#956 – Bologne FC : Rossoblù

Les rouge et bleu. En Italie, prendre ses couleurs comme surnom est une tradition commune. Club plus que centenaire, Bologne ne pouvait échapper à cette pratique. Dans la brasserie Ronzani située dans l’ancienne rue Via Spaderie, un groupe de jeunes étudiants créèrent la section per le esercitazioni di sport in campo aperto (pour la pratique du sport en plein air) du Circolo Turistico Bolognese en 1909. Un an plus tôt, un autrichien prénommé Emilio Arnstein, qui venait d’arriver à Bologne, recherchait des amateurs pour pratiquer sa passion du football. Il rejoignit un groupe d’étudiants qui jouait dans la parc Prati di Caprara. Parmi eux, on retrouvait les frères Gradi, Martelli, Puntoni, Nanni, le suisse Rauch ainsi que des étudiants du Collège d’Espagne, Rivas et Antonio Bernabéu (ni plus ni moins que le frère du futur célèbre président du Real Madrid, Santiago Bernabéu). Lors de cette réunion dans la brasserie, Louis Rauch, dentiste de profession, fut nommé premier président du club. Le premier vice-président était Arrigo Gradi, qui était l’un des meilleurs joueurs sur le terrain. Or, quand il jouait dans le parc Prati di Caprara, il portait un maillot composé de 2 quartiers bleus et 2 rouges, couleurs d’un collège suisse qui se serait nommé Schönberg à Rossbach et où il étudia. J’utilise le conditionnel car s’il existe bien des communes de ce nom dans le monde, aucune ne se situe en Suisse. Le choix fut donc fait de retenir ces couleurs comme celles de l’équipe.

Si ces couleurs provenaient donc d’un collège suisse, elles présentaient aussi l’avantage d’être celles du blason de la ville. Le premier symbole de la ville qui compose son écusson est la croix rouge sur fond blanc. Cette croix fut documentée pour la première fois en 1259 et apparut en couleur en 1311. Les origines, comme souvent, sont confuses et plusieurs versions s’affrontent. Une prétend que cette croix est la bannière des croisées derrière laquelle les chevaliers de Bologne s’étaient ralliées et avaient par la suite adressée à la ville. Une autre rapporte que la croix rouge sur fond blanc était le symbole de la Ligue Lombarde, une alliance militaire de certaines villes du nord de l’Italie du XIIème siècle, qui combattit le Saint Empire Romain Germanique. L’autre composante du blason de Bologne est un oriflamme bleu sur lequel est écrit Libertas en couleur or. Ce serait un don de Florence lors d’une autre alliance militaire face aux Etats Pontificaux. Les deux éléments ont été réunis au XVème siècle.

Une entorse importante mais historique fut faîte aux couleurs traditionnelles de l’équipe bolognaise. En 1925, lorsque l’équipe remporta son premier scudetto, l’entraineur de l’époque, Enrico Sabattini, décida pour les derniers matchs de faire porter un uniforme vert à parement noir, à l’image de celui du Rapid de Vienne. Dans les années 1920 et 1930, le Rapid était considéré comme l’une des meilleures équipes du continent, à l’époque où l’Autriche était parmi les nations dominantes du football européen. Si Bologne revint par la suite aux couleurs traditionnelles, le vert réapparut à différentes époques, en maillot alternatif.

