#903 – Cosenza Calcio : Lupi della Sila

Les loups de la Sila. L’équipe calabraise a pris pour symbole et donc surnom l’un des animaux emblématiques de ses environs. Sur les 40 ans dernières années, l’écusson du club a évidemment évolué mais une tête de loup, généralement gueule ouverte, est demeurée une constante. L’origine de sa présence n’est pas à cherchée du côté des armes de la ville mais plutôt vers le plateau de la Sila. Ce dernier est un vaste plateau des Apennins calabrais, qui s’étend sur 150 000 hectares à travers les provinces de Cosenza, Crotone et Catanzaro. Paysage caractéristique de la région connu dans toute l’Italie, ce plateau accueille des lacs et de grandes forets de conifères et de feuillus et son sommet s’élève à 1 928 mètres. En hiver, recouvert de neige, son apparence approche des grandes étendues scandinaves. Considérée comme l’un des plus sauvages d’Italie, le territoire silane abrite une riche flore et faune. La faune est constituée des animaux typiques des régions des Apennins (cerf, chevreuil, sanglier, buse, chouette, épervier …). Mais, l’un des animaux emblèmes de la Sila est le loup des Apennins, qui habitent la région depuis longtemps, malgré les persécutions, la disparition de son habitat et la raréfaction de ses proies. Au bord de l’asphyxie dans les années 1970, la population de loups est désormais protégée par la loi et renforcée par quelques réintroductions. Aujourd’hui, il y a 3 meutes de loups recensées, composées de 3 à 4 individus chacune, pour un total d’environ 15 à 20 spécimens dans tout la Sila. Ils constituent aujourd’hui le principal prédateur des forêts calabraises. En 1997, le parc national du Sila fut créé sur 73 000 hectares et prit comme symbole le loup.

Pour le club, le loup s’est immiscé dans tous ses symboles. Ainsi, l’hymne historique de Cosenza est Lupi alè (Les loups, Allez), une chanson écrite en 1988 et interprétée par le chanteur de musique populaire Tonino Lombardi. Evidemment, depuis 2009, la mascotte de Cosenza est Denis, un loup, qui porte l’uniforme classique rouge et bleu. En 2013, pendant une courte période, avant les matchs à domicile, un chien-loup tchécoslovaque, avec une écharpe rouge et bleue autour du cou, faisait une apparition dans le virage sud du stade San Vito, occupé par les groupes d’ultras. Sa présence était considérée comme de bon augure.

#902 – PFK Beroe Stara Zagora : зелено, зелено-белите

Les verts, les vert et blanc. Le club s’affilie avec le premier club qui fut fondé dans la ville de Stara Zagora en 1916. Sa vie ne fut pas un long fleuve tranquille et les fusions et scissions furent multiples avant d’arriver en 1959 au club actuel. Outre le nom qui varia de nombreuses fois, les couleurs changèrent également. En 1916, le premier club réunissait deux équipes qui s’affrontaient. L’une des équipes portait un haut blanc et un short blanc, tandis que l’autre arborait une tenue intégralement noire. Parfois, pour accentuer la différence entre les deux équipes, les joueurs pouvaient placer des bandes de tissus colorées sur la poitrine ou le bras ou même des cravates. Mais l’élégance s’arrêtait là car certains se coiffaient de bonnets, non pas pour imiter les fameuses caps portés par les joueurs anglais, mais pour amortir le ballon lors de coups de tête. Entre 1951 et 1959, l’un des prédécesseurs de Beroe se nommait Udarnik et évoluait avec des maillots rouges et blancs à rayures horizontales, des shorts blancs et des chaussettes rouges. En 1960, Udarnik, devenu entre temps Botev après sa réunion avec Spartak et SKNA, fusionna une nouvelle fois avec le club du Lokomotiv de la ville pour donner naissance à Beroe, de l’ancien nom thrace de Stara Zagora. Les joueurs portaient alors un maillot blanc (avec Beroe écrit en bleu sur la poitrine), des shorts bleus et des chaussettes blanches. En 1963, la tenue vira au blanc intégral. L’année d’après le short devint rouge. En 1966, au rouge et au blanc, une troisième couleur vint se marier : le vert. En 1972, retour au blanc intégral mais les supporteurs étaient attachés au vert et les drapeaux de cette couleur flottaient dans les travées du stade. En 1973, le tricolor revint et la combinaison était alors, chemises vertes, shorts blancs et chaussettes rouges. Enfin, en 1976, fin des essais de couleurs, le club opta définitivement pour le vert et le blanc. Si le vert s’imposa finalement assez tardivement, la couleur est totalement indissociable du club aujourd’hui. Mais pourquoi le vert ?

