#969 – Heart of Midlothian FC : the Gorgie Boys

Les garçons de Gorgie. La date de création du club n’est pas connue avec certitude mais ce serait vers 1874. Tout serait partie d’une bande de copains fréquentant un club de danse et qui fut séduit par une nouvelle pratique sportive qui mélangeait les règles du football et du rugby. Sous la direction d’un policier, ils se retrouvaient pour jouer au Meadows, un grand parc public au sud du centre-ville d’Édimbourg. Puis, suite à un match d’exhibition entre Queens Park FC et Clydesdale FC, ils choisirent définitivement le football association. En août 1875, le Heart of Midlothian FC rejoignit la Scottish Football Association et participa à la fondation de la Edinburgh Football Association. Comme un certain nombre d’équipes, dont les rivaux d’Hibernians, Heart jouait toujours dans le parc de Meadows et le siège se situait à l’Est du parc (West Crosscauseway) dans la taverne Anderson. Au début de la saison 1878-1879, les Hearts s’exhibaient encore à East Meadows et le siège du club était maintenant la boutique de Mackenzie dans Chapel Street à proximité. Cependant la fréquentation du parc était de plus en plus importante et le public perturbait le déroulement des matchs, le terrain n’étant pas protégé. Pour les matchs importants, l’équipe émigrait sur le terrain de la ligue d’Édimbourg à Powburn, au Sud de Meadows. Outre le fait d’être sur un terrain plus praticable, le club pouvait également faire payer les entrées. Avant le début de la saison 1879-80, le club se structura en possédant son premier terrain à Powderhall Grounds mais ce qui impliqua de quitter son quartier historique pour se rendre au Nord du centre-ville.

Puis, en février 1881, le club reprit un nouveau terrain privé dans la banlieue industrielle florissante de Dalry, quartier qui se rapprochait de Meadows. L’enceinte, inaugurée le 9 avril 1881, se situait sur Wardlaw Street et Wardlaw Place. Néanmoins, ce stade était considéré en dehors des limites de la ville. En conséquence, Hearts proposait parfois deux matchs pour le prix d’un ou fixait un prix d’admission bien inférieur à celui de ses rivaux situés plus proche du centre ville. Mais, l’expansion du quartier nécessita de laisser le terrain aux promoteurs afin qu’ils construisent de nouvelles habitations. En 1886, le club traversa alors la Gorgie Road pour établir sa nouvelle enceinte, dénommée Tynecastle Park, dans le quartier de Gorgie. Le 10 avril 1886, l’inauguration du stade fut marquée par une victoire 4 buts à 1 face au Bolton Wanderers. Le stade comptait deux terrains et une foule de 5 500 personnes vit Tom Jenkinson marquer le premier but dans la nouvelle maison de Heart. D’abord locataire, Heart acheta définitivement le terrain en 1926. D’une capacité de 19 852 places aujourd’hui, sixième plus grand stade de football d’Écosse, l’enceinte a été souvent remaniée et les dernières rénovations datent de 1997 et 2017.

#968 – Seattle Sounders FC : Sounders

Au pays du marketing roi, tout est réfléchi lors de la création d’une franchise, blason, couleur, nom … . Tous ces éléments doivent permettre de créer un lien d’identification entre le club et ses futurs fans. Bien que Seattle était une terre de football avec une vrai base de supporteurs, la ville de la Côte Ouest des Etats-Unis dut attendre 14 ans avant qu’une franchise puisse intégrer la MLS. Le nouveau club fut présenté le 7 avril 2008, avec le logo, les couleurs et le blason, au Space Needle, une tour d’observation considérée comme une icône de la ville (et qui apparaissait sur le logo). Côté couleurs, le choix se porta sur le Sounder Blue, qui était un rappel aux eaux bleus du Puget Sound (le détroit de Puget), un bras de mer de l’océan Pacifique. La 2ème couleur était le Rave Green, couleur des forêts avoisinantes (la ville est même surnommée The Emerald City (La cité émeraude) en raison des importantes forêts l’entourant). Enfin, la dernière couleur était Cascade Shale, représentant la chaîne montagneuse des Cascades à l’Est de Seattle.