#955 – Olympique de Béja : اللقالق

Les cigognes. Une belle cigogne s’envole sur le blason du club, que l’on retrouve également sur les armes de la ville de Béja. Par ailleurs, à l’entrée de la ville, en venant de Tunis, le visiteur ne peut pas éviter un important monument, représentant trois cigognes aux ailes entrelacées, gardant un épi de blé surmonté d’un grand nid. L’oiseau est le symbole de cette cité du nord-ouest de la Tunisie. Région verte, Béja était connu dès l’antiquité comme le grenier à blé de Rome en raison de l’abondance de ses cultures. Encore aujourd’hui, il s’agit de la région la plus fertile de Tunisie avec comme cultures principales, les céréales, la vigne et le sucre. En outre, la bonne pluviométrie en fait une zone naturellement irriguée, avec de nombreux mares, cours d’eau et oueds. Cet environnement est donc propice pour les oiseaux migrateurs tels que la cigogne afin de se reproduire. Au mois de février/mars, les males, en provenance d’Europe ou d’Afrique subsaharienne, construisent ou retrouvent leur nid à Béja et ses environs, suivis quelques semaines après par leurs females. Ils cherchent à faire leurs nids, à des fins de sécurité, en hauteur, sur les toits des bâtiments, des minarets ainsi que sur les poteaux électriques. Puis, ils s’accouplent (la female pond entre 2 et 5 oeufs) et élèvent leurs progénitures jusqu’à fin Septembre, moment où ils migrent de nouveau vers l’Europe ou l’Afrique subsaharienne. Les cultures et les cours d’eau de la région fournissent en abondance l’alimentation de cet oiseau carnivore (rongeurs, insectes, batraciens …).

Même si leur présence sur les poteaux électriques provoquent des pannes du réseau, les habitants de la région apprécient les cigognes. Ils sont connus localement sous le nom de Hajj Qassem ou Al-Balraj. La légende raconte que la cigogne était tout d’abord un homme pieux dénommé Hajj Qassem. Ce nom signifiait que lorsqu’il voyait des convois de pèlerins faisant le hajj, il les accompagnait et devenait intime avec eux. Faisant ses ablutions avec du lait, l’homme fut transformé par Dieu en cet oiseau aux plumes blanches et bouts noirs. Aujourd’hui, la population locale pense que l’absence de l’oiseau signifie qu’il s’agit de la période du hajj et que tous les oiseaux suivent les pèlerins. En revanche, les habitants de la région de Béja accueillent avec enthousiasme la venue des cigognes, qui est une message d’une bonne saison agricole. Plus basiquement, les cigognes sont un prédateur des nuisibles des cultures et les agriculteurs les protègent.

#954 – Atlante FC : los Potros de Hierro

Les poulains de fer. Avec plus de 100 ans d’histoire, Atlante fait parti des clubs historiques et populaires du football mexicain mais malheureusement depuis près de 10 ans, l’équipe évolue en seconde division. Le championnat national mexicain fut créé en 1943 et Atlante fit parti des 10 premiers invités et participants. Atlante n’attendit pas longtemps pour obtenir son premier titre (4ème édition – saison 1946-1947). Les saisons précédentes, Atlante avait déjà marqué les esprits (Champion de Mexico en 1940, vice-champion en 1941 et 1942 et vainqueur de la Coupe de Mexico en 1942). Surtout, au terme de la saison 1945-1946, l’équipe avait réalisé un incroyable record, encore d’actualité de nos jours. Les joueurs d’Atlante, dont la quintette d’attaquants composée d’Horacio Casarín, Rafael Meza, Martí Ventolrà, Mateo Nicolau et Ángel Segura, marquèrent 121 buts en 30 matchs. A l’exception d’un match face à Puebla, Atlante scora lors de tous ses matchs et termina la saison avec une moyenne incroyable de 4,03 buts par partie. Mais, sa faible défense (80 buts encaissés contre une moyenne de 50 pour ses proches rivaux pour le titre) anéantit tout ses rêves de couronne nationale.