Sans qu’il n’y ait une explication documentée, ce choix n’est pas anodin et provient certainement de la ville, dont c’est également la couleur. Le blason actuel remonte à 1979 où le vert est l’une des couleurs principales. Elle est censée représenter la vie et la mort ainsi que l’espoir et le bonheur. Elle est surtout le symbole des champs fertiles qui entourent la ville. En effet, Stara Zagora est le centre de la riche région agricole de Zagore, célèbre pour sa culture du blé mais également de diverses céréales et de raisins. Avant 1979, le vert était déjà présent dans le blason mais moins prédominant. Cette couleur est totalement attachée à la ville dont les transports en commun, le mobilier urbain, le journal de la ville s’affichent en vert. A la fin des années 2010, alors qu’un projet de réhabilitation de la gare ferroviaire de la ville était à l’étude, plusieurs associations des citoyens militèrent pour que sa façade soit peinte en verte (et non en jaune, couleur des chemins de fer bulgare NKŽI).

#901 – Caïman de Douala : Bana Ba Ngando

Les enfants des caïmans, en langue douala. Les origines sont confuses mais, selon le club, il aurait été fondé vers 1927, sous le nom de Lune de Douala. Le club est celui de la communauté akwa de l’ethnie douala, peuple vivant au Cameroun, autour de la ville de Douala. Dans cette cité, la Lune coexistait avec le club du Léopard, fondé vers 1924, et l’Oryx Club, créé en 1927. Toutefois, une rivalité forte naquit entre la Lune et les Léopards. Dans les années 1960 ou 1970, la Lune perdit une rencontre face aux Léopards. Ce fut la défaite de trop pour les dirigeants qui prirent plusieurs décisions. La première fut de recruter des joueurs au-delà du quartier akwa et de puiser dans le réservoir de Yaoundé ou des autres villes du littoral. L’autre mesure était d’abandonner le nom du club, Lune. En effet, face aux Léopards qui pouvaient inspirer la peur car leur emblème était un félin, le symbole de la Lune pouvait paraître fade et la direction estimait qu’il fallait que les adversaires pensent que l’équipe de la Lune puisait sa force dans un animal mystique. Or, la communauté akwa vouait un culte à l’eau, ce qui avait des années auparavant introduit la tradition de baignade nocturnes des joueurs dans le fleuve Wouri (fleuve dont l’estuaire est situé à Douala) pour y trouver force et courage avant les matchs. Résultat, le caïman apparaissait comme l’emblème le plus légitime.

Une autre légende accompagne le club. En effet, l’expression « Caïman à 6 h » est souvent utilisée. Près de l’enceintre du club, aujourd’hui stade Mbappè Leppé, se trouve la cathédrale St Pierre et St Paul de Bonadibong. A six heures le matin et à six heures le soir, les cloches de l’église sonnent. Lorsque le club jouait un match en fin de journée et était mené au score, les supporteurs tendaient l’oreille vers 18h. Dès que les cloches résonnaient, le public explosait et se mettait alors à chanter. Ses chants et musiques transcendaient les joueurs des caïmans sur le terrain qui parvenaient alors à renverser le sens du match. L’effet psychologique était important sur les adversaires puisque cette légende les tétanisait à l’approche de l’heure fatidique.

