#665 – Ferro Carril Oeste : Ferroviarios, Carboneros

Les cheminots, les charbonniers. Au 665ème article dont une dizaine consacrée à ce type de surnom, vous savez désormais quelle peut être son origine. Ce club de Buenos Aires était une émanation de la compagnie de chemin de fer britannique Ferrocarril Oeste de Buenos Aires. Le 28 Juillet de 1904, au sein du quartier de Buenos Aires de Caballito, dans le bureau du fret, 95 employés, la plupart de nationalité anglaise, de cette compagnie ferroviaire fondèrent cette association sportive afin de favoriser le développement physique et intellectuel ainsi que le maintien de relations sociales entre les associés et leurs familles, en leur offrant toutes les distractions d’un centre culturel. Avec le soutien de l’entreprise et de son directeur, David Simpson aux manettes, l’institution naissante obtint rapidement un terrain pour la construction d’un siège social et d’un terrain de sport.

Mais que venez faire une compagnie britannique en Argentine à cette époque ? Tout d’abord, en termes ferroviaire, les britanniques avaient une certaine expertise. La première voie ferrée fut établie au Royaume-Uni au début du XVIIème siècle et ce sont des ingénieurs anglais (Richard Trevithick et John Blenkinsop) qui créèrent la locomotive à vapeur. En 1812, ouvrit entre Middleton Colliery et Leeds, la première ligne commerciale d’un train à vapeur. Maitrisant cette technique, les britanniques développèrent une activité économique et l’exportèrent, en particulier en Amérique du Sud. Ensuite, la Ferrocarril Oeste de Buenos Aires fut la société qui construisit et exploita la première ligne ferroviaire du pays (10 kms inaugurée le 29 Août de 1857). Le premier voyage fut réalisé avec une motrice nommée La Porteña, construite dans les ateliers britanniques de The Railway Foundry Leeds. Bien que cette société fusse une initiative privée, l’investissement pour cette première ligne fut réalisé grâce à l’importante contribution de l’État de Buenos Aires, qui formait à l’époque un État distinct de la Confédération Argentine (plus d’un million de pesos, renonçant plus tard à recevoir des dividendes, auquel s’ajouta 6 autres millions pour permettre l’extension de la ligne). Le 1er janvier 1863, la province de Buenos Aires deviendra l’unique propriétaire de l’entreprise, changeant son nom en Ferrocarril de la Provincia de Buenos Aires. Sous son administration, le chemin de fer atteindra une longueur de 210 km, transportant annuellement 500 000 passagers et 167 000 tonnes de fret, sans avoir eu recours à des emprunts à l’étranger, ce qui faisait la fierté des Argentins. Seulement, le chemin de fer étatique connut les mêmes difficultés que la SNCF aujourd’hui : personnel pléthorique à la faible productivité et investissements inutiles. Face aux pertes de la société et aux besoins du gouvernement argentin de rembourser ses autres dettes, ce dernier céda la Ferrocaril Oeste aux intérêts britanniques en 1890 (Buenos Aires Western Railway Limited) pour la somme de 8 134 920 livres, soit l’équivalent de 41 millions de pesos. Les sujets de sa majesté considéraient cette société comme un moyen d’écouler leur production ferroviaire et de charbon. Ce fut ainsi que des ouvriers et ingénieurs anglais débarquèrent à Buenos Aires et amenèrent dans leurs valises le football, le cricket et d’autres sports créés dans leur pays d’origine. La Ferrocarril Oeste étendit son réseau jusqu’au centre de la province de Buenos Aires et de La Pampa, atteignant également le sud de la province de Mendoza. En 1947, le gouvernement de Juan Perón trouva un accord avec le représentant des différentes compagnies de chemin de fer argentines possédées par des britanniques (la Ferrocarril Oeste n’était pas la seul), pour racheter tous les actifs pour la somme de 17 510 044 livres sterling, dont 16 570 747 correspondaient à la seul Ferrocarril Oeste.