Pour le nom, la direction se lança dans un référendum en ligne organisé entre le 27 et le 31 mars 2008. 3 noms furent soumis aux fans : Seattle FC, Seattle Republic et Seattle Alliance. La liste déçut les supporteurs car elle n’incluait pas le nom de la première équipe professionnelle de la ville, les Seattle Sounders. Don Graber, le commissaire de la MLS déclarait « I have great respect for the Sounders and the club’s history » (J’ai un grand respect pour les Sounders et l’histoire du club) mais le copropriétaire et directeur général de la nouvelle franchise, Adrian Hanauer, compléta « We just felt like it was a new time, new league » (Nous avions juste l’impression que c’était une nouvelle époque, une nouvelle ligue). Mais, face à la grande déception des fans, une case vide fut rajoutée, offrant la possibilité aux votants de suggérer n’importe quel nom. Finalement, sur les 14 500 votes reçus, une grande majorité, 49% des bulletins, exprima la volonté de nommer l’équipe Sounders. La direction se rangeât à ce choix qui respecter la tradition, Hanauer reconnaissant « The team playing at the highest level in our region has always been called Sounders » (L’équipe qui joue au plus haut niveau dans notre région s’est toujours appelée Sounders).

De 1973 à 1983, dans la première tentative de ligue professionnelle américaine (la NASL), les Sounders représentèrent Seattle. La franchise fut 2 fois finalistes et marqua les habitants de la ville au point qu’ils avaient envi d’un revival. A la fin de la NASL, une nouvelle franchise à Seattle s’installa pour évoluer dans les ligues mineures de soccer qui reprit également le nom Sounders jusqu’en 2007. Ainsi, de 1973 à 2007, le nom Sounders s’était bien établi dans les esprits des amateurs de football à Seattle. Il était donc évident que la nouvelle franchise devait exploiter ce capital, cet héritage. En 1973, le choix du nom de l’équipe s’était également déroulé au travers d’un sondage. En janvier 1974, une liste restreinte de six noms fut proposée (Cascades, Evergreens, Mariners, Schooners, Sockeyes et Sounders). Le vainqueur fut donc Sounders, après avoir recueilli 32% des 3 735 votes exprimés. Sounders faisait référence au Puget Sound (le détroit de Puget).

#967 – FC Botoșani : Moldovenii

Les moldaves. Il y a encore quelques temps, la Moldavie était inconnue par la plupart des européens. Mais, avec le conflit Ukrainien qui déstabilise l’ensemble de la région, la Moldavie tombe sous le feu des projecteurs. Toutefois, avant d’être ce pays situé à l’Est de la Roumanie, la Moldavie était une région plus vaste, principauté plus ou moins indépendante entre 1359 et 1859. Peuplée par des Thraces, la région fut romaine pendant plus d’un siècle. Puis, le mélange des Thraces avec des peuples migrateurs comme les Slaves et les Magyars amena à la création d’une population dénommée Volochovènes, qui constitue le origines des Moldaves. Au XIVème siècle, Bogdan Ier unifia les différents petits duchés moldaves de la région pour fonder la principauté. Après une relative indépendance à l’époque médiévale, la principauté devint un vassal de l’Empire Ottoman pour plusieurs siècles. A la fin du XVIIIème siècle et jusqu’au milieu du XIXème siècle, la Moldavie se retrouva au milieu de conflits entre les Ottomans, les Russes et les Autrichiens. Puis, en 1859, la Moldavie se dissolvait dans le nouvel Etat Roumain.

Aujourd’hui, l’ancienne région qui correspondait à la Principauté de Moldavie se partage entre 3 états. D’un côté, la partie orientale (36% de l’ancien territoire) qui a gagné son indépendance en 1991 et correspond à la République de Moldavie dont la capitale est Chișinău. Le Nord de l’ancienne principauté (18%) se situe aujourd’hui en Ukraine. Enfin, la partie occidentale (46% de l’ancienne principauté) demeure en Roumanie et est constituée à plus de 95% de Roumains de culture moldave, soit plus de 4,5 millions de personnes (plus que dans la République indépendante voisine). Elle se partage aujourd’hui en 8 Județ (département) et la ville de Botoșani est le chef-lieu du département du même nom. Au XVIIIème siècle, Botoșani était l’une des principales villes de Moldavie, à la croisée des routes commerciales.