La saison suivante, le Hongrois Luis Grocz reprit les rênes de l’équipe, et s’appuyant sur la même ossature parvint à les emmener à la consécration. Son départ fut quasi-parfait, avec 6 victoires sur les 7 premiers matchs et même 8 lors des 10 premières journées (les 2 autres matchs se soldèrent par des nuls). Lors du premier match, Atlante, qui affrontait à domicile la très réputée équipe de Puebla, scora 5 buts en 11 minutes. La saison s’annonçait tout autant offensive que la précédente. Mais ce qui intéressait le président du club, José Manuel Núñez, s’était la victoire finale et non les records. Ainsi, la saison fut moins prolifique en but mais le but initial fut atteint. L’équipe dut tout de même attendre les dernières journées pour remporter le championnat, dans un final devenu épique. A 8 journées de la fin, 3 équipes se disputaient le titre : Atlante, León et Veracruz. A ce stade, Atlante avait toujours occupé la première place sans la partager mais n’avait que 5 points d’avance sur ses 2 poursuivants. Pour ces derniers matchs, Veracruz devait rendre visite à Atlante et ce dernier devait affronter León dans son antre. Le 4 mai 1947, Atlante, leader et vice-champion la saison précédente, recevait Veracruz, 2ème au classement à 2 points du leader et champion en titre, dans une enceinte de 50 000 places, Olímpico de la Ciudad de los Deportes. L’année précédente, Veracruz était devenu champion en rossant Atlante dans son stade. Autant dire que la pression était grande. Atlante domina de la tête et des épaules le match et le remporta 5 buts à 1. Arriva la seconde finale pour l’attribution du titre : le match à León. Quelques jours avant le match, Oscar Flores, sous-secrétaire à l’élevage et chef du comité de campagne contre la fièvre aphteuse, suspendit sa tenue, en raison d’une épidémie de fièvre aphteuse dans la région de León. Après moultes tergiversations, la fédération, en accord avec les deux clubs, décida de délocaliser la rencontre à Mexico, à l’Olímpico de la Ciudad de los Deportes. En clair, Atlante allait jouer son match à l’extérieur à domicile. Le matin du 1er juin 1947, 48 622 personnes (record de l’époque), assistèrent à cette rencontre pour le titre (León était devancé de 3 points par Atlante). Comme il ne fallait qu’un point pour être champion, Atlanta joua pour ne pas perdre et le match se solda par un 0-0. La petite histoire raconte que le président d’Atlante, un proche du président Miguel Alemán Valdés, sut jouer de son influence pour diriger le match à Mexico et favoriser son équipe.

Au final, avec le meilleur joueur mexicain (Horacio Casarín) et les meilleurs étrangers du championnat, Atlante gagna son premier titre, lors d’une saison aboutie (18 victoires, 6 nuls et 4 défaites, 82 buts marqués pour 43 encaissés pour un total de 42 points en 28 matchs). Surtout, l’équipe sembla survoler les rencontres, démontrant une grande maîtrise et un jeu dynamique. Au point, qu’un reporter les surnomma les potros de hierro après avoir écrit « El Atlante juega y corren como potros desvocandose de atras hacia delante ademas de jugar aun mejor en campos llenos de lodo » (L’Atlante jouent et courent comme des poulains, se déplaçant d’arrière en avant et jouant encore mieux sur les terrains boueux).

Article réalisé avec le concours de Eduardo Ramirez (du Mexique).

#953 – FK Napredak Kruševac : Čarapani

Les chaussettes. Fondé le 8 décembre 1946, le club résulta de la fusion de Zakić, Badža et 14. Oktobar. Son nom, Napredak, signifie progrès en serbe. Voir du progrès dans les chaussettes paraît un peu étonnant. D’ailleurs, la ville de Kruševac n’est pas le berceau de la chaussette, la première apparition de cette dernière remontant à l’an 2000 av. J.-C. en Syrie. Cette histoire de chaussette est attachée à la ville et ce surnom est devenu le gentilé de ses habitants.

