#785 – Crusaders FC : the Crues

Diminutif tiré du nom du club qui signifie les croisés. Le club de football des Crusaders fut fondé en 1898 dans la région de Skegoneill au nord de Belfast. La première réunion des fondateurs se tint au 182 North Queen Street. Le nom du club n’est pas associé à la région ou au quartier où il naquit. Pourtant, lors de la cette fameuse réunion, différents noms furent étudiés, et comme souvent avec les clubs irlandais, les propositions se rattachaient au nom des rues du quartier tels que Rowan Star, Cultra United (Cultra street), Mervue Wanderers (Mervue street), Moyola et Queen’s Rovers (North Queen street). Même la rue Lilliput Street inspira les membres et donna l’idée de Lilliputians. Cette proposition n’était pas ironique car les liliputiens, terme inventé par Jonathan Swift dans son roman « Les Voyages de Gulliver », sont une fierté pour les habitants de Belfast. La ville est flanquée au nord (non loin du quartier des Crusaders) par une série de collines, dont Divis Mountain, Black Mountain et Cavehill. La légende raconte qu’elles inspirèrent Jonathan Swift pour ce fameux livre. En effet, lorsque Swift vivait à Lilliput Cottage, il voyait dans les contours de Cavehill la forme d’un géant endormi protégeant la ville.

Toutefois, tout ceci apparut trop local, en particulier pour l’un des principaux membres fondateurs, Thomas Palmer, qui voulait un nom qui aurait un prestige internationale. Sa suggestion fut donc de faire référence aux fameux chevaliers chrétiens qui menèrent les croisades au Moyen Âge face aux musulmans en Terre Sainte. En 1095, le pape Urbain II, lors du concile de Clermont, encouragea les chrétiens à aller libérer Jérusalem, alors sous domination d’une tribu musulmane turcique. Ces chevaliers arboraient sur leurs vêtements une croix cousue, rappelant la croix de Saint George, et qui donna leur nom au XIIIème siècle.

#784 – Arminia Bielefeld : die Arminen

Surnom directement tiré du nom du club. Le club fut fondé en 1905 et, pour comprendre son nom, il faut se replonger dans l’Allemagne de cette époque. Depuis le milieu du XIXème siècle, la marche vers l’unification de l’Allemagne était inéluctable. Le processus s’acheva avec la proclamation de l’Empire Allemand le 18 janvier 1871 dans la galerie des Glaces du château de Versailles, avec Guillaume Ier de Prusse à sa tête. Une trentaine d’année plus tard, cet Etat était encore jeune et son nationalisme encore fort, surtout que la construction de l’Empire se faisait par confrontation avec les deux grands empires de l’époque, la Grande-Bretagne et la France. Le sport était alors un moyen pour la jeunesse d’exprimer leur amour de la patrie. Résultat, les fondateurs attribuaient à leurs associations sportives un nom qui rappellait l’Allemagne, la Prusse (l’Etat qui dominait l’Empire Allemand) ou alors ses origines ancestrales. Ainsi naquit les clubs Borussia (Prusse en latin), Preussen, Alemania ou Germania (cf. article #648).

Avant la fondation de l’Arminia, Bielefied comptait déjà une association qui se nommait Teutonia (en référence au peuple barbare et germanique). La ville avait également un autre club, Cheruskia, qui mettait en avant la tribu germanique des Chérusques. Ceci inspira certainement donc les fondateurs d’Arminia. En effet, Emil Schröder, un des 3 fondateurs, était également président d’une association de danse qui partageait le bar local avec le club Cheruskia. Résultat, ils décidèrent de nommer leur club en référence au chef de guerre de la tribu des Chérusques, Arminius. Premier avantage : son ancrage local. Arminius infligea une défaite cuisante à l’Empire romain en 9 après J.-C. à la bataille de Teutobourg. Elle se tint dans la forêt de Teutberg, où se trouve en lisière la ville de Bielefield. Second avantage : son aura nationale. Arminius fut longtemps oublié par les allemands jusqu’au XVIIIème siècle où son histoire commença à trouver une raisonnance avec le mouvement romantique. Issu d’une famille chérusque puissante, il fut éduqué à Rome et revint dans son pays au sein des troupes romaines. Mais, il fut en quelque sorte un agent double car il commença à chercher à fédérer plusieurs tribus germaniques pour repousser les romains, ce qu’il parvint avec la victoire de Teutobourg. Cette dernière mit un terme à toute tentative d’expansion de l’Empire au-delà du Rhin. Au XIXème siècle, dans ce jeune Etat multiethnique se cherchant une identité commune, le chef tribal, fédérateur de différents peuples germaniques, devint un héro allemand, un stimulateur du sentiment national, en lui offrant des racines anciennes. En 1875, l’imposante statue d’Arminius (plus de 50 mètres de hauteur), le Hermannsdenkmal, fut érigé dans la célèbre forêt de Teutobourg. Elle faisait écho à la statue française de Vercingétorix à Alesia.

A Berlin, une histoire similaire se produisit quelques années auparavent (en 1891). Un club de gymnastique fut nommé Arminia car il y avait déjà un club dénommé Cheruscia dans le quartier de Charlottenburg.