#656 – SSC Naples : Azzurri

Les bleus. Les couleurs sociales de Naples sont le bleu et le blanc, avec une prééminence du premier par rapport au second qui apparaît plutôt sur le short et sur les parements du maillot. Ce bleu varia au fil du temps entre un azur, un électrique et un clair mais fut toujours la couleur du club. Le choix de cette couleur n’est pas clairement défini mais résulte des deux clubs qui en 1922 donnèrent naissance au club actuel. Une première association naquit en 1904 sous le nom de Naples Football & Cricket Club puis fut rebaptisé Naples Football Club en 1906. En 1911, un autre club napolitain vit le jour, l’US Internazionale. En 1922, les deux clubs fusionnèrent pour créer l’Internaples qui le 25 août 1926 devint l’Associazione Calcio Napoli. Le Naples FC évoluait dans des maillots rayés bleu azur et bleu ciel tandis que l’Internaples portait des maillots bleu marine et un short blanc. Naturellement, le nouveau club ne pouvait porter que du bleu. En 1922, les couleurs furent le bleu, le blanc et le bleu ciel (le marine était donc abandonné). Puis, en 1926, le maillot devint définitivement bleu accompagné d’un short blanc. Il est souvent avancé que le Naples FC opta pour le bleu et le bleu ciel qui devaient représenter respectivement la mer et le ciel de Naples. Côté Internazionale, le bleu marine et le blanc furent également choisis parce qu’ils rappelaient les couleurs du golfe de Naples. La sublime situation de Naples au bord de la mer serait donc à l’origine des couleurs du club. Toutefois, une autre hypothèse apparaît aussi valable. Au XIIIème siècle, Naples et sa région (ainsi que la Sicile) devint une possession de Charles Ier, Comte d’Anjou qui fonda alors la maison capétienne d’Anjou-Sicile, branche cadette de la famille royale de France. Elle régna sur Naples jusqu’en 1481. Ces armoiries représentaient des fleurs de lys sur fond bleu. Ainsi, le bleu marqua la ville. D’ailleurs, la famille qui dominait la Sicile et Naples au XIème siècle était la Maison normande de Hauteville dont les armes étaient également azur (bleu). Cette hypothèse prit de l’ampleur quand de 1969 à 1973, le président Corrado Ferlaino tenta d’identifier l’équipe avec l’histoire de la ville. Ainsi, les armoiries des Bourbon des Deux-Siciles s’imprima sur les abonnements et les tickets d’entrée. En outre, l’écusson du club se dota d’un N entouré par 3 fleurs de lys sur fond bleu, rappelant les armes modernes de l’Anjou (donc de la Maison d’Anjou-Sicile).

#655 – Club América : Millonetas

Les millionnaires. Au cours des années 1940 et d’une partie des années 1950, alors que le football mexicain se professionnalisait, le club connut une de ses pires périodes. Il fleurtait avec les dernières places en championnat et enregistra ses pires records. Il encaissa 101 buts lors de la saison 1945-46, connut une série de 15 matchs consécutifs sans victoire, dont 6 défaites consécutives en 1946-47 et s’effondra devant Atlas pour sa pire défaite de l’histoire en championnat (2-9) le 3 novembre 1946. Le club finit quasiment en faillite à la fin des années 1940. Durant la décennie suivante, le club alterna le bon et le mauvais. Surtout, il commença à se structurer et recevoir des soutiens importants qui lui permit de se reconstruire. L’année 1956 marqua le premier tournant dans l’histoire de l’América. L’entrepreneur Isaac Bessudo, propriétaire de la marque de boissons rafraîchissantes Jarritos, racheta le club et offrit au club une aura médiatique qui lui permit de dégager des ressources.