Après la bataille du Kosovo (1389), Kruševac devint la capitale de la Serbie gouvernée par la princesse Milica, puis par le despote Stefan, qui transféra en 1403 la capitale à Belgrade. La ville tomba aux mains de l’Empire Ottoman en 1427 après la mort du despote Stefan. Cette domination turque perdura jusqu’en 1833, après plusieurs soulèvements serbes à compter de 1804. Ce fut lors de cette première révolte pour l’indépendance que les habitants de Kruševac auraient gagné ce surnom. La défaite de la Sublime Porte dans la guerre austro-ottomane de 1788-1791 fit renaître la conscience nationaliste serbe et le Sultan Selim III dut concéder de nombreux droits aux élites locales. Mais, les nouvelles difficultés du Sultan face à Napoléon en Egypte conduisirent les troupes turcs (les janissaires) à réprimer les populations de l’Empire pour maîtriser les velléités indépendantistes. Face aux brimades des janissaires, les serbes menèrent un premier soulèvement qui se transforma en une guerre d’indépendance, s’étalant entre le 14 février 1804 et le 7 octobre 1813. En 1806, les insurgés de Kruševac devaient affronter les Turcs. Selon la légende, la nuit précédant la bataille, ces derniers tentèrent de surprendre les troupes ottomanes. Pour cela, il se faufilèrent près du camp militaire ottoman après avoir enlevé leurs chaussures pour ne pas faire de bruit. Leur courage et leur ruse leur permirent de tuer les soldats Turcs et de remporter la bataille. Comme les Serbes s’étaient présentés en chaussette au combat, ils furent surnommés ainsi. Il s’agit de la version la plus communément admise. Mais, certains racontent cette légende en la resituant à l’époque du Prince Lazar qui combattit l’Empire Ottoman en 1389. Voire ceux qui portaient les chaussettes n’étaient peut-être pas les Serbes mais plutôt les Turcs. En effet, surpris dans leur sommeil, les Ottomans auraient détalés à peine habillé en chaussette. Résultat, on ne peut pas affirmer avec certitude quand et comment les habitants de Kruševac sont devenus Čarapani.

Une autre version narre que le prince Lazar attribua un signe distinctif à ses chevaliers les plus braves et en qui il avait le plus confiance. Ainsi, en intégrant la garde personnelle du prince, ces chevaliers devaient porter des chaussettes rouges qui remontaient jusqu’aux genoux. Le port de ce vêtement était alors un honneur. Au Moyen Âge, la teinture rouge était rare et chère et donc les vêtements de cette couleur était peu répandue, sauf parmi les populations les plus aisées (nobles et riches marchands). Ils étaient même parfois strictement réservés aux membres de la famille du souverain. Ainsi, ces chaussettes ne passaient pas inaperçues parmi la population ou sur les champs de bataille. D’ailleurs, lors de la célèbre bataille du Kosovo en 1389, ces soldats se distinguèrent par leur bravoure. En se renseignant à leur sujet, les gens découvrirent que ces braves provenaient de la région de Kruševac. Or, leur signe si distinctif était suffisant pour leur valoir le surnom de Čarapani.

Enfin, ils existent encore d’autres histoires. Il se pourrait que depuis de nombreux siècles, la coutume veut que les hommes de Kruševac portent de longues chaussettes brodées. Révélant une certaine esthétique et soulignant le caractère unique de leur vêtement traditionnel, ces chaussettes sont devenues le principal symbole de l’ancienne capitale serbe.