#900 – CA River Plate : la Banda, la Banda Roja

La bande, la bande rouge. Possédant l’un des plus beaux palmarès (si ce n’est pas le plus beau) d’Argentine, le CA River Plate est connu dans le monde entier pour sa rivalité avec Boca Junior mais surtout pour son célèbre maillot blanc barré d’une bande diagonale de couleur rouge. Cette particularité que peu de club au monde affiche remonte aux premières années du club. Tout d’abord notons cette anecdote « amusante » . Le club fut créé par la fusion de deux entités rivales, La Rosales, qui s’appelait auparavant Juventud Boquense, et Santa Rosa, toutes deux issues du quartier de La Boca. Ce dernier, proche du centre de Buenos Aires et près du port, vit aussi la naissance de son rival de Boca Junior et où se situe encore son stade de La Bombonera.

River Plate naquit le 25 mai 1901, date hautement symbolique puisqu’elle marquait le 91ème anniversaire de l’indépendance de Buenos Aires et de sa région de la domination espagnole. Pour le choix du nom, les présidents de chacun des deux clubs s’étaient accordés qu’il fallait l’angliciser, afin de se rattacher à la patrie créatrice du football. Livio Ratto, le président de Santa Rosa, proposa Club Atlético Forward, les qualités d’attaque étant celles souvent appréciées. Pedro Martínez, son homologue de La Rosales, préférait Club Atlético River Plate. Ce nom lui vint suite à une visite du port où il vit des caisses qui étaient marqués « River Plate », anglicisation approximative de Río de la Plata, le fleuve et embouchure qui berce la capital argentine et dans lequel son port mouille.

Pour le maillot, la couleur blanche fut choisie, sans autre artifice. Finalement, à la fin 1904, la diagonale rouge fut cousue sur le maillot uni blanc par Catalina Salvarezza, la mère de Luis et Enrique Salvarezza, membre fondateur du CA River Plate. Lors du carnaval, cinq jeunes garçons remarquèrent à l’arrière du char Los habitantes del Infierno (les habitants de l’enfer) un ruban de soie rouge pendre. Ils le subtilisèrent mais avec l’objectif de rajouter un détail de couleur à la chemise de River Plate. Leur proposition fut adoptée. C’est ainsi que ce célèbre maillot est né.

Evidemment au côté de cette version certainement romancée existe des versions plus rationnelles. Les couleurs blanches et rouges rappelleraient celles de la ville italienne de Gênes. En effet, cette dernière hisse pour bannière la croix de Saint Georges (croix rouge sur fond blanc). Or, le quartier de La Boca abritait une grande population d’immigrés italiens qui pour beaucoup venaient de Gênes. D’ailleurs, parmi les fondateurs du club se trouvaient principalement des personnes originaires d’Italie (mais aussi une minorité de créoles et des enfants ou petits-enfants d’immigrés britanniques). Autre explication possible. La bande rouge pourrait figurer le Río de la Plata. En tout cas, ce changement intervint au moment où le club commença à se structurer et les joueurs à pratiquer le football au-delà du loisir. En effet, en 1905, le président du club, Leopoldo Bard, inscrivit River Plate à l’Association argentine de football, avec pour but de participer aux compétitions officielles.

En 1909, River Plate et d’autres clubs firent secession de la fédération pour créer un nouveau championnat. A la même époque, le club changea de maillot suite à l’absorption de Club Nacional de Floresta. « Envahi » par l’arrivée des joueurs de ce club, les membres originaux de River tels que Bernardo Messina et Enrique Zanni eurent peurs de perdre leur identité et résistèrent en concédant quelques changements à leur maillot (mais en conservant le rouge et le blanc). Ainsi, la chemise devint composée de rayures verticales blanches et rouges, encadré de noires. Ceci dura jusqu’en 1932, au même moment où le football argentin passa au professionnalisme. Depuis, la diagonale rouge ne quitta plus le maillot de River Plate. En 1986, le président Hugo Santilli décida d’ajouter un lion sur le maillot du club et de supprimer la bande rouge uniquement dans le dos des joueurs. Cette décision déclencha la fureur des supporteurs. Toutefois, le club entama une période riche en trophée avec une Copa Libertadores (1986), un titre de champion d’Argentine (1986), une Coupe Intercontinentale (1986) et une Copa Interamericana (1987). Mais, en 1989, le nouveau président, Alfredo Davicce revint au maillot classique. Certes, le club remporta plusieurs titres nationaux mais connut une disette internationale pendant 10 ans.

