre du club fut créé le 1er juin 1920, sous le nom de Victoria, les joueurs comme les fondateurs ne se préoccupèrent pas vraiment du choix des couleurs. Les premiers joueurs, qui venaient de différents horizons, portaient de tout. Ainsi, une chemise rayée bleu marine et noir ou rouge et noir avec un pantalon noir constituaient régulièrement la tenue de l’équipe. Puis, quelques saisons plus tard (pour certains lors de la saison 1928-1929, pour d’autres en 1923 au moment où le club changea de nom pour RKS Volendam), il fut décidé de jouer avec un maillot orange avec un poulain comme emblème et un bas noir, qui deviendront donc les couleurs traditionnelles du club. Les raisons de ce changement ne sont pas documentées et donc inconnues.

Mais, cette couleur particulière portée pas peu d’équipe n’est pas sans rappelée la célèbre tenue de l’équipe nationale néerlandaise, surnommé Oranjes (les oranges). Alors que le drapeau néerlandais arbore 3 bandes horizontales de couleur rouge, blanche et bleue, la couleur historique des Pays-Bas demeure l’orange, en l’honneur de la famille régnante, la Maison d’Orange-Nassau (Huis Oranje-Nassau). Cette Maison remonte au XVIème siècle avec Guillaume d’Orange-Nassau. Né en 1533 dans une famille noble allemande de Rhénanie (la Maison Nassau), il hérita par son cousin du titre de Prince d’Orange en 1544. Cette principauté, état vassal du Saint-Empire, se situait dans la partie nord de l’actuel département du Vaucluse et avait la ville d’Orange pour capitale. Après avoir servi Charles Quint et les Habsbourg, Guillaume se rebella contre son fils, Philippe II, Roi d’Espagne, et mena la révolte qui conduisit à l’indépendance des Pays-Bas. Il est donc souvent considéré comme l’un des personnages clefs de la fondation de la nation néerlandaise, le Vader des Vaderlands (Père de la Patrie). Toutefois, ce ne fut qu’en 1813 que la maison d’Orange-Nassau débuta son règne sur les Pays-Bas. A l’indépendance en 1581, Guillaume d’Orange-Nassau donna le prinsenvlag (Drapeau du prince qui était basé sur les couleurs héraldiques de la Maison du Prince, orange, blanc et bleu ciel) comme drapeau aux sept Provinces-Unies (Pays-Bas), qui utilisait aussi avant l’indépendance le drapeau traditionnel rouge-blanc-bleu ciel (le statenvlag, drapeau des États). Durant des années les deux drapeaux coexistèrent et le second était parfois agrémenté d’une oriflamme orange. Mais, en 1796, le rouge supplanta l’orange, sans que la raison ne soit vraiment établie. Néanmoins, en l’honneur de Guillaume d’Orange-Nassau et de la famille royale actuelle, les équipes sportives néerlandaises portent l’orange depuis le XXème siècle.

Une enquête réalisée à l’occasion du 110ème anniversaire de l’équipe nationale néerlandaise a démontré que Volendam était l’une des principales villes pourvoyeuses de talents pour la sélection nationale. Dans la ville de Hollande du Nord, 1,7 joueurs pour 10 000 habitants ont porté le maillot des Oranjes. Les internationaux étaient Pier Tol, Wim Jonk, Keje Molenaar, Arnold Mühren et Gerrie Mühren. L’autre surnom du même acabit est Het nieuwe oranje (les nouveaux oranges).

#1059 – Fortuna Sittard : Fortuna

A la charnière du XIXème et du XXème siècle, avec un football qui se répandait au sein de la jeunesse étudiante (donc plutôt érudit), la mode fut de nommer les nouvelles équipes avec un terme anglais (pour rappeler les origines du sport) ou latin/grec (souvent pour gagner l’aura de la mythologie de ces civilisations). Justement Fortuna est un mot latin qui désignait « Sort favorable, chance, succès » et qui s’accorda avec la déesse latine représentant la chance. Pour autant, le club néerlandais naquit en 1968 de la fusion du RKSV Sittardia et du Fortuna ’54, ce dernier ayant été fondé tardivement en 1954 (au regard de la mode des noms latins pour une association sportive). Son dirigeant, Egidius Gied Joosten, voulait certainement placer le nouveau club sous les bons auspices de la divinité romaine. Car le défi était immense en 1954 pour le Fortuna.