#952 – Danubio FC : la Universidad del Fútbol Uruguayo

L’académie du football uruguayen. Un autre surnom équivalent est également utilisé, la cuna de crácks (le créateur de cracks). Ce slogan apparaît clairement en sous-titre du nom du club sur son site internet. Derrière les deux clubs dominants du football uruguayen, Peñarol et Nacional, Danubio est parvenu à se faire une petite place. D’une part par son palmarès. Depuis son apparition dans l’élite en 1948, le club ne connut que 3 saisons en seconde division. Il remporta également 4 titres de champion lors des saisons 1988, 2004, 2006-2007 et 2013-2014. D’ailleurs, il fut le dernier champion uruguayen autre que le Peñarol et le Nacional. D’autre part, Danubio est une véritable usine à champion. En effet, de ces rangs sortirent de nombreux grands joueurs et sa formation est reconnue dans tout le pays. Tout commença avec l’attaquant Carlos Romero qui fut formé à Danubio et y joua toute sa carrière (1947-1962). Il fit parti de l’équipe nationale championne du monde en 1950. Avec lui, Danubio pouvait également compter sur Raúl Bentancor. Il faut aussi citer Héctor « Lito » Silva, Lorenzo Carrabs, Sergio Santín, Eliseo Rivero, Javier Zeoli, Gustavo Dalto, Jadson Viera, Juan Pedro Ascery (qui réalisa une grande partie de sa carrière en France), Ignacio María González, Eber Moas et Pablo Lima Olid. Parmi les footballeurs plus récents, multiples capés de la sélection nationale, il y a les attaquants Marcelo Zalayeta, Ernesto Chevantón, Diego Perrone, Edgar Borges et Cristhian Stuani ainsi que le gardien Fabián Carini et les milieux Walter Gargano et Rubén Pereira. Des joueurs actuels ont également été formé par Danubio comme Cristian Marcelo González, Marcelo Saracchi, Camilo Mayada et José María Giménez. Tous sont des membres réguliers de la sélection nationale. Mais, surtout, 4 grandes stars récentes sont des pures produits de la formation danubienne : les attaquants Edinson Cavani, Diego Forlán (qui passa 3 saisons dans les équipes junior du club même s’il ne débuta pas dans l’équipe professionnelle), Rubén Sosa et Álvaro Recoba.

#951 – Elche CF : los Ilicitanos

Ce terme identifie tout ce qui concerne ou se rattache à la ville d’Elche. Il est même devenu le gentilé des habitants. Au cœur de la province d’Alicante, Elche se situe dans la communauté de langue valencienne, un dialecte dérivé du catalan. Les origines d’Elche remontent à 5 000 ans avant J.-C. à l’ époque néolithique, lorsque des premières communautés peuplèrent un site connu sous le nom de La Alcudia, au sud de l’emplacement actuel d’Elche. Au Vème siècle avant J.-C., le peuple ibère forma à cette emplacement une cité du nom d’Ilici, dénommée Helíkē par les grecs Claude Ptolémée et Diodore de Sicile. Il est probable que ces ibères aient assimilés des populations grecques illyriennes. Lors des guerres puniques, la région fut envahie par les troupes carthaginoises qui détruisirent la cité mais reconquise par la suite par les romains qui fondèrent alors une colonie vers 26 avant J.-C.. Cette dernière s’appela Colonia Iulia Ilici Augusta, reprenant alors la dénomination ibère. On retrouve cette dénomination dans le blason actuel de la ville. Sous la domination wisigoth, le nom d’Ilici commença à prendre diverses formes (Elici, Elice ou Elece), avec le remplacement du « i » par le « e ». Ce fut finalement à la fin du XIIIème siècle, sous la domination castillane du royaume de Murcie, que le nom actuel de la ville apparaît. Il fut institutionnalisée dans la documentation officielle en 1707. En valencien, le nom de la ville évolua entre Elch , Eltx, Elig ou Elx dès 1305 pour finalement se fixer sur Elx par décision du conseil municipal au XXème siècle. Le gentilé d’ilicitanos dérive donc du nom ibère puis latin de la cité.

Ce gentilé s’installa dans le langage commun au XIXème siècle dans un cas rare dans le pays valencien de connexion entre l’intelligentsia locale et le peuple. A cette époque, le valencien n’était pas encore codifié tout comme le nom de la ville qui hésitait entre plusieurs orthographes. Résultat, il n’était pas évident d’en déduire un gentilé. De l’autre côté, il n’était pas admissible pour l’intelligentsia pro-catalane de la ville comme pour la population locale d’avoir un gentilé à résonnance castillane. Le nom de la ville ibère et romaine semblait donc une solution intéressante pour fixer le gentilé en créant un lien historique fort. Cela donna donc ilicitano en castillan et il.licità en valencien.