#899 – Maritzburg United FC : the Team of Choice

L’équipe du choix. Le surnom de ce club sud-africain provient directement du slogan de sa ville de résidence, Pietermaritzburg. Fondée en 1838 par des colons néerlandophones qui migraient depuis le Cap vers l’intérieur du pays (les Voortrekker), cette municipalité est la seconde de la province du KwaZulu, anciennement mieux connue sous le nom de Natal. Ayant le nom en zoulou d’umGungundlovu, elle est populairement appelé Maritzburg en afrikaans. La ville devint rapidement un centre important politique et économique. D’abord capitale de l’éphémère République Boer. elle fut le siège de l’administration de la colonie du Natal après la reprise en main par la Grande-Bretagne en 1843. Puis, la ville se développa et l’industrie textile fut l’un des pans économiques les plus riches. Les autres secteurs sont la production d’aluminium, de bois et de produits laitiers. Elle bénéficie d’une couverture de transport intéressante : à seulement 45 minutes de route de Durban, le port le plus fréquenté d’Afrique, à une heure de route du nouvel aéroport King Shaka et à une heure de vol de l’aéroport internationale de Johannesburg . La ville possède aussi des infrastructures d’enseignement de qualité, telles que l’Université du Natal, fondée en 1910. Ainsi, la cité connut de longues périodes de prospérité, qui donnait de nombreuses possibilités aux habitants. L’apartheid fut même moins dur que dans d’autres régions du pays et les communautés blanches et noire semblaient vivre harmonieusement. L’Université était une voix majeure dans la lutte contre l’apartheid et fut l’une des premières du pays à dispenser un enseignement aux étudiants africains. Ainsi, la ville décida de se surnommer la ville du choix. Mais, cette vision semble appartenir au passé. Dans les années 1990, la concurrence à bas coût asiatique tua le secteur textile local. En outre, la mauvaise gestion de la ville entraina la déficience des services municipaux et la plaça plusieurs fois sous la coupe d’un administrateur.

#898 – RC Strasbourg : les Bleu et Blanc

Dans les travées du vieux mais bouillonnant Stade de la Meinau, retentissent souvent les champs des supporteurs du Racing dont l’un d’eux est « Allez les bleu et blanc ». Mais, alors que les couleurs traditionnelles de l’Alsace comme de Strasbourg (et de nombreuses villes alsaciennes comme Mulhouse et Selestat) sont le rouge et le blanc, pourquoi ces deux couleurs ont été choisis pour le club ? En 1906, dans le quartier du Neudorf, quelques jeunes du quartier soutenus par leur instituteur fondèrent le FC Neudorf. FC signifiait Fussball Club, soit Football Club en Allemand. Car, depuis la défaite française et le traité de Francfort du 10 mai 1871, l’Alsace-Moselle (et non Lorraine car Nancy par exemple demeura française. Ainsi les territoires perdues correspondaient aux départements actuels du Bas-Rhin, Haut-Rhin et Moselle) intégra le territoire du tout nouveau Empire Allemand. Evidemment les autorités allemandes imposèrent la germanisation de la région alors dénommée Reichsland Elsaß-Lothringen (émigration de population allemande, utilisation et apprentissage de l’Allemand à l’école, organisations juridiques, administratives et économiques basées sur le modèle allemand qui perdurent encore aujourd’hui). 1918, la France avec ses alliés sortit victorieuse de la Première Guerre Mondiale face aux allemands. Après 48 ans de séparation, les « provinces perdues » retrouvèrent le chemin de la France. Les deux tiers des 150 000 Allemands vivant dans la région retraversèrent le Rhin et l’administration française appliqua une politique de francisation systématique. Renaissant de ses cendres, le FC Neudorf s’inscrivit dans cet élan francophile. En janvier 1919, une nouvelle direction fut élue, où seuls les membres possédant un titre français (et non allemand) pouvaient postuler. La décision fut prise également de changer de nom et de s’appeler RC Strasbourg-Neudorf puis peu après simplement Racing Club de Strasbourg. Retenir un terme anglais « Racing » en pleine francisation, cela pourrait paraître incongru. En réalité, les membres s’inspirèrent du nom du prestigieux Racing Club de France. C’était à la fois un club reconnu, qui avait remporté le championnat de France USFSA en 1906 (année de création du FC Neudorf), et qui en outre s’appelait France. Le symbole était donc parfait pour les strasbourgeois. Outre le nom, la direction du RC Strasbourg décida d’adopter les couleurs du RCF, ie bleu et blanc. Sachant que le bleu du RCF est plutôt ciel, celui du RCS varia dans le temps, passant d’un bleu clair au bleu roi. Toutefois, cette histoire pourrait être fausse pour ce qui concerne les couleurs. Car certains avancent que dès la saison 1916, les joueurs du FC Neudorf portaient des maillots blancs avec une rayure horizontale bleue.

