#676 – FK Rabotnički Skopje : Црвени

Rouge. Le club fut fondé en 1937 dans le village de Debar Maalo, situé sur la rive droite de la rivière Vardar, qui intégra par la suite la ville de Skopje. Dans les années précédentes, le football apparaissait comme le loisir favori des jeunes et des ouvriers du village. Naturellement, des tentatives furent lancées pour créer une association sportive mais elles se soldèrent toutes par un échec. La Macédoine du Nord était alors intégré dans le Royaume de Yougoslavie, dominé par les Serbes. Le gouvernement poursuivait une politique de serberisation forcée de la région, ce qui entraina la naissance de mouvement indépendantiste macédonien, dont certain était encouragé par le Komintern (l’internationale communiste). Avec sa population ouvrière, Debar Maalo s’imposa comme l’un des villages les plus revendicatifs de Skopje et plusieurs personnalités révolutionnaires y sévissaient, notamment l’un qui deviendra un héros de la Macédoine, Damjan Krapchev, communiste et indépendantiste. Conscient de l’importance du football et du pouvoir dont il disposait sur les masses, Krapchev eut l’idée de former un club qui pourrait encadrer la pratique sportive des jeunes mais également permettrait d’éveiller leur esprit révolutionnaire. Ainsi, en 1937, il fut l’instigateur de la création du club. Il proposa le nom de Rabotnički qui signifie le club des ouvriers, une évidence au vue de la population locale, et les autres membres l’adoptèrent avec enthousiasme. De même, les fondateurs adoptèrent le rouge comme couleur. Seulement, le club devait être enregistré auprès des autorités serbes et évidemment, ces dernières surveillaient de près ces nouvelles associations qui ne devaient pas constituer des foyers pour la contestation. Pour contourner cette difficulté administrative, Krapchev et d’autres fondateurs, au vue de leurs activités révolutionnaires, n’apparurent pas sur les papiers officiels et des personnalités plus « acceptables » furent nommés aux postes de direction de la nouvelle entité. Les autorités serbes acceptèrent le nom mais pas la couleur dont ils savaient très bien qu’elle était un symbole des mouvements communistes. Suite à ce refus, les membres fondateurs, après de nombreuses discussions, acceptèrent de changer la couleur rouge pour du noir, afin de composer avec les autorités et permettre la création de l’association. Après l’enregistrement, l’équipe porta un maillot noir pour ses deux premiers matches puis ils furent remplacés par des maillots rouges que Rabotnicki porte encore aujourd’hui. Lors d’un match à Tetovo en 1938, la police exigea des joueurs de porter des maillots noirs conformes à ceux acceptés par les autorités au moment de l’enregistrement, sous peine de ne pas jouer. Malgré les menaces, les joueurs et la direction du club déjouèrent la police en sortant sur le terrain avec des maillots rouge foncé. Ayant eu connaissance des menaces, les supporters saluèrent l’entrée des joueurs en scandant « Црвени, Црвени ! » (rouge, rouge !). Depuis, cette couleur est définitivement celle de ce club ouvrier.

#675 – US Salernitana : Bersagliera

Les bersagliers. Dans les années 1970, dans le virage sud du stade Vestuti, les fans de Salernitana dressaient une banderole sur laquelle était écrite « Salernitana Bersagliera ». Les supporteurs aimaient à comparer leur club à ce fameux régiment de l’armée italienne dénommé bersaglier (Bersaglieri). Fondé le 18 juin 1836 par Alessandro La Marmora pour le Royaume de Sardaigne, ce corps d’infanterie légère se distingua dans les différentes guerres d’indépendance italiennes au XIXème siècle jusqu’à conquérir Rome en 1870 achevant l’unification de l’Italie. Mais, ce corps d’élite se caractérise par un certain nombre de signes distinctifs. Outre le vaira, ce chapeau à larges bords orné à droite de plumes de coq de bruyère, les militaires arborent des collets de couleur cramois (un rouge profond tirant vers le violet). Or, les joueurs de Salernitana portent un maillot grenat, ie une couleur proche du cramoisi. Par ailleurs, les Bersaglieri font office de tirailleurs ou de troupes de choc, se mouvant rapidement de lieu en lieu (ils se déplacent en courant, ce qu’ils font encore aujourd’hui quand ils défilent). Ils sont connus pour leur bravoure, leur combativité et leur endurance physique. Or le club de Salernitana, qui réside dans une ville pauvre du sud de l’Italie à l’ombre du grand Napoli, a connu une histoire mouvementé (avec notamment 3 arrêts d’activité et autant de reprise) et se battit de toutes ses forces sur et en dehors du terrain, avec acharnement. Dans les années 1970, le club se débattait en 3ème division et lors des autres saisons, l’équipe cultivait cette générosité et cette combativité face à des adversaires mieux armés. Ainsi, en partageant les mêmes couleurs et le même état d’esprit, les supporteurs du club de football s’identifièrent aux militaires italiens du régiment des Bersaglieri.