#966 – Canon Sportif de Yaoundé : Mekok-Me-Ngonda

Les cailloux qui brulent (Mekok=cailloux ; Me=qui ; Ngonda=brulent, en langue ewondo). Par ce surnom, il est fait référence aux boulets qui sortaient des canons, nom du club. En 1930, le football commençait à se développer dans les deux principales villes de la colonie française : Douala et Yaoundé. A Yaoundé, il existait alors 3 clubs : 2 pour les colons (Etoile Européenne et Ecole Supérieure) et un pour les indigènes (Etoile Indigène). Evidemment, les deux mondes (colons et indigènes) vivant en parallèle, l’Etoile Indigène était orphelin et manquait cruellement d’adversaire. Ainsi, il y eut la volonté de créer un adversaire autochtone. Pour cette nouvelle équipe, plusieurs noms furent proposés et s’inspiraient des animaux locaux tels que guépard, panthère, musaraigne, épervier, cobra, zèbre. Mais aucun ne fit l’unanimité. Le 9 novembre 1930, l’un des patriarches, Mvogo Melingui, prit la parole et demanda : « quel est le nom du fameux fusil qui mit l’armée allemande en déroute à Yaoundé en 1916 et dont le bruit était un cliquetis « Kpa » suivi de la détonation « Kum » ? ». L’assistance répondit comme un seul homme : « Canon ! Canon ! Canon ! ». Ainsi, le nom du club fut trouvé et donna son surnom également. Ce surnom est un symbole fort puisque il met en parallèle le tir du boulet par le canon avec le tir du ballon par les joueurs. L’image est que les adversaires du club seront bombardés de ballons équivalents à des boulets. Nom et surnom du club imposent la force de frappe et la toute puissance du Canon de Yaoundé.

Pour rappel, de 1888 à 1916, le Cameroun était une colonie allemande. Lors de la Première Guerre Mondiale, les français, les belges et les britanniques lancèrent une offensive pour conquérir le Cameroun. En Janvier 1916, les alliés prirent Yaoundé où les allemands avaient établi leur capital après la chute de Douala en 1914. Cette défaite marqua la fin de la colonisation allemande pour laisser la place à la tutelle principalement française.

#965 – FC Inter Turku : Sinimustat

Les bleu et noir. Le club, à l’histoire récente, s’est installé parmi les valeurs sures du championnat finlandais, avec un titre de champion et plusieurs coupes nationales. En 1990, étant sans club à la fin de la saison, Patrik Håkans et ses amis cherchaient une équipe pour continuer leur passe-temps. Toutefois, ne se retrouvant pas dans les équipes de football existantes de Turku, ils décidèrent de créer leur propre club, avec le soutien du père de Patrik, Stefan, dirigeant de la société de remorquage et de sauvetage Håkans. Pour fonder le club, il fallait trouver un nom, un blason et des couleurs, ce que firent les jeunes et leurs parents en reprenant les symboles des grands noms du football du début de la décennie 1990.

L’inspiration vint de la Coupe du Monde qui se déroula en Italie. L’une des révélations de la compétition était le Cameroun de Roger Milla, première équipe africaine à se qualifier pour un quart de finale de Coupe du Monde. Les dirigeants de Turku décidèrent de créer un blason imitant celui des lions indomptables, sur la base de 3 couleurs, noir, bleu et rouge. Le bleu et le noir du logo vinrent des jeunes garçons tandis que le rouge fut suggéré par la créatrice, Annika Lemström. Pour trouver les couleurs, le groupe de garçons parcoururent les pages de dizaines de magazines de football pour s’inspirer des maillots des grands clubs européens. Probablement en contemplant le maillot du club italien de l’Inter, les deux couleurs bleu et noir plurent aux jeunes. Pour le nom, les appellations traditionnelles dans le football local, Palloseura (équivalent à FC) ou IFK (abréviation de la société sportive scandinave Idrottsföreningen Kamraterna), ne séduisirent pas. Le FC Turku semblait être une option intéressante, mais le FC Turku-82, qui opérait à Turku à l’époque, n’était pas disposé à abandonner son nom. Les jeunes joueurs se tournèrent alors vers les noms utilisés par les grands clubs européens et le club de l’Inter ressortit de nouveau. La vocation « internationale » du nom du club italien plaisait (Inter est le diminutif d’Internazionale). Il est possible que la victoire des Allemands à la Coupe du Monde 1990 aida à la réputation de l’Inter auprès des fondateurs de Turku puisque la mannschaft comptait dans ses rangs le fameux trio intériste composé de Lothar Matthäus, Jürgen Klinsmann et Andreas Brehme.

