#790 – Genoa CFC : il Vecchio Balordo

Vieux fou. Le terme fait parfois débat car il semble désobligeant pour l’équipe ligurienne. Pourtant, ce surnom est largement répandu parmi les supporteurs génois et il s’agit du terme affectueux donné par le célèbre Gianni Brera à son bien-aimé club. Journaliste pour « La Gazzetta dello Sport » , « Il Guerin Sportivo » , « La Repubblica » et plusieurs autres publications, Brera couvrit le calcio pendant de nombreuses années et se distingua par son style épique. Surtout, il n’hésita pas à créer de nouveaux mots qui marquèrent le vocabulaire footbalistique italien comme international (tels que libero, catenaccio, goleador …). Ses néologismes ont même fait l’objet d’un mémoire de fin d’études. Il est considéré comme le journaliste sportif italien le plus influent du XXème siècle. Outre son amour des mots, il était également un fan du Genoa et déclarait « Quando il Genoa già praticava il football gli altri si accorgevano di avere i piedi solo quando gli dolevano » (Quand Genoa jouait déjà au football, les autres réalisaient qu’ils avaient des pieds que lorsqu’ils avaient mal). Brera était un brin nostalogique de l’âge héroïque du football italien quand le Génoa remporta 9 championnats entre 1898 et 1924. Il possédait notamment l’original de la charte de constitution du Genoa. Evidemment pour décrire son club de coeur, il ne pouvait le faire qu’avec une image riche et il le qualifia de vecchio balordo. Au travers de ces mots, qui ne se voulaient pas offensants ni pour le club, ni pour ses supporteurs, Brera faisait mouche et décrivait le club comme « strampalato, inaffidabile vecchio balordo » (vieux fou bizarre et peu fiable). Gênes, dont l’étymologie changea au Moyen-Âge pour la lier au dieu romain Janus, protecteur des portes et ayant deux visages, présente également deux faces : l’une tournée vers la mer, l’autre vers les montagnes environnantes. Cette dychotomie donna une réputation à la cité d’être un peu étrange, incertaine. Ce vieux fou relevait donc cette caractéristique de la ville mais aussi l’imprévisibilité de son équipe de football. Car, tout au long de son histoire, le Genoa pouvait alterner football champagne et football moche. Une équipe capable d’exploits impossibles puis de s’effondrer incroyablement face à un club modeste. C’était notamment le cas dans les années 1970 quand le club fréquentait la Serie C.