#897 – Atlético San Francisco : los Brujos

Les sorciers. Fondé en 1966, le club réside dans la ville de San Francisco del Rincón, qui est connue comme la capital du sombrero et de la chaussure de sport. Mais, la ville a aussi la réputation d’être un lieu propice aux sorciers et magiciens. Selon le folklore, la plante nommée, cebollines, une sorte d’oignon ou ciboulette locale, qui pousse en abondance dans la région serait la preuve de la présence de personnes ayant des dons pour faire de la sorcellerie. Au delà de ce folklore, il existe également une vieille histoire de sorcières. En 1846, deux femmes du quartier de la Cebolleta étaient accusés d’avoir réalisé des actes de sorcellerie. En effet, au cours de sa tournée dans la commune, un garde jetait un coup d’œil dans la maison d’un de ses anciens amis par la serrure de la porte. Il surprit alors deux femmes (dénommées Antonia Lomeña et Jacinta Parra) qui pratiquaient un rituel de sorcellerie. Selon les dires du garde, pendant qu’une des femmes répétait le nom du garde accompagné de quelques imprécations, l’autre femme tenait un chat, entourée de bougies allumées et faisait des signes cabalistiques. Pour le garde, cela ne faisait pas de doute qu’il était visé par ce sortilège et en conséquence, il courut chez le maire Don José Atanasio Guerrero pour rapporter les faits et s’en plaindre. Le maire fit appréhender les deux femmes qui furent condamnées au bucher. La peine devait être exécutée sur la place de San Francisco, qui était le nouveau lieu du marché qui se déroulait jusqu’à cette date à Purísima. L’histoire du sort déjoué et de la capture réalisée se répandit rapidement dans la petite communauté rurale de San Francisco, qui était avide de ragots pour pimenter leur vie de labeur. Ainsi, le jour de l’execution qui correspondait également à l’inauguration du nouveau marché, de nombreux habitants se rendirent sur la place pour assister au bucher. Toutefois, l’execution fut reportée au dimanche suivant. Ce report encouragea les commérages et attisa la curiosité. Ainsi, le dimanche suivant, la fréquentation de la place du marché augmenta mais de nouveau l’execution fut annulée pour la remettre en 8. Enfin, le troisième dimanche après l’annonce, alors qu’une véritable foule parcourait le marché de San Francisco, l’execution fut définitivement annulée et remplacée par une « simple parade » des deux sorcières, portant des accessoires distinctifs de leur magie (des poupées, des chapelets, des bougies, des plumes de dinde …).

Article réalisé avec le concours de Eduardo Ramirez (du Mexique).

#896 – CD Atlético Huila : los Opitas

Gentilé des habitants de la ville de Neiva et du département de Huila, bien connu des colombiens, le terme est intraduisible. Le club de l’Atlético Huila, qui réside à Neiva, représente ce département et reprit à sa création tous ces symboles, notamment ses couleurs jaune et vert. En 1990, les autorités locales se désolaient de ne pas posséder une équipe professionnelle dans la région. Ainsi, avec le support du gouverneur du département (Jorge Eduardo Gechem) et du maire de la ville de Neiva (Luis Alberto Díaz), le club fut fondé le 29 novembre 1990. Outre les couleurs, le surnom opita s’imposa immédiatement tellement le terme est identifié aux habitants de cette région. Dans le jargon local, pour saluer une personne, les gens de la région disent opa, ce qui donna le terme opita.