Au début des années 1950, le football néerlandais se maintenait dans l’esprit amateur, bien que la plupart des pays européens étaient rentrées depuis quelques décennies dans l’ère professionnelle. Les meilleurs joueurs bataves évoluaient alors à l’étranger pour gagner leur vie. Après assisté le 12 mars 1953 à un match caritatif entre la France et les Pays-Bas (représenté par les joueurs expatriés) remporté par les Oranje, Gied Joosten fut convaincu de la nécessité de moderniser le football de son pays par la professionnalisation de l’élite. Le 1er Juillet 1954, il fonda le Fortuna ’54, premier club batave à rémunérer ses joueurs. Avec ses importants moyens financiers provenant de sa société familiale de construction, Joosten recruta de nombreux grands noms comme Cor van der Hart (Lille), Frans de Munck (1. FC Köln), Bram Appel (Stade Reims) et Faas Wilkes (Levante). Il prît la tête de la première ligue professionnelle néerlandaise, la NBVB, qui regroupait 10 clubs professionnels dont le Fortuna ’54. Finalement à l’hiver 1954, la dissidente NBVB fusionna avec sa vieille rivale, la fédération hollandaise, la KNVB, et le professionnalisme devenait une réalité institutionnelle. Dans cette nouvelle ère, le Fortuna ’54 était un des prétendants au titre suprême mais, la multiplication des matchs amicaux pour remplir les caisses, fatigua les joueurs et le club ne glana que 2 Coupes nationales (1957 et 1964) et des places d’honneur en championnat (2ème en 1957, 3ème en 1959). A partir de la saison 1959-1960, le club fleurtait régulièrement avec la zone de relégation en même temps que la situation financière de la société de Joosten se détériorait. En 1966, cette dernière fait faillite définitivement et le Fortuna finit par terminer à l’avant dernière place en 1968. Au plus bas sportivement et financièrement, le conseil d’administration du Fortuna fut contraint le 11 juin 1968 de fusionner avec son voisin, le RKSV Sittardia, qui avait terminait cette saison à la dernière place de l’Eredivisie. Le 1er juillet 1968, le Fortuna Sittardia Combinatie vit le jour. Le nouveau club reprit le terme Fortuna, le jaune du Sittardia (qui évoluait en jaune et bleu) et le vert du Fortuna (qui était en vert et blanc).

On retrouve sur l’écusson actuel du club la déesse Fortuna, avec ses attributs classiques : la corne d’abondance et la roue.

#985 – ADO La Haye : de Residentieclub

Le club de la résidence. Pour un français, vivant dans un Etat jacobin où Paris concentre l’ensemble des pouvoirs, l’organisation administrative des Pays-Bas peut lui apparaître baroque. L’article 32 de la Constitution du Royaume des Pays-Bas établit que la capitale est Amsterdam. Pourtant, l’ensemble des institutions gouvernementales — exécutives, législatives et judiciaires — siègent à La Haye. D’un côté, Amsterdam est dans les faits le centre économique et culturel des Pays-Bas, abritant la Bourse d’Amsterdam (AEX) et le siège de grandes entreprises (AkzoNobel, Heineken, ING, Ahold …). De l’autre côté, La Haye constitue le centre de la politique néerlandaise, acceuillant le gouvernement et le parlement néerlandais ainsi que la résidence de la famille royale néerlandaise.

