#910 – CA Argentino Rosario : los Salaítos

Les petits salés. Honneur au nouveau champion du monde argentin. Son leader technique, Lionel Messi, et son jeune mais fédérateur sélectionneur, Lionel Scaloni, sont parvenus à venir à bout de la France après une finale qui restera dans les annales. Outre le fait de porter le même prénom, les deux ont une autre particularité : ils ont tous deux effectué leur apprentissage dans le club du Newell’s Old Boys. Pour leur rendre hommage, il serait donc logique d’évoque un des surnoms de Newell’s. Mais les deux seuls connus ont déjà été traités (cf. #104 et #340). Je ne pouvais pas en revanche faire un article sur un surnom de son rival de Rosario Central. Comme les deux Lionel sont originaires de la ville de Rosario (où réside le club de Newell’s), je me suis reporté sur le 3ème club de la ville de Rosario, CA Argentino. D’autant plus que son nom met en valeur le pays et son surnom est plutôt original et distinctif. Aucun autre équipe porte un surnom équivalent (bien que finalement, on peut trouver un lien avec celui d’Everton cf. #97). Pour connaître la raison de ce surnom, il faut remonter aux premières années d’existence de ce club centenaire (sa fondation ayant eu lieu le 15 janvier 1912). Autour de l’ancien terrain du club, un marchand ambulant espagnol appelé José Pernía avait l’habitude de vendre des graines de lupins et des biscuits salés. De sa voix grave et très particulière, il criait « A los altramuces ! salaítos los tengo ! » (Lupins ! Petits salés, je les ai – altramuces est l’autre nom hispanique pour lupin). Puis, un après-midi, alors qu’un match décisif se jouait devant une foule compacte, lorsqu’Argentino marqua un but, l’épouse du marchand scanda : « vivan los Salaitos y dulces » (vive les petits salés et les douceurs). C’est ainsi que l’institution fut baptisée. Plutôt ironique sachant que le club naquit dans l’ancien quartier populaire de Refineria (Raffinerie), nommé ainsi car une raffinerie y avait été construite.

#909 – US Monastirienne : أبناء الرباط

Les fils du Ribat. Monastir, ville de près de 100 000 habitants, à proximité de Sousse, est située sur la côte méditerranéenne. Son nom est tiré du terme grec monastrion, qui signifie monastère, car à l’époque byzantine, un monastère se dressait dans la cité et en étant même le monument principal. Avec l’invasion arabo-musulmane, le monastère disparut mais un autre monument s’éleva face à la mer et constitue encore aujourd’hui le point de repère et l’image de la ville. Il s’agit du Ribat. Pour faire face aux attaques byzantines, le royaume d’Ifriqiya, dont la capitale était à Kairouan, laissait à des communautés religieuses le soin de défendre la côte. Ces derniers bâtirent des monuments à la fois forteresses défensives et lieux de prière. Une chaîne de ribats s’étendait tout au long de la côte de l’Afrique du Nord. Celui de Monastir fut édifié en 796 probablement par Mohammed ibn Qadim et commandité par le général abbasside, Harthimâ Ibn A’yûn. Petit fortin au départ, il subit plusieurs extensions à son époque médiévale. Du XVème au XVIIIème siècle, les fortifications de l’édifice furent renforcées. avec des tours et des bastions. Aujourd’hui, il s’agit d’une enceinte massive rectangulaire, entrecoupée de tours carrés et rondes, ceinturant deux cours intérieures. Le porche d’entrée est décoré par cinq niches plates coiffées par des arcs outrepassés et surmontés d’une frise à motifs floraux. Les bâtiments intérieures accueillent de nombreuses cellules pour les moines-soldats ainsi que des salles de prières, dont la plus spacieuse accueille, aujourd’hui, une collection d’objets de culte et d’artisanat musulmans d’époque médiévale. Le Ribat est dominé par la tour-vigie (Nadhour), composée d’une centaine de marches en spirales. Le Ribat avait donc cette double fonction de forteresse et de lieu de prière. A ses débuts, il hébergeait des guerriers, des voyageurs, mais aussi des étudiants en religion et parfois des savants illustres. Puis, à la fin du Moyen-Age, il devint un grand centre religieux considéré comme un monastère islamique tandis que la ville de Monastir apparaissait alors comme une ville sainte, une des portes du paradis. Des soufis, mystiques musulmans, habitaient également le ribat. Dès le Xème siècle, un espace fut même réservé pour les femmes. Aujourd’hui, il est l’emblème, le monument phare de la ville. Il apparaît en position central et incontournable sur les armes de la cité comme sur l’écusson du club. Il est considéré comme le ribat le plus ancien et le plus important du Maghreb. Au Xème siècle, le géographe et chroniqueur Mohammed Abul-Kassem ibn Hawqal décrivit l’édifice comme le plus grand ribat de l’Ifriqiya.