#59 – Ascoli Calcio FC : Picchio

Picchio est le nom italien de l’oiseau pic (pivert). Selon la littérature romaine (Strabon, Pline l’ancien), les Sabins, peuple antique, fondèrent la ville d’Ascoli. Peut-être poussé par une famine ou un autre malheur, ce peuple, originaire de l’Osco-Umbri, fit une migration (ver sacrum ou printemps sacré) pour trouver des terres plus accueillantes. Dans cette quête dédiée à un dieu (principalement Mars, Jupiter ou Apollon), le peuple était guidé par un animal sacré (loup, taureau, aigle …). Le nom de cet animal servait à baptiser la nouvelle communauté ainsi formée. Ainsi les Sabins furent guider par un pic, oiseau consacré à Mars et qui représentait le roi Picus. Ce dernier se posa sur leur enseigne quand ils s’établirent pour fonder Asculum (l’ancêtre d’Ascoli). L’oiseau devint leur emblème. Les Sabins s’associèrent à d’autres population sur place pour donner naissance à un nouveau peuple, les Picènes, nom dérivant du pic. Quand à leur ville Asculum, pour la distinguer d’une homonyme, elle fut nommée Asculum Picénum, donnant le nom actuel de la ville, Ascoli Piceno.

#58 – Derry City FC : Candystripes

Les bonbons. Un doux surnom attaché au maillot rayé rouge et blanc qui rappelle des bonbons … Mais pourquoi ce maillot ? A sa fondation, le club opta pour le célèbre maillot bordeaux et bleu d’Aston Villa. Ses couleurs perdurèrent jusqu’en 1932, lorsque des maillots blancs avec des shorts noirs furent adoptés. Puis, en 1934, le maillot rayé actuel remplaça le blanc, en se basant sur ceux de Sheffield United, en hommage au joueur Billy Gillespie, originaire de la ville voisine de Donegal. 25 fois international irlandais, il joua pour Sheffield United de 1913 à 1932. A la fin de sa carrière à Sheffield, il rejoignit Derry City comme entraineur-joueur et sa renommée était telle que, deux ans après son arrivée, le club accéda à sa demande de changer les maillots du club.

#57 – Nacional Montevideo : Bolsilludos

Bolsilludos signifie petite poche. Le premier maillot, portée depuis la fondation du club en 1899 jusqu’en 1902, était rouge avec un col et une manche bleue. Le 24 mars 1902, l’équipe fut obligé de changer de tenue à la demande de la fédération car elle était trop similaire aux couleurs d’un autre club, Albion FC (mais également car le rouge des maillot s’estompa au fil de l’usage et qu’aucune autre tenue de qualité put être trouvée). Le nouvel uniforme fut une chemise blanche avec une poche, ce qui donna le surnom bolsilludos (ou bolsos – sac à main). Au bout de 4 ans, cette poche disparut des maillots mais l’image resta.

#56 – Botafogo FR : Estrela Solitária

Vous ne pouvez pas manquer l’Estrela Solitária (l’étoile solitaire) si vous supportez ou regardez Botafogo. L’Etoile blanche sur fond noir apparaît sur le blason du club et sur l’ensemble des symboles du club. C’est donc logiquement son surnom. Evidemment, pour trouver son origine, il faut lever les yeux vers le ciel.

Le 1er juillet 1894 un club d’aviron fut fondé sous le nom de Club de Regatas Botafogo. Puis, le 12 août 1904, un club de football vit le jour dans le même quartier sous le nom de Botafogo Football Club. Les deux clubs se réunissent le 8 décembre 1942. Le Club de Regatas Botafogo n’avait officiellement de blason mais l’étoile était son symbole depuis les débuts. Pour le nouveau club, l’étoile fut conservée.

Pourquoi, les rameurs décidèrent d’opter pour ce symbole. Le jour de la fondation du club, les créateurs auraient aperçu l’étoile du matin, la première étoile à apparaître dans le ciel. Pour d’autres, les rameurs qui venaient s’entrainer dans la baie de Botafogo admiraient souvent l’étoile du matin briller. De toute manière, quelque soit les personnes qui l’ont aperçu, l’étoile du matin n’en est pas une et est en fait la planète Vénus … connue sous le nom Estrela d’Alva (Etoile de l’Aube). En France, on parle plutôt de l’Etoile du Berger. En outre, elle apparaît parfois le matin et d’autre fois le soir, en fonction de sa position par rapport au Soleil et la Terre. Etant plus proche du Soleil avec une orbite plus courte que celle de la Terre, Vénus se trouve avant ou après la Terre, ce qui fait qu’elle est visible soit le matin, soit le soir. Vénus dépasse la terre tous les 584 jours, passant allant du matin au soir ou vice-versa. À l’œil nu, Vénus est le troisième objet naturel le plus brillant du ciel (après le Soleil et la Lune).