L’actuelle cité existe depuis 1230, lorsque le comte Floris IV de Hollande fit construire un modeste château, qui lui servait de résidence de chasse. Cette résidence, dénommée Ridderzaal, fut agrandie par son fils Guillaume II, roi des Romains (ie roi du Saint Empire romain germanique entre 1248 et 1256), ce qui donna du lustre à la ville. Par la suite, La Haye devint le centre administratif des Comtes de Hollande, avec la résidence du Comte. Ce statut fut confirmé avec les Ducs de Bourgogne et les Habsbourg. À partir de 1585, après avoir déclarée son indépendance dans la cité (Acte de La Haye), la République des Sept Provinces-Unies des Pays-Bas (Provinces-Unies) poursuivit cette pratique. La Haye était alors le lieu où se trouvait la plus haute instance gouvernementale, les États généraux (une assemblée des 7 provinces qui prenaient des décisions communes concernant les politiques militaires et navales ainsi que la diplomatie) ainsi que la cour du Stathouder (un des représentants des Provinces-Unies). Même si La Haye ne devint officiellement une ville qu’en 1806, son rôle politique était alors établi et se transmit jusqu’à nos jours, au travers de son complexe bâtimentaire, le Binnenhof.

Le Binnenhof abrite aujourd’hui notamment les deux chambres du Parlement (Sénat et Etats Généraux), les bureaux du Premier ministre (dans le bâtiment nommé Torentje), le ministère des Affaires générales ainsi que le Conseil d’Etat, la plus haute autorité administrative. Le Ridderzaal s’y trouve aussi, où le Roi des Pays-Bas prononce son discours annuel. A côté de ces instances politiques, la vie royale s’organise aussi à La Haye. Après avoir constitué la résidence royale entre 1817 à 1940, le Palais Noordeinde, également connu sous le nom de Het Oude Hof (La Vieille Cour), est le palais de travail du roi des Pays-Bas depuis 1984. Enfin, le palais de Huis ten Bosch (Maison au Bois) est la résidence principale du roi des Pays-Bas. D’où, en abritant la résidence royale, La Haye a hérité du surnom De Residentie (la résidence).

En plus d’être le centre politique nationale, La Haye compte au niveau international. En 1899 et en 1907, la ville accueillit deux conférences de paix. Aujourd’hui, elle abrite plus de 100 organisations internationales dont la Cour Pénale Internationale, la Cour Internationale de Justice, la Cour d’Arbitrage International, Europol, Eurojust …

#961 – Almere City FC : de Zwarte Schapen

Le mouton noir. Almere est une équipe relativement jeune (70 ans d’existence) mais avec une histoire bien compliquée. Tout commence le 1er juin 1954 avec la fondation de l’équipe du BVC Amsterdam par l’homme d’affaires Dingemans Stoop. En 1958 , BVC Amsterdam fusionna avec DWS, un autre club de la capitale néerlandaise. Mécontents, les supporters créèrent leur propre club, dénommé De Zwarte Schapen (les moutons noirs), le 20 avril 1959. Les deux clubs vivront chacun leur vie. DWS fusionna en 1972 avec Blauw Wit et en 1974 avec De Volewijckers pour donner naissance au FC Amsterdam. Ce dernier disparut en 1982. En revanche, le club des supporteurs connut une plus longue histoire. En premier lieu, le club déménagea en banlieue à Diemen pour trouver son public et des donateurs. Après 5 promotions consécutives et avoir atteint la seconde division, Zwarte Schapen fusionna en 1978 avec AVV Argonaut pour apparaître sous le nom d’Argonaut-Zwarte Schapen (AZS). Entre 1988 et 1992, le club s’appelait FC De Sloterplas (du nom d’un lac situé dans le quartier de Nieuw-West). En 1995, le club déménagea d’Amsterdam pour rejoindre à l’Est la municipalité d’Almere, de l’autre côté du lac de Gooimeer. En 1997, le club changea de nom pour Sporting Flevoland, nom de la province. La municipalité ambitionna de créer un grand club omnisport et réunit plusieurs associations sportive de la ville sous le nom de Omniworld. Le Sporting Flevoland devint ainsi le FC Omniworld. Le club reprit son indépendance en 2011 et prit alors le nom d’Almere City FC.