Deux anecdotes à noter. Comme le blason comptait trois couleurs (bleu, noir et rouge), le rouge fut choisi pour teinter le maillot extérieur. Les tout premiers kits extérieurs étaient alors rayés rouges et noirs … comme les maillots de l’AC Milan, le grand rival de l’Inter Milan. Cependant, la fédération finlandaise n’accepta pas que les deux maillots du Turku soient rayés avec des bandes noires. Résultat, le maillot extérieur devint intégralement rouge. Par ailleurs, les deux couleurs principales sont donc le noir et le bleu. Or, dans les années 1930, une organisation fasciste finlandaise opérait auprès de la jeunesse avec pour nom, Sinimustat, et couleurs, le bleu et le noir. Tout le contraire des valeurs internationalistes du club.

#964 – Toulouse FC : les Violets

Elles ne sont pas nombreuses les équipes évoluant en violet dans le football (principalement RSC Anderlecht (#236), Fiorentina (#103), Ujpest (#578) et Valladolid) et cela constitue un marqueur d’identité très fort. Pour comprendre ce choix, il faut remonter aux origines du club. Depuis 1967, la ville de Toulouse était orpheline d’un club professionnel de football. En effet, en 1937, avec l’avènement du professionnalisme en France, l’idée de la création d’un grand club toulousain émergea et ainsi naquit le Toulouse FC, premier du nom, qui prit les couleurs rouges et blanches. Mais, présidé à partir de 1961 par un chef d’entreprise milliardaire et communiste, Jean-Baptiste Doumeng, le club toulousain s’engagea en 1967 dans une improbable fusion avec le Red Stad, club de la banlieue est parisienne. Estimant qu’il n’avait pas le soutien financier de la mairie socialiste, Jean-Baptiste Doumeng proposa au club audonien, qui végétait en seconde division, d’absorber son TFC en reprenant les joueurs, le staff et son siège dans l’élite. 30 ans d’histoire du football toulousain disparut en fumée.

La nature ayant horreur du vide, des entrepreneurs locaux, dont Lilian Buzzichelli, souhaitèrent relancer un nouveau club professionnel. Ainsi, sur les bases du club corporatif Buzzichelli Levage Sports, l’Union Sportive Toulouse vit le jour le 25 mai 1970. La direction opta pour les couleurs rouge et jaune (sang et or) de la Croix Occitane. Présent sur de nombreux blasons de villes et provinces de l’Italie à la Catalogne (pays occitan), elle fut le symbole du Comté de Toulouse à compter du XIème siècle et devint attaché à la ville, au point qu’on la nomme parfois Croix de Toulouse. Cette croix orne depuis 1211 une clé de voûte de la nef de la Cathédrale Saint-Étienne de Toulouse. Les couleurs auraient été données par le Comte Raymond V de Toulouse en s’inspirant des quatre pals du Royaume d’Aragon.

Se débattant pour se maintenir en seconde division, le TFC reçut finalement le soutien financier de la Municipalité en 1978. Le club s’assimila alors encore plus à la ville. Il prit pour nom TFC en 1979 et changea de couleur pour le violet. Connue pour ses briques de terre cuite qui donnent des bâtiments au teinte rose, Toulouse est souvent surnommée « la ville rose ». Avant d’être démocratisée par le Stade Français, cette couleur était assez peu familière dans le football, sport « viril » qui pensait que cette teinte s’apparentait certainement trop au sexe féminin. Résultat, la direction bascula vers un autre surnom de la cité, « la cité des violettes ». Le Consistori del Gay Saber (Consistoire du Gai Savoir), une académie poétique fondée à Toulouse en 1323, récompensait ses lauréats par une violette d’or. Au XVIIème siècle, le poète occitan, Pierre Goudouli, dans son oeuvre maitresse « Ramelet Moundi » écrivait « Violette/Petite/Toujours odorante/Honneur de Toulouse ». Mais, ce fut au milieu du XIXème siècle que la fleur au parfum sucré prit de l’importance à Toulouse. Selon la légende, elle aurait été ramenée par un soldat de Napoléon III après une campagne en Italie (à Parme) pour l’offrir à son amoureuse habitant à Saint-Jory. La production de la violette de Toulouse s’étira alors sur un siècle et fit vivre plus de 600 producteurs, répartis sur une vingtaine d’hectares au Nord de Toulouse. Vendue sur le marché aux violettes des Jacobins, la plante s’exportait alors partout en Europe et jusqu’au Maroc ou au Québec. Jusqu’à 600 000 bouquets étaient expédiés dans des boîtes cartonnées. Mais, la fleur ne résista pas au rigoureux hiver 1956 et les producteurs disparurent les uns après les autres. Toutefois, elle devint un symbole de la ville. Chaque année, début février, la ville de Toulouse organise la Fête de la Violette, la place du Capitole se parant alors de la fleur sous toutes ses formes. Les serres municipales en présentent près de 100 variétés. Une douceur connue sous le nom de Violette de Toulouse est constituée d’une violette cristallisée dans le sucre depuis 1900. En outre, une liqueur de violette est également réalisée dans la région à partir des racines de la plante. Enfin, avec son odeur caractéristique, de nombreux produits cosmétiques (bougies, pots-pourris, savons et parfums) sont produits à Toulouse.

