Les aigles. Il s’agit de l’emblème du club qui s’affiche pleinement sur son écusson. Un autre surnom est d’ailleurs, Adlerträger, les porteurs d’aigles. Cette écusson n’a que très peu changé depuis la création du club en 1899. Et ce dernier s’inspire très largement des armes de la ville de Francfort, qui adopta l’aigle impérial du Saint-Empire romain germanique. À partir de 855, la ville de Francfort prit de l’importance puisque les Empereurs germaniques y furent nommés avant d’être couronnés à Aix-la-Chapelle. Au fil du temps, Francfort devint une des plus grandes villes du Saint-Empire romain germanique. En 1372, Francfort accéda au statut de Reichsstadt (ville impériale libre), c’est-à-dire directement subordonnée au Saint-Empereur romain et non à un souverain régional ou à un noble local. Ce fut à cette époque et pour marquer son statut que le Conseil de la ville reprit l’aigle royal couronné des sceaux de l’Empire.
Cette tradition de l’aigle sur les armes d’une ville impériale était largement diffusée au sein du Saint-Empire. Aujourd’hui, les villes d’Aix-la-Chapelle (Allemagne – ville impériale en 1166), de Besançon (France – ville impériale en 1290), Dortmund (Allemagne – ville impériale en 1236), Essen (Allemagne – ville impériale en 1377), Lübeck (Allemagne – ville impériale en 1226), Nimègue (Pays-Bas – ville impériale en 1230), Nördlingen (Allemagne – ville impériale en 1215) ou Reutlingen (Allemagne – ville impériale vers 1240) affichent sur leurs armoiries, généralement un aigle noir sur fond jaune. Ce symbolisme était directement tiré des armes du Saint-Empire romain germanique (d’or, à l’aigle déployé à bec de sable et membré de gueules). Le Saint-Empire était une sorte de confédération de plusieurs Etats et principautés mais n’a jamais constituait un Etat-Nation au sens moderne. Issu de la décomposition de l’Empire de Charlemagne après le traité de Verdun (843), cet ensemble débuta par la réunion de deux divisions de l’Empire carolingien au Xème siècle et s’étendait principalement sur une partie de l’Allemagne et de l’Italie actuelle (jusqu’au XIVème siècle). Ainsi, les dynasties qui régnèrent qualifièrent l’Etat de « Saint » (à compter de 1157) pour exprimer que son monarque était établi par la volonté de dieu et régnait par droit divin. Ensuite, le terme « Romain » apparu vers 1184 (et de façon constante à partir de 1254) établissait un lien direct entre l’ancien Empire Romain (disparu en 476) et le nouvel Etat (qui occupait des régions historiques de l’Empire Romain). D’ailleurs, le monarque du Saint-Empire était titré « Empereur des Romains ». Pour renforcer l’héritage, les armes du Saint-Empire reprit les attributs de Rome dont l’Aigle. L’oiseau à l’époque de l’Empire romain était le protecteur des légions sur le champ de bataille et, selon leur croyance, favorisait les victoires des Romains au combat. Il apparaissait sur l’étendard des légions (aquila). Dès l’antiquité grec, l’aigle, animal favori de Zeus, le Dieu de tous les Dieux, symbolisait la puissance, la victoire et la prospérité. Dans la mythologie romaine, il demeurait attaché au Dieu des Dieux, Jupiter, en étant son messager. Pour le Saint-Empire, les armes d’un aigle noir sur fond jaune devint attestées vers 1250, la « Chronica maiora », un livre historique du moine bénédictin anglais, Matthieu Paris, attribuant un Reichsadler (l’aigle impérial) à deux têtes à l’Empereur Otto IV. Ce symbole, le Reichsadler, a traversé les âges, en étant représenté sur les armes du Saint-Empire, l’Empire Allemand, la République de Weimar, le 3ème Reich et jusqu’à aujourd’hui, la République Fédérale Allemande.