#950 – Atlético Mineiro : Campeão do Gelo

Le champion de la glace. Le club est basé dans la ville de Belo Horizonte, dans l’Etat de Minas Gerais, qui bénéficie d’un climat tropical, avec des températures qui descendent rarement en dessous de 10°C. Donc, autant dire que la glace est une denrée rare si elle n’est pas industrielle. Le surnom remonte aux années 1950, à l’issue d’une tournée de l’équipe en Europe, principalement en Allemagne. En 1950, la fédération allemande (DFB) décida d’organiser des confrontations entre une équipe brésilienne et les principales équipes allemandes. Il faut se rappeler qu’à l’époque, les matchs internationaux entre clubs n’étaient pas légions en l’absence de coupes européennes ou intercontinentales. Ainsi, pour se jauger, les tournées constituaient une échelle. Les clubs de Rio de Janeiro et de São Paulo, qui dominaient le football brésilien, refusèrent l’invitation et le choix de la DFB se reporta sur le club du Minas Gerais qui avait également une belle équipe, qui venait de remporter deux fois de suite le championnat de Belo Horizonte. Cette dernière débarqua à Francfort le 27 octobre 1950 où elle fut accueillie chaleureusement par les médias allemands, puisqu’il s’agissait de la première tournée d’une équipe brésilienne sur le sol allemand. Le 1er novembre 1950, le premier match se déroula à Munich face à Munich 1860 et se solda par une première victoire 4 buts à 3 pour l’Atlético Mineiro. Elle enchaina avec une nouvelle victoire 4 buts à 0 face à Hambourg le 4 novembre. Le 5 novembre, l’Atlético se heurta au Werder Breme et s’inclina 3 buts à 1, la fatigue des déplacements et du match joué la veille ayant pénalisé les brésiliens. Après quelques jours de repos, le 12 novembre, Schalke 04 tomba face à l’Atlético (3 buts à 1). Ce match représentait les adieux de deux légendes du clubs allemands, Ernst Kuzorra et Fritz Szepan. Le 16 novembre, le club traversa la frontière pour affronter le Rapid Vienne devant 60 000 personnes. Composé d’une grande partie de l’équipe nationale autrichienne (dont Erich Probst et Ernst Happel), Vienne s’imposa 3 buts à 0. La tournée se poursuivit dans le protectorat de la Sarre où les brésiliens rencontrèrent le FC Saarbrücken. Le 20 novembre, l’Atlético gagna le match 2 buts à 0. 2 jours plus tard, les brésiliens affrontèrent les belges du RSC Anderlecht, double champion en titre du plat pays, et les vainquirent par 2 buts à 1. L’enchainement des matchs ainsi que les conditions climatiques hivernales commencèrent à épuiser les joueurs brésiliens. Le 26 novembre, retour en Allemagne, où l’Atlético fit match nul (3-3) face à l’Eintracht Braunschweig. Le 5 décembre, nouveau match nul sur le même score face aux luxembourgeois de l’Union Luxembourg. Enfin, la tournée européenne s’acheva au Parc des Princes face au Stade Français par une victoire 2 buts à 1. Deux autres matchs avaient été programmés face à Arsenal et à Lille mais, les brésiliens étant épuisés, ils durent être annulés.

Pour une des premières équipes brésiliennes à concourir sur le continent européen, le bilan du parcours de l’Atlético Mineiro ressortit plus que positif. L’Atlético disputa dix matches et en gagna 6, en perdit 2 et fit 2 matchs nuls, marquant 24 buts et en concédant 18. Après le drame de la finale perdue de la Coupe du Monde de 1950 (où le Brésil perdit face à l’Uruguay au Maracanã – évènement connu sous le nom de Maracanaço), ce magnifique parcours de l’Atlético Mineiro face à des équipes européennes redonna de la fierté aux fans brésiliens. Disputer dix matchs dans des pays et des villes différents, dans un calendrier restreint et par un temps défavorable, avec un résultat de six victoires constitua un exploit glorieux qui donna naissance à ce surnom de Campeão do Gelo. A son retour au Brésil, le club fut honoré par la fédération brésilienne au Maracanã, avant un match du championnat carioca.