#963 – Atlético Clube de Portugal : Carroceiros

Les charretiers. Club de la ville de Lisbonne fondé le 18 septembre 1942, à la suite de la fusion entre Carcavelinhos FC et União Lisboa, l’Atlético Clube de Portugal constitua, selon le site du club, une « bouffée d’air frais » face aux 3 grands qui dominaient le football portugais. En effet, les premières années de la nouvelle association s’avérèrent être les plus réussies, avec 2 apparitions en finale de la Coupe du Portugal ainsi que 2 places sur le podium du championnat national de première Division.

Les origines du club remontent donc à ses deux fondateurs. D’un côté, União Lisboa fut créé le 3 mars 1910 par un groupe de 15 amis. De l’autre, le Carcavelinhos FC s’établit deux ans plus tard, le 14 février 1912. Ces deux entités étaient situées dans le quartier lisboète d’Alcântara, à l’Ouest du centre ville. Village de fermiers périurbain jusqu’au XVIIIème siècle, le quartier s’intégra petit à petit à la capitale portugaise et se transforma en un important centre industriel à compter du XIXème siècle, principalement tourné vers les entreprises textiles et la production de savons, bougies et d’huile d’olive. Au XXème siècle, l’Empresa Industrial Portuguesa, une des plus grandes usines métallurgiques du pays, opérait à Alcântara. Bénéficiant d’un accès au Tage, des docks purent également s’établir dans cette aire. Naturellement, la population qui s’installa dans ce quartier était principalement constituée des ouvriers des usines avoisinantes et des dockers. Ainsi, les deux associations, União et Carcavelinhos, tout comme leur enfant, l’Atlético, bénéficiaient d’un soutien prolétaire. Or, dans ce quartier bouillonnant, les supporteurs du club se déplaçaient en chariot (pratique pour des dockers ou des ouvriers) dont les chevaux revêtaient un drapeau de l’Atlético. D’où le surnom dont héritèrent les supporteurs.

#962 – CA Bucaramanga : los Canarios

Les canaris. Le blason du club présente un léopard mais pas de canaris. Le volatile aurait-il été dévoré par le félin ? Pas du tout. La raison du choix du léopard sur le blason et comme mascotte est inconnue. En revanche, on comprend très vite pourquoi le surnom de canari a collé à cette équipe. Fondé en 1949, le premier kit du club se composait de chaussettes grises, un short blanc et un maillot jaune. Or comme souvent, le petit oiseau au plumage jaune rappelait la couleur de cette chemise. Selon certaines histoires, l’évêque de la ville de Bucaramanga aurait contesté ce choix de couleurs (jaune et blanc) qui étaient celles du Vatican. Il n’obtint pas gain de cause mais les couleurs évoluèrent au fil des saisons. En 1960, un uniforme bleu avec une bande jaune sur la poitrine apparut, à l’initiative de l’uruguayen Abraham González. Il était identique à celui du club argentin de Boca Juniors. Mais, rejeté par les fans, il disparut après quelques matchs. Enfin, dans les années 80, outre le blanc et le jaune, une troisième couleur s’imposa, le vert.