Une nouvelle étape fut franchit 3 ans plus tard avec la reprise du club par Emilio Azcarraga Milmo, propriétaire du groupe de média Telesistema Mexicano (aujourd’hui connu sous le nom de Televisa). A cette occasion, il déclara le jour du rachat « Compramos al América porque nuestra meta es conseguir la sede para México del Mundial de 1970. Si no estamos dentro del fútbol no podremos hacerlo. Yo no sé nada de fútbol, pero si sé de negocios y voy a convertir a América en un negocio exitoso y redituable. Me han dicho que el mejor directivo es Guillermo Cañedo, que el mejor técnico es Ignacio Trelles y que los mejores jugadores son argentinos y brasileños. Sobre esa base voy a construir al América del futuro » (Nous avons acheté l’América parce que notre but est d’obtenir que le Mexique accueille la Coupe du Monde 1970. Si nous ne sommes pas dans le football, nous ne pourrons pas le faire. Je ne connais rien au football, mais je connais les affaires et je vais faire d’América une entreprise prospère et rentable. On m’a dit que le meilleur manager est Guillermo Cañedo, que le meilleur entraîneur est Ignacio Trelles et que les meilleurs joueurs sont argentins et brésiliens. C’est sur cette base que je vais construire l’América du futur). Avec sa puissance financière, il appliqua cette politique qui voulait faire d’América un rival de Chivas, le grand club de l’époque, afin de générer de l’audience. En 1961, la présidence du club fut confiée comme prévu à Guillermo Cañedo, qui venait d’accomplir un excellent travail au club de Zacatepec (en remportant deux championnats, deux coupes et un titre de champion des champions), et les clés de l’équipe à Ignacio Trelles (qui était l’entraineur de Zacatepec que Cañedo dirigeait). Cañedo décida alors, afin de reconstruire sportivement et financièrement le club, d’acquérir des joueurs étrangers et mexicains renommés et donc coûteux. Ainsi, débarqua à l’América des joueurs comme les brésiliens Francisco Moacyr, Ney Blanco de Oliveira, Urabato Nuñez, José Alves Zague, Arlindo dos Santos et Vavá (champion du monde en 1958 et 1962 et meilleur buteur du tournoi en 1962), les milieux mexicains Antonio Jasso et Alphonse Portugal ainsi que le gardien de but péruvien Walter Ormeño. Ces investissements massifs donnèrent évidemment des résultats : 2 Coupes du Mexique en 1964 et 1965 et surtout un titre de Champion du Mexique lors de la saison 1965-1966, après 38 ans de disette. Cette richesse et le traitement privilégié des média à l’encontre du club le rendit à la fois populaire et détesté. Selon un sondage réalisé par Consulta Mitofsky et publié en janvier 2021, América est le club préféré des mexicains (23,9% des sondés) mais aussi le plus détesté, par 31,4% de l’échantillon. Cela pourrait avoir une ressemblance avec un club parisien à la différence que ce dernier n’est pas le club préféré des français mais sans aucun doute le plus détesté.

#654 – SBV Vitesse Arnhem : de Nummer 1 van Gelderland

Le numéro 1 du Gueldre (nom de la province où se situe Arnhem). Fondé en 1892 et ayant réalisé de beaux parcours nationaux, le club de Arnhem possède la suprématie par l’ancienneté et par les résultats au niveau de la province. Néanmoins, son palmarès demeure assez famélique avec seulement une Coupe des Pays-Bas pour garnir la salle des trophées et elle fut gagnée en 2017 seulement, soit 125 ans après la naissance du club. Toutefois, dans la province de Gueldre, il n’y a pas grande concurrence non plus. L’autre club professionnel qui a connut également quelques réussites au niveau national est le NEC Nimègue et il est le seul rival du Vitesse. Mais, Arnhem prit l’ascendant sur Nimègue. Vitesse connut une première période dorée avant la Première Guerre Mondiale. Après avoir remporté le championnat de Gueldre en 1895 et 1896, le club intégra la première division qui était divisé en deux (puis trois) groupes régionaux. Il parvint à remporter le groupe de l’Est 6 fois (1897, 1898, 1903, 1913, 1914, 1915) mais fut toujours battu en final et ne gagna jamais le titre de champion des Pays-Bas. En 1912, le club atteignit également la finale de la Coupe des Pays-bas mais fut battu par Haarlem. Derrière, les deux guerres mondiales freinèrent le développement du club qui passa la plupart de ces années dans les divisions inférieures. En 1989, sous la houlette de l’entraîneur Bert Jacobs, le club remporta la seconde division et accéda à l’élite hollandaise. L’année suivante, Vitesse réalisa l’exploit de parvenir en finale de la Coupe (perdue face à l’ogre PSV) et de terminer à la 4ème place du championnat. Résultat, lors de la saison 1990-1991, Vitesse joua ses premiers matchs en Coupe d’Europe (Coupe de l’UEFA). Dans la décennie qui suivit, Vitesse termina toujours parmi les six premiers du championnat et participa neuf fois à la Coupe de l’UEFA, où Vitesse joua des matchs mémorables contre le Real Madrid, l’Inter Milan, Braga et le Sporting Lisbonne.