Dans tous ces déménagements et changements de nom, un élément resta immuable : le mouton noir. Que ce soit au travers du surnom ou du blason, les clubs successifs et leurs supporteurs conservèrent ce lien avec l’équipe originelle. Dès le 30 août 1954, lors du premier match à domicile (match amical), le club amena sur le terrain comme mascotte un mouton noir. Cet animal apparaissait également sur le blason du maillot des joueurs. Pourquoi ce symbole ? L’explication avancée serait lié à la naissance du club. Depuis 1898, le football néerlandais, chapeauté par la fédération nationale, KNBV, se plaisait dans l’amateurisme. La KNVB voulait garder le sport aussi accessible que possible et s’assurer qu’aucun autre intérêt, comme l’argent, influença le sport. Pour cela, elle n’hésitait pas à se priver pour son équipe nationale des footballeurs néerlandais qui cédaient au professionnalisme à l’étranger. Mais, la pression devenait de plus en plus grande et en 1953, un groupe de sportifs et d’hommes d’affaires d’Amsterdam créèrent la fédération professionnelle des Pays-Bas, NBVB, en concurrence frontale avec la KNBV. 10 clubs, dont le BVC Amsterdam, furent fondés pour intégrer cette nouvelle ligue, que l’on surnomma Wilde pour la qualifier de sauvage. Club de la ville qui supporta cette « abomination », il aurait alors hérité du surnom de de Zwarte Schapen, comme un vilain petit canard. Pour la petite histoire, la saison de la NBVB débuta en Septembre 1954 tandis qu’en réponse, la KNBV constitua sa propre ligue semi-professionnelle à la même date. 3 mois plus tard, les deux ligues fusionnèrent.

#936 – Ajax Amsterdam : de Ajacieden

Les ajacides, dérivé directement du nom du club. Le club de la capitale néerlandaise, inventeur du football total, emblème d’une certaine idée romantique du football, se nomme d’après le héros grec, Ajax. Toutefois, il existe deux héros grecs qui s’appelaient Ajax : Ajax le Grand (ou Ajax fils de Télamon) et Ajax le petit (ou Ajax fils d’Oïlée). Les deux firent la guerre de Troie mais le premier a connu à travers les siècles une renommée plus grande. Pour le club d’Amsterdam, les fondateurs voulurent s’inspirer certainement du premier. 3 amis, Han Dade, Carl Bruno Reeser et Floris Stempel fondèrent un premier club de football le 15 octobre 1893 dénommé Union. Mais, après quelques mois d’existence, le nom fut changé pour Footh-Ball Club Ajax. Le club disparut en raison de problèmes de terrain et administratifs. Mais les 3 amis refondèrent un club dénommé Ajax le 18 mars 1900. A l’époque, la mode pour les fondateurs de ces toutes nouvelles associations sportives était de prendre un nom anglicisé, pour rendre hommage au pays où a été inventé le football (tel que Standard, Racing), ou un nom latin ou étranger (comme la Juventus de Turin, le Velocitas Breda ou le Vitesse Arnhem – cf article #111). Les références mythologiques eurent aussi le vent en poupe, les dieux étant porteurs de certaines valeurs. Ainsi, aux Pays-Bas, naquirent en 1882 le Hercule Utrecht, en 1888 le Sparta Rotterdam, en 1894 Achille Assen, RFC Xerxes en 1904, KSV Achilles ’12 en 1912, Achille ’29 en 1929 et Fortuna’54 en 1954. Cette mode n’était pas propre aux Pays-Bas. Evidemment les clubs grecs et chypriotes y souscrivirent (Apollon Smyrnis, Apollon Kalamaria, Aris Salonique, Iraklis Salonique, Apollon Limassol) mais également dans le reste de l’Europe (Hercules Alicante en Espagne, Atalanta Bergame en Italie, Fortuna Düsseldorf en Allemagne, Sparta Prague en Tchéquie, Spartans en Ecosse). Les 3 fondateurs de l’Ajax, encore de jeunes étudiants d’un Hogereburgerschool (école d’enseignement secondaire) du centre d’Amsterdam, prirent en référence ce héros grec qu’ils avaient dû apprendre dans une leçon de mythologie. Ajax symbolisait le courage et l’audace, valeurs que les fondateurs souhaitèrent probablement défendre et infuser dans leur équipe. Toutefois, quand ils décidèrent de prendre ce nom, il existait déjà aux Pays-Bas un club dénommé Ajax, Ajax Sportman Combinatie, fondé le 1 juin 1892 à Oegstgeest, près de Leiden. Les fondateurs de l’Ajax Amsterdam demandèrent l’accord d’utiliser le nom du héros grec au club d’Oegstgeest. La direction de ce dernier accepta sous réserve de revoir le point au bout de 99 ans. Cet accord fut formalisé et déposé à la fédération néerlandaise. Mais, quand l’échéance se rapprocha, l’Ajax Sportman Combinatie se renseigna auprès de la fédération qui répondit que l’acte original de cette accord avait été perdu. Fin heureuse pour le club de la capitale dont le nom ne pourra pas être remis en cause.