Ce mariage du jaune et du vert avait l’avantage de rapprocher encore plus le club de sa ville de résidence, puisque le drapeau de Bucaramanga affiche ses couleurs. Conçu par l’historien Gustavo Gómez Mejía, ce drapeau se compose de deux bandes horizontales vertes, entourant une jaune centrale. Au centre se trouve un cercle bleu, avec une bordure rouge. Au milieu du cercle bleu se trouve une étoile blanche. Le choix des couleurs relevait d’une certaine symbolique. Le vert symbolise logiquement l’espoir et la gloire, tandis que le jaune représente la richesse et le progrès. La bordure rouge du cercle bleu rappelle le sang versé par les enfants de Santander (la région où se situe Bucaramanga) pour l’indépendance. La volonté du club de s’assimiler à la ville était logique. Dans les années 1940, de nombreuses équipes naquirent au quatre coins du pays (telles que Millonarios, Santa Fé, Boca Junior de Cali, AD Pasto, Deportivo Pereira et l’Atlético Nacional) afin de participer au premier championnat professionnel et national en Colombie en 1948. Résultat, l’idée de créer une équipe professionnelle de football pour représenter la ville de Bucaramanga ainsi que le département de Santander (d’ailleurs département qui intègre également le jaune et le vert dans sa banière) émergea aussi et donna lieu au CA Bucaramanga en 1949.

#961 – Almere City FC : de Zwarte Schapen

Le mouton noir. Almere est une équipe relativement jeune (70 ans d’existence) mais avec une histoire bien compliquée. Tout commence le 1er juin 1954 avec la fondation de l’équipe du BVC Amsterdam par l’homme d’affaires Dingemans Stoop. En 1958 , BVC Amsterdam fusionna avec DWS, un autre club de la capitale néerlandaise. Mécontents, les supporters créèrent leur propre club, dénommé De Zwarte Schapen (les moutons noirs), le 20 avril 1959. Les deux clubs vivront chacun leur vie. DWS fusionna en 1972 avec Blauw Wit et en 1974 avec De Volewijckers pour donner naissance au FC Amsterdam. Ce dernier disparut en 1982. En revanche, le club des supporteurs connut une plus longue histoire. En premier lieu, le club déménagea en banlieue à Diemen pour trouver son public et des donateurs. Après 5 promotions consécutives et avoir atteint la seconde division, Zwarte Schapen fusionna en 1978 avec AVV Argonaut pour apparaître sous le nom d’Argonaut-Zwarte Schapen (AZS). Entre 1988 et 1992, le club s’appelait FC De Sloterplas (du nom d’un lac situé dans le quartier de Nieuw-West). En 1995, le club déménagea d’Amsterdam pour rejoindre à l’Est la municipalité d’Almere, de l’autre côté du lac de Gooimeer. En 1997, le club changea de nom pour Sporting Flevoland, nom de la province. La municipalité ambitionna de créer un grand club omnisport et réunit plusieurs associations sportive de la ville sous le nom de Omniworld. Le Sporting Flevoland devint ainsi le FC Omniworld. Le club reprit son indépendance en 2011 et prit alors le nom d’Almere City FC.

Dans tous ces déménagements et changements de nom, un élément resta immuable : le mouton noir. Que ce soit au travers du surnom ou du blason, les clubs successifs et leurs supporteurs conservèrent ce lien avec l’équipe originelle. Dès le 30 août 1954, lors du premier match à domicile (match amical), le club amena sur le terrain comme mascotte un mouton noir. Cet animal apparaissait également sur le blason du maillot des joueurs. Pourquoi ce symbole ? L’explication avancée serait lié à la naissance du club. Depuis 1898, le football néerlandais, chapeauté par la fédération nationale, KNBV, se plaisait dans l’amateurisme. La KNVB voulait garder le sport aussi accessible que possible et s’assurer qu’aucun autre intérêt, comme l’argent, influença le sport. Pour cela, elle n’hésitait pas à se priver pour son équipe nationale des footballeurs néerlandais qui cédaient au professionnalisme à l’étranger. Mais, la pression devenait de plus en plus grande et en 1953, un groupe de sportifs et d’hommes d’affaires d’Amsterdam créèrent la fédération professionnelle des Pays-Bas, NBVB, en concurrence frontale avec la KNBV. 10 clubs, dont le BVC Amsterdam, furent fondés pour intégrer cette nouvelle ligue, que l’on surnomma Wilde pour la qualifier de sauvage. Club de la ville qui supporta cette « abomination », il aurait alors hérité du surnom de de Zwarte Schapen, comme un vilain petit canard. Pour la petite histoire, la saison de la NBVB débuta en Septembre 1954 tandis qu’en réponse, la KNBV constitua sa propre ligue semi-professionnelle à la même date. 3 mois plus tard, les deux ligues fusionnèrent.

