#875 – 1. FC Slovácko : Synot

Le terme n’est pas traduisible car ce n’est pas un nom commun. Il s’agit du nom de l’entreprise, ancien sponsor du club. L’adversaire de l’OGC Nice en Ligue Europa Conference est un club à la fois ancien et récent. En effet, techniquement, le 1. FC Slovácko naquit en 2000 par la fusion de deux entités : FC Synot Staré Město (fondé en 1927, représentant la vieille ville d’Uherské Hradiště) et FC Synot Slovácká Slavia Uherské Hradiště (fondé en 1894, certainement l’un des premiers clubs de la ville d’Uherské Hradiště). Ces deux clubs partageaient une partie de leur nom, Synot, qui était en fait leur sponsor principal, la société Synot. Créée en 1991 à Uherské Hradiště par l’entrepreneur Ivo Valenta, Synot est une entreprise tchèque présent dans plus de 30 pays et employant environ 3 000 personnes. Son activité se concentre sur les jeux d’argent, en ligne ou non. Ce groupe s’est rapidement développé dans d’autres domaines, tels que la distribution des véhicules BMW, le tourisme, l’immobilier, les médias ainsi que les services informatiques. Actif dans les paris sportifs, le groupe se tourna naturellement vers le sponsoring des clubs d’Uherské Hradiště. En 1994, il prit le contrôle du SFK Staré Město qui devint le FC Synot Staré Město. Vers la même époque, l’autre club, le Slovácká Slavia Uherské Hradiště fut également repris par une entreprise, TIC (Trade Investment Consulting). Mais, rencontrant elle-même des difficultés financières, TIC dut abandonné le club. Une autre compagnie, Joko, prit la relève en 1995, après les deux ans de TIC. Mais, elle ne réussit pas plus à stabiliser financièrement le club, qui connut une relégation en 1997. En 1999, Synot intervint alors dans le club de Slovácká Slavia, celui-ci intégrant le nom de l’entreprise.

Voulant faire de la ville, une des places incontournables du football tchèque, Synot décida de fusionner les deux institutions en 2000. Le nouveau club prit le nom de son sponsor-actionnaire, 1. FC Synot. L’entreprise et son dirigeant avait l’ambition de se battre pour les premières places dans l’élite tchèque, afin de participer aux compétitions européennes. Dès la fusion, le club retrouva sa place en première division et il termina pour sa première saison à la 11ème place, gagnant sa participation à la prochaine Coupe Intertoto. En octobre 2003, un nouveau stade fut construit d’une capacité de 8 121 places, remplaçant la petite enceinte obsolète de Širůch dans la vieille ville. Jusqu’en 2004, la progression fut constante pour atteindre une 5ème place lors de la saison 2003-2004. Toutefois, cette année fut fatale pour le soutien de Synot et le football tchèque, éclaboussés par des affaires de corruption.

En avril 2004, le directeur sportif du Synot, Jaroslav Hastík, fut arrêté dans une station-service près de Vyškov en possession de 175 000 couronnes tchèques (6 500 euros de l’époque) et en compagnie de l’arbitre Stanislav Hruška. Ecoute téléphonique à l’appuie, l’enquête de la police conclut à une tentative de corruption. D’autres actes furent également découverts par la police. L’arbitre Václav Zejda fut acheté par Jaroslav Hastík (à hauteur de 120 000 couronnes tchèques) pour influencer le match Chmel Blšany-Synot. Un autre arbitre, Eduard Cichý, avait manipulé le match Synot-Teplice contre 200 000 couronnes slovaques (Cichý faisait parti d’un échange entre les ligues tchèques et slovaques). L’implication du président de Synot, Ivo Valenta, dans cette politique de corruption fut également démontrée par les enquêteurs pour au moins deux matchs Zlín–Synot et Synot–Sparta. Cette affaire révéla un système de corruption beaucoup plus large au sein du football tchèque. En effet, au delà de Synot, d’autres clubs de l’élite (FK Teplice, FK Jablonec, Sparta Prague, Slovan Liberec, SFC Opava, HFK Olomouc et Viktoria Žižkov) avaient également soudoyé des arbitres. Des clubs de deuxième division furent également impliqués. Pour Synot, cela se termina par des sanctions plutôt clémentes. La commission de discipline de la ligue décida de ne pas reléguer le FC Synot et de lui infliger une amende de seulement 500 000 couronnes tchèques (18 000 euros) et une perte de 12 points pour le championnat 2004-2005. La direction du club de Synot démissionna, son actionnaire vendit le club et proclama qu’il ne financerait à l’avenir plus aucune activité sportive. Le club changea de nom en 1. FC Slovácko pour effacer toute trace du nom honni. Même si le club fut le plus impliqué dans cette affaire, les supporteurs n’en gardèrent pas de rancœur et continuent de surnommer le club, Synot.

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