#653 – Odds BK : Oddrane

Le surnom est tiré du nom du club qui est particulier car aucune ville ou région (ou aucun autre lieu géographique) se nomme ainsi. Le dimanche 29 mars 1885, une association sportive du nom de Idrætsforeningen Odd vit le jour dans la ville de Skien (elle demeure aujourd’hui l’une des plus anciens clubs sportifs de Norvège) autour d’une dizaine de fondateurs. A cette époque, même si la Norvège était dotée de son propre parlement, le pays dépendait de la couronne suédoise qui avait la main finale sur les décisions politiques. Des mouvements nationalistes norvégiens commençaient alors à s’agiter. Les fondateurs du club voulaient donc, à travers leur association, rappeler l’héritage nordique de la Norvège, son histoire ancienne et son identité forte. L’un des fondateurs, l’industriel Ragnvald Blakstad, proposa ainsi le nom de Odd. Blakstad s’inspira du livre « Seierssverdet » (l’épée de la victoire, paru en 1882) de l’auteur Viktor Rydberg, considéré comme l’un des plus grands romanciers suédois. Ce livre parle, entre autres, du héros légendaire norvégien Odd. Selon la légende, ce géant connut une épopée guerrière en Europe du Nord, qui fut couronné de succès, et possédait trois flèches magiques qui avaient la propriété d’atteindre toujours leur cible puis de revenir à leur propriétaire.

#652 – CDP Junior de Barranquilla : el Miura

L’éternel footballeur japonais, Kazu Miura, qui jouait encore à 53 ans en J-League l’année dernière, n’évolua jamais au sein de l’équipe colombienne. En l’espèce, Miura fait référence à une race de taureaux de combat aux caractéristiques uniques forgées par plusieurs générations d’une famille d’éleveurs, dont la ganadería (ferme d’élevage de taureaux de combat) se situe près de Séville. La famille Miura a réalisé depuis 1842 jusqu’à nos jours des sélections de vaches et de taureaux pour arriver à créer cette race populaire, reconnue comme la plus dangereuse et la plus combative. Ils sont généralement hauts en taille. Nombreux taureaux de cette race, par leur bravoure, ont été graciés mais ont également tués des matadors.

En 1948, le club devint professionnel et intégra le tout nouveau championnat professionnel colombien. En fin de saison, l’équipe atteignit une incroyable seconde place à quatre points du champion, Club Independiente Santa Fe. Jusqu’en 1953, cette équipe démontra combativité et bravoure. Or, ancienne colonie espagnole, la Colombie a une passion pour la tauromachie et Barranquilla n’échappe pas à la règle. Résultat, les supporteurs comparèrent ses joueurs avec cette race de taureaux. Malheureusement, en 1953, le club termina 10ème du championnat et fit face à une grave crise économique qui l’obligea à se retirer du championnat. Pendant les 12 années suivantes, le club disparait des tablettes du professionnalisme colombien pour jouer dans les ligues amateurs. Aujourd’hui, ce surnom n’est plus guère utilisé à Barranquilla. Pour ceux qui connaissent l’automobile, vous comprenez également l’origine du nom du célèbre modèle de Lamborghini, la marque au taureau.

#651 – CA Central Norte : los Azabaches

Les jais. Le jais est une pierre fine composée de restes fossiles de plantes. Sa caractéristique connue demeure sa couleur noire brillante, contenant souvent des reflets bleus métalliques, qui a donné l’expression « noir de jais ». Ce surnom est donc lié à la couleur historique du club, qui se retrouve sur son blason et son maillot, le noir. Ce choix de couleur résulte de l’origine des fondateurs. Le club fut fondé le 9 mars 1921 par des employés sportifs de la compagnie ferroviaire Ferrocarril Central Norte Argentino. Le Central était un club réservé exclusivement aux cheminots et dont le football était l’une des activités les plus pratiquées. Etant cheminots, les fondateurs choisirent le noir, couleur représentative de leur profession. Les locomotives étaient à vapeur et les cheminots maniaient du charbon, qui noircissait leur visage. Si au départ la couleur noire identifiait le lien avec les cheminots, avec le déclin du train à la fin des années 1980 et l’ouverture du club aux non-cheminots, le noir cessa d’avoir cette valeur et devint le symbole de la classe ouvrière, celle qui soutenait massivement le club.