#914 – Excelsior Rotterdam : Oud-Papier-Club

Le club des vieux papiers. Ecrasé par Feyenoord, la ville de Rotterdam compte tout de même d’autres clubs de football dont l’Excelsior qui est même une association historique. Excelsior fut fondée le 23 juillet 1902 sous le nom de Rotterdam Football and Athletics Association Excelsior par un groupe d’amis du quartier de Kralingen-Crooswijk. Il était le premier club hollandais de la classe ouvrière et fut longtemps un partenaire du Feyenoord (échanges de joueurs, prêts d’infrastructure et soutien financier), au point d’en être officiellement un club satellite pendant près de 20 ans (1997 à 2015). Même s’il vit dans l’ombre de Feyenoord, Excelsior fut un percusseur dans le domaine financier. Dans les années 1950, lorsque la fédération néerlandaise refusait d’autoriser la rémunération des footballeurs, le président de l’Excelsior, Henk Zon, prit les rênes du mouvement qui mit la pression et permit l’introduction du professionnalisme en 1954. 20 ans plus tard, Excelsior était le premier club à afficher un sponsor maillot de façon dissimulée puisque cela n’était pas licite. En effet, le club apposa un « A » sur le maillot de l’équipe. Cette lettre signifiait soit-disant qu’il s’agissait de l’équipe A (ie l’équipe première), mais en réalité il faisait la publicité de la marque japonaise Akai.

Malgré ces développements, Excelsior était un petit club aux moyens financiers limités et devaient faire preuve d’imagination pour boucler son budget. Cette politique était personnifiée pendant un quart de siècle (de 1952 à 1977) par son président Henk Zon. L’histoire raconte qu’après chaque discours, Henk Zon sortait son chapeau melon pour collecter de l’argent et tout le monde donnait. En outre, en tant que dirigeant de la fédération néerlandaise, il accompagnait régulièrement l’équipe nationale. Après le banquet, il se levait, chantait la chanson du club et récoltait des fonds auprès des participants. Mais son action la plus médiatisée concernait la collecte de vieux papiers. À l’aide d’une vieille camionnette, un groupe de bénévoles partait chaque semaine collecter de vieux papiers. Ces derniers étaient vendus à des usines de recyclage et cela rapportait à Excelsior des milliers de florins. Excelsior transformait donc des vieux papiers en billet de banque. Le président Henk Zon participait souvent personnellement à ses tournées. Une fois, Henk Zon était tombé sur une adresse où des vieux journaux étaient empilés jusqu’au plafond. Il se tourna vers les bénévoles en riant et déclara « Bel Jaap Bontenbal, we kunnen Cruijff kopen ! » (Appelle Jaap Bontenbal [vice-président du club], nous pouvons acheter Cruijff !). Cette politique menée pour des considérations économiques rejoint aujourd’hui les enjeux environnementaux et le club poursuit donc la collecte de vieux papiers. Des conteneurs sont placés sur le parking du stade pour récupérer cet « or » blanc.