#949 – CS Herediano : el Equipo Que Nació Grande

L’équipe qui naquit grande. Au Costa-Rica, 3 clubs de football dominent le football local : le Deportivo Saprissa, le LD Alajuelense et enfin le CS Herediano. Ce dernier a conquis en 100 ans 29 titres de champion du Costa-Rica, agrémenté d’une Ligue de la Concacaf en 2018. En 1918, une première tentative avait réuni les meilleurs joueurs des 5 clubs d’Heredia pour fonder une meilleure équipe et représenter ainsi la ville. Mais, il fallut attendre le 12 juin 1921 pour que plusieurs sportifs de la ville d’Heredia fondèrent officiellement le club du CS Herediano. A peine un mois plus tard, la fédération costaricienne de football naquit. Apparu vers 1876, le football se répandit rapidement dans le pays à la fin du XIXème siècle grace aux jeunes Costaricains ayant étudié en Angleterre et à l’arrivée d’entrepreneurs et d’ouvriers anglais qui travaillaient au développement des chemins de fer. Les premiers clubs de football virent le jour au début du XXème siècle et en raison de la croissance rapide de la pratique du football, la nécessité de créer un organisme centralisé pour diriger et organiser ce sport se fit sentir. Résultat, la fédération costaricienne de football fut fondée le 13 juillet 1921, sous le nom de Ligue nationale de football, par 7 clubs dont le CS Herediano. Parallèlement, la Ligue créa le premier tournoi national dont le vainqueur apparaissait comme le champion du pays. Or, l’année de sa création, le CS Herediano remporta le tournoi, en ayant remporté 10 matchs sur 12 (plus un nul et une défaite). Cette première campagne fut marqué par quelques succès retentissants comme une victoire 8 buts à 0 face au LD Alajuelense, un de ses futurs grands rivaux. Un an après ce triomphe mémorable, le CS Herediano doubla la mise, après avoir enregistré sept victoires, deux nuls et une défaite. Et après avoir laissé le titre au CS Cartaginés en 1923, le CS Herediano gagna une nouvelle fois en 1924. Le club d’Heredia naquit donc sous les meilleures auspices et avait donc tout d’un grand, en devenant champion l’année de sa naissance et en dominant la Ligue durant ses premières années d’existence. Ce succès originel constitua sa marque de fabrique et ce surnom est devenu le slogan du club.

#948 – FC Montana : Славата

La gloire. Le club a une longue histoire (on verra un peu plus loin que sa date de naissance exact est débattue mais en tout état de cause le club a au moins 75 ans) mais son palmarès ne parvient pas à expliquer son surnom. En effet, la vitrine des trophées demeure bien vide et les rares titres apparurent il y a moins d’une quinzaine d’année. On y trouve une simple finale de Coupe de Bulgarie lors de la saison 2015-2016 (face au CSKA Sofia) ainsi que des titres de champion de deuxième division (2008-2009 et 2014-2015). Ce n’est pas avec ce palmarès famélique qu’on se constitue une renommée de champion.