#650 – FC Gueugnon : les Forgerons

Fondé en 1940, le club tire son surnom de l’activité économique qui forgea la réputation et la vie de la ville de Gueugnon. En 1724, dans un méandre de l’Arroux, le marquis Jean Hector de Fay de La Tour-Maubourg créa la première usine métallurgique de la région, limitée à une dizaine d’ouvriers, d’un haut-fourneau, d’une forge et d’une fonderie. La présence du bassin houiller de Blanzy ainsi que les ressources en eau offraient à la Saône et Loire les deux principaux éléments nécessaires aux activités métallurgiques. En 1845, un nouveau souffle fut trouvé avec la reprise du site par la société Campionnet et Compagnie qui exploitait déjà une usine à Mornay, à une trentaine de kilomètres de Gueugnon. L’usine fut modernisée et se développa notamment dans le laminage à chaud (afin de produire de la tole noire jusque dans les années 1970). Les effectifs suivirent passant de 80 salariés en 1845 à plus de 600 salariés en 1888. La vie de l’usine se confondait alors avec celle de la ville de Gueugnon. En 1888, près de 20% de la population travaillaient aux Forges. Ces dernières, dans l’esprit paternaliste du capitalisme français, façonnèrent l’urbanisme de la ville en construisant des maisons ouvrières. Enfin, les différents membres de la famille Campionnet dirigeaient les Forges et également le destin de la ville en étant Maire entre 1852 et 1919. Pendant la Première Guerre mondiale, la production de l’entreprise décupla pour répondre à l’effort de guerre pendant. Néanmoins, l’âge d’or des forges survint entre les années 1950 et 1970 avec des investissements dans le laminage à froid qui permit aux forges de devenir numéro 1 mondial de l’acier inoxydable (inox). 3 750 salariés au début des années 1960 travaillaient dans l’usine. La crise sidérurgique, en 1973, n’épargnera pas Gueugnon et marqua le début du déclin de l’usine. Aujourd’hui, après avoir été racheté par le géant Arcelor Mittal, elle appartient à Aperam, produit près 400 000 tonnes par an avec moins de 800 salariés. Mais, le transfert de près du tiers de sa production vers une usine à Genk en 2022 menace de nouveau l’existence des Forges de Gueugnon.

#649 – KV Ostende : de Kustboys

Les garçons de la côte. Surnom assez naturel pour le club de la ville d’Ostende, qui se situe sur la côte belge de la Mer du Nord. Les premières mentions de la ville remontent au IXème siècle. Elle se situait à l’extrémité Est de l’ile de Terstreep (Oost signifie Est en néerlandais et ende dérive de einde qui signifie extrémité, fin). Tout au long de son histoire, la mer fut la principale ressource de la ville. Au XVème siècle, la ville se dota d’un port et, comme pour beaucoup de cité de la Mer du Nord, la pêche au hareng fut la base de son économie. Au XVIIème siècle, la ville constitua une base arrière des corsaires. Un siècle plus tard, la Compagnie d’Ostende se trouva à la source de l’expansion économique de la ville en ayant le monopole du commerce dans les Indes orientales et occidentales (importation d’épices). Le port se développa avec l’implantation d’un phare et un bassin commercial et devint un porc franc en 1781. Ce fut à cette époque que démarra une nouvelle activité qui deviendra le nouveau poumon de l’économie d’Ostende : un aubergiste anglais implanta une première bâtisse au bord de plage afin de servir des rafraichissements aux baigneurs. Moins d’un demi-siècle après, Ostende devint la station balnéaire belge réputée dans toute l’Europe où la famille royale belge séjournait, entourée par l’aristocratie et haute-bourgeoisie européenne. La ville est aujourd’hui surnommée la « Reine des stations balnéaires ». En parallèle de l’activité balnéaire, l’ostréiculture prospéra au point que les huitres d’Ostende devint une référence internationale avant la Première Guerre Mondiale. De simple port de pêche, le port d’Ostende ajouta des activités de plaisance ainsi que des liaisons maritimes de passagers avec l’Angleterre (les anglais ayant constitué la grande masse des touristes). La mer fut aussi la principale menace de la ville. Dès la fin du XIVème siècle, il fallut déplacer la cité et l’abritait derrière une digue. Au XVIème siècle, les habitants rasèrent des dunes pour protéger la ville durant la Guerre de Quatre-Vingt ans. La mer s’engouffra immédiatement dans cette brèche et creusa un chenal à l’origine de l’entrée actuelle du port.