#861 – HFC Haarlem : Klein Haarlem

Le petit Haarlem. Ce club, disparu en 2010, a toujours suscité mon intérêt bien qu’il n’ait jamais été un grand club du championnat néerlandais. Son palmarès compte tout de même un championnat en 1946 et deux coupes nationales (en 1902 et 1912). En outre, longtemps club partenaire du grand Ajax, il avait su former des joueurs mythiques tels que le flamboyant Ruud Gullit, Arthur Numan, John Metgod et Stanley Menzo. Johnny Rep y finit sa carrière. Toutefois, ma curiosité se porta principalement sur le nom de la ville, Haarlem, qui faisait penser immédiatement au gospel, aux afro-américains, au quartier insalubre et dangereux dans les années 1970-1980 mais de l’autre côté de l’Atlantique. Evidemment, l’homonymie du quartier de New-York avec la ville voisine d’Amsterdam n’est pas le fruit du hasard. Il faut simplement se rappeler que Big Apple se dénommait au départ La Nouvelle-Amsterdam. En effet, la baie de New York fut découverte par l’explorateur anglais Henry Hudson, qui travaillait alors pour la Compagnie néerlandaise des Indes orientales. En 1624, la région passa officiellement sous l’étandard néerlandais. En 1658, le hollandais Pieter Stuyvesant, directeur général de Nouvelle-Néerlande (ie les terres néerlandaises en Amérique) fonda le campement de Nieuw Haarlem (la Nouvelle-Haarlem) sur l’île de Manhattan qui devint plus tard le quartier de Harlem dans la ville de New York. En 1664, la région fut conquise par les anglais qui changèrent le nom en New York, en l’honneur de Jacques, duc d’York et frère du roi anglais Charles II. Pour la petite histoire, un village sud-africain se nomme aussi Haarlem en l’honneur de la commune néerlandaise (là-aussi c’est assez logique vue que les hollandais avaient colonisé l’Afrique du Sud).

Revenons au club de football. Les habitants de la ville d’Haarlem furent assez réceptifs aux jeunes sirènes des nouvelles pratiques britanniques (cricket, rugby, football). Le 15 septembre 1879, la première association sportive fut fondée à Haarlem sous le nom de Haarlemsche Football Club (HFC) et ses membres pratiquaient le football-rugby. Les débats sont assez nombreux pour confirmer ou infirmer que ce club est la plus ancienne association de football des Pays-Bas. En tout cas, il était sans aucun doute l’un des précurseurs. HFC existe toujours et a même reçu la désignation « Royal » pour son 80ème anniversaire, devenant ainsi le Koninklijke HFC. Le 1er octobre 1889, une autre association vit le jour dans la ville, dénommée HFC Haarlem, avec Daan Santhagens et Piet Charbon comme respectivement premier capitaine et président. Koninklijke HFC était le club doyen et dominant de la ville et même l’un des principaux du jeune championnat national, remportant le titre en 1890, 1893 et 1895 (ainsi que vice-champion en 1889 et 1894). Naturellement, il reçut le surnom de Groot Haarlem (Grand Haarlem). Par opposition, le nouveau club émergeant de HFC Haarlem hérita du surnom de Klein Haarlem (Petit Haarlem). En 1892, le HFC Haarlem obtint l’autorisation du commandant de la garnison de Haarlem de jouer sur un terrain de la caserne. Immédiatement, de nombreux officiers vinrent garnir les rangs du club qui prit donc de l’importance. Au point que s’opéra une bascule entre les deux clubs. Entre 1896 et 1898, HFC Haarlem remporta plusieurs derby face au Koninklijke HF (par 5 buts à 0 ou 4 buts à 1 le 4 décembre 1898 selon certaines sources). Puis, le HFC Haarlem accéda au championnat national lors de la saison 1898-1899 et termina régulièrement devant le Koninklijke HFC au classement. Le HFC Haarlem ne vivait alors plus dans l’ombre de son rival et le surnom de Klein Haarlem devint désuet, au profit d’un autre qui fera l’objet d’une autre histoire.