#55 – CA Independiente : El Rey de Copas

Le roi des coupes. Si on peut penser à la carte du jeu espagnol, Ronda, le club argentin hérita de ce surnom dans les années 70. Précisément, il le gagna le 29 août 1976, après avoir remporté la finale de la Copa Interamericana contre l’Atlético Español. Il s’agissait de son 10ème titre international. En effet, emmené par le duo Bochini-Bertoni, le club atteignit les sommets en remportant 4 Copa Libertadores (1972, 1973, 1974 et 1975), 3 Copa Interamericana (1973, 1974 et 1976) et 1 Coupe Intercontinentale (1973). L’exploit fut notamment de gagner 4 Copa Libertadores d’affilé, ce qu’aucun n’était parvenu à réaliser et que personne ne réédita depuis. Ce fut vraiment la era dorada (l’âge d’or) du club. Curieusement, si le club remporta de nombreuses coupes pendant cette période et qu’il fut surnommé le Roi des coupes, Independiente ne gagna jamais la Coupe d’Argentine. On peut avoir une coupe pleine sur le continent et vide au niveau national. Dans les années qui suivirent, Independiente ajouta à ce palmarès 3 autres Copas Libertadores (1964, 1965 et 1984), 2 Copa Sudamericana (2010 et 2017), 2 Supercopa Sudamericana (1994 et 1995), 1 Recopa Sudamericana (1995) et 1 Coupe Intercontinentale (1984). De même, il conquit d’autres trophées internationaux moins côtés ou plus anciens (et disparus) comme 1 Copa J.League-Sudamericana (2018 – confrontation entre clubs japonais et argentins) et 2 Copa Dr. Ricardo Aldao (1938 et 1939 où s’affrontaient des clubs argentins et uruguayens

En décembre 2016, les supporteurs du Real Madrid réalisèrent un tiffo pour le match contre Dortmund où figurait le titre de « Rey de Copas », pour faire référence aux 11 Ligues des Champions remportés (à l’époque). Bien entendu, cela fit sursauter les afiocionados d’Independiente. Mais, le titre est surtout contesté en Argentine par son rival de Boca Juniors. En effet, après les années dorées d’Independiente, Boca Juniors accumula de nombreux titres internationaux (3 Coupes Intercontinental (1977, 2000 et 2003), 6 Copa Libertadores (1977, 1978, 2000, 2001, 2003 et 2007), 2 Copa Sudamericana (2004 et 2005), 4 Recopa Sudamericana (1990, 2005, 2006 et 2008), 1 Supercopa Sudamericana (1989), 1 Copa Máster de Supercopa (1992) et 1 Copa de Oro Nicolás Leoz (1993)). 18 titres pour Boca contre 17 pour Independiente (22 contre 19 en comptabilisant de vieux trophées internationaux disparus). Ainsi, Boca Juniors est devenu pour certain le véritable Rey de Copas. Mais, je ne vous conseille pas d’avancer de tels arguments si vous vous trouvez à Avellaneda, le fief d’Independiente.

#54 – Manchester United : Red Devils

Les diables rouges. Le surnom mythique de cette équipe de légende est apparu tardivement, pour un club anglais créé en 1878, et résulte d’un « vol ». En effet, en face du stade de Old Trafford, de l’autre côté de l’Irwell, existait le stade du club de rugby à XIII, le Salford Rugby League Club, dont la couleur était le rouge. En 1934, le club de rugby réalisa une tournée en France où il laissa une forte impression. A tel point que les journalistes français les surnommèrent les Diables Rouges. Fier de cette comparaison, le club de rugby l’intégra dans son nom : Salford Red Devils Rugby League Club. Il fallut 20 ans pour que ce surnom traverse l’Irwell et que Matt Busby, le célèbre entraîneur mancunien, se l’accapare pour faire surnommer ses troupes. Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, l’entraineur écossais avait repris en main l’équipe de Manchester United et la mena sur la voie du succès. Sa jeune équipe (22 ans de moyenne d’age) qui l’avait complétement formatée fut surnommée Busby Babes (les enfants de Busby) par la presse. Mais, en 1958, Manchester United fut marqué par la catastrophe aérienne de Munich, où 23 personnes dont 8 joueurs du club perdirent la vie. Busby dut reconstruire l’équipe et chercha donc une nouvelle identité, le surnom de Busby Babes étant devenu un souvenir douloureux.