#648 – SC Preußen Münster : die Adler, die Adlerträger

Les aigles, les porteurs de l’Aigle. 1871, la France de Napoléon III venait de s’effondrer face à la Confédération de l’Allemagne du Nord (qui réunissait 22 Etats du Saint Empire). La Prusse, avec son ministre-président Otto von Bismarck, dominait cette confédération qui était l’une des ultimes étapes vers l’unification de l’Allemagne. Depuis l’effondrement de l’Empire Romain d’Occident, la future Allemagne était constituée de nombreux Etats indépendants réunis dans le Saint-Empire romain germanique. A partir de 1850, le développement économique de ces Etats les poussait vers l’unification, soutenus également par les révolutions politiques européennes de 1848. La Prusse était alors le royaume le plus vaste et le plus puissant, notamment militairement, ce qui conduisit en 1849 le parlement de Francfort à offrir le titre de kaiser (empereur) au roi de Prusse Frédéric-Guillaume IV. Ce dernier refusa pour diverses raisons mais l’unification était en route sous l’impulsion et l’aura de la Prusse. A partir de 1862 et sa nomination en tant que président-ministre de Prusse, Otto von Bismarck devint l’architecte de l’unification. Les guerres face à l’Autriche (1866) puis la France (1870) permirent de fédérer les Etats derrière la Prusse. Ces deux pays défaits, l’Empire Allemand put être proclamé le 18 janvier 1871 dans la galerie des Glaces du château de Versailles, avec Guillaume Ier de Prusse à sa tête. Un peu plus de trente ans plus tard, le nationalisme allemand était encore bien présents, le nouvel Empire se construisant économiquement et politiquement dans l’affrontement avec la France et l’Empire britannique.

Ce fut dans ce contexte que les clubs sportifs allemands (principalement en gymnastique et en football) naquirent au sein des collèges. Les étudiants, emprunts de romantisme et de nationalisme allemand, donnèrent souvent des noms à leurs nouvelles associations en lien avec l’histoire allemande et en particulier la Prusse : Borussia qui signifie Prusse en latin (à Dortmund, Mönchengladbach et un club de Berlin), Preussen qui signifie prusse en allemand (à Hamm et à Berlin), Germania nom latin de l’Allemagne (à Berlin, Brême, Francfort, Mühlhausen, Mannheim et Braunschweig), Arminia, en rapport avec le chef barbare Arminus, présenté comme un héros national (à Bielefeld), Alemannia pour le peuple germanique qui donna son nom à l’Allemagne (à Aix-la-Chapelle), Teutonia détivé du peuple germanique Teuton, parfois synonyme d’Allemagne (pour un club de Berlin), Deutsche Fahne qui signifiait Drapeau Allemand (à Dortmund), et Deutscher, Allemand en allemand (à Hannovre) Ainsi, le 30 avril 1906, le club fut fondé sous le nom de FC Preußen Münster par des étudiants du collège Johann-Conrad-Schlaun. Ces derniers reprirent également les couleurs du royaume de Prusse, le noir et le blanc (auquel le vert fut ajouté) et surtout son emblème, l’Aigle, qui trône depuis sur l’écusson du club et donc sur le maillot des joueurs.

La Prusse vit le jour à partir de la conquête des terres sur la Pologne par les chevaliers teutoniques. Puis, la famille noble des Hohenzollern conquit et unifia terre après terre les régions brandebourgeoises et prussiennes pour fonder le Royaume de Prusse au début du XVIIIème siècle. Les armes de la Prusse reprirent les couleurs de cette famille, noir et blanc, ainsi que l’aigle monocéphale. Ce symbole fut transmis alors à l’Empire Allemand de 1871. Mais, l’oiseau était aussi un symbole du Saint-Empire romain germanique. Lorsque Charlemagne devint souverain de l’Empire d’Occident en l’an 800, il souhaita son titre comme un transfert de l’Empire Romain (selon l’idée de la Translatio imperii). Les armes du Saint-Empire poursuivit cette idée. Ces dernières représentant un aigle noir sur fond jaune devint attestées vers 1250, la « Chronica maiora » , un livre historique du moine bénédictin anglais, Matthieu Paris, attribuant un Reichsadler (l’aigle impérial) à deux têtes à l’Empereur Otto IV. Ce symbolisme était une reprise des attributs de l’Empire Romain. Depuis la nuit des temps, l’aigle était considéré comme un messager des dieux. Dans la mythologie, il symbolisait Zeus pour les grecs, Jupiter pour les Romains et Odin pour les Teutons. En plus de l’éternité divine, il représentait également le courage et la force, d’où l’apparition de l’oiseau sur les bannières militaires. Ainsi, l’aigle s’imposa sur l’étendard des légions romaines entre 104 et 102 av. J.-C. par la volonté de Caius Marius, dont la remise de l’Aquila était une distinction honorifique.