#960 – K Berchem Sport : de Leeuwen van ‘t stad

Les lions de la ville. Dans la ville d’Anvers, le football se réduit souvent au doyen du Royal Anvers (#139) et au club de Beerschot (#685) mais un troisième, souvent oublié ou négligé, a su aussi marquer l’histoire sportive de la ville. Basé dans le quartier de Berchem, le club connut son heure de gloire après la guerre, en terminant 3 fois de suite vice-champion de Belgique (1949, 1950 et 1951).

Au début du XXème siècle, un groupe d’amis, qui se nomment eux-même Vlaamsche Vrienden (amis flamands) souhaitaient pratiquer des sports tout en ne se fondant pas dans les clubs existants à l’époque qui rassemblaient les communautés francophones ou anglophones de la ville. En outre, ces derniers étant plutôt élitistes, ces amis voulaient une association sportive ayant un caractère populaire. Ainsi, le 13 août 1906, dans le café Limburgia situé à la Beernaertstraat, ils fondèrent un club de lutte et d’athlétisme (la section football apparu en 1908). Cette identité flamande se traduisit dans le choix des couleurs, jaune et noir, celles de la Flandre. En effet, les armes de la Flandre sont ornées d’un lion noir sur fond jaune. Probablement que ce lion, symbole des flamands, donna son surnom au club qui se revendiquait être le club flamand d’Anvers (Anvers est surnommé ‘t stad).

Selon la légende, le lion apparaît sur les armes du Comté de Flandre pour la première fois à compter du XIIème siècle. Lors de la troisième croisade, Philippe d’Alsace, comte de Flandre, aurait combattu Nobilion, roi d’Abilene et de Syrie et, après l’avoir tué, aurait pris ses armes avec le lion dessus. Toutefois, le lion (ou un « animal courageux ») serait apparu sur le blason de Philippe dès 1162, soit quelques années avant la croisade (1177). Ainsi, l’autre version serait que le comte Philippe adopta le lion rampant (ie debout) des armoiries de Guillaume d’Ypres, dont Philippe voulait s’accaparer le titre et les terres au détriment du fils de Guillaume. Guillaume aurait peut-être hérité de son père, Philippe d’Ypres, ces armes où le lion était toutefois marchant. Une autre hypothèse prétend que Guillaume se serait inspiré du lion marchant de son oncle, Geoffrey Plantagenêt (fondateur de la Maison Plantagenet qui régna sur le Royaume d’Angleterre), qu’il combattit en 1137. Enfin, une autre hypothèse avance qu’il ramena ce lion d’Angleterre où il émigra après avoir été banni de ses terres flamandes. En tout cas, dès sa première représentation en couleur, au XIIIème siècle, le lion flamand était entièrement noir sur fond jaune. Quand le Comté de Flandre devint une possession d’autres maisons (Bourgogne, Habsbourg, Espagne …), le lion flamand s’intégra dans les armes de ces maisons (le lion figura dans les armoiries des rois d’Espagne jusqu’en 1931). En 1816, le lion flamand devint une partie des armoiries des provinces de Flandre orientale et de Flandre occidentale qui couvraient la majeure partie du territoire de l’ancien comté. En outre, au XIXème siècle, le mouvement nationaliste flamand s’appropria des symboles historiques, dont le lion, comme un instrument de ralliement, de construction d’une identité flamande. En 1838, Hendrik Conscience rédigea un roman historique populaire titré « De leeuw van Vlaanderen » (Le lion de Flandre). Dans cet oeuvre, il fit de la Bataille de Courtrai (1302), également connue sous le nom de bataille des éperons d’or, où les troupes flamandes anéantirent les soldats du Roi de France, une incarnation de la résistance flamande contre l’oppression étrangère. Cette Bataille de Courtrai entre les flamands et les français était une allégorie parfaite pour traduire les tensions entre la France et la jeune Belgique (indépendante en 1830) au XIXème siècle. Ce même contexte conduisit en 1847 Hippoliet van Peene à écrivir l’hymne « De Vlaamse Leeuw » (le lion flamand). Comme pour « la Marseillaise », « De Vlaamse Leeuw » est une chanson de combat nationaliste. À la fin du XIXème siècle, les partisans du mouvement flamand hissaient le drapeau au lion noir sur fond jaune chaque 11 juillet, date anniversaire de la bataille de Courtrai.