Ce surnom se maria bien à Manchester United qui évoluait en rouge. Or, cette couleur qui nous est traditionnelle aujourd’hui n’est pas la couleur originelle du club mancunien. Le prédécesseur de Manchester United était Newton Heath LYR, fondé en 1878 et renommé Newton Heath en 1892. Le premier maillot était blanc accompagné d’un cordon bleu et d’un short bleu marine. En 1881, les couleurs furent changées pour le vert et or. En 1887, nouvelle modification pour le rouge et blanc, avec un short bleu marine. 1893 retour de l’or et du vert, toujours avec un bas bleu marine. 1896 le club revint au premier maillot blanc. Enfin, lorsque le club se renomma Manchester United en 1902, il adopta le maillot rouge et le short blanc qui a perduré jusqu’à aujourd’hui. Il y eut tout de même quelques exceptions. Entre 1922 et 1927, Manchester garda les mêmes couleurs mais la tenue était intégralement blanche avec un scapulaire rouge. Durant quelques mois en 1934, le maillot était cerclé de bandes cerise et blanche.

Avec ce nouveau surnom de Red Devils, le club connut une période faste (5 championnats, 1 coupe national et surtout la coupe des clubs champions en 1968). Le diable tenant un trident s’imposa alors dans l’écusson du club en 1972. Le 27 Octobre 1975, le College of Arms, en charge au nom de la couronne britannique de toutes les questions d’héraldique, accorda à 5 clubs de la Premier League un insigne. Pour Manchester, le College décrivit ainsi ce nouvel insigne « A devil facing the sinister guardant supporting with both hands a trident gules » (Un diable tourné vers le sinistre gardien, soutenu des deux mains par un trident de gueules).

#53 – Rosenborg BK : Troillongan

Les enfants de Troll. Normal de se référer au Troll, un être de la mythologie nordique, incarnant les forces naturelles ou la magie, pour un club norvégien. Bien qu’il figure au panthéon du football norvégien, avec un des plus beaux palmarès national, le club mit du temps à y parvenir. Fondé en 1917, il passa d’abord près de 4 décennies dans les divisions régionales. Puis, l’histoire démarra lors de la saison 1959-1960. Rosenborg BK accèda enfin à la Hovedserien, la plus haute division nationale, et remporta également son premier trophée majeur, la Coupe de Norvège. C’est au cours de cette finale que le surnom naquit. Son gardien de l’époque, Sverre Fornes, était un enfant du pays et qui évoluait au club depuis 1948. Avant le premier des deux matches de la finale de la coupe contre Odd, il reçut un troll en poupée de la part d’un groupe de fans. Fornes l’accepta et l’accrocha dans ses filets du stade Ullevaal. Avec la victoire, on supposa que ce troll portait chance et on surnomma cette équipe composée de jeunes joueurs, les enfants de troll. Il est vrai que cette victoire marqua le début d’une première période dorée et fut la première pierre de son palmarès. Le choix de donner un troll n’est peut-être pas le fruit du hasard. En effet, la ville se situe à une centaine de kilomètres de la chaîne de montagnes dénommé Trollheimen, qui signifie la maison des trolls. Ce nom fut proposé pour la première fois par Håkon Løken et donné à la région par une association touristique locale dans les années 1880.

#52 – PSV Eindhoven : Lampen

Les lampes. Les joueurs du PSV sont-ils des lumières pour autant ? Non, ce surnom fait référence à l’entreprise qui favorisa la naissance du club : Philips. Philips est une société néerlandaise fondée en 1892 à Eindhoven qui commença son activité par la production des lampes à filament de carbone devenant au début du XXème siècle l’un des plus grands fabricants d’Europe. Son expansion rapide encouragea une forte immigration nationale à Eindhoven pour alimenter son usine. Mais, même si ces immigrés étaient néerlandais, les tensions existaient entre les différents communautés au sein de l’entreprise. En 1910, des employés de l’usine créèrent un club de football, sport naissant au sein des Pays-Bas, dénommé Philips Elftal. Mais, ses faiblesses financières ainsi que les grèves des ouvriers de Philips (notamment en 1911) entraînèrent la quasi-disparition de l’équipe. En 1913, avec le soutien des fondateurs de Philips, le club du Philips Sport Vereniging fut fondé par et pour les employés de Philips. Le reste de Philips Elftal intégra cette nouvelle structure, qui regroupait plusieurs sections sportives. Jusqu’en 1928, le club n’accueillait que des employés de Philips. Comme Philips était avant tout un fabricant d’ampoules, le premier écusson du PSV était une ampoule et son surnom fut naturellement Lampen.