Ce mot opa n’apparut pas par magie ou par simple appréciation positive de sa sonorité. Son origine serait liée au sentiment rebelle patriotique qui habite les gens de cette région. En effet, depuis leurs créations, Neiva et le département de Huila participèrent à de nombreux soulèvements et mouvements indépendantistes. En 1777, arriva dans la colonie espagnole de Vice-royauté de Nouvelle-Grenade (qui regroupait les territoires de Colombie, Équateur, Panama et Venezuela) le visitador-régent Juan Francisco Gutiérrez de Piñeres dont l’objectif était de mettre en place les mesures décidées par le Roi d’Espagne Charles III. Ainsi, il créa ou augmenta des taxes (sur le sel, le tabac, les jeux de cartes, les textiles de coton), rationnalisa et améliora leur collecte par des méthodes arbitraires et violentes et renforça les procédures et contrôles administratifs sur la circulation des marchandises. L’ensemble des mesures parurent insupportables aux créoles (les colons espagnoles). En 1781, ces derniers, habitants de la ville de Socorro, initièrent une insurrection dont les rebelles étaient connus sous le nom de comuneros. Neiva, qui manifestait déjà son mécontentement face aux impôts en 1772, emboita rapidement le pas de cette révolte. Réunissant une armée de 20 000 hommes, les rebelles obtinrent l’abolition de ces mesures.

Au début du XIXème siècle, Neiva fut l’un des foyers principaux de l’indépendance du pays. L’invasion et l’occupation par les troupes napoléoniennes de l’Espagne en 1807 et 1808 affaiblit le pouvoir royal. Ces évènements encouragèrent les colonies d’Amérique latine à se soulever et réclamer leur indépendance. Le 8 février 1814, la province de Neiva déclara son indépendance. Puis, réunissant autour d’elle les villes de La Plata, Timaná et Purificación, Neiva proclama la Constitution de l’État libre de Neiva le 23 septembre 1814. Toutefois, en 1816, les armées espagnoles reprirent le contrôle de l’ensemble des territoires qui avaient déclaré leur indépendance de la couronne, dont Neiva. Reprise en main de courte durée car dès 1818, Simón Bolívar et Francisco de Paula Santander fédérèrent les différents mouvements patriotiques qui finirent par aboutir entre 1820 et 1823 à l’indépendance des colonies d’Amérique latine. Neiva fournit de nombreux indépendantistes au troupe de Bolívar tandis que d’autres habitants faisaient office d’espions et de coursiers. Pour coordonner l’ensemble de ces initiatives, la Organización Patriótica fut fondée clandestinement à Neiva et le nom de l’organisation secrète fut abrégée en Opa. Selon le livre « Relatos y Opiniones » de Guillermo Falla, après les guerres d’indépendance, le mot continua à être utilisé avec fierté comme salutation et les plus jeunes enfants étaient appelés opita.

#895 – CCDFA Arturo Fernández Vial : los Aurinegros

Les ors et noirs. Si le club de Concepción fut fondé le 15 juin 1903, il trouve ses origines dans une première association du nom de Club Deportivo Ferroviario Internacional (ou International FC selon d’autres sources) né en décembre 1897. Ce premier club regroupait les cheminots de la société nationale Ferrocarriles del Estado. Comme dans beaucoup de pays, en particulier en Amérique du Sud, les chemins de fer furent un vecteur du développement du football. D’une part, la masse des ouvriers constituait un vivier important. D’autre part, le réseau ferroviaire s’étoffa avec le soutien des experts en la matière, les britanniques. Nombre d’ingénieurs et de cheminots venant d’outre-manche émigrèrent dans les contrées sud-américaines et emmenèrent avec eux leur savoir-faire et leurs nouveaux loisirs tels que le football. Ainsi, le Club Deportivo Ferroviario Internacional naquit dans cet environnement (où les lignes ferroviaires se construisaient dans la région) et quelques années plus tard laissa sa place au CCDFA Arturo Fernández Vial (dont le F signifie Ferroviario).

