#494 – AA Ponte Preta : Macacas

Les macaques. Le surnom ne paraît pas flatteur et pourtant il est porté avec fierté par le club et ses supporteurs. En fait, le club choisit volontairement ce singe comme mascotte, qui donna naissance au surnom. D’une part, il permit de se distinguer des autres mascottes habituelles qui reprenaient des animaux inspirant la puissance, tels que le lion et le tigre. D’autre part, cette mascotte était aussi un moyen de se moquer du racisme des adversaires. Club doyen du Brésil avec sa fondation en 1900, il est également celui qui a favorisé l’intégration des noirs dans le football. Au début du XXème siècle, le football était monopolisé par l’élite blanche, souvent récemment immigrée d’Europe. Leurs clubs avaient des règles qui interdisaient explicitement la présence de noirs. Ponte Preta était fondé par des étudiants qui jouaient dans un terrain vague avec des balles de chiffon. Parmi eux, Miguel do Carmo, un homme noir, né en 1885, 3 ans avant l’abolition de l’esclavage au Brésil. Fondateur, il fut surtout le premier footballeur noir au sein d’un club. Il évolué à Ponte Preta jusqu’en 1904 au moment de son transfert à Jundiaí. Comme la couleur de la peau n’était pas un élément différenciant pour le club, des historiens supposent que d’autres joueurs du club en 1900 étaient également noirs. En outre, le quartier de Ponte Preta où le club naquit était composé d’ouvriers et de cheminots, dont une grande partie étaient noirs. Ainsi, sur le terrain comme dans son stade, les noirs, mulâtres et blancs se côtoyaient sans distinction. Le club Ponte Preta joua un rôle fondamental dans l’affirmation de la démocratie raciale (une théorie qui défendait l’idée que le Brésil aurait échappé au problème des préjugés raciaux) qui marqua l’histoire brésilienne au début du XXème siècle. Mais, le racisme était bel et bien réel à cette époque. En effet, l’équipe était harcelé en raison de la forte présence de noirs et de mulâtres dans l’équipe et parmi les fans. Dans les stades où Ponte Preta se déplaçait, ses joueurs étaient régulièrement reçus par des cris de singes et de macaques. C’est ainsi que le club opta pour le singe comme symbole.

#493 – Wolfsberger AC : die Wölfe

Les loups. Il n’est pas difficile de comprendre que le loup apparaissant sur l’écusson du club provient de celui qui s’affiche sur les armes de la ville, ces dernières étant parlante vu le nom de la cité, WOLFsberg. Même si des objets de l’âge du bronze ont été retrouvés et que l’existence d’une colonie romaine est attestée, la cité est surtout mentionnée à compter du XIème siècle. Elle appartenait alors à l’évêché de Bamberg et le chateau y fut construit vers 1178. Les armes de l’évêché représentait un lion, ce fameux lion de Bamberg devenu un symbole en héraldisme. Résultat, Wolfsberg porta à l’origine les armoiries de l’évêché de Bamberg, un lion en flèche barré obliquement, attesté par un document daté du 14 juillet 1295. Pour une raison inconnue, à la fin du Moyen Âge, l’animal héraldique se transforma en un loup. Certainement que le nom de la vile y joua. Pour conserver une trace du lion, le loup fut affublé d’une queue de lion. A Wolfsberg et dans la région de Carinthie, marqué au nord par les Alpes et ses forêts, l’aire était propice aux meutes de loups. Mais, menace pour l’homme et son bétail, il fut chassé et disparut de la région. Depuis le début des années 2000, il réapparait en Carinthie. Le retour du loup en Autriche peut provenir de trois populations environnantes : la population des Alpes, par la Suisse et l’Italie, la population des Balkans, par la Slovénie et la Croatie, et enfin la population de l’Europe centrale, par la Pologne et la Slovaquie. Protégé par la Convention de Berne, le loup figure en Carinthie sur la liste des espèces gibiers protégées toute l’année. 

#492 – US Douala : Nassara

Les étrangers en langue haoussa. En 1955, plusieurs clubs du quartier de New Bell de Douala s’unirent pour constituer une équipe qui puisse rivaliser avec les clubs des autres quartiers de Douala. Le vice-président du club, M. Halidou, proposa de retenir le vert et le blanc comme couleurs du club et comme devise gamakai-nassara (En avant, les étrangers). Le quartier de New Bell fut créé en périphérie de Douala au début du XXème siècle lors de la colonisation allemande du pays. Le plan allemand d’urbanisme prévoyait d’exproprier l’ethnie originelle et majoritaire des doualas des quartiers centraux (notamment des quartiers Bell et Joss) vers ce nouveau quartier de New Bell. A cette époque, cette aire était habitée par des haoussas, peuple du Sahel et reconnus pour êtres des excellents marchands. Ce fut justement les échanges commerciaux qui favorisèrent leur immigration du Sahel vers l’ensemble du Cameroun et en particulier dans la ville portuaire de Douala au XIXème siècle. Les doualas ne s’y installèrent pas et ce quartier en marge de la ville continua à être une terre d’immigration après la Première Guerre Mondiale et la fin de la colonisation allemande. Les nouveaux immigrés haoussas se regroupèrent auprès des anciens déjà installés. Et ce phénomène se produisit également avec d’autres populations. En 1955, le quartier comptait entre 60 000 et 65 000 habitants, répartis en sous-quartiers, regroupés par ethnies (une quinzaine de grandes familles, parfois décomposées en sous-groupe ethnique). Les Bamilékés constituaient l’ethnie principale (environ 38% de la population du quartier) tandis que les haoussas représentaient 4%. Mais qu’elles soient originaires du Cameroun, du Sahel ou du Nigeria, toutes ces ethnies était (et sont considérées comme) des étrangers aux yeux des doualas.