#941 – Arsenal : the Invincibles

Les invincibles. Vous ne rêvez pas depuis quelques mois. Arsenal est bien en tête de la Premier League et apparaît désormais comme un prétendant sérieux au titre suprême. Cela faisait bien des années que l’équipe du Nord de Londres n’avait pas lutté face aux cadors des Manchester, de Liverpool et de Chelsea. Il y a 20 ans en arrière, alors dirigé par le flegmatique Arsène Wenger, Arsenal constituait pourtant une des équipes majeures de l’élite anglaise et remportait son dernier titre de champion en 2004, au terme d’une saison incroyable et dont la formation demeure connu sous le surnom des Invincibles.

Entre le 7 mai 2003 et le 16 octobre 2004, cette équipe enchaina 49 matchs sans défaite en championnat (avec 36 victoires et 13 matchs nuls). Cet exploit, Arsène Wenger, en avait déjà rêvé la saison précédente. A la recherche de la perfection, le manager français annonçait déjà la couleur dans la presse anglaise en Septembre 2002 « Arsenal can go unbeaten all season […] It’s not impossible as A.C. Milan once did it but I can’t see why it’s so shocking to say it. Do you think Manchester United, Liverpool or Chelsea don’t dream that as well? They’re exactly the same. They just don’t say it because they’re scared to look ridiculous, but nobody is ridiculous in this job as we know anything can happen. » (Arsenal peut être invaincu toute une saison […] Ce n’est pas impossible comme l’AC Milan l’a fait une fois (ndlr : saison 1991-1992, Milan remporta la Série A avec 0 défaites), mais je ne vois pas pourquoi c’est si choquant de le dire. Pensez-vous que Manchester United, Liverpool ou Chelsea n’en rêvent pas aussi ? Ils sont exactement les mêmes. Ils ne le disent pas parce qu’ils ont peur d’avoir l’air ridicule, mais personne n’est ridicule dans ce travail car nous savons que tout peut arriver). Néanmoins, pour l’exercice 2002-2003, Arsenal échoua dans la conquête du titre face à Manchester United et enregistrait 6 défaites. Les deux derniers matchs de la saison se soldèrent par deux victoires faciles (6-1 face à Southampton et 4-0 face à Sunderland) qui allaient en appeler d’autres. A l’aube du nouvel exercice, la concurrence se renforça. Le Chelsea, tout juste racheté par le milliardaire russe Abramovich, commença ses transferts records avec 120 millions d’euros investis sur Makelele, Verón, Duff, Crespo, Joe Cole et Mutu. A l’inverse, Manchester United misa sur une jeunesse dorée (Cristiano Ronaldo, Saha, Alan Smith, Djemba-Djemba, Bellion et Howard). Arsenal ajusta sa formation avec l’intégration de Lehmann, Reyes, Clichy, van Persie et Fàbregas tandis que Vieira et Pires prolongeaient leur aventure londonienne. Si l’inusable David Seaman qui approchait des 40 ans et avait joué 13 saisons pour le club, le quitta, l’équipe comptait encore dans ses rangs des piliers comme son capitaine Patrick Vieira, Martin Keown, Robert Pires, Freddie Ljungberg, Dennis Bergkamp, Ray Parlour, Sol Campbell et surtout la star de l’attaque, Thierry Henry.