Le club affirme qu’il naquit le 20 mars 1921 par la fusion de plusieurs clubs et organisations sportives amateurs de la ville de Montana. Pour autant, le club comme d’autres sources rappellent que si le club provient bien de la fusion de plusieurs associations, cette opération se déroula plutôt après la seconde guerre mondiale. En 1946, 3 clubs de la ville, dénommés Ботев (Botev), Юнак (Yunak) et le Спартак (Spartak), fusionnèrent et créèrent ЮБС 45 (YBS 45 – Yunak-Botev-Spartak). Un an plus tard, le 20 mars 1947, le YBS 45 s’unit avec 3 autres organisations pour donner naissance au Христо Михайлов (Hristo Mihaïlov), du nom du militant qui dirigeait le parti communiste locale quand eut lieu l’insurrection du 23 septembre 1923 et qui mourut en 1944 après avoir dirigé l’armée populaire de libération des insurgés (НОВА). Choix de nom judicieux car, dans une Bulgarie désormais communiste, un héros révolutionnaire local était un élément fédérateur pour la population comme bien vu par les autorités. En outre, depuis 1945, les communistes bulgares avaient rebaptisé la ville du nom de Mihaïlovgrad (ville de Mihaïlov). À l’automne 1949, sous l’influence de la vie politique du pays, de nouvelles organisations virent le jour et finalement fusionnèrent avec Христо Михайлов pour un nouveau club dénommé Септември (Septembre). Le mois faisait référence au soulèvement de 1923 qui avait donc été mené à Montana par Hristo Mihaïlov. 4 ans plus tard, le nom fut de nouveau modifié avec l’ajout de слава (qui se prononce Slava et donna le terme Славата qui signifie gloire). Avec la fin du régime communiste au début des années 1990, un vent nouveau balaya tous les symboles passés. Dans le football bulgare, cela se traduisit par plusieurs changements dont la modification des noms des équipes qui avaient une connotation trop rouge. En 1990, Септември слава changea pour ФК Монтана (FC Montana), revenant au nom antique de la ville (Castra ad Montanesium), qui fut officialisé en 1993 (Mihaïlovgrad redevint Montana par décret présidentiel). Seulement, le nom слава était bien trop ancré dans la population pour qu’il disparaisse purement et simplement et ainsi il donna le surnom de l’équipe.

#947 – VfL Bochum : die Graue Maus

La souris grise. En allemand, l’expression graue maus caractérise une personne discrète, pudique, même un peu triste, généralement utilisée pour une femme. Dans le football, elle qualifie une équipe qui joue un football peu flamboyant (pour ne pas dire ennuyeux, sans ambition) et dont les résultats conduisent à évoluer dans le ventre mou du championnat. S’il s’agit d’une expression commune et utilisable pour toutes les équipes, elle est également aujourd’hui très attachée au club de football de Bochum, qui l’illustra dans les années 1970 et 1980.

Ville de la région industrielle de la Ruhr, qui compte près de 5 200 000 d’habitants concentrés sur plusieurs cités, le club de football de Bochum est coincé footballistiquement entre Dortmund, avec son Borussia, et Gelsenkirchen, et son Schalke 04. Difficile alors d’exister entre ces deux géants historiques du football allemand. Pourtant, entre 1971 et 1993, Bochum fut un membre sans discontinuité de l’élite allemande. Mais, cette présence ne se caractérisa pas des résultats étincelants. En effet, plus que d’évoluer dans le ventre mou du championnat, Bochum fleurta plusieurs fois avec la relégation. Le meilleur classement durant cette période fut une 8ème place en 1978-1979. Sur ces 22 saisons d’affilée en Bundesliga, Bochum conclut 15 fois son exercice dans la seconde partie du classement dont 10 fois au-delà de la 14ème place. A partir de la saison 1986-1987, le club ne connut que le bas du classement. En 1990, le VfL termina la saison à la 16ème place et fut donc contraint de joueur une confrontation de barrage face au 1.FC Sarrebruck. Bochum remporta le match aller à Sarrebruck grace à un penalty (victoire 1-0). Au retour, à domicile, Bochum fit seulement match nul (1-1). A force d’évoluer sur le fil du rasoir, Bochum chuta finalement lors de l’exercice 1992-1993, après avoir fréquenté la zone de relégation depuis la 9ème journée (et même la dernière place lors de 12 journées en cumulé). Durant ces 22 saisons, l’équilibre financier du club était également fragile et pour boucler son budget, le club se séparait de ses meilleurs éléments à l’intersaison. Sur le plan de jeu, son style n’était pas flamboyant mais il semble un peu sévère de le juger comme ennuyeux. En tout cas, ce débat anime les supporteurs du club et les journalistes. Certains avancent qu’à défaut de génie, les joueurs étaient tenaces sur le terrain et qu’ils pouvaient parfois titiller les « gros chats » du championnat. Pour d’autres, il était assommant de fréquenter les travées du Vonovia-Ruhrstadion.