#647 – Bristol City FC : the Robins

Les rouges-gorges. Fondé le 12 Avril 1894, le club évolua dès le début dans des maillots de couleur rouge qui ressemblait alors au plumage du rouge-gorge. Pendant ses 127 années d’existence, les seules fantaisies furent un short bleu la première année et quelques touches de noir au début des années 1980 et des années 2010. Même en 1900 lorsque le club fusionna avec son voisin de Bedminster FC, qui portait des maillots bordeaux et or, Bristol conserva ses maillots rouges. La raison de porter du rouge est inconnue. Différentes hypothèses furent avancées mais aucune ne paraît tenir. Jusqu’à l’obtention de son statut professionnel, le club se dénommait Bristol South End, peut-être en l’honneur de Preston North End, le club majeur à cette époque (champion d’Angleterre en 1889 et 1890, et vice-champion les 3 années suivantes). Comme Preston évoluait en bleu, les fondateurs auraient pu retenir le rouge (comme un parallèle de l’opposition North-South). En parlant d’opposition, le grand rival local de City est Bristol Rovers qui porte des maillots bleus. Seulement, les Rovers n’optèrent pour le bleu qu’au début des années 1930, soit bien après l’adoption du rouge par City. Personnellement, j’avancerais que les dirigeants s’inspirèrent des armoiries de la ville (un bateau et un fort) qui apparaissent sur un fond rouge. Il se peut aussi que ce choix soit beaucoup moins réfléchit et ne résulte que du fait que le maillot rouge était le plus simple à se procurer (à l’époque, de nombreuses équipes portaient un maillot rouge). Naturellement, les premiers surnoms du club se calquèrent à la couleur du maillot. Ce fut donc les Reds (rouge) et Red Shirts (Maillots rouges). Mais aussi les Garabaldians (garibaldiens) car les partisans du patriote italien portaient des chemises rouges (cf. #430). En 1949, le maillot afficha pour la première fois un blason où apparaissait un rouge-gorge. Cet oiseau fit certainement son apparition dans la vie du club suite à la sortie de la chanson « When The Red, Red Robin Comes Bob, Bob, Bobbing Along » (quand le rouge rouge-gorge vient, bob, bob sautille) en 1926. Dans les années 1930, le manager du club se nommait Bob Hewison et résultat, en référence au titre de la chanson (bob comme le manager + ressemblance des maillots rouges avec le plumage de l’oiseau), les supporteurs brandirent dans le stade des panneaux avec un rouge-gorge. Le rouge-gorge demeura sur le maillot jusqu’en 1969 où il fut remplacé par les armoiries de Bristol. Face au protestation des fans, 7 ans plus tard, l’oiseau revint, avec l’accession du club en première division. En 1994, nouvelle tentative de le remplacer par une version simplifiée du blason de Bristol. Nouvel échec auprès des fans mais ces derniers attendirent 2013 pour lancer une campagne demandant la restauration du rouge-gorge. En Novembre 2014, leur pétition attira 1 000 signatures. Au lieu de cela, le club répondit avec une version simplifiée du blason. Lors de la saison 2018, la direction choisit un retour timide du rouge-gorge sur les maillots extérieurs qui fut évidement bien reçu par les supporteurs. En vue de marquer les 125 ans du club en 2019, le bureau marketing Mr B & Friends, mandaté par le club, organisa une consultation auprès des fans pour déterminer le nouveau design du blason du club. 3 350 personnes répondirent et 75% d’entre eux approuvèrent le retour du rouge-gorge. Depuis, l’oiseau trône de nouveau sur le maillot rouge.