Dans la tradition du monde ferroviaire sud-américain, le club retint comme couleurs le jaune et le noir. Pourquoi ? Il s’agit de rendre hommage à l’une des premières locomotives à vapeur, the Rocket (la fusée). Construite en 1829, elle fut conçue par l’ingénieur anglais George Stephenson, considéré comme l’un des « pères fondateurs » du chemin de fer à vapeur. Elle combinait plusieurs innovations de précédentes locomotives pour donner la machine la plus avancée de son époque et qui demeura la base de la plupart des moteurs à vapeur au cours des 150 années suivantes. Remportant le concours du Rainhill Trials, cette locomotive traînait treize tonnes à presque 25 km/h et pouvait atteindre la vitesse record de 56 km/h (sans charge). Elle fut exploitée sur la nouvelle ligne Liverpool-Manchester et sa fiabilité et ses performances aidèrent à l’expansion du chemin de fer. Stephenson choisit de peindre sa locomotive en jaune et noir. Il se serait inspiré des diligences les plus rapides de l’époque qui affichaient ces couleurs et ainsi il pensait suggérer vitesse et fiabilité.

Les surnoms máquina aurinegra et el Auri sont également utilisés.

#894 – CA San Lorenzo : los Matadores

Les tueurs. Pour un club né sous le patronage d’un prêtre salaisien, ce surnom n’apparaît pas digne des préceptes du Christ. Mais, évidemment, ici point de mort réel, ni de joueurs sanguinaires. Il met en valeur l’exploit de l’équipe de 1968, qui proposa en outre un style élégant et efficace. Cette année-là (et jusqu’en 1985), le championnat argentin se jouait lors de deux tournois. D’un côté, le championnat dénommé Metropolitano qui représentait véritablement la première division argentine, avec des clubs directement affiliés à la fédération nationale (AFA). De l’autre, un tournoi supplémentaire, appelé le Nacional, auquel participaient également des équipes de certains championnats régionaux. En 1968, le Metropolitano se composait de deux poules de 11 équipes, avec un système de play-off pour déterminer le champion. CA San Lorenzo se présentait pour cette saison avec une équipe de joueurs talentueux (le gardien Carlos « Batman » Buttice, le défenseur uruguayen Sergio Villar recruté pour 10 millions de pesos, les défenseurs Antonio Rosl, Oscar Calics et Rafael Albrecht, les milieux Alberto Rendo, Victorio Cocco et Carlos Toti Veglio), renforcés par des jeunes loups formés au club (Roberto Telch, Pedro González, Rodolfo Fisher, Narciso Doval). L’entraineur brésilien Elba de Padua Lima fut le chef d’orchestre qui réussit à polir ces pièces pour réaliser la future performance parfaite.

Pendant la phase de poule, San Lorenzo réalisa une campagne exceptionnelle. Sur 22 matchs, l’équipe en remporta 14 pour 8 nuls, marqua 45 buts et n’en encaissa que 10 (réussissant à conserver sa cage inviolée pendant 13 matchs). Avec un tel parcours, San Lorenzo termina logiquement à la première place avec 12 points d’avance sur le second, Estudiantes. En demi-finale, le club affronta River et la remporta 3 buts à 1 devant plus de 50 000 spectateurs. La finale se joua contre Estudiantes le 4 août au stade Monumental. Le match fut âpre et démarra de la meilleure des manières pour Estudiantes qui marqua deux minutes après le début de la seconde mi-temps, grâce à un but de Verón. Toti Veglio égalisa pour San Lorenzo une vingtaine de minutes plus tard. Il fallait jouer des prolongations pendant lesquelles Fischer réussit le but de la victoire définitive de San Lorenzo. C’était le 8ème titre de champion d’Argentine du club. Surtout, depuis la création du professionnalisme, en 1931, aucun champion n’avait été couronné en étant invaincu. Cette équipe de San Lorenzo fut donc la première à devenir championne sans défaite, en produisant un jeu élégant, démoralisant les équipes adverses. Un véritable rouleau compresseur qui apparaissait comme un tueur.

Dans la foulée, avec cette équipe, San Lorenzo connut une période dorée en remportant 3 nouveaux championnats. Elle fut même la première à réaliser le doublé MetropolitanoNacional en 1972.