Arsenal débuta la campagne avec style, enregistrant quatre victoires et un nul. Mais, dès le 21 Septembre 2003, la saison à peine commencée, Arsenal se déplaçait chez son rival de Manchester United. Ce fut le moment clé, peut-être le déclic que l’exploit était possible. Dominé tout au long du match, diminué par l’expulsion de Vieira 10 minutes avant la fin du match, Arsenal connut la chance du futur champion puisque Ruud van Nistelrooy vit son pénalty s’écraser sur la barre transversale à la dernière minute de la rencontre. Arsenal repartit avec le point du match nul et enchaîna les victoires par la suite (battant au passage Liverpool et Chelsea). Cette équipe était faite d’acier et rien ne semblait les empêcher d’être champion, réussissant des matchs accomplis et des victoires mémorables. Le 9 avril 2004, alors mené à domicile 2 buts à 1 par Liverpool, Henry et Pires renversèrent la vapeur en seconde période pour l’emporter 4 buts à 2. Arsenal conquit mathématiquement le titre lors du derby face à Tottenham. Certes, il se conclut par le score de 2 buts partout mais pour les fans d’Arsenal, ce nul eut une saveur particulière puisque l’équipe était sacrée sur le terrain de leur ennemie de Tottenham. Après ce gain, la formation ne se relâcha pas et finit le travail en restant invaincue sur les 4 derniers matchs de la saison. Pourtant, elle faillit gâcher la fête lors de la dernière échéance. Alors que les joueurs londoniens affrontaient Leicester City, déjà relégué en Championship, ce dernier était devant à la mi-temps. Néanmoins, Arsenal se réveilla lors de la seconde période et finit par l’emporter grâce à ses français Henry et Vieira. Arsenal parvenait alors à égaliser l’exploit réalisé en 1888-1889 par Preston North End d’être invaincu lors d’une saison complète de championnat (seulement Preston n’avait disputé que 22 matchs contre 38 pour Arsenal). Les gunners finirent meilleure attaque (73 buts) et meilleure défense (26 buts encaissés). Thierry Henry fut consacré meilleur buteur avec 30 goals, premier joueur d’Arsenal à atteindre ce chiffre depuis les 33 buts de Ronnie Rooke lors de l’exercice 1947-1948. Les reconnaissances individuels tombèrent également. Arsène Wenger reçut les titres de Manager de l’année par l’association des managers et par la ligue. Thierry Henry récupéra les 3 titres de meilleurs joueurs de la Premier League décernés respectivement par les journalistes, les fans et les joueurs. 6 joueurs d’Arsenal (Lauren, Ashley Cole, Sol Campbell, Patrick Vieira, Robert Pires, Thierry Henry) finirent dans l’équipe type. Enfin, le titre d’équipe la plus fair-play comme le titre des meilleurs fans échurent également à l’équipe londonienne.

Puis, le 22 août 2004, lors de la saison suivante, le record de Nottingham Forest de 42 matchs sans défaite qui durait depuis 26 ans, tomba après une victoire difficile contre Middlesbrough, à Highbury. En effet, l’équipe combla un déficit de 3-1 en marquant 3 buts en 10 minutes puis le dernier but à la dernière minute (score finale de 5-3). L’exploit ne s’arrêta pas là puisque les gunners remportèrent 6 nouveaux matchs et enregistrèrent un match nul. Toute belle histoire a une fin et celle d’Arsenal s’arrêta face à son eternal rival de United. Le 24 octobre 2004, Manchester battait Arsenal 2 buts à 0 dans son antre d’Old Trafford. La barre s’arrêta donc ce mythique chiffre de 49 matchs sans défaite.

Lors de cette magnifique saison 2003-2004, Arsenal ne snoba pas les autres compétitions. Certes, il ne les remporta pas mais son parcours fut plus qu’honorable. Ces campagnes permirent aussi de rassurer ses rivaux anglais qui purent enfin les battre. En FA Cup, Arsenal fut éliminé en demi-finale par Manchester United. En Ligue des Champions, ce fut au tour de Chelsea de mettre fin aux espoirs d’Arsenal en quart de finale. En Coupe de la Ligue, le parcours s’arrêta en demi-finale face à Middlesbrough.

Dans le livre d’Amy Lawrence, « Invicible », Arsène Wenger déclarait « C’est douloureux pour moi de regarder en arrière, car je suis toujours énormément focalisé sur le fait d’aller vers l’avant. C’était l’un de mes rêves, finir champion en étant invaincu. Et je veux encore le faire. ».